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STÈLE

D'UN CHEF DE CHANTEURS,

PAR

M. CHARLES KUENTZ.

Le petit monument dont voici le texte a été vu chez un antiquaire de Louqsor, Mansour Mahmoud, qui a déclaré l'avoir acheté à des fellahs de Karnak. C'est un bloc de grès rougeâtre, actuellement en plusieurs morceaux rajustés, et contenant une inscription complète en douze lignes (); la partie supérieure, qui devait représenter le dédicateur en adoration devant des divinités, n'a pas été retrouvée, mais en haut de la première ligne on distingue encore les restes d'un pied en bas-relief. Le style épigraphique est plutôt médiocre. On a respecté ici la disposition des signes de l'original.

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(1) On voit encore sous la harpe son support horizontal.
("On ne distingue plus que la moitié gauche de ces deux signes.
(") De même pour ce signe.

(*) On attend t ୧ on a peut-être ici un collectif féminin.

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qui

[Le chef des...] d'Amon, le chanteur-harpiste, accompagne [le roi] quand il se déplace dans les contrées du Sud et du Nord, le grand... dans la demeure du roi, Amen-em-ḥeb. surnommé Meḥ, justifié, dit:

Je lave ma bouche; j'adore le dieu, j'exalte l'Horus qui est dans le ciel, je l'adore. L'ennéade entend, les habitants de la Douat se réjouissent ils paraissent à ma voix, ils donnent le salut au rayonnement du disque solaire et lui disent: «Sois le bienvenu, [dieu] grand, ô vivificateur de toute l'humanité, du gros bétail et du petit (2), de la gent emplumée et de la gent à écailles, de tout œil qui regarde tu vivifieras le chanteur du roi Meh; il adore ta perfection chaque jour: que son nom demeure à jamais dans la bouche de toutes les races (3) ! "

Le chef de tous les chanteurs de la Haute et de la Basse-Égypte, Amen-em-heb, surnommé Meḥ, dit:

J'ai été favorisé par mon dieu, le Maître des dieux, Amon, généreux en faveurs, grand en amour: il m'accorda (1) d'obtenir la

"Le - ressemble à un ❤.

(2) Par synecdoque, au propre des bœufs et des ânes >>. être un collectif féminin.

(3)

doit

est une abréviation pour ḥnmm-t; cf. dans le même ordre (sou

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même Livre des Morts, ch. XLII; A. Z., 33 (1895), 122. Pour l'idée, si fréquente dans les textes égyptiens, cf. par exemple:

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if

O

(grande inscr. de Khnoum-Hotep à Béni-Has an, col. 177-178). (*) Puisque c'est un mort qui parle de sa vie passée, les imparfaits A· etont le sens de parfaits : ce sont des temps «consécutifs» du parfait (ef. Bulletin I. F. A. O., t. XIV [1918], p. 245-254). Ce passage est important pour le sens du verbe : il est défini par les deux phrases

qualité d'amakhou dans son temple, sa prédilection m'entourant (?), son ka étant avec moi, et il décréta que je me joigne à la terre avec les faveurs du roi, dans le lieu où sont tous les dieux (1). »

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Le premier de ces titres, mutilé, montre simplement que Amen-em-heb exerçait une fonction religieuse et faisait partie de l'immense clergé attaché au culte d'Amon. Le quatrième titre est purement honorifique, le troisième aussi est commun à beaucoup de fonctionnaires, mais les autres correspondent à un service défini. Amen-em-ḥeb

suivantes; ne signifie en effet pas seulement «louer, féliciter», mais «favoriser, gratifier d'une largesse», il implique qu'on témoigne à quelqu'un sa sympathie (et non pas seulement sa reconnaissance) par des actes (et non pas seulement par des paroles): cf. les statues de particuliers ou encore les tombeaux (par exemple, ceux des princes et reines ramessides à la Vallée des Reines) portant la mention: NIII”

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;

donné à titre de louanges ne veut rien dire, il faut entendre à titre de faveur du roin.

(1) Désignation de la nécropole.

(2) Pour la restitution, cf. par exemple, pour la XVIII' dynastie : Thèbes, tombeau 85 (Amen-em-ḥeb): ↓ } |

899);

s

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(VIREY, M.M.F.C., t. V, p. 295, corrigé par SETHE, Urkunden, IV,

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ibid., 899), +- ?

