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aumônes et qui eut soin de lui pendant ses dernières

années.

Enfin, il plut à Dieu de le retirer de ce misérable monde, le 8 février 1658. Pasquier Pollet fut vivement regretté des pauvres auxquels il donnait tout, du peuple chrétien qui le vénérait, de ses confrères dont il était le parfait modèle. Pendant les longues années qu'il passa au milieu d'eux, il servit de « flambeau à cet illustre clergé en modestie, piété et toute autre vertu, de sorte qu'on pouvoit dire de lui: Implevit omnem justitiam1. » Get éloge d'un contemporain résume toute sa carrière.

Flinois et Pollet avaient eu de nombreux précurseurs. Ils eurent jusqu'au bout des imitateurs. La collégiale continua d'abriter une foule de saints prêtres, assidus à célébrer au choeur les louanges divines, s'efforçant de rendre leur vie conforme à cet auguste ministère, et de répandre autour d'eux la bonne odeur des vertus. Toujours aussi elle fut un foyer de charité chrétienne. L'aumône était distribuée largement, mais avec sagesse de riches fondations, qui s'augmentaient de siècle en siècle et d'année en année, alimentaient les sources de cette inépuisable bienfaisance. Ces aumônes quotidiennes, ces dons si souvent renouvelés, n'étaient possibles que par une vie simple, sobre et mortifiée. Ainsi, en économisant pour les pauvres, on apprenait à pratiquer toute vertu, et l'on se préparait des trésors pour le ciel.

1. Hanart, op. cit., P. 164.

CHAPITRE LIV.

L'EXEMPTION ET LA VISITE CANONIQUE APRÈS LE CONCILE
DE TRENTE. MICHEL D'ESNE, ÉVÈQUE DE TOURNAI.
SES DÉMÊLÉS AVEC SAINT-PIERRE DE LILLE.

PAUL V.

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BREF DE

Depuis la fin du XIVe siècle jusqu'au commencement du XVII, le chapitre jouit assez paisiblement de son exemption. Il l'affirme en tête de chacun de ses actes 1: elle est visée dans les documents qui émanent du SaintSiège 2.

En 1413, l'official de Tournai, malgré les efforts du promoteur, met à néant une citation lancée au préjudice de l'exemption de Saint-Pierre de Lille 3. Plusieurs actes établissent que les suppôts de cette collégiale ne peuvent être cités devant la curie diocésaine, pas même à titre de simples témoins, sans que le chapitre les autorise à déposer dans l'intérêt de la justice. Un conflit de juridiction se termine par un accord qui annule ce qui s'est fait de part et d'autre, du côté de l'évêque

1. « Joannes de Angia, decanus ecclesie sancti Petri Insulensis, in diocesi Tornacensi, ad Romanam curiam nullo medio pertinentis. » (Cartulaire, p. 831, 20 septembre 1391.) Cette formule revient constamment à partir de cette époque. V. dans le Cartulaire p. 841, 848, 854, 856, 864, 868, 871, 878, etc.

2 « Pro parte dilectorum filiorum decani et capituli ecclesie sancti Petri Insulensis, Tornacensis diocesis, prefate Romane ecclesie immediate subjecte, etc. (Cartulaire, p. 970, 25 août 1438, bulle d'Eugène IV. V. p. 974, 976, 982, 1024, 1036, etc.)

3. Cartulaire, p. 896, 12 mars 1413.

4. Ibid., p. 896, 977, 1062-1065, 1069, 1083.

aussi bien que du côté du chapitre lillois, ce dernier réservant ses droits d'exemption 1. L'évêque ne pouvait même officier à Saint-Pierre, y occuper une place autre que sa stalle de chanoine, sans obtenir le consentement du chapitre, et sans lui délivrer des lettres de nonpréjudice 2.

Au concile provincial de Soissons, en 1455, nos chanoines déclarent par la voix de leurs procureurs, qu'ils sont exempts et soumis immédiatement au SaintSiège. En 1476, ils attestent dans un acte public, visé par les échevins, que jamais l'évêque Ferry de Clugny, ni ses prédécesseurs, en faisant la visite à Lille, n'y ont compris l'église de Saint-Pierre, que jamais ils n'ont reçu d'elle le droit de procuration. En 1493, l'official, le promoteur et les autres membres de l'officialité diocésaine, reconnaissent que c'est par une gracieuse concession des chanoines de Saint-Pierre, et sans préjudice de leur exemption, qu'ils siègent dans une maison du cloître, prêtée à cet effet. C'est dans les mêmes conditions qu'on leur permet d'incarcérer des prisonniers dans la geôle de Saint-Pierre.

Un statut de 1535, renouvelé en 1557, interdit aux suppôts de tenir compte des citations de l'official de Tournai, de plaider ou de comparaître devant lui, d'exécuter ses commissions et lettres quelconques, en un mot, de reconnaître en quoi que ce soit son autorité, au préjudice de l'exemption de leur propre église.

1. Cartulaire, p. 984, 8 juillet 1442.

2. Ibid., p. 925; De Lobel, Collectanea, fo 74; tome II de cette Histoire, p. 275. Tout cela fut changé après le concile de Trente: les décisions de Rome reconnaissent à l'évêque des droits honorifiques et le pouvoir d'exercer les pontificaux dans les églises exemptes de son diocèse.

3. Cartulaire, p. 1015, 26 juin 1455. V. aussi De Lobel, f 74.

4. Ibid., p. 1060, 13 janvier 1476. V. ci-dessus, tome II, p. 61.

5. Ibid., p. 1083, 12 juillet 1493.

6. Ibid, p 1046, note. Cette ordonnance capitulaire du 12 juin 1535, fut renouvelée en 1557. (De Lobel, fo 75.)

Le concile de Trente n'abolit point les exemptions, comme on lui en faisait la demande : il se contenta

d'obvier aux abus possibles, en décrétant que les évêques visiteraient, par délégation du Saint-Siège, les églises exemptes de leur circonscription '.

