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Table des matières contenues dans le no 3 du Bulletin du Bibliophile, 7 série.

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Mélanges bibliographiques.

Dissertations choisies de l'abbé Le Beuf.

Quelques idées sur les divisions du catalogue de la bibliothèque

du conseil d'État.

Visite à la bibliothèque de la ville de Versailles.

Nouvelles bibliographiques.

2747

IMPRIMERIE MAULDE ET RENOU,
Rue Bailleul, 9 et 11

Lettre a un amI (1), SUR LA SUPPRESSION DE LA CHARGE DE BIBLIOTHÉCAIRE DU ROI, ET SUR UN MOYEN D'Y SUPPLÉER, AUSSI ÉCONOMIQUE QU'AVANTAGEUX AUX LETTRES.

Dans un cercle de nouvellistes, où je me trouvois pris, je ne sçais comment, un d'eux annonça, il y a quelques jours, que M. L. N. perdoit sa place (2), et que son successeur, M. C... A..... B... étoit déjà nommé; un autre dit que ce successeur étoit M. L... ajoutant que la nouvelle venoit de bon endroit. Pas un mot de tout cela, Messieurs, repris-je avec vivacité; il est, au contraire, très-sûr qu'il n'y a rien encore de fait à cet égard; mais si l'on se décidait à ôter à M. L... N... cette charge, j'ai un moyen de vous accorder tous deux sur le choix de son successeur. Ce ne seroit aucuns de ceux que vous venez de nommer. Je supprimerois tout simplement la charge (3). Je ferois plus, je renverrois tous les subalternes, et je confierois ce dépôt à un corps de vrais sçavants, à un corps qui le gar

(1) Le morceau qu'on va lire intéressera, nous aimons à le croire, nos lecteurs. Il est du célèbre abbé Mercier de Saint-Léger, qui le fit imprimer à très petit nombre, sur la fin de l'année 1787, en réponse à la brochure de Cerra, intitulée : L'an 1787, Précis de l'administration de la Bibliothèque du roi, sous M. Le Noir. Nous donnerons plus tard ce Précis. Il pourra fournir matière à des comparaisons intéressantes :

Il est inutile d'avertir que les plans exposés dans la lettre que nous pu blions, étoient impraticables, même en 1787. C'étoit donc un jeu d'esprit plutôt qu'une proposition sérieuse. Mais en faisant la part du paradoxe, il reste un grand nombre d'idées saines, judicieuses et applicables, dont il est encore aisé de faire aujourd'hui profit.

(2) M. Le Noir ne perdit pas alors sa place. Il donna librement et très judicieusement sa démission volontaire en 1790.

(3) La charge de Bibliothécaire du roi étoit une des heureuses inspírations de l'ancien régime : on avoit depuis essayé de la remplacer par un conseil de conservateurs, dont le président annuel ou bis-annuel n'étoit que le primus inter pares. Il en résulta un défaut de responsabilité personnelle, à l'égard du ministre, dont M. de Salvandi fut le premier, en 1838, à sentir

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deroit très bien et qui le garderoit gratuitement. Par là je ferois une économie de gages et de gratifications, donnés jusqu'ici à une multitude de commis qui ne font rien, ou pas grand' chose. Je suis sûr que le public n'en seroit qu'infiniment mieux servi, et que ce dépôt, si nécessaire aux gens de lettres, qui n'en jouissent que deux fois la semaine, leur seroit enfin ouvert tous les jours de l'année sans distinction, de même que la bibliothèque impériale à Vienne (1).

Quel est donc votre corps de sçavants, s'écrièrent tous les assistants? Parlez, parlez donc, Monsieur. Celui des bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur. A ce mot, un souris dédaigneux se peignit sur tous les visages. Quoi! des moines à la tête d'un pareil dépôt. Des moines, officiers publics? La bibliothèque du roi livrée à tous ces frocs! Le beau spectacle, en vérité! Oui, Messieurs, oui et vingt fois oui, ayez la complaisance de m'entendre, et ne dédaignez pas mon idée avant que je vous l'aie développée. Il me sera bien aisé de prouver que des moines sont aussi propres que d'autres à remplir cette place importante dans la littérature. Je n'aurai guère de peine ensuite à effacer le vernis de ridicule, dont vous couvrez, sans raison, mon projet de réforme.

Quelles sont les qualités essentielles à des bibliothécaires du roi, c'est-à-dire à des hommes chargés de la conservation et de l'amélioration d'un des plus vastes dépôts de littérature; à des hommes qui doivent être en état de répondre d'une manière satisfaisante aux gens de lettres, aux sçavants de tous les ordres, au mathématicien, à l'historien, au jurisconsulte, comme

les inconvéniens. Il nomma donc un directeur investi d'une autorité assez analogue à celle de l'ancien bibliothécaire. Restoit au milieu de nos exigences parlementaires, académiques, universitaires, etc., etc., la difficulté d'un choix parfaitement heureux sous tous les rapports. Car, après tout, qui veut la fin doit vouloir les moyens.

