lution belge, Lord Palmerston, la Constitution anglaise, Louis Ier, roi de Bavière. Le dernier livre renferme des travaux critiques sur l'histoire du xir et du XIVe siècle, sur Ottokar de Bohême et l'archevêché de Salzbourg, l'élection du roi Adolphe de Nassau, les priviléges octroyés à la ville de Vienne par le roi Rodolphe Ier, Léopold III et les Suisses, les chants de bataille de Sempach, les traditions autrichiennes du XII. au XIV" siècle. L'auteur traite, dans ce dernier mémoire, qui paraît ici pour la première fois, de deux sources publiées dans les Scriptores de Pez Breve chronicon veterum Austria marchionum et ducum et Historia fundationis monasterii Mellicensis. M. Lorenz voit dans le Breve chronicon une source très-importante pour la légende autrichienne et attaque vivement M. Meiller. Nous aurions souhaité que M. O. Lorenz eût traité le vénérable éditeur des Regesta de Babenberg et des archevêques de Salzbourg avec plus de convenance et de respect.

J'ai encore à annoncer une nouvelle Histoire de France, de 1830 à 1871, par Charles Hillebrand'. Cette histoire fait partie de la grande collection d'Histoire des États européens, publiée par H.-A.-L. Heeren, F.-A. Ukert et Guillaume de Giesebrecht; elle ne contiendra, d'après les indications de l'auteur, ni anecdotes curieuses ni considérations générales. On y trouvera simplement l'origine et le développement des faits. Tout raisonnement en est à peu près banni. Au point de vue catholique, il y a beaucoup à reprendre: ainsi quand on nous parle des « sentiments fanatiques » des évêques français au commencement du règne de Louis-Philippe; voir encore le portrait du cardinal Bernetti. Il n'est pas moins regrettable que l'auteur répète des fables souvent réfutées, coinme celle qu'il rapporte en parlant de Dom Miguel. Quant aux sources, on ne peut que louer la diligence et l'exactitude de l'auteur, qui a exploité les archives d'État à Berlin et à Turin. Le présent volume contient l'histoire des sept premières années de Louis-Philippe. Il est divisé en dix chapitres I. L'organisation du nouveau régime; II. La révolution devient gênante; III. La révolution devient contagieuse; IV. Le régime français se procure l'estime en Europe; V. Le régime français rompt avec la révolution; VI. Le régime entre deux feux; VII. La révolution domptée; VIII. La politiqne extérieure de la doctrine et du roi; IX. Le roi devient maitre; X. La conquête de l'Algérie.

LOUIS PASTOR.

1 Geschichte Frankreichs von der Thronbesteigung Louis Philipps bis zum Fall Napoleons III, von Karl HILLEBRAND. I Band: Die Sturm und Drangperiode des lulikanigthums (1830-1837). Gotha, Perthes, 1877, in-8° de xv-737 p.

2 Geschichte der europaeischen Staalen. Herausgegeben von H.-A.-L. HEEREN, F.-A. UKERT. u. W. von GIESERRECHT. Gotha, Perthes.

COURRIER ANGLAIS

Les études orientales sont pour ainsi dire entrées, en Angleterre, dans le domaine public; à côté des travaux de M. Sayce, de M. Le Page Renouf, de Sir H. Rawlinson, il ne serait pas difficile de dresser une liste très-intéressante de livres soigneusement faits et rédigés dans le but d'éclaircir l'étude de la parole de Dieu par les données que nous présentent les textes égyptiens et les monuments de l'Assyrie et de la Perse. Citons, par exemple, l'élégant volume tout récemment édité par le docteur Rule; résumé sans prétention aucune, n'ayant pour objet que la vulgarisation de recherches scientifiques, et remplissant à merveille ce simple mais utile programme. Le plan adopté par l'auteur est excessivement clair; il consiste à détacher des récits de l'Ancien Testament quelques épisodes particulièrement remarquables, et à relever d'après les découvertes de l'égyptologie ou de l'assyriologie les témoignages des historiens et des annalistes profanes. Les travaux de feu George Smith sont cités, expliqués et commentés en détail; mais M. Rule est parfaitement au courant des résultats de la science française, et il a étudié avec soin les ouvrages de MM. de Saulcy, Clermont-Ganneau, etc. Son volume est imprimé avec élégance et illustré de plusieurs gravures sur bois; deux listes synchroniques, ajoutées en forme d'appendice, montrent de la manière la plus décisive les rapports qui existent entre la chronologie de la Bible et celle des textes cunéiformes.

-M. le docteur Léonhard Schmitz, quoique Allemand de naissance, est devenu Anglais par un long séjour soit à Édimbourg, soit à Londres, et c'est dans l'idiome de son pays d'adoption qu'il a publié ses meilleurs ouvrages. J'ai à signaler aujourd'hui une Histoire de la littérature latine, récemment éditée par lui, et qui peut passer pour un des résumés les plus complets sur ce sujet. Les principales époques y sont esquissées à grands traits, et des notices nécessairement sobres, mais

1 Oriental Records. Monumental. Confirmatory of the old testament Scriptures. By W. Harris RULE, DD. London, Bagster, 1877, in-8 de iv-247 p.

