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PETITES NOTES

DE CRITIQUE ET D'EXÉGÈSE TEXTUELLES,

PAR

M. H. O. LANGE.

La science égyptologique, fondée par le génie de notre maître à tous, J. Fr. Champollion le Jeune, est arrivée à son âge mûr. Sur les fondements solidement établis par la perspicacité de l'initiateur, trois générations ont bâti, au commencement en tâtonnant et avec timidité, par divination heureuse et par des hypothèses souvent trop hardies. Mais, après un siècle de travail fécond et de collaboration internationale, nous pouvons serrer l'exégèse des textes égyptiens de plus près et parvenir à la solution d'énigmes, devant lesquelles nos prédécesseurs ont reculé. Qu'il me soit permis de consacrer ces petites notes à la mémoire du grand Français, fondateur de notre science.

Un fait, que nous avons toujours à considérer dans nos études sur les textes égyptiens, est l'inexactitude déplorable des scribes, qui ont sauté si souvent des signes et des mots, même des phrases entières, ou qui n'ont pas compris l'original, et, par conséquent, ont remanié le texte à tout hasard. C'est la cause de l'état déplorable de nos textes du Livre des Morts. Mais les textes littéraires eux aussi présentent beaucoup de difficultés, qui ne pourront être résolues sans avoir recours à des conjectures textuelles. Dans les notes suivantes j'espère que, çà et là, j'ai frayé le chemin à l'interprétation correcte de quelques passages obscurs.

Le Papyrus Westcar, texte assez clair et correct, a été

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naire l'arrivée au port, c'est la mise en bandelettes, c'est le retour à la terre. » Ce qui suit doit exprimer la condition florissante du vieillard; je suis disposé à croire qu'après le suffixe verbal a été sauté. sdr r sšp est une expression, qui se trouve aussi dans le Pap. Kahun, I, 9-10 (ed. Griffith): - «qui fait reposer les hommes jusqu'à l'aube». Alors la traduction de notre passage serait : «Tu reposes jusqu'à l'aube, exempt de douleurs, et sans qu'il y ait défaillance dans (ton) pouvoir de prophétiser. Mes compliments, ô vénérable homme! Le déterminatif après kḥkht doit être corrigé en ; et śryt est, d'après une suggestion que m'a faite M. Moret, une forme du verbe - dans la signification prédire, prophétiser" (SETHE, Ürk., IV, 344, 350; Stèle de Leide, V, 7; Pap. Petropol., 1116 A, 69 et 1116 B, 26). C'est justement comme prophète que Didi se distinguerait à la cour du Pharaon, en prédisant l'avè– nement de la nouvelle dynastie. Ainsi comprises, les roles du prince sont flatteuses pour le vieillard : quoique très vieux, il ne connaît pas les maux de l'âge, il jouit de son sommeil la nuit, il est loin de l'heure lugubre de la mort.

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Westcar, VIII, 3, on lit : « Qu'on me donne un caïque >> }=}=<^>]*. Ici, il faut supprimer H. ~; ainsi on aura une proposition régulière au passif : pour que puissent être transportés pour moi (mes) enfants et mes livres. Erman veut corrigeren mais se trouve, déjà à cette époque, comme conjonction copulative. hrdw sans possessif est, comme Erman l'a bien senti, un peu dur; je croirais bien que le possessif ✰ a été sauté.

Westcar, IX, 1: le roi Khoufou est nommé X d'après la transcription d'Erman. Je crois pouvoir constater dans le fac-simile la présence d'un e avant. Ainsi se pose la question quel substantif doit-on suppléer ici? Je propose de lire Xef, le vieux mot pour « roi”,

qu'a étudié M. Sethe). Il a trouvé le mot trois fois, Pyr. 814c et LACAU, Textes religieux, 14, 4 et 15, 12. Seule l'inspection de l'original peut décider s'il existe des traces qui permettent cette lecture.

Westcar, IX, 19: le roi dit -4-77-3. Ici aussi le texte est

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mutilé; signifie «prescrire, ordonner"; le scribe a sauté quelques mots après et on pourrait suppléer «Qu'on ordonue aux [serviteurs de mener] Didi à la maison du prince Hardadef, pour y demeurer avec lui. »

Sinouhe B, 185-187: le roi encourage Sinouhe à revenir en Égypte, en lui indiquant que la princesse Nofru, qu'il avait servie autrefois, est devenue à présent reine d'Égypte. La phrase décisive a été corrompue dans le manuscrit de Berlin Gardiner dans son commentaire (2) n'a pas suggéré de correction probable. Maspero (3) croit que la vraie lecture est

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et traduit: «La bandelette de sa tête (son diadème) est parmi les royautés de la terre d'Égypte." Ce me semble assez artificiel. Je préférerais voir ici le verbe dhn, déterminé par, «faire avancer, promouvoir »; le plus souvent ce verbe se construit avec mais on trouve aussi la

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construction avec, par exemple:

Dans le Pap. Petropol., 1116 в, nous avons un texte des plus curieux. M. Gardiner l'a traité dans une étude brillante (5) et en a donné une traduction provisoire. Il y a des difficultés jusqu'à présent insolubles, mais comme c'est un texte qui était assez populaire et très en usage dans les écoles égyptiennes du Nouvel Empire, nous pou

A. Z., 49, p. 21 et suiv.

(2) Notes on Sinuhe, p. 67.
(3) Mém. de Sinouhit, pl. IX et p. 15.
(SETHE, Aeg. Urk., ÎV, 1208.

(5) Journ. of Eg. Arch., I, p. 100 et suiv.

RECUEIL CHAMPOLLION.

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vons espérer qu'on trouvera un jour des matériaux qui pourront élucider les passages encore obscurs.

:

Pap. Petropol., 1116 B, 28-29 dans la description des révolutions de la nature, le prophète dit : «le vent du Sud repoussera le vent du Nord

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que Gardiner a rendu par the sky shall not have one wind alone. Mais l'ostracon Petrie, 1. 2, donne le

ece qui est sans doute la vraie lecture. En Egypte, le vent du Sud est accablant et énervant, et ce serait un grand malheur si le vent frais du Nord ne rafraîchissait plus les hommes. Notre texte dit expressément que le

vent du Sud dominera ".

du

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Pap. Petropol., 1116 B, 40-41 : le prophète décrit l'état pays et des hommes dans la guerre on sourira d'un sourire malade, on ne pleurera pas sur les morts, on ne passera pas la nuit en jeûnant à cause des morts, l'homme ne se souciera que de lui-même. Sans doute nous avons ici une allusion à l'usage de veiller auprès du mort en jeûnant et en pleurant, comme aujourd'hui en Orient. A ma connaissance, ce fait n'est pas mentionné autre part dans les textes.

Pap. Petropol., 1116 B. 47-48: le prophète peint l'état bouleversé du pays: «Les biens d'un homme lui seront enlevés et donnés à un étranger. Je te présente le seur comme indigent, l'étranger comme content

posses

fe Gardiner traduit: «He who never was one who filled for himself, is one who is empty." A mon avis cela ne donne pas de sens. Sans doute quelques mots ont été sautés après tm ir, et nous avons deux propositions, la première mutilée; l'autre

fese pourrait traduire par : «Celui qui pouvait se remplir (avait son plein), est vide." Ainsi, nous restons dans la même série d'idées.

Pap. Petropol., 1116 B, 50-51: nous avons trois propositions doubles «Le pays est diminué, ses dominateurs

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