(1) Voyez le Journal général de France, de l'abbé de Fontenay, du 7 juin dernier, no 68, page 270. Au reste, notre anonyme exagère ici. Longtemps avant la Révolution, tous les gens de lettres étoient admis tous les jours dans les différentes sections de la Bibliothèque du roi. Seulement c'étoit une sorte de faveur nominale; tandis que le vendredi et le mardi l'entrée étoit, comme aujourd'hui, le droit acquis de tout le monde.

au théologien, à l'amateur de la littérature légère, ainsi qu'à l'érudit le plus profond? Il faut d'abord qu'ils aient reçu la meilleure éducation littéraire. Après les cours ordinaires des belles-lettres, de philosophie et de théologie, ils doivent avoir pris au moins une teinture des autres sciences, s'être appliqués d'une manière très-particulière aux langues mortes et vivantes, s'être livrés à des études longues et approfondies, avoir de bonne heure contracté l'habitude du cabinet, par une vie réglée et uniforme, et s'être accoutumés à un travail suivi, même opiniâtre, et néanmoins facile (1). Des gens qui ont besoin de travailler à leur fortune, ne sont pas propres à remplir un pareil emploi; du moins il est constant qu'ils ne le pourront pas remplir aussi bien que des hommes isolés, assurés d'une existence honnête, ainsi que de tous les besoins de la vie, et qui, par l'effet d'une éducation sévère ne connaissent aucuns des soins qui donnent tant de soucis, tant d'inquiétudes, et qui consument tant de temps dans la société ordinaire. Cela posé, peut-on contester que des religieux ne soient pas plus propres que des personnes de tout autre état à remplir les places dont il s'agit, et qu'une congrégation régulière ne soit constamment en état de fournir de pareils sujets, une fois qu'elle en aurait pris l'engagement? Or, si parmi ces corps religieux il en existe un assez bien renté pour n'avoir aucune inquiétude sur l'entretien de ses membres, assez jaloux de sa propre gloire pour que les travaux les plus vastes ne l'effraient pas, on conviendra sans peine que la Congrégation de Saint-Maur est le corps religieux qui paraît mériter, pour notre objet, la préférence sur les autres. Dans cette congrégation, à qui l'Eglise et la littérature ont des obligations si étendues, je vois une suite de sçavants livrés par goût, par habitude, par sentiment, à tous les travaux de l'érudition. Si ce corps étoit chargé de fournir à la bibliothèque du roi des sujets qui, sous l'autorité immédiate du ministre de Paris, auroient soin de ce dépôt, s'occuperoient de son amélioration, en feroient connoître les richesses de tout genre par des

(1) Tel doit être un bibliographe véritable.

catalogues qui, dans de pareilles mains, ne prendroient pas plus de dix à donze ans (1), qui en feroient régulièrement le service public; n'est-il pas évident que la bibliothèque royale gagneroit infiniment à une pareille innovation? Un corps tel que celui-là fourniroit successivement, et sans interruption, des sujets élevés pour la chose, et l'on ne verroit jamais de pareilles places accordées à la vanité, à la médiocrité, je dirois presque

(1) L'impression du catalogue de la Bibliothèque du roi date de l'année 1739, que parut le premier volume; à l'année 1750, que parut le dernier. Aujourd'hui le public n'en possède encore que dix; sçavoir : quatre pour les manuscrits orientaux, grecs et latins; trois pour les livres imprimés de théologie; deux pour ceux des belles-lettres, et un pour ceux de jurisprudence. En comptant ce qui reste à donner, et les acquisitions faites depuis 1738, on n'a guère fait que la moitié de l'ouvrage; si donc on continue cette besogne, comme elle a été commencée, il s'écoulera encore cinquante ans, avant que le public jouisse du catalogue entier, tantæ molis erat *! Et encore quel catalogue, et comme il est fait, bon Dieu! c'est à ceux qui connoissent ceux de la Vaticane et de la Casanate à Rome, de Saint-Marc et de Nani à Venise, du grand duc de Toscane, de Malatesta à Césene, de l'abbaye de Saint-Michel de Murano, de Berne, de Genève, etc., etc., qu'il appartient de porter un jugement sur ces dix volumes in-fol., qui se font fait attendre pendant cinquante ans **.

Ce terme de cinquante ans a toujours été pour la furia francesa insupportable. Afin de ne pas remettre à cinquante ans l'achèvement de l'œuvre la plus importante, on préfère ne pas la commencer. Qu'est-ce pourtant qu'un demi-siècle dans l'histoire d'un établissement dont la destination doit être éternelle! On ne devineroit pas la raison avouée du refus fait tout nouvellement par l'administration de la Bibliothèque du roi, de concourir à la continuation d'un catalogue raisonné des manuscrits, commencé depuis 1837; cette raison la voici : Un des conservateurs fit observer qu'il faudroit une cinquantaine d'années pour l'entier achèvement du susdit catalogue raisonné. Cependant, on pourroit à la rigueur diminuer la force d'une objection de cette nature si cinquante ans, contre toute vraisemblance, étoient nécessaires pour la seule personne qui s'obstinoit à poursuivre ce catalogue, vingt-cinq ans ne pourroient ils suffire à deux personnes?... Douze années à quatre ou cinq personnes ?... Nous regrettons bien que MM. les conservateurs n'aient pas prévu ce mezzo termine.

:

L'appréciation de l'abbé de Saint-Léger est bien rigoureuse. Le catalogue des manuscrits orientaux, grecs et latins, formant quatre des dix volumes in-fol., n'est pas aussi défectueux qu'on le dit ici. Seulement il est fàcheux qu'après l'indication de chaque traité on n'ait pas transcrit les premiers et les derniers mots de chacun de ces traités; cette omission empêchant les étrangers de le consulter avec tout le fruit qu'ils sont en droit d'attendre d'un véritable catalogue de manuscrits. Pour les six volumes de catalogues imprimés, ils contiennent exactement le titre de chaque livre; ils donnent ces livres dans l'ordre consacré par les bibliothécaires précédens; de bonnes tables alphabétiques d'auteurs et d'ouvrages anonymes y suppléent aux embarras inévitables du meilleur ordre systématique. Que peut-on exiger davantage? un tout petit rien: l'impression du commencement de la continuation.

J. T.

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