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LA VERSION

DU

CHAPITRE XVII DU MOYEN EMPIRE,

PAR

M. LOUIS SPELEERS.

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Il existe aux musées royaux du Cinquantenaire de Bruxelles, un cercueil rectangulaire du Moyen Empire, au nom de Ma', l'intendant des terres de Khnumhotep de Beni Hassan et fils de Sonen. Ce cercueil fut découvert dans le tombeau no 500 à Beni Hassan au cours des fouilles faites par M. John Garstang de 1902 à 1904). Il fut acquis et ensuite donné aux musées par le baron Ed. Empain.

Le couvercle, de même longueur et largeur que la cuve, mesure 1 m. 86×0 m. 42; son épaisseur atteint 66 à 70 millimètres. Il est formé de trois-quatre planches réunies aux extrémités par deux bords perpendiculaires; entièrement plan à l'extérieur, l'intérieur présente une surface courbe en forme de voûte comme le cercueil LACAU, Sarcophages antérieurs au Nouvel Empire, Catal. Caire, p. 116, fig. 1.

Les deux côtés du couvercle sont ornés de textes disposés en registres horizontaux à l'extérieur, verticaux à l'intérieur. C'est le côté intérieur qui nous intéresse spécialement parce qu'il contient une partie du chapitre xvi du Livre des morts. Le texte est très bien conservé; il n'en manque presque pas un mot, malgré les fissures qui séparent les planches et les taches provenant de la putréfaction du

(1) Cf. Burial Customs, p. 150, pl. IX, p. 190.

cadavre. L'inscription se développe dans un rectangle de 1 m. 68×0 m. 36, divisé en 69 cases verticales débutant chacune par la formule à réciter». Un fragment qui fait suite au texte du couvercle a éte peint sur le fond intérieur de la cuve, mais on n'en distingue plus que quelques mots (1. 70 à 76).

Les sarcophages contemporains comme ceux de Sebeka, de Mentouhotep(), etc., ne présentent pas une version identique à la nôtre, car leur texte ne comporte pas les développements, gloses et commentaires que nous lisons sur celui de Ma'. Bien plus, la version de ce dernier — abstraction faite des parties perdues -est presque aussi étendue que celle du Nouvel Empire, de sorte qu'on pourrait se croire en présence d'un monument du début du Nouvel Empire, si le style, les décorations, l'endroit et les circonstances de la trouvaille ne rendaient cette supposition caduque.

Un égyptologue de Berlin(2) a tenté naguère d'établir le texte définitif du chapitre xvII; son travail reste incomplet parce qu'il ignorait la recension du sarcophage de Ma'. En effet, en comparant cette dernière à l'édition soi-disant définitive, on constate qu'au Moyen Empire, il existait déjà des membres de phrases que l'auteur allemand attribue au Nouvel Empire.

Afin de faciliter la comparaison des deux versions, nous donnons plus loin la transcription des lignes verticales numérotées de 1 à 76. Faute de place nous ne pouvons pas y ajouter la concordance de notre version avec celles du Moyen et du Nouvel Empire; notre commentaire sera bref pour la même raison.

I. Le titre du chapitre est en majeure partie perdu, de même que la fin. La première ligne contient un reste du titre : De prime abord, il nous fait supposer que le début doit se trouver à un autre endroit du cercueil. En effet, le fond de la cuve comporte une décoration en

(1) LEPSIUS, Aelteste Texte des Totdenbuchs, Berlin, 1867.

(2) H. GRAPOW, Religiose Urkunden (Urkunden des äg. Altertums, V, 1915).

partie effacée, où l'on distingue encore à gauche plusieurs lignes verticales débutant par la formule comme à

l'intérieur du couvercle et, dans le texte qui suit, plusieurs mots peints en rouge. Ces restes appartiennent au chapitre xvII, mais non pas au titre; ils font au contraire suite au texte écrit sur le couvercle intérieur (1. 70 à 76) comme il est facile de le constater en les identifiant avec le fragment correspondant dans d'autres éditions.

Quant à savoir si le titre proprement dit du chapitre XVII a été écrit ou non sur le fond de la cuve, l'état de celui-ci est tel, qu'en dehors des quelques mots signalés (1.70 à 76) il n'y a plus moyen de rien découvrir. Du reste, bien des discours du même genre n'ont, en fait de titre, e, que la formule de Mã'.

