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Fevrier 1618.

luy disant Pourquoy me poussez-vous? Et à l'instant, luy bailla quelques coups de baston, et dit, ainsi que quelques-uns tiennent, à la Marquise d'Al luye: Madame, c'est pour vous que le jeu se fait, l'objet émeut la puissance. Et aussitost, il se retira et fut premièrement à l'hostel de Nevers. La hayne estoit venue de ce que la marquise d'Alluye désirant de retirer des lettres qu'elle avoit écrites au marquis de Roüillac, et ne les pouvant r'avoir, elle en pria M. de Ruscellay, qui donna de l'argent à un Espagnol, lequel, sous prétexte de montrer la langue, dérobba la cassette où estoyent lesdites lettres, et quelques bagues. M. de Ruscellay se trouva fort assisté à la Cour, de tous les seigneurs de qualité. M. le prince de Joinville, qui se tenoit offencé de ce que cela s'estoit fait en sa présence, vint le lendemain matin, amener M. de Ruscellay au Roy, aux Feuillans, pour le remercier de ce qu'il avoit promis, le soir précédent, de faire faire justice sévère de cette action. -Sa Majesté commanda au Grand Prévost d'aller le lundy 12, recevoir la pleinte de M. de Ruscellay chez luy-mesme. M. le Cardinal de Guise assista aussi M. de Ruscellay. M. de Guise demeura neutre. Deux ou trois jours après, à l'instance de M. le Prince de Joinville, l'affaire fut renvoyée au Parlement. M. d'Epernon qui estoit aux Feuillans lorsque M. de Ruscellay y arriva, dit qu'il estoit bien impudent d'ap

de Nogaret, marquis de la Valette, puis duc d'Épernon en 1661, et mourut en 1662. (Voy. P. Anselme, t. 11, p. 182, et Tallemant des Réaux, historiette du marquis de Rouillac.)

porter des coups de baston en si bonne compagnie. Le samedy 24 mars, lesdits Sieurs de Ruscellay et de Roüillac furent accordez. L'accord fut, que M. de Roüillac alla trouver M. de Ruscellay, dans l'Eglise des Capucins, et là se mit à deux genoux devant luy, et ayant avoué la faute qu'il avoit faite, le supplia de la luy pardonner, comme il vouloit que Jesus-Christ, en la présence duquel il estoit, luy pardonnast les siennes. Après cela, le Roy fit commander à M. de Roüillac d'estre un mois hors de la cour pour satisfaire à l'offence que Sa Majesté avoit aussi reçcue.

14. M. de Roissy' va à Blois, trouver la Reynemère, de la part du Roy.

Le Collége des Jésuites de Paris, nommé le Collége de Clermont, est ouvert, suivant un arrest du Conseil du..... 2.

20. Mort de M. le Prince d'Orange3, à Bruxelles.

27. M. le Colonel d'Ornano part, pour aller au Pont-Saint-Esprit (où il arriva le 6 mars), et traitter

1 Jean-Jacques de Mesmes, seigneur de Roissi, conseiller au Parlement en 1583, maître des Requêtes en 1594, conseiller d'État en 1600, mort Doyen des Conseils en 1642. Le lieutenant civil Henri de Mesmes était son fils, ainsi que Claude de Mesmes, comte d'Avaux, le célèbre plénipotentiaire à Munster.

2 Voy. Richelieu, p. 500. Pontchartrain dit à tort que cet arrêt fut rendu dans le mois de mars. Le collége des Jésuites avait été fermé en 1597, après l'attentat de Jean Châtel. Voy. Pontchartrain, p. 262. Voy. Merc. fr., p. 6 et suiv., le texte de cet arrêt du 15 février 1618, et tous les documents authentiques, relatifs au rétablissement des lectures publiques au collége des Jésuites.

3 Philippe Guillaume de Nassau, prince d'Orange, beau-frère du prince de Condé, mort en 1618. Voy. sur ce personnage le Merc. fr., p. 47.

Fevrier 1618.

Fevrier 1618.

Mars.

l'affaire d'Orange. Il trouva que le Gouverneur, qui est Catholique, et que l'on vouloit gagner, avoit tenu ferme pour le service du Prince Maurice' comme successeur de son maistre, tellement que M. le colonel ne put faire autre chose que d'aller à Orange, et de luy offrir et au corps de ville la protection du Roy toutesfois et quantes qu'ils en auroyent besoin.

Samedy 3. M. de Marsillac va vers M. le Prince Maurice, faire office de condoléance sur la mort du Prince d'Orange. M. le Comte de Brissac épouse la fille de M. de Schomberg 2, à laquelle fut donné en mariage la valeur de...........

Ledit sieur Comte de Brissac a vaillant cent mil livres de rente, cent mil écus de meubles; la Lieutenance de Bretagne, valant quatre cens mil livres, et Blavet, valant pareille somme.

