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>> des habitations se trouve dans un clair-obscur à la » fois sombre et transparent qui permet de deviner les » objets sans qu'on soit certain de les voir. »

Revenu à Alexandrie, M. Guimet retrouve la pluie. Sur les bords de la mer, en effet, il pleut assez souvent. Trempé et volé, il s'embarque, en grelottant, à bord du Péluse.

Voici comment il dépeint son arrivée à la Joliette (293) : « Après huit jours de tempête et de mal de mer, << je touche à Marseille par un soleil superbe et une <«< chaleur telle que je me demande si, à mon retour << d'Egypte, je pourrai m'habituer au climat brülant de << la France. »>

Il est vrai qu'il avait passé ces huit jours installé dans la cabine de Léon Bertrand, le joyeux compagnon.

Pourquoi M. Léon Bertrand ne s'est-il pas trouvé avec M. Guimet sur le Maris, de Marseille à Alexandrie ? Pourquoi ne l'a-t-il pas accompagné au Caire et sur le Nil? Les Croquis Egyptiens n'y eussent rien perdu.

LE

PRIEURÉ DE JOIGNY

ET JEANNE D'ARC,

Par M. J. LAPAUME.

Séance du 29 mars 1867.

A l'heure présente, Joigny est un des quatre chefslieux d'arrondissement de l'Yonne; mais, à une époque où la France ne connaissait encore ni arrondissements ni départements, il fut un comté, et même il avait été plus anciennement un château fort. Il convient, pour cela, d'admettre dans son existence trois moments et comme trois phases successives, dont l'une corresponde à Joigny château fort, l'autre à Joigny comté et la dernière à Joigny commune ou ville.

En 996, le comte de Sens, Bernard-le-Vieux, avait eu maille à partir avec l'archevêque Sevin. Dès lors, en vieux renard qu'il était et s'appelait, il crut prudent de sauvegarder ses frontières par deux forteresses; et comme pour faire pièce au prélat, il affecta de les élever l'une et l'autre sur un sol bénit, sur une terre usurpée. C'était, vous l'avouerez, sortir de son caractère; et cette fois au moins, le renard tournait au loup.

A trois lieues de Montargis, dans un pays jadis tout

de landes, de savants et infatigables défricheurs d'intelligences et de guérêts, les Bénédictins possédaient l'abbaye de Ferrières; c'est donc là, sur la propriété des disciples de saint Benoît, que fut bâti le premier de nos donjons, celui qui du nom même de l'usurpateur, s'appelle encore aujourd'hui «Château-Renard ».

Le second n'est pas plus exempt de la même tache originelle, lui qui lève fièrement sa tête sur une butte autrefois appartenante à Notre-Dame-du-Charnier, monastère du faubourg oriental de Sens; seulement prenant, au lieu du nom du ravisseur, celui de la rivière. qui coule à ses pieds, et joint ensuite ses eaux à celles de la Seine, il s'appela, d'assez bonne heure, château de Joigny sur Yonne.

Il n'est pas étonnant que, dressée, comme on le croit généralement, vers la fin du IVe ou au commencement du Ve siècle, la carte de Peutinger ne mentionne ni Joigny ni Yonne, ni le castel ni le cours d'eau, deux choses encore sans nom, ou plutôt dont la seconde seule existât déjà. A plus forte raison, Yonne et Joigny ne sauraient-ils figurer, dès le IIe siècle, sur l'Itinéraire faussement attribué à Antonin, qui n'en est pas plus l'auteur que Marc-Aurèle ni Caracalla (1). Rédigé

() Vainement M. L. Rénier, par la plume de M. Chabouillet, allègue-t-il, dans le Moniteur universel, en son No du 26 avril 1867, que l'Itinéraire d'Antonin n'est pas étranger au règne d'AntoninCaracalla. Au fait, de même que si nous disons César, nous désignons par là le premier de tous, autrement Jules César, ainsi par l'expression, Itinéraire d'Antonin, nous avons en vue, généralement et de bonne foi, le plus digne du nom, l'époux de Faustine, en un mot, Antonin le Pieux. Or, l'Itinéraire abusivement dit d'Antonin,

primitivement en grec, cet itinéraire désignait par le mot « pandryton » (1) les bois tout de chênes qui couvraient jadis l'intervalle de Sens à Auxerre, seize lieues, ni plus ni moins, seize mortelles lieues de forêts continues.

Château-fort en 996, Joigny avait en 1070 le titre de comté (*).

En 1300, pas plus tôt, Joigny fut constitué en ville ou communauté, comme on disait d'abord. C'est alors, mais seulement alors, que les habitants furent déchargés par Jean, comte de Joigny, et Agnès de Brienne, sa femme, comtesse de Joigny, de toutes sortes de corvées, dons, demandes, extorsions et subventions dont ils. étaient tenus.

Enfin, en 1789, Joigny devint, lui quatrième, un arrondissement de ce département dont le nom est emprunté à la rivière qui le traverse et qui unit ses eaux à celles de la Seine, près d'un petit monastère (3) judi

n'est l'œuvre personnelle d'aucun des princes ainsi appelés, encore qu'il ait été infailliblement dressé du vivant de l'un ou de l'autre d'entre eux. Notre carte des Gaules, par exemple, bien qu'elle ait vu le jour sous Napoléon III, n'en reste pas moins à toujours la production collective et l'inaliénable propriété de la commission nommée ad hoc sous les auspices et par les soins du souverain. Non, non jamais, nulle part, Itinéraire d'Antonin n'a équivalu ni n'équivaudra à Carte de Caracalla pas plus qu'à Topographie d'Héliogabale, sous couleur que le nom officiel de ces deux portenta est Antonin.

() I, tout, et opus, chène.

(2) Joigny, Juiniacum, nebst dem Titul einer Grafschafft in Champagne am Fluss Yonne gelegen, in Franckreich. » Hübners Lexicon, vo Joigny.

(*) Monasteriolum, Monastereau, Monstereau, Montreau.

T. III.

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cieusement appelé depuis Montereau-faut-Yonne (1),

Ville où l'Yonne manque et s'élargit la Seine.

Voilà, au point de vue purement civil, deux mots, rien que deux mots sur Joigny, considéré depuis sa naissance, en 996, jusqu'à sa plus nouvelle ou dernière transformation, en 1789.

En second lieu, et sous le rapport religieux, en 1070, quand Joigny avait le titre de comté, l'ordre de Cluny fut réformé, et nombre de cénobites dirent adieu à leur célèbre abbaye. Alors un pauvre moine appelé Gérard s'en vint en un pays jusque-là sans nom, auquel il donna, dès ce moment, celui de la Charité-sur-Loire. Il y bâtit un monastère, et c'est de ce monastère que le comte de Joigny, Geoffroy de douce mémoire, attira près de lui des religieux; il leur fit construire un couvent sous l'invocation de Notre-Dame, dans un lieu où s'élevait déjà une chapelle dédiée à saint Georges. Or, ce couvent, ce prieuré de Joigny, ou du moins ce qu'il en reste, est aujourd'hui l'église paroissiale de Saint-André, plus ancienne pour cela que les deux autres églises également paroissiales de Saint-Thibault et de Saint-Jean. Son droit d'aînesse est encore attesté d'ailleurs par sa teinte de vétusté, par ses vitraux et ses bas-reliefs, ses dalles tumulaires et ses inscriptions murales comparés aux blanches parois, au grand jour et à l'entière nudité de

ses sœurs.

Mais, afin de montrer d'une manière authentique avec quelle munificence le prieuré Notre-Dame fut doté

(') Faut, dans le sens de fait défaut, manque; en italien, falta.

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