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portée sur les Hébreux, n'avaient pas cessé vraisemblablement de les opprimer plus ou moins lourdement. Le peuple, lassé de cette servitude, recourut à Samuel. Le prophète lui promit la délivrance de la part de Dieu, à la condition que toutes les idoles, les Baalim et les Astaroth, seraient rejetés de son sein. Les Israélites obéirent et alors Samuel, plein de confiance en Jéhovah, les convoqua à Maspha.

La situation de Maspha n'est pas parfaitement connue. Le docteur Robinson l'a identifiée avec la Neby-Samouil actuelle, à l'extrémité occidentale de la tribu de Benjamin. Une chose est certaine, c'est que Ramathaïm-Sophim, la patrie de Samuel, Maspha, Cariathiarim et Gabaon étaient autant de localités peu éloignées les unes des autres. On était donc là, non loin du pays des Philistins, dans la contrée où plus tard Saul remporta contre ces mêmes ennemis la plupart de ses victoires.

Le nom même de plusieurs de ces villes, Gabaon, Ramathaïm, Maspha, nous indiquent qu'elles étaient bâties sur des hauteurs, et occupaient, par conséquent, de fortes positions, qui en faisaient un lieu de rassemblement très-avantageux pour les Israélites.

Quand ils y furent réunis, «< ils puisèrent de l'eau et la versèrent devant Jéhovah, et ils jeûnèrent ce jour-là, et ils dirent: Nous avons péché contre Jéhovah 2. » Le rite symbolique de l'eau répandue était comme une image sensible de la pénitence de leur cœur 3. C'est alors que Samuel devint effectivement juge d'Israël, parce que c'est le moment où il se mit à la tête du peuple pour le délivrer de ses ennemis.

Les Philistins ne tardèrent pas à être prévenus des mouvements qui se passaient en Israël. Dès qu'ils eurent appris que le peuple s'était rassemblé à Maspha et avait choisi Samuel

1 Voir Stanley, Sinaï and Palestina, 1868, pp. 213-216; 224-226.

2 I Sam. VII, 6.

3 Voir Ps. XXII, 15; Lam. 11, 19. « Effuderunt cor suum per pœnitentiam sicut aquam coram Domino, » dit la paraphrase chaldaïque.

I Sam. VII, 6. Il est clair que le verbe ispot, « il devint juge », ne peut signifier qu'il rendit des jugements, au moment où le peuple se rassemble pour résister par la force des armes aux Philistins; le sens est le même ici que dans le livre des Juges: il fut mis à la tête du peuple pour le délivrer de ses ennemis. Cette explication est adoptée, pour le fond, par Serarius, Cajetan, Michaelis, etc. « Il prit possession de sa charge de juge d'Israël, il fut reconnu de tout le peuple, » dit dom Calmet, Commentaire, Livres des Rois, p. 89.

pour chef, ils marchèrent contre lui. Le nouveau juge se prépara à triompher de leurs attaques par la prière et par l'oblation d'un sacrifice'. Dieu ne trahit point la confiance de son prophète, il combatit pour son peuple.

Les Philistins engagèrent le combat pendant l'immolation même de la victime. Dieu déchaîna contre eux un violent orage que, plusieurs siècles après, l'auteur de l'Ecclésiastique rappelait, dans l'éloge de Samuel, comme une des marques les plus éclatantes de la faveur divine à l'égard de son prophète 2.

Nous n'avons pas d'autres détails précis sur la bataille: nous savons seulement que les Israélites poursuivirent les Philistins jusqu'à Bethcar3, et leur infligèrent un tel échec qu'ils n'eurent plus rien à en redouter jusqu'au temps de Saül. Les Philistins furent ainsi battus près de l'entrée occidentale du passage de Bethoron, sur les lieux mêmes où, vingt ans auparavant, ils s'étaient emparés de l'arche d'alliance. Samuel éleva, en mémoire de sa victoire, une pierre, qui lui fit donner à ce lieu le nom d'Eben-Ezer, « la Pierre du Secours. >>

C'est après cette victoire que le texte sacré nous montre, pour la première fois, un juge d'Israël administrant la justice: Samuel va successivement à Béthel, à Galgala, à Maspha et à Ramatha, sa patrie, et là, il juge les différends qui s'élèvent entre son peuples. Samuel n'est donc plus simplement le libérateur de son peuple, comme Aod, Barac, Gédeon; il en est devenu véritablement le chef, et il a préparé ainsi, à son insu, en groupant tout le peuple autour d'un seul homme, la fin de la judicature et l'avénement de la royauté.

