DE LA COLLECTION GÉOGRAPHIQUE DE LA BIBLIOTHÈQUE ROYALE PENDANT L'ANNÉE 1844 (I).

La correspondance ouverte les années précédentes avec les savans italiens et allemands, par le conservateur de la Collection géographique, a produit ses fruits, en partie du moins, savoir pour les monumens de la géographie, c'est-à-dire pour ces ouvrages qui soulèvent le voile encore étendu sur l'histoire des découvertes. Plusieurs points, on le sait, en sont encore obscurs. Les cartes du moyen-âge, étudiées à fond, aideront à résoudre plus d'un problème. La Bavière a procuré cinq de ces cartes curieuses, des xve et XVIe siècles, et l'Angleterre, une carte itinéraire, ou, si l'on veut, un itinéraire figuré du XIIIe siècle. On travaille à Parme et à Nuremberg pour procurer des facsimile. Enfin, le commerce a procuré à Paris des atlas curieux manuscrits du XVe siècle. Nous donnerons plus loin, en son lieu, la liste de ces documens historiques.

Pour éviter des répétitions inutiles, nous renvoyons à l'article publié l'année dernière dans le Bulletin sous le titre de Collection géographique de la Bibliothèque royale, année 1843 (2); là ̧ est indiquée la division suivie dans cet établissement pour le classement des cartes et autres productions géographiques en cinq branches, avec leurs subdivisions, savoir: I. Géographie mathématique (et Cosmographie comme introduction); II. Chorographie et Hydrographie; III. Géographie physique; IV. Géographie politique; V. Géographie historique. Une sixième branche comprend les diverses productions, telles que les cartes rares et curieuses, les cartes-reliefs, les collections diverses, les dictionnaires géographiques, les recueils périodiques consacrés aux voyages et à la géographie et enrichis de cartes. Chacune de ces

(1) M. Jomard, conservateur du cabinet de Géographie de la Bibliothèque royale, a bien voulu nous permettre de publier la note sur les accroissemens de la belle collection confiée à son zèle éclairé.

(2) Voir le Bulletin de décembre 1843.

six branches a fourni au Cabinet géographique des pièces plus / ou moins neuves ou importantes. Le total des atlas, feuilles ou pièces diverses, cahiers ou volumes, dépasse six mille sept cents.

I COSMOGRAPHIE. La collection royale ne possédoit pas l'Atlas cœlestis de Doppelmayr, 1742; on en a fait l'acquisition, ainsi que celle de deux ouvrages nouveaux sur l'uranographie, l'Uranometria nova d'Argelander, en 17 feuilles, 1843, et le système planétaire de V.-E. Frege, en 12 feuilles, Meissen, 1844. Aucun ouvrage de géodésie important n'a été communiqué cette année.

IIo La GÉOGRAPHIE proprement dite s'est enrichie de quantité de cartes, ou nouvelles, ou manquant au Cabinet de la Bibliothèque. Pour l'Europe, on a reçu, 1° États du nord: la Livonie, par Rucker, 1836, et plusieurs cartes russes et polonoises dans ces langues; les environs de Rendsbourg par l'état-major danois; la Gaca Norvegica de Keilhau, suite, 1838; la Norwége, dé Blom, 2 feuilles; la suite du Danemark, par Mansa; les environs de Copenhague, en danois, plusieurs feuilles; l'île de Moen, la carte générale du Danemark, par Olsen, en 2 feuilles, 1841; l'île de Rugen, en 4 grandes feuilles; 2o Allemagne : la suite du Wurtemberg du professeur Memminger, 22 feuilles, 1844; la carte du grand-duché de Hesse, par l'état-major hessois; la suite du Hanovre de Papen, celle de la carte topographique du grand-duché de Bade; 2 feuilles des environs de Carlsbad; le duché de Nassau, par Ravenstein, 1843; le plan nouveau de Munich, par le Dépôt de la guerre bavarois; la carte spéciale de Moravie, en 4 feuilles, par le Bureau topographique de Vienne, 1843; 4 cartes topographiques de la province de Westphalie, par l'état-major prussien, en 7 feuilles; 5 cartes murales des provinces de la Prusse, par Ohmann, 45 feuilles ; le duché de Carniole, par Freyer, en 4 feuilles; la nouvelle carte de Hongrie, par Zuccheri, en 4 feuilles, 1843; 3° Italie: suîte de la grande description intitulée : Corografia dell'Itàlia, non encore tout-à-fait terminée, mais qui approche beaucoup de sa fin (83o livraison).