2 History of Latin Litterature. From B. C. 753 to A. D. 640. By Leonhard SCHMITZ. London, Collins, 1877, in-8 de 260 p.

très-suffisantes, font connaître, aux élèves les auteurs hors ligne et les ouvrages qui ont résisté aux épreuves du temps.

-M. Adolphe Trollope connaît à fond l'Italie, et l'ouvrage qu'il vient de faire paraître est un des résultats les plus heureux et les plus utiles de ses études favorites. L'histoire du sacré collége, de son origine et de son développement est le sujet principal du livre; l'élection du pape y est décrite avec soin, et le mode d'action des conclaves ne saurait être mieux apprécié. A chaque instant, des questions accessoires surgissent, qui ajoutent à l'intérêt du livre, et qui témoignent des qualités solides de M. Trollope comme historien. Si on peut lui adresser un reproche, c'est celui de ne pas toujours classer ses matériaux avec assez de méthode; il aurait dû aussi expliquer certaines allusions qui pour des lecteurs anglais sont passablement obscures.

M. Froude est toujours aussi admirable comme écrivain que détestable comme historien. Qu'on lise son essai sur l'abbaye de SaintAlban ; est-il possible de dire sur les établissements monastiques et sur le clergé régulier plus de sottises en moins de mots? C'est le puritanisme poussé jusqu'à la démence, et si outré, qu'il n'inspire que le dégoût. On appelle mon attention sur un article de la Saturday-Review, du 8 septembre, où l'ignorance de M. Froude est relevée avec surabondance de preuves.

La biographie de Servet n'avait pas jusqu'ici été traitée avec l'attention qu'elle mérite3, et il était vraiment difficile de trouver des renseignements authentiques qui pussent servir de jalons pour un écrivain consciencieux. Nous en sommes encore là malheureusement aujourd'hui, et tout ce que l'on sait du libre penseur se réduit à des hypothèses. M. le docteur Willis a du moins tiré un très-bon parti des rares indications qu'il a trouvées, et il a composé un ouvrage trèscurieux et fort impartial, quoi qu'en puissent dire les admirateurs de Calvin. La proposition qu'il démontre est que la mort de Servet fut le résultat, non pas de l'odium theologicum, mais d'une haine personnelle qui prit pour prétexte les doctrines hétérodoxes de l'auteur du de Trinitatis erroribus. Il est bien certain que Servet poussait le rationalisme, ou, si l'on veut, le socinianisme, jusqu'à ses dernières conséquences; il est également prouvé que si Calvin s'y était prêté, la sentence de mort n'aurait pas été prononcée contre le malheureux. Mais l'occasion s'offrait naturellement de se débarrasser d'un ennemi, et la tentation était trop forte.

1 The Papal Conclaves as they were, and as they are. By T. Adolphus TROLLOPE. London, Chapman and Hall, 1877, in-3 de 280 p.

2 Short Studies on Great Subjects. By James Anthony FROUDE, M. A. Third Series. London, 1877, in-8 de 300 p.

3 Servelus and Calvin a Study of an important Epoch in the Early History of the Reformation. By R. WILLIS, M. D. London, H.S. King and Co, in-8 de 550 p.

-La Tour de Londres, monument historique aussi important que la Bastille de Paris, était autrefois desservie, au point de vue religieux, par une chapelle nommée Saint-Pierre ad vincula '. Quand on pense à la longue liste de personnages politiques emprisonnés dans la Tour et qui y furent ensuite décapités, on comprendra facilement que les registres mortuaires de Saint-Pierre ad vincula soient de la plus haute valeur comme pièces justificatives. M. Bell y a trouvé les éléments de trente-quatre biographies très-bien écrites et pleines de détails curieux. Sir Thomas More, Anne Bulleyn, Thomas Cromwell, comte d'Essex, Catherine Howard, Édouard Seymour, duc de Somerset, Jean Dudley, duc de Northumberland, lord Guilford Dudley, lady Jane Grey, Thomas Howard, duc de Norfolk, le comte d'Essex, Jacques, duc de Monmouth, lord Balmerino, lord Lovat, lord Kilmarnock: tels sont les principaux personnages de cette tragique histoire; on sait que les trois derniers, condamnés à mort pour la tentative royaliste de 1745, ont clos la liste des victimes exécutées pour méfaits politiques entre les murailles de la Tour de Londres. M. Bell donne, dans son appendice, une analyse du bage de secretis (c'est-à-dire sac des pièces secrètes) qui fut examiné en 1841, et qu'on trouva contenir les relations officielles de plusieurs procès politiques, documents que l'on croyait perdus et détruits. Parmi ces documents se trouvent les dossiers des procès d'Anne Bulleyn (1536), Catherine Howard (1541), le duc de Somerset (1551), lady Jane Grey (1553), Antoine Babington (1586), Arabella Stuart (1603), la conspiration des Poudres, etc., etc. M. Bell n'a pas pu imprimer ces papiers, qui auraient démesurément grossi son ouvrage, mais ils mériteraient les honneurs de la publication, et il est à souhaiter qu'un antiquaire zélé et compétent se charge de les faire paraître.

