Buchot, et Miot, cet exemple frappant des vicissitudes humaines qui, de ministre, en arriva de chute en chute à être commis de l'octroi sur le quai de la Tournelle, échoppe no 2; Colchen, sous l'administration duquel furent signés les traités de Bâle, dont l'honneur ne peut, du reste, lui être attribué en aucune façon; enfin, les ministres du Directoire, Delacroix, Talleyrand, Reinhard, et pour la seconde fois, après le 18 brumaire, Talleyrand, dont le rôle brillant appartient à l'époque du Consulat et de l'Empire. On sait que, de ces ministres, deux, de Lessart et Montmorin, furent ruassacrés en septembre, et un autre, Lebrun, fut guillotiné en 1793.

Dans cet exposé, où apparaissent, à côté des noms connus qui précèdent, des personnages modestes que leur rôle obscur, quoique honorable, semblait vouer à l'oubli, M. Masson a puisé ses renseignements à des sources diverses, dont les plus importantes sont les imprimés et les mémoires publiés ou écrits pendant la période révolutionnaire, et surtout les pièces manuscrites conservées dans les Archives du ministère des Affaires étrangères. Ce sont là des documents qui, presque tous, sont peu répandus, dont la plupart restent encore absolument inaccessibles au public, et qui donnent aux faits consignés dans ce livre, avec un caractère d'authenticité incontestable dont la situation de l'auteur est un sûr garant. l'intérêt particulier qui s'attache à l'inconnu et à l'inédit. Les faits et les détails, minutieux parfois, abondent en effet dans le récit; beaucoup d'entre eux n'intéresseront certainement qu'un public restreint, les gens de la maison, comme le remarque modestement l'auteur; mais beaucoup aussi empruntent aux événements une importance réelle, et jettent une

lumière nouvelle sur des circonstances inexpliquées ou imparfaitement connues. Le lecteur parcourra avec intérêt les pages consacrées à la journée du 10 août et au rôle joué dans cette triste circonstance par le ministre Bigot de Sainte-Croix, aux empiétements progressifs du pouvoir législatif sur l'administration du département, à l'emploi pendant la Terreur des fonds secrets dont disposait le ministère des Affaires étrangères. Les pièces justificatives placées en appendice renferment aussi des détails curieux et entièrement nou

veaux.

La conclusion générale qui semble résulter de cette étude consciencieuse, c'est que la Révolution n'apporta pas de modifications profondes à l'organisation traditionnelle du ministère des Affaires étrangères, et que si, dans un temps où le vent soufflait au renversement et à la réédification sur de nouvelles bases de l'édifice politique et administratif, des projets furent conçus révolutionnairement, ils durent être promptement abandonnés comme impraticables.

En résumé, si, dans l'ouvrage que nous venons d'analyser, il y a parfois des minulies, des longueurs et des répétitions de détail d'un intérêt restreint, il n'y a point de horsd'œuvre, et le plan conçu par l'auteur explique ces développements. Ajoutons que l'étude considérée dans son ensemble ne paraît pouvoir donner lieu à aucun reproche grave, et qu'au point de vue général l'histoire du département des Affaires étrangères, de 1787 à 1804, est une page importante et impartiale (ce qui n'est pas un petit mérite) à insérer dans le grand livre de l'histoire de la période révolutionnaire. G. B.

Annuaire des sciences historiques, Bibliographie des ouvrages d'érudition, publié par Am. DE CAIX DE SAINT-AYMOUR. Pаris, Hachette, 1877, gr. in-18 de VII-416 p.

L'auteur de cet Annuaire n'a pas eu la prétention d'être complet du premier coup; il a voulu seulement offrir un spécimen de ce qu'il se proposait de faire en donnant chaque année une bibliographie de « toutes les branches du savoir humain qui étudient les sources de la grande histoire. » Pour la première année, il a divisé son annuaire en quatre parties la première, documents officiels, donne le personnel des établissements d'instruction publique et musées (p. 1-54); la seconde, le personnel des

académies el la liste des sociétés savantes (p. 55-128); la troisième, une bibliographie des ouvrages d'érudition (p. 129-366); la quatrième, une revue de l'année 1876 (p. 367-382); et l'ouvrage se termine par une table de la bibliographie des noms d'auteurs.

Nous n'entrerons pas dans l'examen ni dans la critique de ces diverses parties; il y aurait des omissions nombreuses et beaucoup d'erreurs typographiques à relever dans la Bibliographie. Bornons-nous à signaler l'ouvrage de M. de Caix de Saint-Aymour, et à engager vivement l'auteur à le poursuivre en l'améliorant, car rendra service aux travailleurs.

FR. DE F.

il

VICTOR PALMÉ.