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qui comprenait parfaitement quelles suites aurait pour elle tout contact avec la Phorocera, se dérobait avec tant d'adresse que l'autre ne pouvait l'approcher. Ce diptère changea alors de tactique, il se mit à frapper à coups redoublés de sa tête la tête de la chenille, qui, étourdie par cette manœuvre subite, s'arrêta un instant pour recueillir de nouvelles forces. Plus rapide que l'éclair la Phorocera se posa sur le flanc de la chenille et faisant sortir son oviducte déposa rapidement ses œufs entre les poils et les soies de la malheureuse chenille.

Les Taons ou les OEstrides, comme nous les nommons, vont pondre sur les animaux à sang chaud.

Les petites larves pénètrent alors, suivant l'espèce à laquelle elles appartiennent, soit dans les cavités frontales des brebis, soit dans l'estomac des chevaux, soit sous la peau du dos des bêtes à cornes.

Cette visite, comme vous pouvez bien le penser, n'a rien de très agréable pour les animaux qui en sont l'objet ; ils comprennent parfaitement quelles en seront les conséquences; aussi, quand l'insecte-mère vient bourdonner à l'entour d'eux, manifestent-ils une grande appréhension et quelquefois même entrent-ils dans un délire furieux.

On voit alors des troupeaux de ruminants et des bandes de cerfs, pris d'une panique soudaine, s'enfuir au loin comme s'ils étaient poursuivis par une meute furieuse.... Mais les OEstres, sans se laisser intimider, n'en continuent pas moins à harceler jusqu'au moment où ils déposeront leurs œufs à l'endroit convenable.

Certaines espèces d'hyménoptères fouisseurs creusent en terre des tuyaux allongés pour y déposer leurs œufs; mais ils ont soin de mettre toujours à côté de l'œuf une araignée ou une chenille qui servira de première nourriture à l'animal à peine éclos. Au dessus de cette chenille ils pondront un nouvel œuf, puis mettront une nouvelle chenille, et ainsi de

suite en observant le même ordre, jusqu'à ce que le tuyau soit complètement plein.

J'ai souvent observé les Hyménoptères occupés à ce travail, et j'ai toujours été émerveillé de leur prévoyance. Chaque fois que l'animal quittait son nid pour se mettre en quête d'un nouveau butin, il refermait soigneusement le tuyau, et, quand il revenait, il avait soin de s'arrêter un peu plus loin et de pénétrer doucement dans son nid comme s'il voulait en cacher la place à ses ennemis.

L'histoire de la reproduction chez les insectes, les particularités qui l'accompagnent, l'art véritable que beaucoup d'espèces emploient pour bâtir leur nid nous fourniraient encore de nombreux documents pour établir la thèse que je soutiens. Je pourrais rappeler comment la nature, pour leur permettre d'arriver au but qu'elle leur a assigné, les a munis d'instruments parfaits et d'armes défensives d'un mécanisme admirable. Je pourrais décrire leurs pinces, leurs tarières, leurs limes, leurs scies, leurs aiguillons, leurs cornes, leurs pelles, leurs rames; mais cette étude très intéressante, il est vrai, m'entraînerait trop loin. Je dois restreindre mon cadre; cependant il m'est impossible de passer sous silence la découverte importante que l'on vient de faire. Certains insectes sont soumis à une véritable parthénogénèse. Ainsi une certaine espèce de diptère (le Miastor metraloas) ne se reproduit pas par des œufs, mais par une division du corps de la larve, comme cela a déjà été constaté chez les animaux d'un ordre tout à fait inférieur.

(A suivre).

Une curiosité botanique.

Une plante singulière vient d'être rapportée en Europe. Le naturaliste voyageur Alphonse Forrer de St-Gall, bien connu de la plupart des entomologistes, a trouvé dans son exploration de la presqu'île de la Californie une plante tout à fait curieuse « la Selaginella rediviva. » Cette plante, que les habitants du pays nomment «< Siemprè vivè », croît sur la pente septentrionale des plus hautes montagnes de la Cali"fornie. Presque toute l'année elle reste brune et desséchée. C'est à peine si elle s'ouvre deux ou trois fois pour reverdir, puis elle se referme brusquement, trois ou quatre heures après, pour se protéger contre les rayons brûlants du soleil.

