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vant la traduction du poème sanscrit le Baghavadgita', et en composant, dans les derniers jours de l'année 1826, un Mémoire historique sur la célèbre maxime de l'édit de Pistes de 864: Lex fit consensu populi et constitutione regis.

Il avait à peine mis la dernière main à cet ouvrage, lorsqu'il fut atteint subitement, le 11 janvier 1827, par des accidens plus graves de son anévrisme, et par une inflammation cérébrale. La violence de sa double maladie augmenta rapidement, et sans lui laisser aucun relâche. Le 13 janvier, à 11 heures du soir, il rendit le dernier soupir, à l'âge de près de soixante-quatorze ans.

Ainsi finit ce grand citoyen, ce patriote si dévoué, si pur, si désintéressé, si constant ; ce savant si laborieux et si modeste; ce chrétien si austère pour lui-même, si plein de douceur et de charité pour les autres; ce père de famille si bon et si vé

néré.

VICTOR LANJUINAIS.

1 C'est un épisode du grand poème épique des Indoux, intitulé ! Mahabharata.

I.

6*

NOTICE HISTORIQUE

SUR LA VIE ET LES OUVRAGES

DE J.-D. LANJUINAIS,

PAR M. DACIER,

SECRÉTAIRE PERPÉTUEL DE L'ACADÉMIE DES INSCRIPTIONS ET BELLES-LETTRES, MEMBRE DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE;

LUE A LA SÉANCE PUBLIQUE DU 25 JUILLET 1828.

De trop graves événemens se sont succédés en France durant le quart de siècle immédiatement antérieur à la restauration; de trop violentes perturbations ont caractérisé ce même période, et ont trop profondément atteint tous les élémens de notre système social, pour que notre histoire littéraire se trouve dégagée de tant d'influences diverses, et absolument étrangère aux hommes qui figurèrent bien ou mal sur le grand théâtre de ces nombreux événemens. La paix des lettres fut troublée à-la-fois par le fracas des armes, le mouvement et les clameurs des factions: elles entraînèrent tout

dans le tourbillon de leur activité désordonnée, et l'homme studieux, enlevé au silence de son cabinet, se trouva inopinément transporté au forum, au sénat, ou sous la tente. Mais le tems vint bientôt, par l'effet d'une heureuse réaction, où l'Institut présenta une imposante réunion d'hommes distingués dans les carrières civile, politique ou militaire, et les membres de ce corps, voués ainsi à l'honneur des lettres et aux intérêts de l'État, semblaient suffire à toutes les obligations qu'imposaient l'Académie, les camps et la cité, et cumuler, pour ainsi dire, tous les genres de devoirs avec tous les genres de gloire.

Ainsi, l'histoire littéraire de notre époque, surtout celle des membres de l'Institut, pourrait facilement devenir l'histoire générale de la révolution française: car un grand nombre d'entre nous en ont pu voir le commencement, et les plus anciens aiment à espérer qu'ils en verront la fin. Mais des convenances impérieuses semblent prescrire à l'historien de séparer les hommes, des événemens qui ont affligé la France, et de distinguer l'académicien de l'homme public. On ne doit demander compte au premier que des engagemens qu'il avait publiquement contractés envers les lettres; et dire qu'il les a remplis avec constance et avec succès, doit suffire à la mémoire du membre

que

.

de l'Académie. Le surplus de sa vie appartient à d'autres temps, à d'autres juges, et j'oserai même dire à une autre histoire. Ses travaux en littérature sont des faits dont le mérite peut être sûrement apprécié, et c'est sur ces faits l'histoire littéraire fonde ses récits : l'histoire civile prétendrait-elle aujourd'hui aux mêmes avantages, à l'égard des tems dont nous parlons? Ce serait vainement. Depuis trente ans, les contemporains se sont trop rencontrés sur le terrain de nos dissensions intérieures; quelquefois, dans des camps ou différens ou opposés, et sous des bannières diverses, vainqueurs ou vaincus, et parfois, l'un et l'autre tour à tour, qui d'entre eux osera se croire équitable envers tous, autant même qu'il a l'intention de l'être (et ce ne sera peut-être jamais trop), et croire que les jugemens qu'il osera porter seront l'effet des plus rares inspirations, celles de la justice et de la vérité? Fille du tems, elles devancent rarement sa marche, et la perspicacité de l'historien ne saurait ni la hâter, ni la suppléer. Si donc il veut fermement être impartial, sa conscience l'éloignera d'un sujet où, malgré tous ses efforts, il court le risque de ne point paraître tel; et si quelque passion mal déguisée ne donne pas le change à sa bonne foi, il n'ajoutera pas bénévolement des périls à des devoirs qui ne lui sont point imposés : il se taira

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