4° Grèce le Péloponèse, par Muller; la Hellade, par le même, 1842.

5o France indépendamment des cartes françoises, entrées en vertu du dépôt légal, un grand nombre de cartes des diverses parties de la France qu'il seroit trop long d'énumérer; la carte spéciale de la Gironde, carte statistique curieuse, par M. Jouannet, 1844.

Pour l'Afrique : les cartes publiées sur l'Algérie par le Dépôt de la guerre; une carte de l'Algérie, avec les reconnoissances les plus récentes au midi et à l'orient d'Ayn-el-Madhi; l'Ober Nilland, par Zimmermann, en une feuille, 1843, c'est-à-dire la carte de la région supérieure du Nil, où l'on a introduit les récentes explorations de l'expédition égyptienne aux rives du NilBlanc.

Pour l'Amérique : la Centro-Amérique, publiée en 4 feuilles, à Bruxelles; l'île de Cuba, par la Commission royale, en 6 grandes feuilles, 1835; sur la même ile de Cuba, la Habana descritta, etc., ou l'atlas de l'île de Cuba, faisant partie de la description officielle de cette île par départemens, publiée par l'administration espagnole, et qui sera composée d'environ 40 feuilles; les états de Nicaragua, en une feuille, carte non récente, mais utile pour l'étude d'un pays à la fois si intéressant et si mal connu; une nouvelle carte de l'Amérique angloise, par J. Arrowsmith, 1842; une carte nouvelle des États-Unis, par Mitchell et une carte par Ensign, 1844. Pour l'Asie : la suite de l'Asie du Dr Henri Berghaus, les Kirghis-Kazaks, atlas de 11 feuilles, 1840; l'Asie-Mineure de Kiepert, en 6 feuilles, 1844 (4 feuilles seulement de cette importante carte ont vu le jour); la Campagne de Java, par le duc Bernard de Saxe-Weimar, en 6 feuilles, 1834; la grande carte des Indes Néerlandoises, en 9 feuilles, par le baron de Derfelden de Hinderstein; l'atlas supplémentaire de Stieler; l'empire ottoman de Kiepert, en 2 feuilles, 1844, remarquable surtout comme carte allemande, ainsi que l'Asie-Mineure du même, par la clarté et la netteté de la nomenclature, etc., etc. M. le marquis de Fortia d'Urban avoît formé une grande collection géographique comprenant environ