-La série de biographies éditée par miss Creighton s'est enrichie d'un travail sur sir Walter Ralegh. Après les deux gros volumes et un peu indigestes, disons-le franchement, de M. Edwards, on aime à se reposer par la lecture du résumé fait par une personne de talent qui sait choisir ce qu'il y a de remarquable et néglige le reste. La vie de sir Walter Ralegh a tout l'intérêt du roman; c'est un des épisodes les plus émouvants d'une époque où les incidents tragiques abondent. De même que l'assassinat juridique du jeune comte de Warwick fut exigé par la cour de Madrid comme la condition du mariage projeté entre le prince Arthur et Catherine d'Aragon, de même le roi d'Espagne ne voulut consentir au mariage du prince de Galles (plus tard Charles I) avec l'infante, que si Jacques Ier sacrifiait aux rancunes de

1 The Chapel of St. Peter ad Vincula in the Tower of London. By Doyne C. BELL, F. S. A. London, Murray, 1877, in-8 de 324 p.

2 Life of Sir Walter Ralegh. By Louise CREIGTON. London, Rivingtons, 1877, in-8 de 270 p. avec portr. et carte.

Madrid le brave sir Walter. Lorsque le bourreau eut accompli sa triste mission, une voix partie de la foule s'écria : « Il n'y a pas en Angleterre de tête qui vaille celle-là ! » Ce patriote indigné avait plus que

raison.

Puisque j'en suis au xvre siècle et aux illustrations de l'époque d'Élisabeth', je dirai quelque chose d'une autre célébrité de ces tempslà, savoir sir Ralph Sadleir, secrétaire d'État et conseiller privé de LL. MM. Henri VIII, Edouard VI et Élisabeth. On sait peut-être que sir Walter Scott avait édité en 1809 les papiers d'État de ce diplomate, en y ajoutant une notice biographique faite comme savait les écrire l'auteur futur de Waverley; mais, depuis soixante-dix ans, les archives du Royaume-Uni, les bibliothèques publiques et les collections particulières ont révélé bien des détails que sir Walter Scott ne pouvait pas connaître, et une nouvelle biographie de Sadleir méritait d'être publiée. M. le major Stoney, descendant du baronnet, a fait bon usage des matériaux imprimés; a-t-il fureté dans ce qui est encore inédit ? c'est ce qu'il serait difficile de préciser. Je ne veux pas à mon tour écrire la vie de sir Ralph Sadleir, mais comme renseignements sommaires pour ceux de mes lecteurs qui n'en ont jamais entendu parler, je dirai qu'il appartenait à l'école diplomatique des Burleigh et des Hatton; foncièrement anglais et se plaçant vis-à-vis de la cour de Rome au point de vue d'Élisabeth. Le major Stoney a choisi pour ses guides MM. Froude et Burton, et il cite d'après eux très-souvent, au lieu de remonter aux sources. Ce n'est pas là une garantie solide, on en conviendra.

Prynne n'est pas un personnage bien connu, excepté de ceux qui ont étudié l'histoire du règne de Charles Ier; mais il joua un rôle important parmi les Puritains, et il fut mis deux fois au pilori à cause de ses libelles. Il lui était indifférent que le représentant de l'autorité portat le nom de roi ou de protecteur; il en voulait au gouvernement comme gouvernement; il avait la manie de l'opposition et la rage du libelle; il publia sous le titre d'Histriomastix un énorme in-quarto contre le théâtre, et transforma la table des matières de cet indigeste bouquin en un pamphlet violent contre la reine Henriette-Marie. La Camden Society vient de faire paraître une suite de documents relatifs aux poursuites judiciaires dont Prynne fut l'objet en 1634 et en 1637, avec une introduction ou plutôt un fragment biographique par feu

1 A Memoir of the Life and Times of the Right Hon. Sir Ralph Sadleir, Knight Banneret; Privy Councillor to their Majesties Henry the Eight, Edward the Sixth, and Queen Elizabeth for Forty Years; Principal Secretary of State, etc. Compiled from State Papers hy his Descendant, Major F. SADLEIR STONEY. London, R. A. Longmans and Co, 1877, in-8 de 434 p.

2 Documents relating to the Proceedings against William Prynne in 1634 and 1637. With a Biographical Fragment by the late John Bruce. Edited by S. R. GARDINER. London, Camden Society, 1877, pet. in-4 de 210 p.