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70. LETTRE DE JEAN D'ARLY AU CHANCELIER '.

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Le sire de Haubourdin reçu à Montdidier. Danger que courent les places du vidame. Retard qu'éprouve le payement de sa pension par la faute du receveur d'Amiens. possibilité où il est de se procurer des armes. - Avance qu'il a faite pour empêcher l'exportation d'une armure destinée à son frère, qui servait dans l'armée ennemie.

9 JUIN.

Mon très honnoré seigneur, je me recommande à vostre bonne grâce tant comme je puis. Vostre bon plaisir soit de sçavoir que mes subjectz et serviteurs de Pierrepont et de Raynneval ont envoyé devers moy, signiffians que mons. de Halbourdin est arrivé en la ville de Mondidier, environ de trois à quatre cens chevaulx; et luy a-on ouvert la porte, et a prins le serement de ceulx de la ville. Pour laquelle cause ceulx de Pierrepont sont à deux lieues près, et Raynneval à quatre; et à demie-lieue de Moroeul ont envoié devers moy, pour sçavoir quelle chose ilz aroyent à faire; car mesdittes places ne sont pour résister contre telle puissance : pour laquelle cause je envoye par devers vous pour en user et faire par vostre bon conseil et advis. Mon très honnoré seigneur, j'estoie hier alé en la ville d'Amiens, contendant à parler à vous à cause de ma pension, pource que Jaques de Filescamps' avoit dit à mes gens, paravant que j'eusse laditte pension, qu'il feroit merveilles pour moy, si maditte pension estoit assignée sur luy; et mesmes avoit dit à mon chappelain et à mon recepveur de Larbroye qu'il aloit à Dourlens et qu'il feroit merveilles de faire paiement pour moy; mais c'estoit à fin que on presist la descharge à sa volenté et qu'il me péust de petits morsiaulx, qui ne me feroit point de proffict; car s'il m'eusist fait payement, ainsy comme le roy m'a ordonné, et qu'il ne m'eusist point traîné, je me feusse pourveu tant à Rouen comme ailleurs de harnas de guerre, tant bastons 4 comme autrement. Pour tant, mon très honnoré seigneur, je vous supplie qu'il vous plaise tant faire en

D'après une copie moderne, SÉRILLY, t. 198, fol. 127, vo.

2 Receveur d'Amiens.

C'est-à-dire qu'il me repút.

4 Armes à feu.

3

vers luy que, tant du terme escheu comme de celluy advenir, que je puisse estre paié, à fin que je puisse avoir des provisions pour garder moy et mesdittes places. Et meismes, mon très honnoré seigneur, j'ay baillé des charge pour ung harnas complet et ung corsset, laquelle descharge monte à chinquante couronnes; et avoit-on voulu vendre ledit harnas et corsset à Loys d'Arly, mon frère, qui est en l'armée de mons. de Charrolois; et la chose qui le me faisoit plus achepter, c'estoit à fin qu'il ne fust transporté. Si vous supplie que le me faichiez bailler et délivrer, veu que j'en ay baillé la descharge; car ledit harnas est en la ville d'Amiens. Mon très honnoré seigneur, pardonnez-moy si je n'ay esté devers vous, car, en vérité, je m'en retourne bien en haste pour prendre garde à ma place. Mon très honnoré seigneur, commandez-moy voz bons plaisirs, et selon ma possibilité je les acompliray de bon cuer. Ce sçait Dieu, lequel vous ayt en sa saincte garde. Escrit en mon chastiau de Pinquegny, le 1x jour de juing м CCCC LXV.

Vostre obéissant serviteur, JEHAN D'ARLY, vidasme d'Amiens. Et sur la suscription est escrit: A mon très honnoré seigneur, monseigneur le Chancellier.

71. LETTRE DU CHANCELIER DE FRANCE ET DE LA COMMUNE D'AMIENS A L'ABBÉ ET AUX HABITANTS DE CORBIE '.

Parlementaires envoyés à Corbie par le comte de Charollais.

