Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

lieues de Molins, auquel lieu voeult mettre le siége, ainsi qu'il a dit à messeigneurs de vostre ville et à moy; et avons esté devers luy pour les excuser et asseurer de tous vos pays, parce que madame la contesse, vostre sereur', lui avoit dit que l'on donroit, par vostres villes de Nevers et Disise, passage à mondit seigneur le mareschal. Sy l'avons asseuré de vostre bon vouloir du contraire, dont il a esté très joieulx et contens, et a donné à ceulx de vostredit pays ce qu'ilz ont voulu demander pour amour de vous. Et vous asseure, monseigneur, qu'il a en vous singulière fiance et amour. Et pour deffendre vosdictz pays, nous a ordonné fere son logis en vozdittes villes de Nevers et Disise, où sont les fourriers, et sy a intencion de y venir lui et son conseil, si tost qu'il aura mis le siége. A fait crier et deffendre que nul ne soit sy osé de entrer ne fouler vosditz pays; et est son intencion, sy tost qu'il aura besongnié en Bourbonnois et mis tout en son obéissance, de passer et joindre avec vous, etc. Tout le pays d'Auvergne est en son obéissance, et lui croissent gens d'armes tous les jours, tant du Daulphiné, Savoye que de toutes pars; en manière que, sans toutes ses autres armées, il est puissant de passer par tout où il lui plaira. Bretaigne ne porroit partir, car il a de bonnes gardes. De vos nouvelles de Picardie, pour Dieu faites-nous-en savoir; veu les tours que l'on vous y a donnez et faiz, nous sommes bien esbaïz que n'en faites savoir; dont vos bons et léaulx serviteurs de par deçà sont bien desplaisans, et vous asseure qu'ilz n'ont point vouloir de vous fere ainsi; mais ont intencion de vous servir et obéyr, et nuyt et jour y entendent. Et pour ce, souventes fois nous devez escripre; et despeschiez nostre message à diligence. Mon très doubté seigneur, s'il est riens qui vous plaise, mandez-le et commandez pour l'acomplir, comme vostre humble vassal et serviteur, priant Nostre Sire qu'il vous doint bonne vie et longue. Escript en vostre ville de Nevers, le xvII° jour de juing.

Et au dessoubs: Vostre très humble vassal et serviteur, JOACHIN GIRART DE CHEVANON. Et en la superscripcion: A hault et excellent prince et mon très doubté seigneur, monseigneur le conte de Nevers, lieutenant général du roy.

Marie d'Albret.

"Cette abréviation est dans la copie.

79. LETTRE DE CEUX DE TOURNAY AU CHANCELIER '. Nouvelles incertaines qui leur arrivent du roi et des confédérés. Ils demandent à être mieux informés.

19 JUIN.

Nostre très grant et très honnouré seigneur, très humblement nous recommandons à vostre bonne grâce. Nostre très grant et honnouré seigneur, pour ce que nous avons affectueux désir de tousjours sçavoir et oïr bonnes nouvelles du roy, nostre souverain et droicturier seigneur, et qu'il est renommée entre aulcuns que ledit seigneur brief doibt approuchier ces marces, qui nous seroit grant plaisir et joye; et aultres disent que l'armée de par dechà a prins passaige par le Pont-SainteMaxence et tire plus avant en France, qui ne seroit pas chose plaisante : désirans de la vérité estre advertiz et acertenez comme vrays et loyaulx subjectz du roy nostredit seigneur, du tout affectez à son bien et prospéracion, et résolus de vivre et morir entiers en nostre loyaulté, escripvons présentement par devers vostre très honnourée personne, supplians, nostre très grant et très honnouré seigneur, que vostre plaisir soit, pour nostre esjoïssement, par ce porteur nous escripre et faire sçavoir de vos bonnes nouvelles touchant la vérité desdictes matières, et de l'estat, santé et disposicion du roy nostredict seigneur et de toute son armée ; et en oultre, que quant cy-après quelque chose surviendra, que il vous plaise, à noz despens et par propre messaige que satisferons de son sallaire, le nous rescripre et mander; en quoy ferez au bon peuple de ceste cité grant honnour et plaisir, lesquelz il vous plaise tousjours avoir en vostre bonne grâce, amour et recommandacion, et nous commander voz bons plaisirs que de tout nostre povoir accomplirons, Dieu en ayde, qui vous ayt en sa saincte garde. Escript ce XIX jour de juing.

Voz humbles serviteurs les Chiefz de Loy de la ville et cité de Tournay, appareilliez à faire vos bons plaisirs.

Et à la suscription: A nostre très grant et très honnouré seigneur, monseigneur le Chancellier de France.

[ocr errors][merged small]

80. LETTRE DU SIRE D'YAUCOURT AU CHANCELIER 1.

L'armée de Bourgogne sous les murs de Noyon. — L'entrée de la ville refusée à deux hérauts du comte de Saint-Pol. - Premiers travaux du siége de Beaulieu. — Vigilance de la garnison de Noyon. - Nouvelles reçues de Liége. Confédération des Liégeois avec le marquis de Bade.

