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DES

QUESTIONS HISTORIQUES

DIX-HUITIÈME ANNÉE

TOME TRENTE-QUATRIÈME

PARIS

BUREAUX DE LA REVUE

LIBRAIRIE DE VICTOR PALMÉ, EDITEUR

76, RUE DES SAINTS-PÈRES, 76

1883

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SAINT ABERCIUS

EV TE D'HIEROPOLIS EN
EN PHRYGIE.

I

L'ÉPITAPHE D'ABERCIUS.

Les églises de rit grec font actuellement, le 22 octobre, la fête d'un saint Abercius, évêque d'Hiérapolis en Phrygie. Ce saint, inconnu aux anciens martyrologes latins du vie et du IX® siècle, n'est pas mentionné non plus dans le martyrologe hiéronymien, assez complet pourtant sur les fastes ecclésiastiques d'Asie Mineure. C'est dans les ménologes et synaxaires grecs du xe siècle qu'il figure pour la première fois. Mais s'il apparaît assez tard dans les calendriers, il y est en revanche traité avec les plus grands honneurs. On lui donne le titre d'égal aux apôtres, igaróstolos, comme au grand empereur Constantin1. Ce titre est expliqué dans une légende fort brillante, où l'on raconte comment, après avoir étonné par son courage et converti par ses prédications la ville d'Hierapolis en Phrygie, il conquit un grand renom de thaumaturge, si bien que Lucille, fille de Marc-Aurèle, se trouvant possédée du démon, l'empereur le fit venir à Rome pour la guérir. Arrivé à la cour, le saint évêque opéra le miracle qu'on lui demandait; puis, pour punir le démon de l'avoir dérangé, il lui fit transporter auprès d'Hierapolis un énorme autel de pierre qui s'élevait jusqu'alors dans l'hippodrome de la capitale. Au lieu de s'en retourner chez lui directement, il passa par la Syrie et la Mésopotamie, où on lui donna le titre d'isanárokos. Revenu enfin à Hierapolis, il ne tarda pas à mourir.

Sur la tradition des martyrologes et des ménologes, on peut consulter les Acta SS., t. IX d'octobre, p. 489 et suiv.

Il avait eu soin de se préparer d'avance un tombeau sur lequel il fit disposer l'autel de pierre miraculeusement apporté de Rome. Il y fit même graver une longue inscription en vers, où il racontait ses voyages dans un style imagé et symbolique et menaçait de fortes amendes les violateurs de sa sépulture.

Publiée d'abord dans une traduction latine, par Lipomannus et par Surius, cette vie a été souvent citée; mais peu de personnes y ont ajouté foi. Tout n'y est pas du meilleur aloi, dit timidement Baronius. C'est un tissu d'absurdités, reprend Tillemont d'un ton grondeur 1. Et pourtant c'est Tillemont qui donna à Boissonade l'idée de publier le texte grec original. Tout en malmenant la pièce, il la qualifiait de célèbre. Boissonade remarqua cette expression et crut bien faire en insérant la vie de saint Abercius dans le tome V de ses Anecdota 2. On la trouve dans tous les passionnaires grecs du mois d'octobre. Je ne sais pourquoi le choix de l'éditeur tomba sur un assez mauvais manuscrit, le n° 110 du fonds Coislin. Un coup d'œil rapide sur les passionnaires de la Bibliothèque nationale lui eût permis de trouver mieux; si surtout il avait eu l'idée de les collationner exactement et d'établir son texte sur l'ensemble de leurs leçons, il eût rendu un grand service à la science hagiographique. Mais il est à croire que l'idée ne lui en vint même pas. Les nouveaux Bollandistes, dans le tome IX d'octobre 3, publié en 1858, et l'abbé Migne, dans son édition de Métaphraste (Patrol. graec., t. CXV), donnèrent la vie d'Abercius en grec d'après un seul et même manuscrit, le Parisinus 1484.

Dans l'intervalle entre la publication de Boissonade et les deux autres, en 1855, dom Pitra, depuis cardinal, étudia avec attention, non la légende elle-même, mais l'inscription par laquelle elle se termine. Il y reconnut un document de bon aloi et du plus haut intérêt au point de vue du symbolisme chrétien des premiers siècles. Comme cette inscription est indépendante du récit où elle se trouve enchâssée et nécessairement antérieure à lui, on pouvait l'aborder isolément, en abandonnant le reste

Baronius, Ann. ad ann. 163, 11-15.

- Tillemont, Hist. eccl. t. II, p.

621. 2 P. 462-488 (Paris, 1833). Halloix, dans ses Illustrium ecclesiæ orientalis scriptorum vitæ et documenta (Douai, 1636), s'était déjà servi des manuscrits grecs, mais sans en publier le texte. Il est juste de remarquer que Tillemont ne connaissait cette pièce que par des versions latines.

3 P. 493 et suiv.

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