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Leurs menaces.

Réponse

Lecture

de ceux de Corbie. Convocation des notables à l'hôtel de ville d'Amiens. publique des lettres envoyées par les habitants de Corbie. Conclusion prise dans l'assemRévocation de l'accord fait par ceux de Corbie.

bléc.

Remontrances concernant

le serment de fidélité qu'ils ont prêté au roi Conseils qui leur sont donnés.

10 JUIN.

Révérend père en Dieu, et chiers et espéciaulx amis, nous nous recommandons à vous. Par ces porteurs avons au jour d'huy matin receu voz lettres faisant mension que mons. de Charrolois a envoié en la ville de Corbye par devers vous ung roy d'armes nommé Bourgongne et avoc luy deux gentilz hommes, lesquelz vous ont faict plusieurs remons

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trances, disans que mons. de Charrolois se donnoit grans merveilles que ne luy aviez fait mener des vivres, comme il vous avoit fait requérir, en vous mandant oultre que luy en envoyssiez, tellement qu'il eust cause de s'en louer; et que luy voulsissiez donner passaige à luy et ses gens par vostreditte ville à son bon plaisir, ou si non qu'il y pourverroit tellement que vous en appercevriez, et bref, et vous vendroit voir de si près que vous en pourriez bien repentir; et aultres choses plus à plain contenues en vosdittes lettres; et que ausditz roy d'armes et gentilz hommes n'avez voulu faire responce sans premièrement nous en advertir, car, à ce que povés sentir, en ceste ville d'Amiens ont' esté faictes ou doibvent estre de brief, semblables remonstrances de par mons. de Charrolois, en nous requérant que vous vueillons advertir de ce que avez à faire. Sur quoy, combien que la responce que devez faire en ceste matière soit toute claire et évidente de soy, et qu'en doyez vous et tous autres bons et loyaulx subjectz du roy estre tous advertis, néantmoins nous avons incontinant convocqué et appellé les gens des Trois Estatz de cesteditte ville en bien grant nombre, et de gens notables, prélatz, nobles et autres, pour plus meurement sur icelle matière avoir délibéracion et advis; lesquelz, après que les lettres que paravant avez escrittes à moy, chancellier, leur ont esté communicquées, tous d'ung commun assentement et délibéracion ont dict et conclud que, non obstant l'acord et octroy qu'aviez bien légièrement fait à mons. de Charrolois des trois requestes qui par luy vous avoyent esté faictes, c'est assavoir de non porter aucun préjudice à son armée et de souffrir ses gens entrer en laditte ville en petit nombre pour eulx refreschir, et aultres leurs nécessitez, et de luy vouloir aidier de vivres pour l'argent: pour ce que l'octroy des requestes est fait par protestacion et sauf vostre honneur et la loyaulté que devez au roy, laquelle luy avez promise garder envers tous et contre tous, vous ne povez ne devez acomplir ne entretenir lesdittes requestes; et autrement le faire seroit aler directement contre vostre serement de loyaulté et par conséquent contre vostre honneur; car il est tout manifeste que de recepter, favoriser, donner vivres, passaige ou conduicte à gens qui se démonstrent anemis adversaires du roy et contre luy se mettent sus en armes pour luy oster et distraire ses pays et subjetz, est clairement soy