On peut facilement reproduire ce phénomène. Quand on place la plante dans une eau pure, pas trop froide, elle passe brusquement du brun sombre au plus beau vert. Aussi longtemps qu'elle reste dans l'eau, elle conserve sa couleur verte. Quand on la retire de l'eau, elle se dessèche, redevient brune et peut ainsi se conserver de longs mois, que dis-je, des années entières, et naturellement elle se met à reverdir quand on la plonge de nouveau dans l'eau. Cette plante, quand elle est ouverte, mesure de 15 à 17 centimètres. Le professeur D' B. Wartmann, directeur du Musée d'histoire naturelle de Saint-Gall, la recommande aux personnes qui possèdent des aquariums, et il la tient à la disposition des naturalistes qui la lui demanderont (1). Mars 1884. Traduit du « Humboldt. » Michel DUBOis.

(1) Cette plante en rappelle beaucoup une autre, une crucifère, l'Anastatica hierochunlina, connue de tout le monde sous le nom de Rose de Jéricho, et qui a la singulière propriété, même après plusieurs années, de s'épanouir dès qu'on plonge ses racines dans l'eau.

M. D.

L'ascension de Roraima.

La pleine réussite de l'expédition de M. Im. Thurn à cette montagne remarquable, en décembre dernier, a excité un grand intérêt par les difficultés qui s'opposaient à l'ascension, et, naturellement par l'ignorance où l'on était de la nature de son sommet. Par suite de l'inaccessibilité du plateau, on était en droit de s'attendre, quand on y serait parvenu, à y rencontrer des documents importants pour la faune et la flore, si tant est qu'il y en eût, d'une localité depuis si longtemps isolée du pays environnant. La Nature du 30 avril donne des extraits d'un mémoire lu récemment à la Société royale de Géographie par M. J. H. Perkin, compagnon de M. Im. Thurn. Il en résulte que le 2 décembre les explorateurs atteignirent un groupe d'habitations à environ quatre milles de Roraima, qui est près de la limite de la Guyane anglaise, et à trois milles de Kukenam; ces montagnes aux sommets aplatis, avec de sombres rochers à pic, ressemblent à une immense forteresse bâtie sur un plateau à 7,000 pieds d'altitude, et avec des murs de 1,200 à 1,800 pieds de haut. Les lignes principales de ces montagnes, vues à quelque distance, paraissent extrêmement grandioses. Les nuées de brume blanche, accumulées dans les gorges qui les séparent, s'élèvent vers le sommet lorsque le jour s'avance; ce phénomène se produisit au Roraima, peu après qu'on fut parvenu sur la cîme, ce qui mit fin aux explorations de l'expédition. Après la saison humide; les eaux se précipitent du bord du plateau en cascades splendides, quelques-unes ayant une chute à pic de 1,500 pieds. La pauvreté de la végétation de ce sommet du Roraima est attribuée à ce que la terre est ainsi lavée sur le plateau. Sur le contrefort de la montagne, avant d'aborder la paroi, on rencontre une large partie marécageuse qui produisait de charmantes orchidées et des fougères, et aussi l'Utricularia

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Humboldtii et l'Héliamphore, ou plante à cruches, avec des feuilles en forme de coupes et pleines d'eau. Plus haut, l'on retrouve une autre Utriculaire de deux ou trois pouces de haut, croissant sur les branches des arbres, et portant une grande fleur rouge foncé. Plus haut encore, poussait en abondance, une espèce de bruyère avec des fleurs rose foncé à six pétales, presque de la dimension d'une pièce d'un franc. Lorsque les voyageurs parvinrent au bout de la crête par laquelle ils pratiquèrent la montée, ils rencontrèrent une quantité de rochers fantastiques et aux formes étranges, et sans arbres. De petits buissons de trois à six pieds de haut, quelques orchis, deux espèces de fougères à larges frondes et une utriculaire formaient toute la végétation observée sur le sommet. M. Perkin trouva la roche trop dure pour être entamée. Par l'ébullition et au thermomètre, l'altitude atteinte fut fixée à 8,600 pieds. L'ascension de la cîme eut lieu le 18 décembre. La Nature publie également des gravures de la vue de Roraima, prise par M. Im. Thurn de qui l'on attend un compte rendu plus détaillé.

Juin 1885.

Traduit de « Science Gossip ».

CH. COPINEAU.

BIBLIOGRAPHIE

par le Président de la Société.

L'ancien et le nouveau monde ont été nos tributaires. L'institut historique, géographique et ethnographique du Brésil nous a envoyé le XLVII volume de sa Revue trimestrielle. Vous y trouverez de nombreuses notices biographiques; des documents historiques de grande importance sur la guerre civile de Rio Grande en 1843 et 1844; des recherches scientifiques sur les progrès de la géologie minière par José Franklin, dans Silva Massena; un dictionnaire chorographique de la province de Mato-Grosso par le baron

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