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Ce bref si honorable fut accueilli avec grande joie. Relativement aux solutions attendues, on lui attribua, ce semble, une portée plus décisive qu'il ne l'avait en réalité. Le Pape ne disait pas qu'il ferait visiter le chapitre par son nonce, mais seulement qu'une fois la décision prise, il lui en confierait l'exécution. Cependant, l'impression générale qui se dégageait du document apostolique était de nature à favoriser toutes les espérances. Les esprits se calmèrent ; aucun incident ne vint les réveiller pendant plusieurs mois.

misericordiarum instanter commendate. Et nos cum omni cordis affectu benedicimus vobis Apostolica benedictione nostra. Datum Romæ apud sanctum [Petrum], sub annulo Piscatoris, decimo sexto calendas januarii MDCV, pontificatus nostri anno primo. Subscriptum erat Petrus Stroza. In dorso scriptum erat: Dilectis filiis Præposito, Decano et Capitulo Collegiatæ Ecclesiæ sancti Petri Insulensis. »>

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Vers le milieu de l'année 1606, le bruit courut que quelques chanoines avaient agi sous main près de l'évêque pour qu'il accomplit la visite: celui-ci, disait-on, se serait prévalu de cette démarche pour insinuer au Souverain Pontife que la visite était désirée par le corps capitulaire. Le 11 juillet, les chanoines se réunirent pour protester contre ces rumeurs, et pour prendre les mesures que commandaient les circonstances. Tous signèrent une déclaration constatant leurs sentiments véritables: ils se soumettaient à la peine des parjures et des faussaireš, si jamais par la suite on venait à découvrir qu'ils eussent agi contrairement à cette déclaration1.

Les signatures de trente-deux chanoines alors en résidence figurent au bas de ce document. Parmi eux on remarque le doyen Gifford, disciple de saint Charles et futur archevêque de Reims; le chantre Manare, l'écolâtre Le Duc, le théologal De Rebbe, le saint chanoine Flinois, le docte Dillénus. Van der Haer était à Bruxelles pour les affaires du chapitre: il envoya son adhésion écrite. Toutes les signatures sont légalisées par

un notaire.

1. « Sese obligantes ad pœnam perjurii et falsi, si contrarium postmodum inveniatur ab ipsis factum. » (11 juillet 1606, fonds de S.-P.)

Le 2 août, Guillaume Facon, chanoine de Tournai, attesta sous serment que l'évêque Vendeville s'était proposé, en 1590, de visiter Saint-Pierre de Lille, en vertu des pouvoirs spéciaux accordés par le concile de Trente. Il y renonça sur les observations du chapitre. Le déposant était alors attaché au service de ce prélat et chargé de ses affaires'. Jean Schoyer, chapelain de la cathédrale de Tournai, fit une déposition analogue pour Gilbert d'Oignies 2.

Pendant que de part et d'autres on préparait ses armes, l'évêque, se trouvant à Lille, témoigna le désir de porter le Saint-Sacrement à la procession générale du jubilé de Paul V. Le chapitre accueillit avec déférence ce pieux désir, sous les réserves constamment usitées 3.

Le 19 septembre, l'official de Tournai, Gilles du Tilleul, et le secrétaire épiscopal Thierry Noppen, se présentèrent à la sacristie de Saint-Pierre, à l'issue de la messe solennelle là, devant les chanoines présents, ils donnèrent communication partielle d'une lettre de la S. Congrégation du Concile autorisant la visite par le prélat diocésain comme délégué du Saint-Siège1. On renvoya la réponse au surlendemain, l'assemblée n'étant pas capitulaire.

Le doyen Gifford qui, avec Van der Haer, avait jusque

1. « Domesticus et familiaris D. Vendevillii, decanus christianitatis Tornacesii,

et negotiorum agens. » (Déclaration devant notaire, 2 août 1606.)

2. Le déposant était alors « familiaris et capellanus ad honores » dudit évêque. (Déclaration du 2 août 1606.)

3. « Sine præjudicio exemptionis nostræ ecclesiæ. » (13 août 1606.)

