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sa mission est de travailler à la correction et réforme des mœurs, et de décréter sans apparat judiciaire ce qui convient à ce but.

A ces prescriptions, la S. Congrégation du Concile en ajoute une autre : celle de lever l'interdit, sauf à user des peines de droit, si par la suite les chanoines se montraient

contumaces.

On ignorait donc encore à Rome, le 12 février 1607, date de ce document, ce qui s'était passé à Lille et à Tournai depuis la fin de novembre. Une lettre écrite au nonce de Bruxelles, par un chanoine de Lille résidant en cour romaine, prouve que le 10 mars on se trouvait encore dans la même ignorance'. Elle atteste à nouveau les intentions du Saint-Siège : la collégiale ne doit point. être visitée par mesure d'exception, mais seulement à son tour, après la cathédrale et le chapitre de Tournai.

C'est sans doute pour cela qu'il ne fut plus question de rien sous Michel d'Esne. Ce prélat rencontrait de grandes difficultés du côté de son propre chapitre : elles n'étaient point terminées quand il mourut en 1614.

Si l'on ne parla plus de visite pour Saint-Pierre de Lille, après les instructions de 1607, il y eut toutefois encore en 1609 un léger conflit de juridiction. Un scandale avait eu lieu : la répression du côté du chapitre fut aussi prompte

1. L'auteur de cette lettre, qui signe Giovanni Parisio, est Jean Paris, de Mons, qui résidait à Rome, et qui venait d'obtenir un canonicat de Saint-Pierre de Lille. Après avoir remercié l'archevêque de Damas pour un service rendu, il lui recommande son chapitre : « Confidandomi nel solito favor suo, la supplico che voglia aiutar e favorir la nostra chiesa e capitolo di S. Pietro di Lilla, quale intendo che è molto travagliato dal Vescovo per conto della visita, in vigor d'una lettera della S. Congregazione del Concilio, quale ha risoluto che il Vescovo può visitar la detta chiesa di S. Pietro. Hora havendo la medesima Congregazione ordinato che il Vescovo debba comminciar la visita dalla cathedrale e suo capitolo, e prefissoli certi limiti nella visita di detta chiesa di S. Pietro, come apparisce dall'inserta copia della lettera della S. Congregazione, pregho Vossignoria Illma voglia far osservar detti ordini dal Vescovo, acciò quella chiesa non sia molestata contra il dover, tanto più che il signor Cardinale Padrone (le cardinal neveu Scipion Borghèse), quale mi ha fatto haver il canonicato in quella chiesa, gli la raccommanda, e son sicuro ch'avrà gusto d'intendere che lei ne tenghi prottettione, come ne supplisco V. Sa Illustrissima. »

que rigoureuse. Le coupable était un certain Antoine Pollet, chapelain et sous-chantre de la collégiale. Convaincu d'avoir attiré chez lui, dans un but criminel, une femme mariée, il se vit dépouillé de sa charge et condamné à la prison, sans préjudice d'autres peines. Le mari, intervenant à son tour, obtint la séparation pour cause d'adultère.

Les choses en étaient là, quand l'évêque fit citer à son tribunal Antoine Pollet. Le chapitre se plaignit au nonce, et réclama la protection des archiducs pour le maintien de sa juridiction1. Il expose son droit exclusif et constamment reconnu de juger ses suppôts, même en matière civile et criminelle; la décision de 1607, qui autorise l'évêque à faire la visite comme délégué du Siège Apostolique, lui interdit toute procédure et toute action judiciaire. Il y a d'autant moins lieu d'intervenir dans le cas présent, que le coupable a été condamné, et qu'il ne peut être puni deux fois pour le même fait.

Michel d'Esne invoquait certaines dispositions particulières du concile de Trente. Le nonce arrêta l'affaire en se la réservant, avec défense de procéder soit contre Pollet, soit contre le chapitre3. Il paraît que la S. C. du Concile en fut saisie, et qu'il y eut une décision rendue le 24 avril 1610. Cette réponse ne fut ni signifiée au chapitre de Saint-Pierre, ni jamais invoquée contre lui par la suite, ce qui prouve qu'elle ne lui était pas défavorable.

