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gouvernance continua par conséquent à connaître de toutes les causes qui intéressaient la collégiale.

par

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Pendant son séjour à Lille, Louis XIV examina les travaux de l'importante citadelle qu'il faisait construire Vauban il put aussi inspecter les ouvrages extérieurs de la place, et se rendre compte du nouvel agrandissement qu'il avait ordonné, et qui devait englober tout le faubourg Saint-Pierre.

L'année suivante, 1671, le Roi revint encore visiter la citadelle. Arrivé le 27 mai, veille de la Fête-Dieu, il assista le lendemain 28 à la procession, célébrée avec un éclat extraordinaire. Le récit nous en a été conservé dans une de ces nouvelles à la main, qui se publiaient à Paris, au bureau d'adresses1.

A la pointe du jour, le canon se fit entendre pour annoncer la fête. Sur la Petite-Place, près de la Bourse, s'élevait un reposoir dont dont on admirait la superbe ordonnance. Des statues allégoriques représentaient les vertus. Partout sur les côtés flottaient des banderolles à fond d'azur semées de lis d'or au sommet rayonnait un soleil éclairant le globe. Dans toute l'enceinte, on

indues; et qu'ayant ordinairement pris leurs princes souverains pour gardiens, iceux avoient accoustumez de substituer et commettre à leur place les gouverneurs dudit Lille ou leurs lieutenans, nous supplians très humblement d'en vouloir user de même à leur esgard, d'accepter pour cette fin la gardienneté de leurs personnes et biens, et de leur faire expédier nos lettres sur ce nécessaires. » Le roi déclare qu'il a pour bien agréable le choix fait en sa personne par le chapitre, et qu'il délègue le maréchal d'Humières, gouverneur de Lille, ou en son absence le lieutenant de la gouvernance pour en son nom, leur dit-il « bien et diligemment garder les supplians, leur église, ressorts et sujets, en leurs possessions, terres et juridictions, ensemble en leurs droits, libertez et franchises, et les défendre de toute foulles, oppressions et injures, violences et nouveautez indues, tant que nous serons leur gardien, et que vous y serez commis de par nous. Donné à Paris, le dixneuvième jour du mois de décembre 1670, et de nostre règne le vingt-huitième. » (Copie aux Archives comm. de Lille, Affaires générales, carton 831.)

1. La procession solennelle de la Feste Dieu, en Lille, où Leurs Majestés ont assisté. Cette pièce très rare se termine par l'indication suivante: A Paris, du Bureau d'adresse, aux Galleries du Louvre, devant la rue Saint Thomas, le 19 juin 1671, avec privilège. M. Quarré-Reybourbon a réimprimé cette pièce, tirée de sa collection, dans les Souvenirs religieux de Lille, année 1887, p. 8-12, et aussi dans Lille, l'Histoire locale au jour le jour, 1890, p. 185-187.

avait tendu les tapisseries du Roi, représentant l'histoire de Constantin et les actes des apòtres. A l'entrée se tenaient les gardes du corps. Toute la place était ornée des mêmes tapisseries, jonchée de fleurs et de feuillage, ainsi que les rues traversées par le cortège : il y avait une telle profusion de verdure, une telle quantité de branches d'arbres, « qu'on eust dit que toute la ville s'estoit changée en forest dans un moment ».

Vers dix heures du matin, le défilé commença par les corps de métiers, composés de plus de quinze mille hommes. En tête de chaque groupe, deux de ses membres portaient « des grands bastons peints, environnés de festons de toile d'or et d'argent, au bout desquels il y avoit un flambeau de cire blanche ».

Venaient ensuite les ordres mendiants, les confréries, quantité de bourgeois et d'officiers de justice marchant deux à deux, et portant aussi des flambeaux. A la hauteur du reposoir, on fit entrer dans le cortège « tous les pages et valets de pied de la grande et petite écurie, des maisons de la Reine, de Monsieur et de Mademoiselle, qui alloyent deux à deux, un cierge à la main, et avec toute la modestie et le bon ordre imaginables, sous la conduite de leurs officiers >>.

Enfin, le clergé des paroisses et le chapitre terminaient la marche, précédant l'évêque de Tournai, qui portait le Saint-Sacrement sous un dais magnifique.

Le Roi, la Reine et toute la cour, arrivés directement au reposoir, avaient pris place dans une enceinte réservée. Dès que parut le Saint-Sacrement, le monarque s'agenouilla pour adorer les musiciens de sa chapelle exécutèrent des motets. La bénédiction donnée, la procession se remit en marche. Toute la garde l'accompagnait, avec les huissiers de la chambre portant leurs masses, et tous les officiers de la maison royale tenant des torches ornées d'écussons armoriés. Le Roi et la Reine suivirent à pied la procession, jusqu'à la collégiale.

Derrière eux venaient les dames de la cour, « avec une multitude incomparable de peuple

A l'église, «Leurs Majestés renouvelèrent les hommages de leurs personnes et de leurs sceptres »; puis, après avoir donné à leurs nouveaux peuples cet exemple éclatant de piété, elles se retirèrent au milieu des acclamations.

Lille revit encore deux fois les souverains. La Reine y arriva le 15 mars 1678, par la porte des Malades, dans un carrosse attelé de douze chevaux : elle venait attendre le Roi, qui pour lors était occupé au siège d'Yprès. Reçue d'après le cérémonial ordinaire, au son des cloches, la souveraine se rendit tout droit à Saint-Pierre, où l'on chanta le Te Deum. Le soir, il y eut des feux de joie et des réjouissances.

Le 20, la Reine alla entendre à la collégiale le sermon et les vêpres; elle assista au Te Deum chanté en action de grâces pour la prise de Gand.

Le 26, le Roi vint visiter la Reine, mais il n'y eut ni salves d'artillerie, ni réception officielle, ni cérémonie à Saint-Pierre. Il en fut de même quand, en 1680, Louis XIV passa une dernière fois à Lille, revenant d'un voyage de Flandre, avec la Reine et le Dauphin 1.

Cette ville était rentrée d'une façon définitive dans le giron de la France. A cette époque, le sentiment national est bien plus accentué qu'il ne l'était aux siècles précédents : Lille s'en pénètre à son tour; l'assimilation sera bientôt complète. Jadis, on célébrait les événements joyeux qui intéressaient la ville, ou tout au plus la Flandre et les PaysBas. Maintenant, toutes les joies de la patrie française

1. Chroniques de Chavatte et de Bocquet.

M. Quarré-Reybourbon a fait reproduire en fac-simile, précédé d'une introduction, le Journal du Voyage du Roy en Flandre, avec relation de ce qui s'est passé sur le vaisseau l'Entreprenant et au combat des deux frégates à la rade de Dunkerque. A Paris, du Bureau d'adresses, aux Galeries du Louvre, devant la rue Saint-Thomas, le 7 août 1680, avec privilège. L'exemplaire qui a servi à la réimpression de ce rarissime opuscule fait partie de la collection de M. Quarré. Les trois pages (36-39), consacrées au séjour de Lille, sont remplies à peu près entièrement par la description d'un feu d'artifice.

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