monstrer complaire et adhérer à ses ditz ennemis et adverssaires, et ainsy enfraindre et délaisser sa loyaulté; laquelle chose tous princes de noble et vertueulx courage ne doivent requérir ne persuader aux subgetz d'autruy, ne qu'il vouldroit qu'on fist aux siens en cas semblable. Et n'est pas vraysemblable que mondit seigneur de Charrolois, qui est parent du roy si prouchain, comme chacun sait, et son vassal et subject, vous voulsist requérir d'enfraindre vostreditte loyaulté, laquelle vous debvez au roy seul et non [à] autre; et, quant vous l'auriez faict, qu'il ne vous en eust en moindre réputacion et vous en tensist moins féables, comme raison seroit ; et est tout notoire que, si du temps qu'estiez par engagement ez mains de mons. de Bourgongne, son père, qui n'est pas chose semblable à celle de présent, vous eussiez obtempéré à aucun seigneur ou prince, quel qu'il eust esté, qui vous eust fait semblables requestes que dictes vous avoir esté faictes de par luy, il vous en eust tenu pour desloyaulx et fait punir et corrigier à son povoir; et pour ce, attendu les choses dessusdittes et mesmement les deffenses qui expressément vous ont esté faictes de par le roy, et par ses lettres à vous addressans depuis le partement de mons. de Berry de sa compaignie; et ce que, après les remonstrances qui vous ont esté faictes derrenièrement de par luy, luy avez escript de luy garder et entretenir la loyaulté que luy avez jurée et promise, appert clèrement que ne devez aucunement obtempérer ausdittes requestes. Mais pour ce que lesditz roy d'armes et gentilzhommes dient que ce que mondit seigneur de Charrolois faict est pour le bien du roy et du royaulme, et qu'il a bon povoir sur ce: vous en povez escripre au roy adfin de vous y gouverner ainsy qu'il luy plaira vous mander et ordonner, et selon son bon plaisir, et que, au seurplus, qui vous vouldrà assaillir ou porter dommaige, vous vous devez vertueusement et de grant couraige deffandre en vertu de vostre loyaulté et bonne querelle que avez de ce faire, ainsy que l'avez dit et promis, sans avoir voulu prandre aide ne garnison de gens de guerre. Et soyez seurs que le roy ne vous habandonnera point quant vous monstrerez estre seurs et féaulx, et que brief aurez de luy novelles, aide et secours. Et sur ces raisons povez et debvez fonder vostre responce qu'avez à faire sur ce à mondit seigneur de Charrolois, et il s'en devra par raison contenter: ainsy que touttes ces choses ont esté dictes

publicquement et en plain conseil à cesditz porteurs pour les vous dire et remonstrer. Nostre Seigneur vous ayt en sa garde. Escript à Amiens, ce xe jour de juing.

72. LETTRE DU MARÉCHAL DE GAMACHES AU CHANCELIER '. Mouvements du comte de Saint-Pol et du comte de Charollais. Le comte de Nevers à PontSainte-Maxence. Trêve entre le roi et le duc de Bourbon. - Faux bruits sur les ducs de Berri et de Nemours. — Inertie des Bretons. - Bonnes dispositions des habitants de Noyon.

14 JUIN.

Monseigneur, je me recommande à vous tant comme je puis. Aujourd'huy se desloge le conte de Saint-Pol et le bastard de Bourgogne; et monseigneur de Charolois ne deslogera jusques à demain. Pour où aler? je ne sçay; mais ilz font grant bruit de venir devant ceste ville', et devant Beaulieu 3. Il y en a d'autres qui dient qu'ilz vont ou Pont-Sainte-Maixence 4, ou à Chaulny 5. S'ilz vont ou Pont, monseigneur de Nevers y est, accompaigné de bien deux cens hommes d'armes; car les gens de monseigneur le grant-séneschal de Normandie 6 sont avec luy, et Floquet 7 y sera dedans deux ou trois jours. Monseigneur de Bourbon a faict son appoinctement avec le roy, et croy que le roy soit party, a passé plus de quatre jours, pour s'en venir icy. Monseigneur de Nemours debvoit aller en Bretaigne, et croy que le traittié de monseigneur de Berry se faict à ceste heure. Est venu ung homme de Rouen qui dict que les Bretons sont encores en Bretaigne, et qu'il n'est nouvelles qu'ilz doient partir; et partist dimanche de Rouen. Ceulx de ceste ville sont délibérez d'attendre siége et tout tant qu'il pourra venir; et ne veistes oncques gens qui eussent si grant

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