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raît tant soit peu gratuite et n'est pas suffisamment justifiée par le texte ;

4° Voici encore un échantillon de la sévérité de M. Lapaume à l'égard des auteurs de l'édition illustrée : A la page 24 de cette édition, entre les deux vers:

L'un tuet una filli, l'y traverse lo Drac;

Ici l'on veit un pied, ylai l'on veit un brat.

» Le burin, dit M. Lapaume, pag. 499, nous étale un > enclos où pénètre un loup, et qu'y voyons-nous? une » coquette et sémillante laitière qui montre son beau » bras, et derrière elle messire loup qui avance son pied voilà comment il nous est permis de voir un » bras par-ci, un pied par là. »

D

Nous avouons nous-même que nous préférons à l'image présentée par le texte, la substitution du dessin qui se trouve à la page 24 de l'édition illustrée;

5o A la même page 499, M. Lapaume critique le mot l'etena qui se lit à la page 29 de l'édition illustrée, et le remplace par le mot l'aëtna. Il dit que l'etena est un barbarisme. C'est possible, quoique, dans notre opinion, le patois ne connaisse pas de barbarismes; mais, dans tous les cas, l'aëtna n'a jamais été un mot patois, et nous ne croyons pas que les paysans des environs de Grenoble aient jamais consulté le grec pour éviter des barbarismes;

6o A propos de ces mots la not chat, qui signifient la nuit tombe, M. Lapaume suppose (p. 500), que les auteurs de l'édition illustrée ont pensé que, dans ces mots, « il devait être plus ou moins question d'un chat, puis» que le burin nous a croqué le plus beau miron qui

» se soit jamais vu. » M. Lapaume a pris une plaisanterie pour une erreur, et il pouvait penser que nos artistes grenoblois connaissaient trop bien le patois de leur pays pour prendre un verbe pour un chat qui n'aurait

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Nous omettons plusieurs autres reproches d'inadvertance faits par M. Lapaume au burin des artistes Grenoblois dans la même page 500 et la suivante. Il ajoute cependant, pour correctif, qu'elles ne sont, après tout, que des taches de rousseur sur un beau visage.

Mais il ne se fait pas faute de critiques sur le texte, et, à la page 504 de son commentaire, il s'exprime ainsi :

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<< Afin qu'il soit établi et avéré une fois pour toutes, » que même des poésies patoises sont justiciables de la critique, tant pour l'orthographe et la métrique ou la » prosodie, que pour la syntaxe, je vais jeter rapide»ment un coup d'œil rétrospectif sur le Grenoblo mal» hérou des trois éditions de 1859, et y relever les plus >> lourdes bévues dont il est déparé, les erreurs les plus » grossières dont il reste entaché. »

Il nous semble que la chose pouvait se dire plus doucement; car voici à quoi les reproches se réduisent:

« Vers 33, 34, 50, 51, édition illustrée commença» vont, s'apriveysavont, changiront, augmentiront. Com» me la conjugaison patoise prend les désinences de la >> conjugaison italienne et provençale, lisez commença» von, s'apriveysavon, changiron, augmentiron.

» Dans les vers 60, 61, 62, 63 de la même édition, » remplacer les barbarismes remplissont, tuont, rava»geont, déclaront, par les seules formes correctes, rem» plisson, tuon, ravageon, déclaron.

» Vers 69, 73, 74 et 75, aveyzont, tiront, donont, co»pont, menont, autant de barbarismes dont il est inutile. » de citer plus d'exemples. >>

Il nous semble que voilà beaucoup de bruit pour un I dans un patois qui ne reconnaît ni orthographe déterminée, ni barbarismes, puisque c'est un idiome parlé et non écrit.

« Vers 114: Combien de famillet. En patois, famille » se disant au singulier, soit familli, soit familha, fait >> au pluriel, dans les deux cas, famille, absolument » comme en latin rosa fait rosœ.

» Donc lisez avec nous: Combien de famille,

sans

» oublier que l'é final sonne comme celui de domine, » vocatif de dominus. »

Nous pensons que l'observation de M. Lapaume sur la prononciation du mot famille au pluriel, loin d'appuyer l'orthographe qu'il prescrit, vient, au contraire, appuyer et justifier l'adoption de l'orthographe famillet, pour indiquer la prononciation de ce mot.

Il en est de même du mot montagnet, au pluriel, et des mots, le fenet, le fillet et autres de la même espèce, proscrits par M. Lapaume.

Ce savant professeur termine son commentaire par ces observations:

« Il était réservé au Grenoblo malhérou illustré de fi»nir comme il a commencé. Dans sa première ligne, il » donne pour de la prose des mots qui sont dans la réa»lité deux vers; dans sa dernière ligne, il a su ménager » une place au barbarisme veillot,

Ma museta s'endort, je veillot tout solet.

T. III.

10

» Lisez donc avec nous :

Ma museta s'endort, je veillo tout solet.

Voilà ce que M. Lapaume a trouvé de plus grave à relever dans le Grenoblo malhérou de l'édition illustrée. On peut juger suffisamment de l'importance de ses critiques.

DU TRAITÉ DE L'ART D'ÉCRIRE

DE

CONDILLAC

(Suite d'une Etude sur les ouvrages du même auteur)

PAR M. PATRU.

Séance du 22 mars 1867.

Messieurs,

J'ai commencé, l'année dernière, à vous entretenir de la justice et de l'utilité qu'il y aurait à rendre à votre compatriote, Bonnot de Condillac, la considération à laquelle il a droit et qui lui a été enlevée par des attaques non méritées ou par un simple malentendu.

Je rappellerai d'abord qu'il ne doit plus rien rester de la réputation de matérialiste qu'on lui avait faite en se fondant sur des expressions mal interprétées et qui, ainsi mal entendues, se trouveraient en opposition avec sa pensée dominante, avec cent autres expressions des mêmes idées, prises dans ses ouvrages, et, enfin, avec le caractère de sa vie entière. Pour exprimer son système sur l'origine des idées, il avait dit que toutes nos idées viennent de la sensation, au lieu de dire qu'elles

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