1. Supplique au nonce, minute non datée.

Requête aux archiducs, apostillée

au conseil de Malines le 25 mars 1609. (Fonds de S.-P., portefeuille 2.)

2. Lettre au grand conseil de Malines, 29 mars 1609 (Ibid.).

3.

Interea petimus a te ac omnino requirimus, ne contra prædictum capitulum, vel nominatim contra Antonium Pollet, præfatæ ecclesiæ capellanum, quidquam intentes, sed potius, ut æquum videtur, ejusdem causæ cognitionem integram relinquas nobis. » (Lettre du nonce Bentivoglio à l'évêque de Tournai, 6 juillet 1609.)

4. L'existence de cette décision est signalée par l'inventaire de Godefroy, tome II, p. 481.

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NONCE. MÉMOIRE DU PRÉVOT ENGELBERT DES BOIS.

LE CHAPITRE CONSERVE SES DROITS ANCIENS.

DU

Après s'être montré défenseur ardent de l'exemption du chapitre, l'écolâtre De Rebbe finit par s'en constituer l'adversaire. L'explication de cette volte-face, on la trouve dans la tournure étrange de son esprit, dans certains froissements d'amour-propre et d'intérêt, dans son manque d'équilibre intellectuel. Il semble même que sa raison ait fini par sombrer. De Rebbe est porté comme absent au chœur, et suppléé pour ses leçons pendant les dix ou douze dernières années de sa vie (1629-1640)1: il meurt à Bruxelles, oublié, inconnu, et dans un dénûment si complet, que les droits ordinaires ne peuvent être acquittés envers la fabrique 2.

La folie avait tiré son triste voile sur cette existence, bien avant que la mort en eût tranché le fil.

La tournure d'esprit fort étrange de ce personnage s'annonce déjà dans les écrits qui datent des premiers temps de sa carrière. A tout propos, dans les préfaces comme dans les annexes, il met le public au courant de

1. Il est absent à partir de 1629. Le chapitre donne une indemnité de cinquante livres au curé de Sainte-Catherine (Bourgois) pour le suppléer dans l'enseignement de la théologie. (Comptes du cellier et des obits.) En 1634, c'est le curé de Saint-Sauveur, Huchon, qui professe à Saint-Pierre. V. ci-dessus, p. 47.

2. Comptes de la fabrique, 1640-1641

« Pro pallio, alba et fossa D. Nicolai Rebbe, canonici pauperis, quia a capitulo de paucis fructibus præbendæ ipsius aliter dispositum, ideo hic nichil. »

ce qui le concerne, sans oublier de faire valoir ses titres et de rappeler la faveur dont il jouit, à ce qu'il affirme, auprès des hommes les plus haut placés, auprès des princes et du Pape lui-même. Tout cela est dit d'une manière emphatique et prétentieuse.

Plus tard, le ton se hausse jusqu'aux extrêmes limites du grotesque. Au mois de mars 1619, Nicolas de Rebbe fait imprimer et afficher deux placards. Le premier, en latin, est un programme-annonce de ses leçons, qu'il avait reprises à la Saint-Jean 1618, et qu'il se propose de continuer sans interruption. Pourquoi cette affiche, apposée contre tous les usages, au milieu de l'année scolaire ?

Le second placard, plus explicite, nous donne la clef de l'énigme. C'est un factum très long, rédigé en français, et entouré de formes si bizarres, si étrangement solennelles, qu'on serait tenté de le prendre pour une plaisanterie imaginée par quelque mystificateur 3. A travers ce fatras,

1. V. ci-dessus, p. 43-46.

2. V. plus haut, p. 46, note.

3. Lettres patentes de procès fulmine touchant l'exécution, indiction et publication de la lecture publique en la saincte théologie, érigée depuis n'a guères d'auctorité souveraine, en l'église collégialle de Sainct-Pierre de Lille en Flandres, en verta d'un décret exprès du sainct concile de Trente. (Bibl. de Lille, fonds Godefroy, portefeuille 21.)