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(VIREY, 283, corrigé par SETHE, 900). Cf. encore

tombeau 17 (Neb-Amen), de la même époque (paroi d'entrée droite;

était préposé à la surveillance des chanteurs de toute l'Égypte. Ce devait être une fonction importante, à en juger par la place que la musique avait prise dans les cérémonies du culte égyptien. D'ailleurs cet homme ne se contentait pas de diriger le collège de chanteurs, il était lui-même exécutant: «chanteur du roi et chanteurharpiste". De quelle musique s'agit-il et où se faisait-elle

entendre?

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Le mot ou désigne spécialement la musique vocale, mais les instruments soutenaient toujours la voix et en particulier les chanteurs étaient souvent aussi joueurs de harpe; dans les tombeaux thébains, par exemple, au milieu des scènes de banquets et de musique, le vieux harpiste accroupi chante, on voit nettement sa bouche ouverte (2). Aussi bien le second titre d'Amen-em-heb est-il chanteur à harpe, c'est-à-dire « qui chante en s'accompagnant sur la harpe >> et non pas simplement «joueur de harpe ». Dans un papyrus du Moyen Empire (3), on rencontre, au milieu d'une liste de personnages, trois musiciens un

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[Am]

-D

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. Pour la XIX dynastie : , où d'ailleurs

est à l'infinitif

(Séti I, Karnak: L. D., Text., III, 19 = BREASTED, Ancient Records, III, fig. 5, p. 66). Le singulier est plutôt rare dans cette expression, cf. pourtant ces deux exemples de la XVIII dynastie : Thèbes tombeau 109 (Min):

(VIREY, M. M. F. C., t. V,

p. 366; corrigé d'après ma collation); et tombeau 295 (Thout-mose), paroi d'entrée gauche (inédit): AL

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(1) La direction des collèges de chanteuses n'était jamais confiée à des hommes, mais à des femmes, comme les prêtresses d'Hathor.

): sur la

(2) Par exemple: DAVIES-GARDINER, The tomb of Amenemhet, pl. XV, en haut, à gauche. Ibid., en bas, à gauche, et pl. V au milieu, la tête du harpiste est effacée, mais il chante, puisqu'on lit devant lui le texte de son chant; de même: VIREY, Le tombeau de Rekhmara, pl. XLII. La meilleure preuve est fournie par un tombeau inédit de Thèbes (n° 22, }); paroi gauche du fond, au registre supérieur, deux hommes jouent de la harpe, l'un debout, l'autre assis; sur la paroi droite du fond, au quatrième registre, il y a également un harpiste accroupi: or, non seulement ils jouent de leurs instruments, mais ils ont tous aussi la bouche ouverte. MARIETTE, Papyrus de Boulaq, pl. XXXIX. Cf. GRIFFITH, Zeitschrift, XXIX (1891), p. 113.

e

(1. 20), un (1. 16) et un []]e Sh(1. 17). Ce dernier est un flûtiste; si le nom des deux autres ne signifiait que «joueur de harpe ou »batteur de mains", le flûtiste serait appelé de même : į

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e

suivi du nom de la flûte. Les deux sont donc bien des chanteurs qui, en même temps, s'accompagnent de battements de mains ou de notes de harpe, et cet accompagnement est indiqué par suivi du complément. Le chant du harpiste confirme cette vue puisqu'il est mis dans la bouche d'un -1 (texte de Neferhotep, col. 1) ou

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(papyrus de Londres, 6/3), c'est-à-dire d'un harpiste qui est forcément aussi un chanteur.

En quel lieu cet Amen-em-ḥeb faisait-il entendre sa musique vocale et instrumentale? Son premier titre le met en relation avec Amon il devait sans doute chanter et jouer dans les temples, et particulièrement dans ce temple d'Amon (Karnak?) dans lequel, grâce à la bénédiction divine, il atteignit la vieillesse et la mort (ligne 11). De plus, ses subordonnés, tous les chanteurs de la Haute et de la Basse-Égypte » étaient évidemment attachés au service des cultes locaux. Mais le cinquième titre, i, indique, semble-t-il, que notre chanteur était aussi attaché à la maison du roi : sans doute se faisait-il entendre dans les fêtes et les festins du palais, car on sait que la musique était indispensable dans les réjouissances. D'ailleurs, d'après son troisième titre, il accompagnait le roi dans ses voyages, même à l'étranger (): il était donc autre chose qu'un administrateur ou un chef de corporation, il était au service de la personne de son souverain, comme chanteur particulier. C'est sur ce caractère de chanteur de la cour qu'insiste le quatrième titre :

un certain

est

(1) On connait très peu de chanteurs particuliers. Sous Psammétique II, chef de la musique de Pharaon, (Journal of Egyptian Archaeology, III [1916], 195). De même pour les

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