19 JUIN.

Mon très honnoré seigneur, je me recommande à vostre bonne grâce tant comme je puis, et rescrips devers vous, pour ce que espoire que désirés savoir des nouvelles de par dechà, qui sont telles, mon très honnoré seigneur, que les Bourguegnons sont logiés à toute leur poissance à une, II et III lieues environ de Noïon, tous les jours menachant mettre le siége devant nous, duquel nous sommes tous resconfortés; et quant il plaira à Dieu qu'ilz viengnent devant nous, nous les festerons et recevrons comme en tel cas appartient: car je ne voy ne congnois nulz qui ait aultre voulenté. Et vindrent lundi desrain passé deux héraulz [de] par monseigneur de Saint-Pol, qu'ilz furent à la porte de ceste ville, requérant parler au maire, bailly et procureur de la ville; auquelz fut respondu par l'un des portiers acompagnié, comme assés povés savoir, que ledit maire, bally et procureur n'avoient pour l'eure présente quelque puissance ne dominacion en laditte ville, et que monseigneur le mareschal de France y estoit comme représentant la personne du roy; et que, se il avoient aucune cherge ou commandement de parler à mondit seigneur le mareschal, que les portiers dessusditz leurs feroient voulentiers savoir. Lesquelz héraulz dessusditz respondirent qu'ilz n'avoient cherge ne commandement de parler, sy non aux dessusditz maire, bailly et procureur. Et lors leurs fut dit par ledit portier que ilz s'en pooient bien raler; et incontinent s'en retournèrent, sans aultre chose dire ne fere. Et ont esté et sont passé I jours logiez devant Beaulieu 2, là où ils manachent tous les jours assir le siége; mais néanmains il n'y a encoire riens que les loges; et y a eu de ceste heure iv hommes d'armes de la compagnie monseigneur de Charolois

I

Copiée sur l'original, DUPUY, 596, fol. 33.

2 Près de Compiègne.

qui ont esté mis à mort par le trait et aultrement, de ceulx dudit Beaulieu. Nuit et jour sommes tous en armes, faisant très bonne chière, atendant la grâce de Dieu. Monseigneur le mareschal rechupt hier lettres de la ville de Liége, envoiés par monseigneur de Chastelon et Cadorat', lesquelles il m'a monstré; et contiennent que ilz ont eu grant paine et labeur à tourner les Liégois; mais, la merchy Dieu, ilz sont tous de ceste heure conclus et déterminés de servir le roy et faire guerre de toute leurs puissance à tous ceulx qui se vouldront monstrer anemis du roy nostredit seigneur; et pour ce faire, ont les Trois Estas du païs baillié leurs seellés aux dessusditz Chastelon et Cadorat; et de ceste heure présente sont mis aux champs, comme ilz rescripvent, le nombre de xxx ou XL milles combatans; et avec les dessusditz est le marquis de Baude2, à tout à cens lances, et plusieurs aultrez seigneurs d'Alemaingne, à tout grant poissance, qu'ilz se mettent avec les Liégois dessusditz pour faire guerre ès paiis de monseigneur de Bourguongne; et est par nouvelle aliance faicte avec le roy nostredit seigneur. Mon très honnoré seigneur, des aultrez nouvelles de par dechà il en y a tant et sy souvent où il y a peu d'arestance, parquoy je me passe de vous en rescripre quant à présent. S'il est chose qu'il vous plaise moy commander, mon très honnoré seigneur, je suis prest de la complir, à l'ayde du benoit filz de Dieu, auquel je prie qu'il soit garde de vous. Escript en haste en ceste ville de Noïon, ce mardi xix jour de juing.

Le tout vostre serviteur, JEHAN, seigneur d'Iaucourt et de Hastencourt. Au dos: A mon très honnoré seigneur, monseigneur le sanscelier de France.

[blocks in formation]

81. LETTRE DU COMTE DE NEVERS AU CHANCELIER '.

Il le dissuade de quitter la Picardie, et l'informe du siége de Beaulieu par les Bourguignons. 23 JUIN.

Monseigneur le chancellier, je me recommande à vous. J'ay receu les lettres que escriptes avez à mons. le mareschal et à moy, et lesquelles par ce porteur je lui ay envoyés. Quant est à vostre partement des marches de par deçà, il me samble et aussi fait-il à mons. le maressal, qu'il n'est pas heure de partir; pour laquelle cause luy et moy avons rescript devers monseigneur le roy, adfin qu'il soit content de vostre demeure; et s'ainsi estoit que, avant sa responce oye, fussiez délibéré de partir (ce que ne pensons point que doiez faire), mondit seigneur le mareschal et moy sommes d'avis que devez donner provision aux villes de par delà, comme Amiens, Abbeville et autres, telle et sy bonne qu'aucun inconvénient n'en adviengne. Des nouvelles, le roy prospère fort, la mercy Dieu, comme porrez veoir par la copie d'unes lettres à moi envoyés par Joachin Girart, seigneur de Chevanon', jadis maistre d'ostel de la royne Marie 3 que Dieu pardoint, laquelle je vous envoye cy-dedens enclose. Le siége est dès mercredi devant le chastel de Beaulieu, lequel est bien furny de vivres guerre, gens de et artillerie, et ne l'auront point sans cop férir; car dès le premier jour, ceulx de dedens tuèrent xv hommes de ceulx. de dehors, et sy en perdent chacun jour pluseurs, et meismes du jour d'hier y ot deux hommes d'armes tuez. Monseigneur le chancellier, je vous prie que tousjours me voeuilliez faire savoir de vos nouvelles, et s'aucune chose me survient, je le vous feray savoir; en moy signifiant, au surplus, se chose vous plaist que faire puisse, et je le feray de très bon cœur, à l'ayde de Nostre Seigneur, qui soit garde de vous. Escript à Compiengne, le xxi jour de juing.

JEHAN.

[blocks in formation]
« VorigeDoorgaan »