Les Israélites allèrent en effet un jour le trouver à Maspha pour lui demander un roi. Ayant un pouvoir permanent que les juges antérieurs n'avaient pas exercé, il l'avait partagé, dans sa vieillesse, avec ses enfants, ce qu'aucun de ses prédécesseurs n'avait fait ni pu faire avant lui. Or ses fils avaient perverti la justice. Les anciens du peuple les récusèrent donc

1 Sur les difficultés que soulève ce sacrifice, voir dom Calmet, Commentaire, Livres des Rois, p. 90.

2 Eccli. XLVI, 20-21. Voir I Sam. vi, 10; Josèphe., Antiq. Jud., VI,п, 2.

3 I Sam. vi, 11. Bethear, « la maison de l'agneau, » était probablement au sud-ouest de Maspha.

I Sam. iv, 1 et vii, 12. Voir Stanley, The Jewish Church, Lect. XVII, t. I, p. 380, et Lect. XVIII, p. 393.

5 I Sam. vII, 15-17. Cf. vi, 1-3.

comme juges et ils dirent à Samuel : « Donnez-nous un roi, afin qu'il nous juge, lesoftenou, comme tous les (autres) peuples'. >>

Samuel fut affligé de cette demande, qu'il jugea d'abord comme l'avait fait avant lui Gédéon. Il ne savait pas alors que Dieu l'avait choisi pour préparer l'avénement de la royauté, mais il ne tarda pas à l'apprendre. Lorsque le Seigneur lui eut révélé sa volonté, il se rendit sur-le-champ aux désirs du peuple. Celui-ci manquait de confiance en Dieu, en comptant sur un roi plus que sur Dieu lui-même, dont la protection ne lui avait jamais fait défaut, tant qu'il avait été fidèle; aussi le Seigneur dit-il à Samuel: « Ce n'est pas toi qu'ils rejettent, c'est moi qu'ils repoussent 2.

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Puisque Dieu consentait au grand changement qui allait s'introduire dans la constitution d'Israël, il ne restait plus qu'à obvier aux inconvénients que la religion pourrait avoir à redouter de cette résolution politique.

« Samuel choisit donc un roi, en apparence pour céder aux demandes pressantes du peuple, mais en réalité pour exécuter la volonté de Dieu, telle qu'elle lui avait été révélée. En même temps, il prit des moyens pour que l'anthropocratie ne fût pas en opposition avec la théocratie, mais lui servit au contraire d'auxiliaire. Le choix fut fait en se plaçant à ce point de vue. Il en résulta que Samuel ne négligea rien pour éveiller dans le roi qui avait été choisi une véritable et sincère crainte de Dieu. C'est parce que cette tentative échoua que la famille de l'élu fut rejetée, afin de servir d'avertissement à ses successeurs. La mission divine de Samuel consistait à empêcher que ce qui était donné à son peuple comme moyen de salut, ne tournât pas à son détriment. Il n'est pas moins le représentant du peuple que celui de Dieu, car tout ce qui menaçait de séparer le peuple de Dieu menaçait en même temps sa nationalité qui était fondée sur sa fidélité à Dieu. C'est grâce à sa religion que, d'une horde qu'il était, Israël était devenu une nation tout ce qui troublait les rapports entre Dieu et elle, la menaçait donc d'une dissolution intérieure qui aurait été nécessairement suivie d'une dissolution extérieure 3. »

:

