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sions-nous, comme le dit M. Delisle, avoir bientôt au complet la série de ces précieux documents'.

Parmi les lectures et communications faites à l'Académie des sciences morales et politiques, nous signalerons les suivantes. Dans la séance du 9 juin, à propos du livre de M. Charles de Lacombe, Henri IV et sa politique 2, M. Mignet a contesté la réalité du grand dessein de Henri IV, tel du moins que l'exposent les Économies de Sully, dans l'imagination duquel, selon l'éminent académicien, ce plan a seulement existé. Le vrai dessein de Henri IV, c'était tout simplement la politique suivie après lui par Richelieu l'abaissement de la maison d'Autriche. Cette question mériterait un examen critique approfondi. Nous noterons en passant que si Henri IV a bien mérité l'éternelle reconnaissance de la nation dont il a fermé les plaies, on a peut-être, en ces dernières années, fait quelque abus de son éloge. Dans la séance du 23 juin, M. Charles Waddington a lu la fin de son mémoire sur l'Autorité d'Aristote au moyen âge. - Dans les séances des 23 juin et 7 juillet, M. Ad. Vuitry a lu un intéressant mémoire sur les Finances royales au moyen âge.-Dans les séances des 21 et 28 juillet, M. H. Baudrillart a lu des fragments d'un grand travail historique sur le Luxe, qui avait déjà fait devant l'Académie l'objet de plusieurs lectures. Dans la séance du 18 août, M. J. Zeller a commencé la lecture d'un mémoire de son fils, M. Berthold Zeller, sur la Dernière année du connétable de Luynes. M. Zeller reprend et développe la thèse soutenue naguère par Victor Cousin dans le Journal des Savants, sur l'injustice dont Luynes aurait été victime de la part des historiens, et sur ses qualités méconnues d'homme d'État. Dans les séances du 25 août et du 1er septembre, M. Alfred Rambaud a communique un mémoire intitulé: la Révolution française et l'Aristocratie russe.

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L'Institut de France, comme on le voit, continue, 'dans les trois Académies où ces études ont leur place, à bien mériter des sciences historiques. On peut même dire que c'est dans ces académies que ces études trouvent en France leur principal stimulant. Les sociétés savantes dont la fondation a été due à l'initiative privée, ont déjà fait beaucoup aussi et font beaucoup encore pour le progrès de l'histoire. Il suffit de nommer à cet égard la Société de l'histoire de France, dont les publications constituent déjà une bibliothèque considérable. Parmi les éditions projetées pour un avenir plus ou moins prochain, nous signalerons un recueil d'Anecdotes historiques, légendes et apologues tirés d'un ouvrage inédit d'Étienne de Bourbon, dominicain du XIIIe siècle, par notre savant

1 La Bibliothèque nationale en 1876 dans le Journal officiel du 27 juin. Extrait d'un rapport adressé le 8 avril 1877 à M. le Mnistre de l'Instruction publique, et dont le texte complet vient de paraître dans la Bibliothèque de l'Ecole des chartes (4e et 5e livr. de 1877).

2 In-12, Didier.

collaborateur M. Lecoy de la Marche; les Mémoires de Nicolas de la Mothe-Goulas, par M. Ch. Constant; la Vie de Bayart par le loyal serviteur, par M. Roman; les Sources grecques de la géographie et de l'histoire de la Gaule, par M. Cougny; un recueil de Documents inédits relatifs à du Guesclin, par M. Siméon Luce. Notre savant collaborateur, tout en continuant sa belle édition de Froissart, prépare aussi un important travail sur l'histoire de l'abbaye du Mont-Saint-Michel aux XIV et XVe siècles. Nous lui rappelons qu'il doit au public le second volume de l'Histoire de du Guesclin, dont le premier a obtenu un succès si mérité, et nous remarquons en passant qu'il réfute très-bien luimême, par son exemple, ce qu'il a dit récemment dans un article critique, à savoir que l'abondance de la production et la multiplicité des sujets abordés seraient en érudition un signe de faiblesse. Nos maîtres, M. Delisle, M. Quicherat, en ont abordé beaucoup. Ce n'est pas qu'en somme la concentration ne soit peut-être meilleure. Mais, de nos jours, et pour une foule de raisons, elle est devenue bien difficile. Nous avons indiqué dans notre dernière Chronique les publications historiques de la Société bibliographique. Nous nous bornons à annoncer aujourd'hui l'apparition des deux premiers volumes des Petits mémoires sur l'Histoire de France. Le premier est intitulé: Vie et Vertus de saint Louis d'après Guillaume de Nangis et le confesseur de la reine Marguerite. Il a pour auteur notre collaborateur M. René de Lespinasse. Il est précédé d'une préface où le directeur de la collection s'est efforcé d'en exprimer nettement l'objet, le plan, la méthode. Le second a pour titre: Les derniers Carolingiens, et pour auteur un jeune érudit dont le talent promet beaucoup, M. Ernest Babelon. Nous nous permettons d'appeler toute l'attention, toute la bienveillance de nos lecteurs sur cette collection, qui a déjà obtenu d'éminentes approbations. Nous croyons qu'il s'agit là d'une œuvre véritablement patriotique '.

