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l'intérêt des villes, que ces travaux ne devaient pas être faits à demi et qu'ils devenaient une grande nécessité sociale, et a dès lors banni toute hésitation, et, reprenant franchement son côté naturel, il a reconnu la règle qu'il devait veiller à maintenir le cours des rivières, puisqu'il en était propriétaire, et qu'il y avait là un grand intérêt public à sauvegarder les départements, les communes et les propriétaires sont seulement appelés à un concours dont nul n'est tenté de contester la justice, mais qui est d'avance renfermé dans des limites qui ne sauraient être dépassées. Je ne crois pas que, dans ces conditions, les propriétaires soient tentés de regretter les prérogatives que leur confiait le règlement de 1768.

Mais ensuite est venue en 1865 la seconde loi connue sous le nom de loi sur les associations syndicales et qui devait s'occuper des moyens de préserver les vallées et l'ensemble du territoire des invasions des fleuves et torrents et des dégâts des eaux nuisibles, et, après beaucoup d'hésitation, l'Etat n'a pas cru, dans cette loi, devoir adopter un rôle aussi décisif que dans la loi de 1858 et apporter aux populations un secours analogue en se chargeant aussi de l'initiative des travaux, sauf à réclamer le concours pécuniaire des intéressés. On s'est borné à renoncer à l'omnipotence que l'Etat s'était réservée dans la loi de 1807 pour juger des travaux à entreprendre et obliger les intéressés à les payer. D'après la loi de 1865, les propriétaires intéressés réunis dans de grandes assemblées doivent d'abord être consultés, et il faut au moins que la majorité les adopte pour qu'il soit donné suite aux projets des ingénieurs. C'est à peu près rentrer dans l'esprit du règlement de 1768.

Cette concession aurait pu avoir un certain prix au

point de vue de l'indépendance et de la liberté des propriétaires; mais elle a été à peu près annulée par un amendement introduit dans la loi au Corps législatif et qui en forme l'art. 26. Dans le cours de la discussion devant le Corps législatif, un homme pratique se leva et dit que si, pour que le Gouvernement eût le droit de prescrire des travaux, il avait besoin du consentement écrit de la majorité des propriétaires réunis en assemblée, on pourrait craindre que dans beaucoup de cas on ne pût faire exécuter ni curages ni endiguements, et à la suite de cette observation, il fut inséré dans la loi un article 26, portant :

«La loi du 16 septembre 1807 et celle du 14 floréal >> an 11 continueront à recevoir leur exécution, à défaut » de formation d'associations libres ou autorisées, lors» qu'il s'agira des travaux spécifiés aux articles 2 et 3 » de la présente loi. »

Ce sont précisément les travaux d'endiguement, de curage et de dessèchement de marais.

On peut donc dire que pour ces travaux la législation du premier Empire, sauf pour ce qui touche la défense des villes et des grands centres de populations, n'a pas encore subi de bien sérieuses modifications et que les propriétaires dauphinois notamment peuvent regretter quelques-uns des avantages que leur assurait leur législation spéciale de 1768.

Mais ils doivent placer l'espérance de nouveaux progrès dans les intentions bienveillantes que l'Empereur a si souvent manifestées pour qu'il fût pris contre les ravages des rivières des mesures efficaces. On finira par reconnaître que la défense des vallées ne présente pas un moindre intérêt que celle des villes; que les travaux

qu'on fera pour les vallées sont destinés à produire des résultats amplement rémunérateurs et, d'un autre côté, l'Etat est seul en France assez puissant pour en prenque dre l'initiative et pour faire les avances de fonds nécessaires. Les départements, les communes et les propriétaires intéressés, aidés par la caisse du Crédit foncier et ayant par ce moyen le bénéfice et l'auxiliaire du temps qui leur est indispensable, donneront toute l'aide qu'on peut en attendre, sans qu'il soit besoin de revendiquer pour eux la direction d'entreprises qui favoriserait peu leur indépendance et serait souvent un obstacle au succès.

Ce serait un beau présent à faire à l'agriculture au moment où le Gouvernement, en ordonnant une grande enquête, s'est montré pour elle plein de sollicitude.

SUR

UN OUVRAGE DE M. EMILE GUIMET

INTITULÉ :

CROQUIS ÉGYPTIENS,

Par M. DE GALBERT.

Séance du 29 mars 1867.

Chargé par l'Académie de rendre compte du livre intitulé Croquis Egyptiens, dont M. Emile Guimet lui a fait hommage, je m'acquitte de cette tâche avec d'autant plus de plaisir qu'elle m'a donné l'occasion de parcourir, de nouveau, le pays des contrastes et des mirages.

J'ai dit mirages et contrastes: En effet, M. E. Guimet a vu certaines choses tout autrement que je ne les avais vues moi-même; ne serait-ce que des brouillards et de la pluie, presque tous les matins, comme si des maisons, sans toiture aucune, pouvaient supporter longtemps l'atmosphère des bords de la Tamise à laquelle il compare celle du haut Nil.

M. Guimet avait, nous dit-il, beaucoup souffert des fatigues de la traversée. Son livre s'en est ressenti et je le regrette. Si notre auteur n'avait pas continué d'é

prouver, sur la chaude et sèche terre d'Egypte, les petites indispositions de la mer, il eût semé son récit d'un peu moins de jeux de mots qui jettent, même dans ce pays de la couleur, trop de couleur sur sa narration. parfois si gaie, si attrayante et si vraie, quand il veut bien permettre au soleil de lui montrer ses rayons.

J'ai achevé la critique; je passe sans transition à la louange :

Le livre de M. Emile Guimet est écrit au courant de la plume, sans autre prétention que celle de peindre, en véritable artiste qu'il est, ce qu'il voit et ce qu'il sait.

Et d'abord, sa première visite est pour le canal de Suez. Pour l'y conduire, le railway ne marche pas assez vite.....

Les paysages du bord du Nil l'ont charmé. Parfois, dit-il, on voit dans la campagne un caroubier séculaire tout couvert d'énormes fleurs blanches. Le train s'approche et les fleurs s'envolent: ce sont des ibis qui se promènent d'un vol pesant comme des corbeaux couleur de neige. (Page 31.)

J'ai reconnu mon arbre aux fleurs animées.

Bientôt après, il arrive à Tel-el-Kebir, cette riche exploitation agricole créée par la Compagnie, que le Vice-Roi a rachetée cinq fois ce qu'elle avait coûté trois ans auparavant. L'eau du Nil en avait déjà fait un vrai paradis terrestre.

Le lendemain, il était à Ismaïlia, ville créée pour le canal de Suez et par lui. Jardins, palais, églises, mosquées, entrepôts, chantiers, une volonté et une idée généreuse et grandiose ont fait tout cela ! (Page 35.)

Puis, il se rend à Port-Saïd : « Nous naviguons, dit«il, sur le canal salé qui réunit les deux mers. Ce n'est

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