1 I Sam. vIII, 5.

2 Id., vIII, 7.

3 Hengstenberg, Kingdom of God, t. II, p. 75.

Dieu et Samuel, son prophète, en donnant un roi à Israël ne voulurent donc pas que ce roi fût semblable à celui des peuples voisins. Ils fondèrent la royauté sur la théocratie. Le statut royal, établi par Samuel ', ne nous est pas connu; mais nous pouvons induire du discours d'adieu du dernier juge 2, qu'il subordonna le pouvoir royal à la loi et aux révélations des prophètes, de sorte que la monarchie ne fût pas une autocratie absolue comme les autres monarchies despotiques de l'Orient, mais eùt un contrepoids dans le sacerdoce lévitique et dans les prophètes suscités extraordinairement par Jéhovah. Le grand prêtre conserve tous ses pouvoirs; le roi n'est que l'exécuteur de la volonté de Dieu qui l'a élu 3.

La fin de la vie de Samuel n'appartient plus à notre étude, mais ce que nous venons de dire suffit pour l'expliquer et la justifier. On peut être surpris que Saül, l'élu de Dieu et de Samuel, soit rejeté par l'un et par l'autre. Mais c'est le rejet même de Saul qui a donné à la monarchie israélite son caractère propre, l'a profondément distinguée des monarchies profanes, et a assuré ainsi l'avenir de la religion et du peuple de Dieu. Saül prépara David. David' fut le vrai type du roi théocratique, mais David ne serait jamais devenu ce qu'il fut, si Saul n'avait pas été victime de son infidélité il n'aurait pas écouté le prophète Nathan, si son prédécesseur avait bravé impunément le prophète Samuel. Il avait fallu que le premier roi d'Israël fondât, sur sa propre ruine, l'autorité des prophètes, qu'il fût un exemple pour tous ses successeurs et qu'il leur apprêt, par sa fin tragique, qu'il était entre les mains. de Jéhovah, qu'il ne pouvait pas gouverner son peuple, comme les despotes orientaux, selon ses caprices, mais qu'il devait être l'instrument des volontés de Dieu.

F. VIGOUROUX.

1 I Sam. x, 25.

2 Id., XII, 1-17.

3 Id., IX, 17; x, 1, 24.

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« Saül et David

sont nécessairement liés entre eux, dit Hengstenberg. Sur le seuil de la royauté, Dieu montre d'abord ce qu'était sans lui le roi d'Israël; il montre en David ce qu'est le roi avec lui.» (Kingdom of God, t. II, p. 77.)

DE L'IMMUNITÉ

ECCLÉSIASTIQUE ET MONASTIQUE

Beaucoup d'oppositions aux saines doctrines du catholicisme tomberaient d'elles-mêmes, si l'on demandait aux véritables sources historiques la notion exacte des vérités que l'on nie ou que l'on défigure, par suite de préjugés d'éducation puisés dans la lecture des ouvrages de polémique des deux derniers siècles.

Notre éminent collaborateur, M. Charles Gérin, a rendu d'inappréciables services à la science et à la religion, en dévoilant, pièces en mains, les secrètes manœuvres de ceux qui, sous l'inspiration d'un esprit de parti, ont conjuré à plaisir contre l'Église et contre l'histoire.

Les erreurs qu'ils ont répandues sont tellement nombreuses, que bien des années s'écouleront et bien des labeurs seront dépensés avant qu'on ait refuté les principales et les plus funestes.

Laissant à notre savant collaborateur la partie moderne de cette tâche, ingrate autant que fructueuse, qu'il nous soit permis de jeter quelque lumière sur deux questions importantes qui se rattachent aux premiers siècles du christianisme. Elles s'imposent nécessairement à tout écrivain qui est amené à traiter quelque sujet ayant un rapport plus ou moins direct avec l'histoire ecclésiastique; et l'on ne saurait assez déplorer l'inexactitude avec laquelle on les présente et on les explique. N'est-ce pas un thème accepté que d'appeler prétentions usur

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