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désir de servir le roy, qu'ilz ont. Je vous envoye unes lettres que le roy escrit à la ville d'Amiens. Plusieurs fois vous ay escrit; mais, à ce que je voy, vous n'avez point eu mes lettres, ne ceulx par qui je vous escrivoie ne sont point venus. Et à Dieu soyez, monseigneur, auquel je pry qu'il vous doint tout ce que désirez. Escrit à Noyon, le xiv jour de juing. Je vous pry que me recommandez à monseigneur le bailly nouveau.

Le tout vostre tant qué plus ne pourroit, le mareschal JOACHIM. Et à la subscription: A monseigneur le Chancellier.

73. LETTRE DE GUILLAUME HUĜONET AU CHANCELIER DE FRANCE'.

Sauf-conduit refusé par le chancelier. - Plaintes de Guillaume Hugonet à cette occasion. Explication singulière de la conduite du comte de Charolais. Arrestation d'un héraut bourguignon. - Mécontentement de Charles de Bourgogne contre le chancelier et contre la ville d'Amiens.

16 JUIN.

Mon très honnoré et doubté seigneur, monseigneur le chancellier, je me recommande humblement à vostre grâce. Par l'ordonnance et commandement de mon très redoubté seigneur, monseigneur le comte de Charroloys, j'avoie envoié devers vous Fuzil 2, hérault, pour savoir ce vostre plaisir seroit que je feusse alé parler à vous, et vous dire ce que par mondit seigneur m'estoit ordonné et commandé, et aussi pour savoir ce je y pourroie aler seurement avec mes gens et ma compaignie. Auquel Fuzil il ne vous a pleu parler; mais de par vous lui a esté dit par mons. de Ryvery 3 comme m'a rapourté ledit Fuzil, que vous n'avés pas charge de donner aucunes seurtés, et que mons. le marixal Joachin estant à Noyon, a charge et puissence de me bailler seurté, après laquelle se

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Copié sur l'original autographe, coll. DUPUY, vol. 539.

2 Gilles Gobert, dit Fusil (à cause de la pierre à briquet que le duc de Bourgogne portait dans sa devise), élève et sergent d'armes de Lefèvre de Saint-Remi, héraut de la Toison d'or, auquel il suc

céda dans cet office, en 1468. Voy. George Chastellain. Ed. Buchon, 3 partie, ch. 149.

3 Sur un compte de l'an 1466, dans Gaigrières, vol. 772-2, on trouve couché pour la somme de 137 livres, messire Jacques de Rivery, chevalier du pays d'Écosse.

bon me sembloit, je pourroie aler devers vous. Monseigneur, par ceste responce, j'entens bien que vous n'avés pas volonté et ne tenez guères compte que je parle à vous de par mondit seigneur. Et car se vostre plaisir fût autre, vous pouviez bien estre contant que de par mondit seigneur je fusse seurement alé parler à vous, attendu que jusques à présent n'ay point aperceu que mondit seigneur ne ses gens soient ennemis. Pour vous déclarer aucune partie de ma charge, mondit seigneur est adverti de plusieurs chouses que vous dictes et faictes à l'encontre de lui et sans cause, en vous déclairant, du moings par vous fais, de tenir parti contre lui pour monseigneur de Nevers, sur lequel et non sur autre jusques à présent il a emploié son armée; parquoi m'envoie ordre vous dire de par lui que vous voulsissiez déporter de telles chouses, et de esmouvoir gens contre lui et son armée, en vous advertissant que quant vous ou autres vouldrez persévérer en telles chouses, en aidant et adhérent à mondit seigneur de Nevers, il tiendra et réputera vous et autres samblables, ses ennemis, et poursuivra partout où y pourra, comme il entend faire à l'encontre de mondit seigneur de Nevers. Plus amplement vous eusse déclaré ses chouses et autres se j'eusse parlé à vous; mès trop longues seroient à escripre. Je faiz grant doubte que de telz moyens et d'avoir détenu Ravestein, hérault, qui estoit emprumpté de mondit seigneur par les gens de monseigneur, de Berry, mondit seigneur ne soit point contant de vous ne de la ville d'Amiens, et que vous ne lui donnez occasion de commancer ce que encores il n'avoit voulu faire. Monseigneur, vous este sage et prendrez bon advis en tout. Escript sur les champs, ce lundi, xvi jour de juing.

Vostre serviteur, celui que n'avés voulu souffrir aler seurement devers vous de par mondit seigneur.

Sur l'adresse: A mons. le prévost d'Amiens, Hue de Lemes. Un peu au-dessous et d'une autre main : Lettres de maistre Guillaume Hugonet, maistre des requestes de monseigneur de Charrolois, envoyées à monseigneur par ung jeune filz trouvé sur les champs, qui est d'Amyens, et présentées audit lieu le xvII de juing MCCCC LXV.

74. MANIFESTE DU COMTE DE CHAROLLAIS

Aux habitants d'Amiens 1.

16 JUIN.

LE CONTE DE CHAROLLOIS, SEIGNEUR DE CHASTEAUBELIN ET DE BÉTHUNE,*
LIEUTENANT GÉNÉRAL DE MON TRÈS REDOUBTÉ SEIGNEUR ET Père.