II. Le chapitre XVII. — Un regard jeté sur l'intérieur du couvercle nous apprend qu'un grand nombre de phrases sont peintes en rouge, sans doute pour faire opposition au texte écrit à l'encre noire et ainsi le mettre en évidence. Dans notre transcription, les parties soulignées sont celles écrites à l'encre rouge sur le couvercle. L'étude du texte démontre que les parties noires représentent les énonciations, tandis que les suivantes, écrites en rouge, sont les commentaires des énonciations. En tenant compte de ce détail important, nous avons divisé le chapitre en autant de fragments (indiqués en chiffres romains) qu'il a d'énonciations (couleur noire) suivies de commentaire (en couleur rouge). Cependant, certaines demandes faisant partie du commentaire écrites en rouge (33, 38) sont suivies d'une réponse peinte en noir. Exceptionnellement, demande et réponse sont écrites en rouge (1. 64 à 69). Quoi qu'il en soit, cette division correspond à peu près à celle que M. Grapow proposait dans son édition du chapitre xvu.

y

Aucune des énonciations, à part les mots «Sortir au jour (1. 35), n'est restée sans commentaire; bien plus, certaines d'entre elles en comptent deux et même trois, par exemple, IV. Ces commentaires sont introduits par

:

les formules habituelles isj-tpw (1. 5 et suiv.), ptr-f-sw 1. 27, cf. 1. 8), mtr-f-st (1. 12), et «un autre dit » —||

(I. 12 et suiv.). Il n'est pas téméraire de supposer que ces locutions indiquent des commentateurs différents, c'est-à-dire qu'elles donnent l'opinion de plusieurs écoles de théologie.

Ces énumérations sont relatives aux mythes de trois dieux principaux Atum, Ré, Osiris. Les égyptologues connaissent tous les passages du chapitre xvi relatifs à ces divinités, ce qui nous dispense de les y attarder.

Notre texte prend aussi la forme de l'interpellation; une fois pour Ḥu et Sia (XVII), ensuite pour les «Maîtres de l'Infini (XXII) à propos des sept génies de Sépa (Anubis).

L'inscription ne suit pas un cours régulier, car de la ligne 54 à 60 inclusivement, le scribe a bouleversé la suite régulière du texte. Il s'agit à cet endroit de nommer sept génies formant un collège. Dans notre version le nom de ces génies est écrit une fois dans deux registres superposés et séparés par un espace libre (1. 54 à 60). Le registre supérieur porte en outre deux génies avant la liste des sept premiers: Nar et Nar le grand (1. 52, 53).

Ces deux listes sont entourées du fragment XXI comme le schéma ci-joint l'indique :

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Quoique les noms des sept génies soient identiques, ils ne correspondent pas tous dans les deux registres, car quatre du premier registre se croisent avec quatre du second.

II y a eu évidemment interpolation. Comment l'expliquer? On peut supposer que cette partie du texte avait été disposée en double registre afin de contenir des noms d'une double série de génies différents, et que, par erreur, le scribe a rempli le second registre de noms tirés du premier. Nous voyons, en effet, que les textes du Nouvel Empire donnent une double série de ces génies (1).

La première comporte les quatre fils d'Horus et trois autres que notre manuscrit ignore.

La seconde série comporte les sept génies mentionnés dans notre version (1. 54 à 60), à laquelle notre scribe ajoute deux Nar (1. 52-53) leur chef au lieu d'un seul. Nous avons donc neuf génies au lieu de quinze répartis sur 9 lignes, mais dont sept sont cités deux fois (14), et deux génies une fois seize en tout.

Remarquons que les noms ne sont guère peints en rouge, tandis que le fragment suivant XXIII l'est presque entièrement; celui-ci se développe sans solution de continuité sous la suite des noms, mais dès la ligne 62, il reprend la totalité de l'espace.

Deux autres passages ont été intervertis dans les éditions postérieures : c'est celui relatif à la lutte d'Horus et de Seth (1. 40 à 42) et celui relatif au relèvement de la chevelure au moyen de l'œil wd 't (1. 32 à 36).

Voici donc en quelques mots la suite des idées de ces discours selon la version de Mã' :

1o Le mort s'identifie à certaines divinités dont il rappelle des gestes d'ordre mythologique : Atum, Ré, Osiris, Min (fragments I à IX).

3o Le mort (fragment X) quitte sa ville; dès son arrivée dans un autre pays qui est celui des dieux, à en

(1) GRAPOW, p. 42, 43; NAVILLE, Todtenbuch, t. I, 1. 48 à 53.

REGUEIL CHAMPOLLION.

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