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Mais dès qu'on se met à analyser en détail les textes égyptiens, on arrive facilement à reconnaître la différence qui existe en égyptien entre les propositions construites d'après la formule: verbe+sujet et celles qui consistent en : sujet+verbe, ou, pour s'exprimer plus exactement, en sujet+participe. Tandis que c'est aux premières que revient le rôle de figurer, entre autres, comme propositions principales énonciatives (« Aussagesätze »), les secondes ne peuvent jamais être employées dans le même sens elles sont le plus souvent circonstancielles, quelquefois optatives ou relatives, ou bien elles servent à former des propositions pour ainsi dire substantivées, qui peuvent en leur entier être envisagées soit comme sujet, soit comme compléments directs ou indirects, du ou des verbes de la proposition principale. L'erreur, qui jusqu'à présent a souvent été commise, de considérer une proposition consistant en un sujet suivi du participe, comme une proposition principale énonciative, a eu des suites funestes pour l'exacte compréhension des textes: on obtenait ainsi un nombre considérable de propositions principales, ce qui obligeait le traducteur à hacher le texte en une multitude de courtes phrases. C'était méconnaître le lien qui unissait ces phrases entre elles, alors que pour marquer la liaison l'égyptien avait justement recours à l'emploi alternatif de différentes formes verbales qui avaient le sujet mis tantôt après le verbe et tantôt avant un participe.

Le véritable sens des propositions, qui se composent d'un sujet, d'une préposition et d'un substantif (vrai ou dérivé d'un verbe), avait aussi été par trop souvent négligé et la proche parenté de ces propositions avec celles qui consistent en un sujet suivi du participe (1) n'a pas toujours

(") La proposition de la forme: sujet préposition + substantif (ou suffixe) paraît n'être au fond qu'une modification de la proposition: sujet +participe, car très probablemeut elle représente une proposition dans laquelle le participe non existant du verbe êtres a du être omis. Comme les propositions de la forme: sujet + participe, prises dans le rôle de propositions circonstancielles, correspondent exactement à celles qui

RECUEIL CHAMPOLLION.

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été rigoureusement observée, ce qui a encore donné un nombre assez grand de propositions principales.

Enfin dans les propositions exprimées seulement par deux substantifs juxtaposés, la différence n'a pas suffisamment été sentie entre les deux cas celui où le premier substantif est attribut, le deuxième sujet, et celui où le premier substantif est sujet, le deuxième attribut.

Dans tout ce chaos, qui ne peut être débrouillé que si on renonce à examiner la langue égyptienne à travers la grammaire sémitique, l'ordre doit uniquement venir de l'étude de la langue égyptienne en elle-même et par ellemême. Dans ce but, il faut, pour chaque cas spécial, réunir le plus possible d'exemples, qui, étudiés premièrement par séries et ensuite dans leur ensemble, peuvent seuls jeter de la lumière sur la vraie structure de la langue égyptienne. Mais, dans cette sorte de recherches, il ne faut. surtout pas perdre de vue le contexte auquel les exemples se trouvent empruntés, car des bouts de phrases, comme celles qu'on rencontre, par exemple, dans un des récents ouvrages sur la proposition soit-disant nominale en égyptien, ne servent absolument à rien, et c'est presque jurare in verba magistri que d'accepter sans contrôle facile les traductions qui y sont proposées. L'exemple de Sinouhe, cité plus haut à propos de l'expression

...

, suffit pour montrer à quelle prudence on est tenu vis-à-vis d'exemples qu'au fond on ne peut même pas reconnaître comme tels!

Ainsi donc, la syntaxe égyptienne présente encore plus d'un point qui demande à être élucidé, avant qu'on arrive à saisir toutes les finesses qu'une langue assez riche en formes verbales, telle que l'égyptien, pouvait très probablement se permettre d'exprimer. Comme toutefois dans un court article il est absolument impossible de traidans nos langues s'expriment également au moyen du sujet suivi d'un participe, les propositions consistant en sujet + préposition + substantif (ou suflixe) doivent aussi, dans le cas où elles figurent comme propositions circonstancielles, être rendues par le sujet que suivent le participe étant» et, ensuite, la préposition et le substantif, ou le pronom, régis par cette préposition.

questions et que, d'un autre côté, l'auteur de ces lignes a déjà amassé un assez grand nombre d'exemples pouvant éclaircir certaines parties de la syntaxe égyptienne, il ne serait peut-être pas déplacé de mettre ici sous les yeux du lecteur du moins quelques passages de textes égyptiens qui serviraient à démontrer clairement l'importance qu'il y a à observer les différences dans la structure de chacune des parties constitutives de la phrase égyptienne. Par la même occasion, quelques autres questions intéressant la syntaxe égyptienne pourront être soulignées et,

autant que possible, expliquées.

