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puisse former avec des éléments aussi dis(( tingués.

«En France (sous l'ancien régime) la conver<«<sation menait à tout; en Angleterre ce talent « est apprécié, mais il n'est utile en rien à l'am<< bition de ceux qui le possèdent : la consé«quence est qu'on néglige ce qui ne sert pas << dans ce genre comme dans tous les autres. Le «< caractère national des Anglais étant d'ailleurs « très-enclin à la réserve et à la timidité, il faut « un mobile puissant pour en triompher, et ce << mobile ne se trouve que dans l'importance des « discussions publiques. >>

Pendant son séjour en Angleterre, un des premiers soins de Mme de Staël fut de faire réimprimer son ouvrage sur l'Allemagne, supprimé par la police impériale. Ce livre, l'un de ses meilleurs titres de gloire, lui avait valu une persécution dont elle avait à cœur de montrer l'injustice. Mais bientôt une grande douleur vint l'atteindre sur cette terre où elle était accueillie par

une sympathie générale. Mme de Staël reçut à Londres la nouvelle de la mort de son second fils Albert, celui qui avait pris du service dans l'armée suédoise. Le genre de mort auquel il succombait ajoutait une cruelle amertume au deuil maternel : il avait été tué en duel en Allemagne.

Rome et Londres sont depuis longtemps en possession du noble privilége d'offrir un asile inviolable aux proscrits; pendant son séjour en Angleterre, Mme de Staël eut l'occasion de rencontrer un Prince français que les événements de notre première révolution contraignaient de vivre à l'étranger, et elle se lia particulièrement. avec M. le duc d'Orléans (depuis Louis-Philippe) et avec la princesse sa femme. Enfin, lorsque Louis XVIII, quittant Hartwell, vint à Londres passer quelques jours avant de s'embarquer pour la France, où les décrets de la Providence lui faisaient retrouver un trône, la fille de M. Necker vit ce monarque; dans la conver

sation qu'elle eut avec lui, elle conçut les plus heureuses espérances de sa sagesse et de la modération de son esprit.

« Nous aurons en ce prince, » écrivait-elle alors à un ami, « un Roi très- favorable à la littérature. >>

VIII

me

Mine de Staël rentra en France aussitôt que la Restauration lui en eut ouvert les portes. Après une absence si longue et dont elle avait tant souffert, il semble que la joie de revoir son pays et la satisfaction d'être délivrée de son persécuteur dût être le seul sentiment qu'éprouvât en ce moment l'illustre exilée; il n'en fut point ainsi.

Elle-même a raconté dans les Considérations sur les principaux événements de la Révolution française la patriotique douleur qui la saisit à

l'aspect des soldats étrangers qui couvraient le sol de la France:

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Après dix ans d'exil j'abordai à Calais, et je comptais sur un grand plaisir en revoyant ce << beau pays de France que j'avais tant regretté : «mes sensations furent tout autres que celles que << j'attendais. Les premiers hommes que j'aper<< çus sur la rive portaient l'uniforme prussien ; «< ils étaient les maîtres de la ville; ils en avaient «< acquis le droit par la conquête; mais il me << semblait assister à l'établissement du règne « féodal, tel que les anciens historiens le décri<< vent, lorsque les habitants du pays n'étaient là « que pour cultiver la terre dont les guerriers de « la Germanie devaient recueillir les fruits.

« Je continuai ma route, le cœur toujours «<souffrant par la même pensée; en appro«< chant de Paris, les Allemands, les Russes, les

"

Cosaques, les Baskirs s'offrirent à mes yeux

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