Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

75. LETTRE DES ADMINISTRATEURS DU NIVERNAIS AU COMTE DE NEVERS '.

[ocr errors]

-

[ocr errors]

Levées de gens d'armes faites en Nivernais pour le parti bourguignon. - Violences exercées contre le maître d'hôtel du comte de Nevers par Jean de Digoine. — Requête adressée à ce seigneur. Sa réponse. Les officiers du Nivernais s'adressent au duc de Bourgogne. Délais apportés par le grand conseil du duc. - Mauvais bruits répandus dans la province par ceux du parti bourguignon. Guillaume d'Assigny appelé provisoirement à la capitainerie de Donzy en remplacement de Jean de Digoine, démissionnaire. - Vol des deniers affectés à la vénerie du prince. Nouvelles sur la marche du roi en Bourbonnais, Négociations pour la paix jusque-là infructueuses. Renfort de Bourguignons introduit. à Moulins. - Les passages de la Loire gardés par les compagnies du roi. Le maréchal de Bourgogne à Autun. - Précautions prises pour la sûreté de Moulins-Engilbert. — Avertissement donné au roi. Évaluation des forces ennemies. Proclamations du duc de Bourgogne et du comte de Charolais aux habitants de Nevers et à ceux de Decize. Réponse des échevins de Nevers aux messagers du maréchal de Bourgogne. Faux bruit de la mort du duc de Bretagne. Gens d'armes soudoyés par le roi pour la défense du Dénûment dans lequel se trouvent les officiers chargés de l'administration

Nivernais.

du pays.

[ocr errors]
[ocr errors]

17 JUIN.

LE DOUBLE DES LETTRES QUE ON A ESCRIPTES A MONSEIGNEUR LE CONTE, DU XVII JOUR DE JUING IV LXV.

Mon très redoubté seigneur, nous nous recommandons très humblement à vostre bonne et noble grâce. Et vous plaise savoir, nostre très redoubté seigneur, que, depuis que derrenièrement vous avons escript par Hanequin de Caldon et Berthier Billebault, voz serviteurs, des nouvelles et affaires de par deçà, et que avons eu et receu par ledit Hanequin voz lettres responssives des chouses contenues en nosdittes lettres, dont vous mercions humblement, sont survenues par deçà autres choses et nouvelles qui s'en suivent, de et sur lesquelles nous escripvez et mandez vostre volenté, se il est vostre bon plaisir, pour icelluy accomplir de tous noz povoirs comme faire le devons, à l'aide de Nostre Seigneur.

[ocr errors]

Premièrement, messire Jehan de Digoine 2, chevalier, autrement

Copié sur l'original, BETHUNE, vol. 8441, fol. 19.

⚫ Jean de Digoine, seigneur de Jaucourt,

dont il est parlé dans Olivier de la Marche, comme ayant prêté le serment sur le faisan, pour entreprendre la croisade. Après

dit de Jaulcourt, puis ung moys ou deux en çà, a prins et levé en vostre pays de Nivernoiz ce qu'il y a peu de gens d'armes et jusques au nombre de cinq ou six lances, et les a menez avec luy en Bourgoigne, et se sont joincts avec l'armée de Bourgoigne, où ilz sont encoires de présent.

Item, et ce fait, ledit messire Jehan de Jaulcourt en sa personne, acompaigné de pluiseurs ses complices de vostredit pays, furtivement entra en icelluy, print et emprisonna de par monseigneur de Charroloys, maistre Jehan Boutillat', vostre serviteur, ung matin; lui estant près de l'ostel de Lachay appartenant à sa femme, fut lyé et emmené de vostredit pays, justice et seigneurie au lieu et place de Villarnoul 1 en Bourgoigne, où il est encoires détenu prisonnier.

Item, et avecques ce, les biens dudit maistre Jehan Boutillat, certain jour après laditte prise, furent trouvés sur une charrecte en couffres, près de Veizelay, ainsi que on les menoit retraire, prins et emmenez par ledit messire Jehan de Digoine, dit de Jaulcourt, audit lieu de Villarnoul, et point n'ont estez restituez.

