Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

pas, disant, que ce n'estoit la coustume; mais le Roy fit connoistre qu'il le désiroit. M. de Nevers s'en alla à Saint-Clou, chez Mlle du Tillet', où le Roy fut le voir le mécredy 14. Et le mardy 13, il avoit esté voir M. du Mayne en sa maison, à Paris.

M. de Candale enlève sa femme à deux heures après minuit. Il la meine à Dampierre, et de là, luy fait prendre le chemin de Castelnau de Barbarin, accompagnée de quatre soldats, et l'ayant menée jusqu'à......., il s'en revint à Paris.

Lorsque le procès se poursuivoit, les parties demeurèrent d'accord de M. le Président Séguier et de M. de Bérule 2 pour arbitres. Depuis, ils convinrent que le congrès se feroit en une chambre particulière, chez Mme la marquise de Maignelay; ce qui se devant exécuter, Mme Candale ne voulut qu'il y eut présens aucuns médecins et chirurgiens, et après

Mars 1618.

1 Charlotte du Tillet, née en 1551, morte en 1635 ou 1636. Par ses relations avec les principaux personnages de son temps, par ses intrigues et par son esprit, Mlle du Tillet a joui d'une certaine célébrité. Voy. son historiette, Tallemant des Réaux, t. I, p. 187, et surtout le Commentaire de M. Paulin Paris.

2 Pierre de Berulle, né en 1575, aumônier du Roi Henri IV, supérieur général des Carmélites, fondateur de la congrégation de l'Oratoire en 1611, chef du Conseil de la Reine-mère Marie de Médicis, négociateur de la paix de la Valteline, confesseur de la Reine Henriette, cardinal en 1627, mort en 1629. Le cardinal de Berulle était par sa mère, Louise Séguier, parent du président de ce nom. Voy. Moreri, t. II, p. 420, la vie de ce célèbre prélat.

3 Claude Marguerite de Gondy, fille du maréchal duc de Retz, veuve depuis 1592 de Florimond de Hallwin, marquis de Maignelais, gouverneur de la Fère, et mère de Mme de Candale. La marquise de Maigne lais mourut en 1650.

Mars 1618.

avoir esté couchée deux heures avec M. de Candale, elle dit qu'elle estoit contente.

Le soir, il n'y vint point coucher, ni le lendemain aussi, et le mécredy, l'ayant emmenée chez luy, il luy osta tous ses gens, et l'enleva comme dessus.

Mme de Candale estant à Chasteauroux, se fait arrester par les officiers de la Justice, et dépesche à Mme la Marquise de Maignelay. Sur cela, tous ses parens, et d'un autre costé, M. de Candale et tous ses amis, poursuivent instamment chacun pour la recevoir. Sur quoy, le Roy, craignant que cela n'apportast de grandes broüilleries, et que l'on n'en vint de part et d'autre à faire de grandes assemblées de Noblesse, ainsi que l'on eust fait, sans doute, Sa Majesté prend Mme de Candale en sa protection, et luy envoye un Exempt, et quatre Archers de ses Gardes Écossois, afin de demeurer à Chasteauroux avec elle. Tout cela est avenu environ depuis le 15 jusques au 25 mars.

M. de Courtenay-Blaineau ', qui se prétend Prince du Sang, ayant quelques jours auparavant esté mis au grand Chastelet, pour dettes, et ayant satisfait, M. le Lieutenant Civil l'en vint tirer par commandement du Roy, et le mit entre les mains de M. le Chevalier du guet, qui le mena à la Bastille.

1 Edme de Courtenay, seigneur de Bleneau, mort en 1640. La maison de Courtenay réclamait pour ses membres la qualité de princes du sang, comme issue de Pierre, seigneur de Courtenay, septième fils de Louis le Gros.

Je n'en say autre chose, sinon, qu'il remuoit, et vouloit faire quelques levées pour M. le Prince, et M. le Lieutenant Civil luy dit, que le Roy luy avoit donné charge de luy dire que, s'il le vouloit traitter à la rigueur, il y auroit assez pour luy faire trancher la teste. A quoy il répondit, à ce que j'ay ouy dire à M. le Lieutenant Civil, fort judicieusement, et fort respectueusement.

Environ 12. M. de la Trémoille arrive à la Cour.