4. M. de Montbason ayant entrepris entièrement l'affaire de M. de Saveuse, demeure d'accord

1 Maurice de Nassau, gouverneur et capitaine général des ProvincesUnies, prince d'Orange à la mort de son frère, en 1618. Voy. Merc. fr., p. 48.

2 François de Cossé, comte, puis duc de Brissac, fils du maréchal de Brissac, pair, grand panetier de France, lieutenant général au gouvernement de Bretagne, gouverneur du Port-Louis, de Hennebon et Quimperlé, mort en 1651. Son mariage avec Jeanne de Schomberg fut annulé. Ils se remarièrent, lui avec Guyonne Ruellan, fille de Gilles Ruellan, seigneur de Roger-Portail, elle avec Roger du Plessis de Liancourt, duc de la Roche Guyon, duc de Liancourt et marquis de Guercheville. Jeanne de Schomberg mourut en 1674. On trouve des détails curieux sur le mariage du comte de Brissac avec Jeanne de Schomberg dans l'historiette que Tallemant des Réaux a consacrée à Mme de Liancourt.

avec les parens de Me de Vienne, que l'on la leur remettroit entre les mains; ce qui fut fait ledit jour, mais avec un exempt, et deux damoiselles, dont lesdits parens se pleignoyent.

6. Querelle du Marquis de Marigny' avec M. le chevalier de Vendosme 2, dans Ormesson, où le Roy estoit allé. Accommodé le soir mesme. M. de SaintChamond assista le Marquis de Marigny.

3

7. La grande salle du palais brûlée. Le feu s'y mit environ à quatre heures du matin, et ne dura que deux heures. Il ne resta chose quelconque de ladite grande salle, qui ne fust brûlé, hormis les murailles, les piliers, et partie des statües des Roys. La Table de marbre mesme fut réduite en cendres. La première chambre des Enquestes fut brûlée, et le Parquet des huissiers. Nul greffe ne fut brûlé. Si le vent ne se fust tourné du costé de la Conciergerie, tout estoit perdu, car le feu eust embrasé toutes les maisons proches du Palais. Duarsy, Prévost de l'Isle et Concierge du Palais, logé aux Consultations, estant

Mars 1618.

1 Alexandre de Rohan, marquis de Marigny, frère du prince de Guemené et du duc de Montbazon, capitaine de cent hommes d'armes, chevalier des ordres en 1619.

2 Alexandre, dit le chevalier de Vendôme, fils d'Henri IV et de Gabrielle d'Estrées, né en 1598, légitimé en 1599, chevalier de Malte en 1604, abbé de Marmoutier en 1610, grand prieur de France et général des galères, ambassadeur extraordinaire à Rome en 1615, arrêté à Blois en 1626; mort prisonnier au château de Vincennes en 1629. (Voy. P. Anselme, t. 1, p. 149.)

3 Melchior Mitte, comte de Miolans, marquis de Saint-Chamond, ministre d'État, lieutenant général des armées du Roi et au gouvernement de Provence, ambassadeur à Rome, mort en 1649.

Mars 1618.

empesché à sauver sa famille avec des Échelles, visà-vis de Saint-Barthelemy, n'ouvrit point les portes du Palais; et ainsi, il les falut enfoncer; ce qui amusa beaucoup. Le Lieutenant Civil fit grand devoir. Il fit tirer et jeter de l'eau par les rües, qui venoit par les ruisseaux, conduits avec des arrests de fumier, jusques dans la cour du palais, où on la puisoit à pleins muids. On envoya aussitost querir le Chevalier du Guet, avec Deffontis, et leurs archers'.

MM. du Parlement, assemblez dans la chambre Saint-Louis, résolurent dès l'après-disnée mesme, de ne point désemparer.

M. de Hauterive2 de retour de Bruxelles, où il avoit esté faire condoléance de la part du Roy, à Madame la princesse d'Orange3.

8. Mort de Mme de Nevers, d'une fièvre continüe, avec une constance et une piété extrêmes. Elle voulut estre ensevelie en habit de Carmélite, qu'elle avoit voué d'estre, si elle fust demeurée veufve. M. de Nevers et M. du Mayne en eurent une extrême affliction. Le Roy prit le deüil, et toute la Cour, et mesme la Reyne et les Dames. Plusieurs ne le conseilloyent

1 Voy. Fontenay-Mareuil, p. 414. Le Merc. fr., p. 18 et suiv., donne les plus grands détails sur cet incendie.

2 François de l'Aubespine, marquis d'Hauterive et de Châteauneuf, né vers 1594, gouverneur de Breda en 1639, mort en 1670. Il était frère du garde des sceaux de Châteauneuf. Voy. son historiette, Tallemant des Réaux, t. 1, p. 492, et le commentaire de M. Paulin Paris. 3 Éléonore de Bourbon, sœur du prince de Condé, née en 1587, mariée en 1606 à Philippe Guillaume de Nassau, prince d'Orange, morte en 1619.

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