Item, et pareillement ledit messire Jehan de Digoine dit de Jaulcourt, après ce que dit est, a prins ou fait prandre en vostredit pays et emmener prisonnier oudit Villarnoul, ung nommé Phelibert de La Forest, escuier; et là sont détenus prisonniers, et ne savons la cause. Item, pour avoir réparacion desdits exceps, avons envoié Anthoine

la guerre du Bien Public, Jean Boutilhat lui intenta un procès en parlement, à raison des faits qui sont énonces plus loin dans la présente lettre. Cette affaire traîna en longueur, et elle se poursuivait encore en 1468, quand Louis XI, étant à Péronne, l'assoupit par une ordonnance rendue à la considération de Charles, alors duc de Bourgogne. Ainsi il ne faut pas confondre ce Jean de Digoine avec Jean de Damas, seigneur de Digoine, de Clessy, de SaintAmour, chevalier de la Toison d'or, chambellan du duc de Bourgogne, et bailli du Mâconnais. A cette époque, la branche aînée des seigneurs de Digoine était

venue s'éteindre depuis près d'un siècle dans celle de Damas; les seigneurs de Jaucourt, au contraire, descendaient en ligne masculine et directe de la souche de Digoine, mais ils n'en étaient qu'une branche cadette.

'Jean Boutilhat, d'abord maître d'hotel du comte de Nevers; ensuite procureur du roi Louis XI, au service duquel il passa vers l'an 1466.

'La seigneurie et le château de Villarnoul appartenaient au beau-père de Jean de Digoine, qui avait épousé en 1463, Agnès Duplessis de Chevigny. Cabinet généalogique de la Bibliothèque Royale.

Quasi, dit Bauldet, chevaucheur de vostre escuierie, audit Villarnoul, et avons escript au seigneur dudit lieu et audit messire Jehan de Jaulcourt, nous délivrer et envoier lesdis prisonniers chargés de leur cas, s'aucuns en y a, avec les informacions, affin que restablissement vous en soit fait, pour par vous et vostre justice en faire la raison telle qu'il appertient.

Item, maiz pour responce sans lettre, nous ont fait savoir par ledit Bauldet que ledit maistre Jehan Boutillat estoit prins et détenu prisonnier audit lieu de Villarnoul de par mondit seigneur de Charrolois, pour certains grans cas, sans les déclairer, et que ledit Phelibert de La Forestz estoit tenus à eulx, et que point ne les délivreroient.

Item, non contans desdittes responces, avons envoié ledit Hannequin, pourteur de cestes, et par lui avons escript au conseil de monseigneur le duc, à Dijon, lesdittes prinses et emprisonnemens, requérans de par vous avoir lesdittes délivrances et informacions, pour restablir vostreditte justice et seigneurie, et pugnir de par vous lesdiz prisonniers, se le cas le requéroit.

Item, sur quoy monseigneur le mareschal de Bourgoigne, présidant, et autres gens du conseil de mondit seigneur le duc, nous ont escript et respondu que desdittes prinses et emprisonnemens riens ne savoient, ne quelz chargez on imposoit ausdis prisonniers; enquerroient sur tout, et emprès nous feroient responce, se il estoit besoing. Laquelle n'avons encoires eue, et n'y povons envoier pour les dangiers desquelz cy-après sera parlé.

Item, pour ce que vostre peuple de par deçà est souvant abeuvré de plusieurs sinistres parolles et nouvelles venans dudit pays de Bourgoigne et de Bourbonnoys, pour le pacifier, nourrir et maintenir en vostre bonne obéissance, escripvez, se il vous plaist, lectres à Nevers, Disise, Molins 2, Saint-Saulge, Luzy, Saint-Liénard, Clamecy, Dreve, Donzy et Entrain 3, de vostre prospérité, estat et santé, en les confortant et asseurant, ainsi que bien le saurés faire et que le cas le requiert. Item, se il vous plaist, bien au long nous en escriprez pour nostre

'Decize, aujourd'hui département de la Nièvre.

Moulins-Engilbert (Nièvre).

2

3 Entrains (Nièvre).

consolacion; car sur toutes choses en désirons savoir, comme faire le devons, ensamble de voz nouvelles.

Item, ledit messire Jehan de Digoine, dit de Jaulcourt, depuis lesdittes prises par lui faictes, nous a escript qu'il se deschargoit de la cappitainerie de Donzy; et en son lieu, y avons commis de par vous, jusques à vostre bon plaisir, Guillaume d'Assigny; lequel vous a fait le serement tel qu'il appertient.