1,800 cartes; la Bibliothèque royale en a fait l'acquisition : c'est un atlas universel en 21 volumes in-fol. Elle a également acquis les collections de plusieurs de nos officiers généraux, et enfin une bonne partie de la collection de Barbié du Bocage le père, formant 1,416 articles et environ 2,500 pièces dont 500 manuscrites. Parmi celles-ci, on remarque beaucoup de cartes manuscrites de d'Anville, dont ce savant étoit l'unique élève, de Fréret et de Barbié du Bocage lui-même, et plus d'une pièce précieuse ou curieuse, comme les cartes dressées pour les Voyages du comte de Choiseul-Gouffier et de Corancez, pour le Voyage d'Anacharsis, etc., et le nivellement fait par ordre de Vauban sur la rive de l'Escaut. Cette collection embrasse toutes les contrées du globe, ainsi que toutes les branches de la géographie, les cartes physiques, l'hydrographie, le théâtre de la guerre, la géographie ancienne, la géologie. Le Cabinet de la Bibliothèque s'est augmenté, en hydrographie maritime, d'un précieux don de l'amirauté britannique, par continuation aux précédens envois. Il consiste en près de 100 cartes, dont 19 regardent les côtes d'Afrique, 11 l'Asie, l'Océanie, la Chine, la mer Polaire; 39 la Méditerranée, l'Espagne, l'Italie, la Grèce, etc.; 15 l'Angleterre; 13 l'Irlande. Le Dépôt de la marine de France a procuré, 1o la sixième partie du Pilote françois, qui termine la reconnoissance des côtes de l'Océan, ouvrage que tout le monde s'accorde à reconnoître comme un modèle; 2o la carte en 3 feuilles des sondes de la Manche; 3o une soixantaine de cartes sur les côtes de l'Océan, la Méditerranée, l'Archipel, Madagascar et la mer des Indes, l'Océanie et l'Amérique. On a reçu du Danemark les cartes du Sund, des Belts, du Kattegat, d'Héligoland, des îles Foroé, publiées par les Archives de la marine danoise, 1839-43.

III° La GÉOGRAPHIE PHYSIQUE a fourni son contingent annuel, principalement la branche des cartes géologiques et géognostiques, savoir : la carte géologique de la chaîne du Tatra en Hongrie, publiée à Berlin; la carte géognostique de la haute Silésie, par Carnell, 1844; la carte minéralogique des Alpes bavaroises, par Pfeiffer; une carte géognostique et géologique des Alpes, par Studer,

1843; une carte géologique représentant le globe à différentes époques, 5 feuilles, Weimar, 1838; les coupes géologiques des Alpes orientales, par Klipstein, 16 feuilles, 1843 et 1844; la carte géognostique de Carlsbad, par Ryba, 1844; la carte géognostique des environs de Berlin, par Rudolf de BennigsenForder, 1843; la carte géognostique de l'Elbogner, par de Buch, 1843; l'ouvrage de Benningsen-Forder sur la géographie physique et l'hydrographie continentale du nord de la France, Berlin, 1843; les mémoires de la Société impériale minéralogique de Saint-Pétersbourg, la carte géognostique de Thuringe de Credner. En géographie botanique, on a reçu l'ouvrage de Drege sur les plantes de l'Afrique australe; en cartes magnétiques, l'Atlas de variation de Dunn, ouvrage ancien, mais curieux pour l'époque, et qui sert à suivre la marche de cette partie de la science. On a reçu la 10 livraison de l'Atlas physique de Berghaus.

En Hydrographie continentale, on a reçu l'ouvrage de Neigebauer, intitulé Fluss und hohen skizz von Frankreich, 1843; le cours du Mein, par Delkeskamp, 1843. Un livre de bibliothèque manquoit : c'est le Danubius Pannonico-physicus, avec grand nombre de cartes, ouvrage de Marsigli, en 3 vol. in-fol.; le Cabinet s'en est enrichi. En orographie, l'atlas des Alpes, par Gottlieb Studer, 8 feuilles, 1843; la carte orographique du Fichtelberg, par Bischof, 1816; le dessin orographique des pays transcaucasiens, par Abich, 1843; plusieurs cartes orographiques des Karpathes, des Alpes, du Harz, du Wurtemberg, etc.

IV GÉOGRAPHIE POLITIQUE, STATISTIQUE, etc. L'époque commerciale et industrielle qui a succédé aux époques guerrières, et pour long-temps, devoit amener et a amené en effet des productions géographiques en rapport avec le besoin des affaires. Ces productions, et surtout les cartes relatives à la statistique industrielle, étoient très rares; aujourd'hui elles ont cessé de l'être : c'est surtout le sol germanique qui les fait éclore. L'union douanière, l'union allemande, ont donné lieu à