Le mouvement créé par la loi de 1875 est destiné à beaucoup faire pour les progrès des sciences historiques, et il a déjà fait quelque chose. L'un et l'autre enseignement contribueront à ces progrès, par une émulation féconde, et les Universités catholiques sauront, là comme partout, se montrer dignes du nom qu'elles portent. Que Dieu bénisse leurs efforts! Cependant les écoles spéciales continueront de soutenir et de fortifier les méthodes. Nous croyons que nos lecteurs nous sauront gré de placer sous leurs yeux la liste des questions posées aux examens de fin d'année de l'École des chartes, en dehors des textes latins, provençaux ou d'ancien francais donnés à lire, à transcrire ou à traduire. Ces examens ont eu lieu du 16 au 24 juillet. Voici les questions posées en première année: Qu'est devenue en roman la quantité latine? Comment se comportent en provençal et en français les voyelles latines

1 Nous remercions la Revue historique pour l'annonce qu'elle en a faite.

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a, e, i, brèves, accentuées ?- Énumérer les différentes espèces de manuscrits liturgiques.-En seconde année: A quelle époque a cessé, dans la chancellerie royale, l'usage des sceaux plaqués et a commencé l'usage des sceaux pendants et l'usage des contre-sceaux? Quelle différence y a-t-il entre le style chronologique pisan et le style florentin? En quoi ces styles diffèrent-ils du style moderne? - Qu'entend-on par juridiction de la Table de marbre? Quelles étaient les attributions ordinaires des divers tribunaux ainsi désignés? Quand les présidiaux ont-ils été établis et par qui? Quels étaient le caractère et les attributions de ces tribunaux?-Quel est le cadre de classement des archives hospitalières antérieures à 1790? Dans quelle série des archives départementales classerait-on les fonds hospitaliers qui pourraient par exception y être déposés ?-Exposer brièvement la formation de la Chambre des comptes, ses attributions et son organisation intérieure avant le xvIe siècle. Quelles sont les principales indications chronologiques qui ont servi à dater les lettres apostoliques? En troisième année : Quelles étaient les différentes conventions connues sous le nom d'assurement (assecuramentum)? - Définir le nimbe et l'auréole; dire depuis quand et sous quelle forme ils se présentent dans l'imagerie du moyen âge. Exposer comparativement les charges et obligations du vassal et celles du censier. Quels sont les caractères architectoniques des voûtes, des piliers, des fenêtres d'une église au xve siècle? Pour continuer à témoigner de l'intérêt avec lequelle la Revue a suivi dès l'origine les travaux de l'École française de Rome, nous énumérons les études et recherches entreprises l'an dernier par les membres de cette école. M. Fernique a étudié les ruines de l'antique Préneste (aujourd'hui Palestrina) et en particulier celles du temple de la Fortune. M. Chatelain a collationné les plus importants manuscrits de Sidoine Apollinaire. Il a rassemblé des matériaux pour servir à la critique des travaux d'Achille Statius; il a écrit une notice sur les manuscrits des poésies de saint Paulin de Nole et une autre notice sur des manuscrits d'Ausone conservés dans les collections de Rome et de Florence. M. Beaudoin a étudié l'administration des possessions vénitiennes dans le Levant, notamment en Morée et en Crète. Il a trouvé d'abondants renseignements dans les archives de Venise; ces documents, émanés des gouverneurs vénitiens, touchent à l'histoire, à la religion, à l'industrie, au commerce de ces contrées. M. Haussoulier a étudié la céramique grecque en Sicile. M. Berger a collationné les chroniques de Richard de Cluny et de Guy de Bazoche; il a écrit des notices sur plusieurs manuscrits importants du fonds de la reine Christine; il a recueilli dans des documents authentiques les comptes des dépenses nécessitées pour l'armement de la flotte que le pape Calixte III envoya contre les Turcs en 1453. Ces comptes renferment beaucoup de renseignements sur les finances publiques, le prix des choses, les arts, l'industrie, le costume, les mœurs.