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donneront), ils ont pris (ou : ils prendront) et ils ont donné (ou : ils donneront) le pain et la bière d'orge et de blé, parce qu'à Ounas c'est son père qui lui a accordé (ou plutôt : qui lui accorde toujours, ordinairement), c'est Râ qui lui a accordé (ou : qui lui accorde toujours) le pain et la bière d'orge et de blé, parce qu'il est le taureau qui abat (ou : a abattu) le pays de Kensit, parce qu'aussi Ounas, en ce qui concerne les 5 plats au château et ils sont 3 au ciel auprès de Rd, et 2 sur terre auprès de la neuvaine des dieux, lorsqu'il [les] met de côté, il [les] met de côté, et lorsqu'il [les] examine, il [les] examine (c'est-à-dire lorsqu'il n'en veut pas, il peut les écarter, les laisser de côté, et lorsqu'il tient à les voir, il peut les voir).

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Dans ces quelques phrases il y a plus d'une remarque intéressante à faire au point de vue de la syntaxe. Ainsi, au commencement du texte cité, nous rencontrons une ellipse du complément direct (1) dans la première des deux propositions parallèles, dont chacune consiste en deux verbes à la troisième personne du pluriel (+Am et +A). Ensuite, dans chacune des trois propositions consécutives commençant par + parce que, nous avons le substantif-sujet régulièrement mis avant l'attribut, car ce sont là des propositions substantivées servant à expliquer le mot «ce que ». Dans la première de ces propositions (-), le sujet «son père» est relevé par la particule et a comme attribut le verbe qui, vis-à-vis de A, semble jouer le même rôle qu'a ordinairement un verbe à finale redoublée (de la forme A), comparativement à un verbe à finale simple (de la forme

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. Dans la seconde proposition, le sujet est un pronom indépendant de la troisième personne (↓ -) qui, muni d'un à la fin, semble être une forme emphatique du simple. L'attribut ici est un substantif (),

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A

n'est pas la même que celle qui est ordinairement désignée par «donner [habituellement, toujours] et comme d'un autre côté nous n'avons pas dans les verbes, employés ici, entre la racine verbale et le sujet la particule, signe caractéristique du parfait, il se peut que tous ces verbes indiquent des actions futures que les dieux, auxquels on s'adresse, devront faire une fois, à une seule occasion, mais non pas d'une manière habituelle.

placé à la suite de son sujet. Enfin dans la dernière proposition, nous nous trouvons en présence d'une prolepse du sujet, qui, dans la suite, est repris par le pronom +, aussi affecté de la terminaison-. Celle-ci semble ici servir à différencier ce pronom du simple pronom

qui se rencontre dans la proposition incidente commençant par et signifiant lorsqu'il... (verbe au présent). Ces trois propositions, différentes en ampleur, mais dans les trois cas de structure foncièrement semblable, sont très intimement reliées entre elles par la

conjonction qui, placée immédiatement après le sujet dans la deuxième et troisième propositions, joint ces deux propositions à la première.

Ensuite il faut relever la prolepse du complément indi

rect qui dans Ounas

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répétition de la particule

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se fait avec la du datif, tandis que, le plus souvent, dans de pareils cas la proposition est élidée devant le substantif mis en prolepse.

Enfin l'anticipation des mots, dans la phrase, mérite la plus grande attention. Ici, les deux mots orge (voir Pyram., § 761: P. 18=M. 20= N. 119; EIWT T., шт M п, hordeum) et répeautre », « blé » (= ] —§, voir Pyram., § 2070: N. 971, et aussi Py$874:M. 399-N. 949; BWтE T., B†, 80† M. п1, öλupa, far) qui déterminent les mots et, se suivent l'un l'autre, mais il est de toute évidence que ce n'est qu'à

ram.,

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que doit être rapporté le mot «orge», car c'est bien l'orge qui sert à fabriquer la bière, tandis que épeautre », «blé» ne doit tout naturellement s'appliquer qu'à. Il se trouve donc que le premier des deux mots désignant la substance se rapporte au deuxième des deux mots déterminés et le deuxième mot indiquant la substance est à rapporter au premier des deux mots qui demandent à être définis. C'est une construction qui involontairement évoque la comparaison avec une équation a:b-c:d, dans laquelle adbc. Du reste une construction semblable se remarque encore en égyptien, lorsque, par exemple,

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