La pièce débute solennellement en ces termes : « Nicolas de Rebbe, protonotaire de nostre sainct père le Pape et du Sainct-Siège apostolique, chanoine et docteur régent en la sacrée Théologie de l'église collégialle de Sainct-Pierre de Lille en Flandres, à tous présens et à venir qui ces présentes lettres voirront, salut.

« Comme ainsi soit qu'en ceste seule église collégialle de Sainct-Pierre à Lille en Flandres, unicquement et privativement quant à toutes les autres églises collégialles situées dans le ressort de tout le domaine des Sérénissimes Archiducs Albert et Isabelle, nos princes souverains, se trouve érigée ès temps modernes une chanoinie et prébende perpétuellement affectée et unie à l'office de Lecture publique en la saincte Écriture...

« Comme en outre appert par le contrat formel et concordat dudit chapitre faict avec nous, à nostre première assomption audit office, en date du 23 aougst 1599, laquelle érection et union a esté depuis confirmée, et ce en nostre personne, par Sa Saincteté et leurs Altesses, comme appert par leurs lettres, respectivement papalles et archiducalles, exécutoires aussi en justice, sur lesquelles ambedeux lettres, et notamment de leurs Altesses, ont esté par après expédiées diverses autres lettres exécutorialles et de Vidimus, si comme de la part de la court épiscopale de

on croit distinguer deux choses: l'une que Nicolas de Rebbe prétend faire de la prébende théologale, en vertu de l'acte d'érection sanctionné par les deux pouvoirs, un fonds spécial, comme la mense du prévôt par exemple, et non soumis aux mêmes retenues que les autres canonicats. En cas de vacance, le successeur devrait toucher intégralement les arrérages'. Cette prétention ne peut évidemment être prise au sérieux.

Ce que l'on entrevoit encore, c'est que les voyages multiples et les longues absences de Nicolas de Rebbe avaient provoqué des observations de la part du chapitre. Aussi le théologal promet-il de continuer son enseignement sans interruption, conformément aux lois de la fondation. En outre, il veut bien nous apprendre

Tournay, de la part du magistrat de Lille, et finablement de la part de Don Jean de Robles, comte d'Annappes, gouverneur de la province de Lille, Douay, etc., naguères séant au lict de justice en sa salle de la gouvernance de Lille, comme appert par ses lettres patentes données lors, à sçavoir le 22 febvrier de ceste année 1619. »>

1. «Voire tellement ceste prébende Theologale est en la protection, tutelle et sauve-garde des puissances souveraines, qu'au décez mesme et trespas du Théologien, les fruicts entiers de ladicte prébende, demeurants à part, sans qu'il soit licite de les confondre, doivent estre religieusement réservez audict office, en faveur du Théologien futur. »>

2. On lit dans le programme latin: «Perfuncturi rite constanterque officio publico nobis alias per dictas Suam Sanctitatem et Sedem Apostolicam ex certa scientia imposito, lectionem Sacræ Scripturæ in cadem insigni ecclesia collegiata et quidem sola et unica Belgii, seu privative quoad alias omnes collegiatas ecclesias totius Belgii, cæterarumque ditionum dictorum Serenissimorum Archiducum, ordinarie et publice habendi. »

Voici la solennelle conclusion de l'affiche en français « Notifions à tous générallement et insinuons publiquement, qu'ayant pour but unic l'augmentation de la gloire de Dieu..., l'évidente utilité de ceste dicte église collégialle de SainctPierre, voire de toute la république de Lille, continuerons désormais ladicte charge, faisans trois fois la leçon en la saincte Écriture, par trois jours alternatifs de la sepmaine, tout le cours de l'an, à sçavoir lundy, mercredy et vendredy, après les matines et laudes du jour. Et à ces fins, par la teneur de ces présentes, corroborées de nostre grand seel et de l'ordinaire contreseel de nostre office apostolique et doctoral, voire aussi d'abondant signées de nostre nom, donnons charge à l'huyssier de nostre Escolle Theologalle d'en faire les attaches et puhlications requises et en tel cas accoustumées. Donné à Sainct-Pierre de Lille, le 4 du mois de mars, l'an de l'Incarnation de Nostre Seigneur 1619, du pontificat de nostre sainct père le pape Pie cinquiesme de nom l'année quinziesme, et de nostre

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