Le devoir que nous avons trop souvent à remplir à la fin de cette chronique, nous amène aujourd'hui en face d'un grand nom. Nous nous abstiendrons d'apprécier la carrière politique de M. Thiers, l'influence, bonne ou mauvaise, qu'il a exercée sur les événements de notre siècle. Nous nous contenterons de noter son patriotisme, qualité qui devient rare, et que tous s'accordent à louer en lui, avec plus ou moins de mesure. Dégagée de nos préoccupations et de nos hyperboles, l'histoire impartiale dira peut-être, qu'après lui-même, la France est ce que M. Thiers a le plus aimé. Nous ne nous étendrons pas non plus sur ses talents oratoires. Il suffit de dire que son nom, comme ceux de Berryer et de Guizot, pourra être opposé sans trop de désavantage, par les historiens de l'éloquence française, aux grands noms de l'antiquité classique. C'est surtout comme historien que nous devons apprécier M. Thiers. Son Histoire de la Révolution française, doctrinalement fausse, scientifiquement faible, n'est plus vivante que dans les parties qui forment comme la préface de l'Histoire du Consulat et de l'Empire. Cette dernière œuvre, contestable en tant de points, est pourtant un monument durable de science et d'art. Ce n'est pas ainsi sans doute que l'école dite critique entend l'histoire; mais cette école, aujourd'hui triomphante et à laquelle, plus ou moins, nous appartenons tous, n'a pas raison toujours autant qu'elle le pense. L'histoire, telle que la comprenait M. Thiers, c'est l'histoire pragmatique et dolitique, à la façon de Polybe. Or, n'est pas Polybe qui veut. La partie militaire de l'Histoire du Consulat et de l'Empire pourra être beaucoup rectifiée, beaucoup discutée, elle sera toujours admirée. M. Thiers expose et développe les conceptions stratégiques de Napoléon avec la même lucidité et la même passion communicatives que si lui-même en était l'auteur. La langue n'est pas distinguée, mais elle est saine et puisée aux vieilles sources, qui sont les bonnes. M. Thiers était un classique déterminé. De tout ce qu'il a écrit, la phrase qui lui fait le plus d'honneur, quoique sans prétention ni caractère littéraire, celle à laquelle se rattachent les meilleurs actes de sa triple carrière d'écrivain, d'orateur et d'homme d'État, c'est la phrase qui, dit-on, ouvre son testament, et par laquelle il déclare que, né catholique, il veut mourir comme il a vécu, en catholique. Nous n'avons pas à rechercher si M. Thiers a suffisamment compris et rempli tous les devoirs que ce titre impose. Mais nous terminerons en souhaitant que cette phrase, le meilleur legs qu'il ait pu faire à ses admirateurs et à son pays, demeure profondément gravée dans toutes les mémoires. Dieu fasse que, parmi ceux qui ont conduit à sa dernière demeure l'homme illustre dont nous parlons, il n'y en ait pas un qui ne soit en état, après avoir accompli tout ce qu'elle comporte, de répéter cette phrase, du fond du cœur, à l'heure suprême ! MARIUS SEPET.

REVUE DES RECUEILS PÉRIODIQUES

On sait que la question des origines de l'Église des Gaules est encore fort obscure, malgré les nombreux travaux dont elle a été l'objet pendant ces dernières années. Un de nos collaborateurs, le R. P. Colombier, vient à son tour d'entrer en lice, et il nous donne le résultat de ses recherches dans une étude intitulée : Époque de l'érection des évêchés en France'. Son plan embrasse cinq parties: la première comprend l'époque où sont fixées par des monuments authentiques les dates de l'érection des évêchés en France; elle s'étend de 1789 à 1295; la seconde comprend les faits qui se sont produits entre 1295 et le commencement du ve siècle; la quatrième embrasse les premiers siècles de l'Église; dans la cinquième enfin, l'auteur se propose de présenter quelques observations sur l'état actuel du débat, au sujet de l'apostolicité des Églises des Gaules. Comme on le voit, la marche que suit le R. P. Colombier est neuve; nous espérons que les résultats de ses recherches seront décisifs. Nous n'avons encore sous les yeux que les trois premières parties de cette étude nous y reviendrons quand elle sera terminée.

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Il y a quelques mois, une polémique assez vive s'engageait dans l'Univers, à l'occasion de la consultation que Pépin le Bref adressa au pape saint Zacharie, lorsqu'il voulut s'emparer du trône des Mérovingiens. Nous trouvons dans les Analecta juris pontificii2, un long mémoire, publié déjà en italien dans la Revista universale, où l'auteur, qui ne se fait connaître que par des initiales, pose ainsi la question : << Est-ce un fait historique que Pépin et les Francs, avant de reléguer Childéric dans le monastère de Saint-Bertin, consultèrent le pape Zacharie? Est-il vrai que Zacharie répondit qu'il valait mieux donner le titre et la dignité de roi à celui qui en exerçait réellement l'autorité?» L'auteur établit que les monuments écrits sous les règnes de Pépin, de Charlemagne et de Louis le Débonnaire ne parlent point de la consultation du pape Zacharie; il montre l'origine de cette légende,

▲ Études religieuses, etc., des Pères Jésuites, juillet et août 1877. 2 Juin 1877.

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