Très chiers et bons amys, mon très redoubté seigneur et père a pièçà receu lectres de monseigneur le duc de Berry, escrittes à Nantes le quinziesme jour de mars derrenier passé, contenans que puis aucun temps, il avoit souventes fois eu les clameurs de la pluspart des seigneurs du sang, ses parens et amis, notables de ce royaulme en tous estatz, du désordre et piteux gouvernement qui par tout iceluy avoit et a cours, par le conseil, autre que bon, des gens estans à l'entour de monseigneur le roy; lesquelz, pour leur prouffict et affection singulière et désordonnée, avoient mis mondit seigneur de Berry en soubsçon et haine vers luy et tous les plus grans seigneurs dudit royaulme, mesmes vers les roys de Castille et d'Escoce 3, alliez de si longtemps, comme il est notoire, à la couronne; contenans aussy lesdittes lectres de mondit seigneur de Berry les deffaultes faictes et commises en ce que l'autorité de l'Eglise n'a point esté gardée, justice faicte ne administrée, les nobles maintenuz en leurs droictz et usaiges de noblesse, le povre peuple supporté ne gardé d'opression: pourquoy ly desplaisant aucunement des choses dessusdittes (ainsi comme estre devoit comme cely à qui le faict touchoit et touche de si près), désirant y pourveoir et donner ordre, remède et provision convenable, par le conseil de mondit seigneur et père et desdiz seigneurs du sang et autres, sans y espargnier corps ne biens, au bien du royaulme et de la chose publicque d'iceluy; aussy pour saulver sa

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personne qu'il sentoit en dangier, parce que incessamment et ouvertement mondit seigneur le roy et ceux d'entour luy parloient et disoient parolles de luy telles que pour raison luy devoient donner cause de doubter: mondit seigneur de Berry s'estoit départy d'avec mondit seigneur le roy et allé devers beau cousin de Bretaigne, lequel grandement et notablement l'avoit receu et estoit délibéré de le servir de corps, de biens et de toute sa puissance au bien dudit royaulme et de la chose publicque d'icelluy; et pource que son désir estoit et est de soy emploier avec les grans seigneurs du sang, par l'advis et conseil desquelz se vouloit et veult reigler et conduire et non autrement, à la ressourse et bonne addresse dudit royaulme si désolé, traveillé et preseuré, qu'il désiroit et désire de tout son cuer pourveoir à tous les faiz qui par deffaulte d'ordre, justice et bonne police estoient et sont en tous les estaz d'icelluy royaulme; [et] au solagement du povre peuple, qui tant avoit et a porté que plus ne puet; et mectre tel ordre en tous endroictz qu'il puist estre (à Dieu plaisant) à l'honneur, félicité et décorement dudict royaulme et rétribucion d'onneur et louable mémoire perpétuelle de tous ceulx qui s'y seront emploiez: priant et requérant à mondit seigneur et père que, en ceste matière qui estoit et est si grande et pour si bonne fin, il se voulsist monstrer, assister et emploier en son ayde à laditte fin, pour tirer en pays vers la France, et ou cas que en personne faire ne le pouroit, nous y envoier et faire tirer à bonne puissance; luy signiffiant au seurplus que tout ce que par luy ou par nous seroit fait et dit pour le bien de la chose publicque du royaulme et soulagement du povre peuple, tant pour faire cesser les grans injustices, voyez de fait, de force et de violence, qui dès pièçà y ont eu et ont cours, comme pour faire destrier, oster et mectre jus les excessives exactions, charges et oppressions indues d'aydes et d'imposicions sur ledit povre peuple, il soustiendroit et maintiendroit tant qu'il vivroit jusques à la mort: ainsy que toutes ces choses estoient et sont plus à plain contenues, narrées et déclairées en sesdittes lectres. Sur quoy est vray, très chiers et bons amis, que mondit seigneur et père, après ce qu'il a congneu, tant par lesdittes lettres comme par plusieurs messaiges et ambaxades qui à ceste fin sont venuz à diverses fois par devers luy, le bon et louable propos de mondit seigneur de Berry, s'est, par l'advis des Trois Estatz de

ses pays, conclud et déterminé de ayder mondit seigneur de Berry; et pour ceste cause, a mis sus grosse et puissante armée en laquelle il se fust volentiers trouvé, pour le désir qu'il avoit et a de faire service à mondit seigneur de Berry et de faire chose prouffitable au royaulme et à toute la chose publicque d'icelluy, se nullement luy eust esté possible; mais tant à cause de son antien aage comme de la foiblesse de sa personne, pour raison des maladies que puis n'a guerres il a eues, ne luy a esté ne n'est bonnement possible de personnelment faire à mondit seigneur de Berry le service que voulentiers il feroit; pour lesquelles causes, son plaisir a esté nous donner la charge de conduire ceste présente armée comme son lieutenant général, en nous commandant et ordonnant expressément mectre selon le possible à exécucion son bon voulloir et désir en ceste partie; laquelle charge, tant pour obéir au commandement et ordonnance de mondict seigneur et père, comme devons et tenuz y sommes, comme pour le parfaict et ardant désir que avons au bien de ce royaulme, avons acceptées. Et pour ce, très chiers et bons amis, que sçavons que mondit seigneur et père a ces matières très fort à cuer, nous vous en avons bien voullu escripre et advertir féablement, comme à ceulx que luy et nous, avons tousjours eu et avons en singulière grâce, amour et dilection; et pour ceste cause envoions présentement devers vous nostre bien amé Fuzil, le hérault, porteur de cestes, affin que par luy, nous faictes sçavoir sur les choses dessusdittes vostre voulenté et intencion, telle et si bonne, que mondit seigneur et père ait cause de s'en contenter; vous advertissant que, se à vous ne tient, nous ferons pour vous et la bonne ville d'Amiens tout ce que bonnement pourrons, tellement que aurez cause de vous en louer. Ce scet Nostre Sire qui, très chiers et bons amys, vous ayt en sa benoiste, garde. Escrit en nostre ville de Royé, le xvro jour de juing, l'an M CCCCLXV. Signé CHARLES, et plus bas, N. Gros.

Sur la suscription est escrit : A noz très chiers et bons amys les bonnes gens, manans, habitans et communalté de la bonne ville d'Amiens.

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