Les zélés prélats qui, après le concile de Trente, gouvernèrent le diocèse de Tournai, les d'Oignies, les Pintaflour, les Vendeville, ne crurent point devoir user de cette faculté relativement au chapitre de Lille. L'archevêque de Cambrai Louis de Berlaimont, qui fut pendant trois ans administrateur apostolique de Tournai, observa la même réserve. Les visites qui eurent lieu en 1585 et 1599, furent exécutées par les nonces outre les pouvoirs de légat a latere, ils avaient le mandat spécial de visiter les églises exemptes 2.

Quand la seconde de ces visites eut lieu, en 1599, Michel d'Esne occupait le siège épiscopal de Tournai. Issu d'une noble famille du Cambrésis, Michel porta les armes dans sa jeunesse. Toujours vaillant et toujours fidèle, il eut beaucoup à souffrir pendant les troubles des Pays-Bas, surtout après l'usurpation de Cambrai par le baron d'Inchy. Le seigneur de Béthencourt c'est le titre sous lequel on désignait Michel d'Esne, le seigneur de Béthencourt se consola de ses malheurs en s'adonnant aux lettres et à la piété. Il entra dans les ordres et fixa sa demeure à Douai 3. C'est là qu'une nomination de Philippe II vint le désigner pour l'épiscopat. Dans cette situation, le nouvel élu déploya les qualités d'un grand

1. Sess. VII, de Reformatione, c. 8.

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2. V. pour les deux visites de 1585 et 1599, tome 11, p. 422-426.

3. I fit imprimer dans cette ville, en 1593, un'opuscule traduit du latin, puis en 1594 une Vie du père Ignace de Loyola, traduite aussi du latin, du P. Jean Maffei ; en 1596, la Vie du père François de Borja, trad. de Ribadeneira (reimprimée en 1603); en 1597, la Vie du P. Jacques Laynez. Devenu évêque, Michel d'Esne publia en 1605 l'Aiguillon de l'amour divin, de S. Bonaventure; en 1608, la Vie de sainte Ludywine, celle de sainte Françoise Romaine, et des Considérations touchant la vénération des saints, trad. du latin.

et saint prélat, se vouant tout entier à son ministère et au soin de son troupeau, dépensant en aumônes, nonseulement les revenus de sa mense, mais encore ceux de son riche patrimoine.

Sous la mitre épiscopale, Michel conservait quelque chose du guerrier, du baron des anciens jours. Ses intentions étaient pures, ses procédés parfois aussi vifs que son zèle était ardent. Le nonce apostolique eut occasion de s'en ressentir lui-même il s'en plaint avec douceur et fermeté dans une lettre que nous avons encore 1.

A Lille, Michel d'Esne réveilla la vieille querelle de l'exemption. Déjà en 1599, il voulut visiter la collégiale

1. Un des successeurs de Michel d'Esne le qualifie vir gravioris et severioris disciplinæ. (Rapport de François de Gand au pape Innocent X, 1648, dans Reusens, Analectes, t. I, p. 315.)

Il existe aux Archives du royaume de Belgique, dans la collection des cartulaires et manuscrits, un registre intitulé: Lettere scritte de Mr Francipani, nuntio in Fiandria, a diversi personagi, alli anni 1602-1605. Dans une de ces lettres, adressée à Michel d'Esne le 18 février 1603 (f° 28), le nonce se plaint des officiers du prélat, de leur manque d'égards, des accusations portées par eux et par l'évêque lui-même contre le représentant du Saint-Siège, dont on dénature les intentions et les actes. On ne rencontre de pareilles difficultés qu'à Tournai : « Unum interim supra quam dici poterit miramur, nos et ministros nostros cum omnibus hujus Belgii episcopis et eorum officiatis semper optime convenisse, nunquam vero cum Perillustris et Reverendissimæ D. V. officiatis convenire potuisse, quod evidens sane argumentum culpam nec penes nos, nec penes ministros nostros residere. » Il réfute en deux mots une plainte sans fondement, puis il ajoute : « Accedit quod omnes tribunal curiæ suæ horrescunt. » Il promet de veiller avec plus de soin encore ponr satisfaire à ses désirs et à ceux de sa curie, « in quantum æquitas permittet ». Mais, ajoute-t-il, « viderint interim ipsi ut justitiæ norma adamussim servata, rectum æquitatis tramitem decurrant : alias, si ab eo deflexerint, paternam adhibebimus correptionem. >>

Le nonce dut intervenir encore à la requête du magistrat de Lille, pour faire rapporter certaines prescriptions aussi nouvelles que vexatoires : » Si quidem synodus provincialis Cameracensis, ad quam se refert diocesana Tornacensis, promiscuam illam ædium catholicorum ab ipsis pastoribus faciendam inquisitionem non præcipit, quinimmo nihil etiam de visitandis suspectorum de fide ædibus quidquam statuit, multo minus comminatam in diocesana synodo Tornacensi iis qui registro parochi inscripti non fuerint, privationis sepulturæ pœnam censuit decernendam. » Le nonce engage l'évêque à s'en tenir à ce que ses prédécesseurs ont pratiqué, à ce qui se fait dans tout le pays. Il aura de la sorte satisfait abondamment à son devoir. «Sic enim fiet, conclut-il, ut Rma D. Va aliorum libera calumniis functioni episcopali fructuosius et quiete magis valeat insistere. » (Lettre du 24 juillet 1605, f 93 du Recueil de Bruxelles.)

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