4. Voici l'extrait communiqué: « Jam Congregationem semel atque iterum, perpensis Capituli rationibus, decrevisse licere Amplitudini tuæ visitare Collegiatam Ecclesiam S. Petri, istius diocesis, utcumque amplissimis exemptionibus munitam, ejusque capitulum et canonicos, quorum procurator citatus nihil attulit quod huic decisioni obicem faciat; Sanctissimum autem Dominum Nostrum, tametsi mandaverit Nuntio ut dictum capitulum et ecclesiam visitaret, nihil tamen impedimenti aut moræ ordinaria Amplitudinis tuæ visitationi allatum voluisse. Quod Illustrissimi Patres his litteris testantur, et ore testati sunt Domino Nuntio nunc non ita pridem profecto, cui etiam negotium dederunt ut Amplitudinis tuæ visitationi sua auctoritate faveret. » (Lettre adressée à l'évêque de Tournai, le 20 août 1606, par le cardinal Visconti, au nom de la S. C. du Concile.)

là inspiré et dirigé les résolutions du chapitre, venait de quitter Lille d'une façon définitive 1. Il donna sa démission quelques mois après. Nous avons relaté plus haut ces incidents 2.

En l'absence du doyen, ce fut le chantre Manare qui, le 21 septembre, réunit et présida l'assemblée. La réponse arrêtée en séance peut se résumer ainsi. Le chapitre proteste de sa vénération pour le Saint-Siège et pour tous les organes par lesquels s'exerce sa suprême autorité. Ne pouvant à cause de la distance recourir en temps utile à la S. Congrégation, il entend se pourvoir auprès du nonce et lui exposer les raisons très solides qui l'empêchent de recevoir la visite du prélat diocésain. Il demande aux délégués du Révérendissime que pendant l'instance on s'abstienne de menaces d'interdit: objet de scandale pour le peuple, elles sont de plus en opposition avec les privilèges dont les papes ont honoré l'église de Saint-Pierre. Enfin, si le Révérendissime, soit par lui-même, soit par la relation de personnes dignes de foi, connaît quelque chose à corriger, le chapitre recevra très volontiers sa monition, et s'empressera, quelles que soient les personnes en cause, de prendre les mesures indiquées par l'exigence des cas.

Les chanoines écrivirent ensuite à l'archevêque de Damas, nonce apostolique, récemment arrivé à Bruxelles, et encore peu au courant des choses du pays. Ils lui exposent que de temps immémorial leur chapitre est et demeure en possession d'être exempt de la juridiction diocésaine, tant en matière de jugements civils, criminels ou mixtes, qu'en matière de visite, de réforme et de correction extrajudiciaire. Ils ont joui de ce privilège dans toute sa plénitude, même après le concile de Trente.

1. La délibération du 21 a lieu « decano absente ».

2. V. ci-dessus, p. 30, 32, 33.

3. Cartulaire, p. 72, bulle d'Innocent III, en date du 5 avril 1202.

L'évêque actuel seul a manifesté son intention de visiter l'église et le chapitre de Saint-Pierre, en alléguant des motifs de conscience et la responsabilité de sa charge pastorale. Il devrait bien se rassurer par la présence du nonce, dont l'autorité supérieure à la sienne s'exerce au nom du Saint-Siège sur les églises exemptes, et fait cesser les autres pouvoirs. Dans un bref tout récent, le Souverain Pontife a déclaré aux chanoines de Saint-Pierre qu'ils n'avaient pas à concevoir d'inquiétude, quant au droit de visite, et que le nonce apostolique serait chargé de ce qu'il y aurait à faire. L'envoyé du Saint-Siège est supplié d'obtenir, par voie de persuasion ou par voie d'autorité, que rien ne soit entrepris au préjudice de privilèges dûment constatés.

Le dimanche 29 octobre, l'évêque écrivit une lettre qui fut remise le lendemain 30, à l'issue de la grand'messe, par le doyen de chrétienté Ponchel. C'était une nouvelle mise en demeure d'accepter la visite: faute de réponse avant le samedi suivant, le silence serait interprété comme un refus, contre lequel on agirait par la voie des censures'.

Dans une réunion capitulaire tenue après matines, le 31, l'avis général fut que l'obligation de recevoir la visite n'existait pas, la cause étant évoquée et remise par bref entre les mains du nonce. C'était le sentiment des théologiens et des jurisconsultes de Louvain. Cependant, par respect pour la S. Congrégation du Concile et dans le but d'arrêter la calomnie, on résolut de faire au prélat la réponse suivante: Voulant obéir en tout au concile de Trente, et spécialement au canon qui délègue le prélat diocésain pour visiter les églises exemptes, nous ne récusons point les évêques de Tournai, mais seulement l'évêque actuel, pour des raisons à déduire devant son supérieur.

1. Un contemporain, chanoine ou secrétaire du chapitre, a rédigé un journal de ce qui est arrivé du 30 octobre au 1er décembre 1606. (Portefeuille 2.) Les documents qu'il cite se trouvent avec plusieurs autres dans le fonds de Saint-Pierre.

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