Item, et pareillement, s'est deschargé de la vénerie; maiz avant laditte descharge et le département de ce pays, a levé la pluspart des deniers ordonnez audit office pour ceste année, et a laissé deux veneurs avec les chiens de par deçà; lesquelz avons recueilliz, et sont appoinctez pour eulx et leursdiz chiens jusques à la Saint-Remi prouchein venant, du reste des gaiges et deniers dudit messire Jehan de Jaulcourt. Au surplus, nous en escriprés ce qu'il vous plaira de faire; car nous les entretiendrons jusques à ce que par vous autrement en soit ordonné. Item, touchant l'armée du roy par deçà, le roy nostre sire est entre la rivière d'Alier et de Loire avecques son armée et artillerie, depuis 111 jours en cà; et paravant a suivy avec saditte armée le pays de Bourbonnoys par delà laditte rivière d'Alier. A prins et mis en son obéissance les villes et chasteaux de Molisson ', Hériçon et autres forteresses du pays par delà laditte rivière d'Alier; a tiré à Saint-Poursyn, où il a séjourné x ou x11 jours; pendant lequel temps monseigneur le duc de Bourbon s'est trouvé à Varennes en son pays, entre lesdittes deux rivières, trois ou quatre jours; pendent lesquelz monseigneur de la Marche, qui estoit par devers le roy, s'est entremis de pacifier le débat et la guerre; maiz rien n'y a esté fait.

Item, et avec ce, madame la duchesse de Bourbonnoys a esté pendent ledit temps par devers le roy audit Saint-Poursayn, pour rapaisier le fait envers lui, maiz, comme entendons, la chose n'est encoires en termes de paix.

1

Item,

pendent aussi ledit terme, monseigneur de Coulches 3, le

Mont-Luçon.

'Jacques d'Armagnac, seigneur de la Marche, duc de Nemours. Voy. plus haut, pièce 63.

3 Claude de Montaigu, seigneur de Coulches, chevalier, conseiller, et chambellan du duc de Bourgogne.

frère de mondit seigneur le mareschal, nommé le seigneur de Montagus', ont passé en batheaulx du pays de Bourgoigne la rivière de Loire, avecques deux cens lances, sont entrées ou pays de Bourbonnoys et sont à Molins, actendens un chacun jour le siége du roy. Item, Salezart et la compaignie de monseigneur du Laul 2 sont avecques deux cens lances à Bauton près dudit Bourbon, entre lesdittes deux rivières, pour garder le passaige de laditte rivière de Loire, contre mondit seigneur le mareschal et sa compaignie, qui sont à Ostung 3 et ès envoirons, actendans, comme l'on dit, monseigneur le prince d'Oranges 4 et monseigneur de Charny 3.

Item, depuis deux ou trois jours en çà, aucuns dudit Ostung on mondit que fait savoir à voz subgetz de vostre ville dudit Molins 4 seigneur le mareschal et son armée de Bourgoigne estoient délibérés de entrer en vostre pays de Nivernoiz et mectre siége devant vostreditte ville; et nous ont fait savoir hastivement lesdittes nouvelles voz subgetz dudit Molins: pour quoy incontinant leur avons envoiez de six à sept hommes d'armes accompaignés ainsi qu'il appartient, avecques quinze francs-archers de vostredit pays, et dès jà avoient en laditte ville XII francs-archers, et sont délibérez de vous bien servir et non prandre autre obéissance que la vostre.

[blocks in formation]

croyait avoir duré bien plus d'une année, Voy. l'Art de vérifier les dates, t. II, p. 461; Hist. généal, de la maison de France, t. VIII, p. 423.

5 Pierre de Beaufremont, seigneur de Charny, chambellan du duc de Bourgogne et marié à l'une de ses bâtardes. Il faisait partie de la réserve de Bourgogne; mais lorsque l'arrière-ban fut envoyé par le duc au secours du comte de Charolais, il ne voulut pas se mettre sous la bannière du maréchal Thibaud de Neufchâtel. Il partit seul avec environ quarante lances, et fut rencontré par les compagnies du roi, qui dispersèrent sa troupe et le firent prisonnier. Voy. Jacques Duclerq, liv. 5, ch. 37. Moulins-Engilbert.

6

« VorigeDoorgaan »