14. M. de Sully va, à dix heures et demie, à l'audience de la chambre de l'Édit, et prend place. Trois fautes en cela, la première d'arriver la Cour estant assise, et si tard; ce qui ne se fait jamais ; la seconde. en ce que les Pairs ne vont jamais qu'à la Grand Chambre; la troisième, en ce que la Chambre de l'Édit n'est que par Commission, et que, partant, on ne peut y entrer sans estre nommé.

Boisguérin, fils du Gouverneur de Loudun, mis à la Bastille, sur un avis donné par son père, et envoyé par un autre de ses fils, qu'il vouloit faire un coup de Ravaillac, et qu'il viendroit luy-mesme après, en déclarer les particularitez qu'il prouveroit par quinze témoins. Le Chevalier avoit esté prendre à Angeville ledit Boisguérin, qui venoit par le coche d'Orléans. Lorsqu'il estoit passé à Orléans, un de ses frères qui venoit avec luy, avoit présenté requeste pour le faire arrester prisonnier, et se constituer prisonnier avec luy; ce que le juge n'ordonna pas; qui fut une grande faute,

Mars 1618.

Mars 1618.

18. M. Barbin tiré de la Bastille. (Vide mémoire particulier de toute cette affaire'.)

21. M. de Bournonville 2 tiré de la Bastille, et mis par le Roy en la Garde de M. le Maréchal de Vitry; et M. de Launay, Exempt des Gardes, oncle de M. le Maréchal de Vitry, mis dans la Bastille avec cinquante Suisses.

23. M. de Montmorency arrive à la Cour 3.

29. M. de Canteloube apporte au Roy des lettres de la Reyne-mère, portant créance en luy, sur le sujet de l'affaire de M. Barbin. Il dit à Sa Majesté que la Reyne le supplioit d'envoyer M. Barbin au Parlement, pour luy faire son procès, et que s'il trouvoit qu'elle fust meslée dans aucune cabale ou entreprise contre son service, elle vouloit que l'on luy fist aussi le sien. La Reyne mandoit cela pour obliger le Parlement. M. de Canteloube fut renvoyé le samedy. Il disoit partout ce qu'il avoit dit au Roy, et disoit aussi, que l'on ne le laisseroit guère à Paris".

1 Voy. Richelieu, p. 499.

2 M. de Bournonville, frère de M. de Persan, avait été chargé du commandement de la Bastille.

3 Voy. Pontchartrain, p. 261.

« Au mois de mars de l'année suivante, 1618, on découvrit une en>>treprise que M. Barbin, prisonnier à la Bastille, avoit faite pour sortir » la Reine-mère de Blois, où elle étoit comme prisonnière. Cette affaire >> étant très-importante à cause des personnes de qualité qui s'y trou >> voient mêlées, on choisit trois conseillers d'Etat pour en instruire le » procès. Ce furent M. le président de Bailleul, M. l'Avocat et moi; » et parce qu'on ne voulut pas se confier à un greffier, et qu'ainsi il » falloit que ce fût l'un des commissaires mêmes qui tînt la plume,

30. M. de Bassompierre va à la Bastille recevoir les clefs de M. de Launay, qui y commandoit, et les remettre entre les mains du Capitaine des Suisses qui y entroit'. (Vide mémoire de l'affaire de Barbin, ut suprà.)

M. de Brantes entra dans la Bastille, avec sa Compagnie.

Mécredy 4. M. Barbin remené à la Bastille. MM. de Bournonville et de la Ferté, et l'Evesque, Larose, et le sergent Lisy 2, y sont aussi menez.

5. Nouvelle arrive de la promotion de M. l'Evesque de Paris au Cardinalat. Il se fait appeler Cardinal de Rets. M. d'Épernon estant allé voir M. le

Mars 161

Avril.

>> ce fut à moi à la prendre comme étant le plus jeune. A mesure que >> nous avancions dans cette affaire, nous en faisions le rapport au >> ministre chez M. le Chancelier, où M. de Luynes se trouvoit, puis » on la rapporta devant le Roi. Elle fut ensuite envoyée au Grand >> Conseil pour la juger, comme il fit, et cette compagnie témoigna » n'avoir point vu de procès mieux instruit.» (Mémoires d'Arnauld d'Andilly, p. 375) Cette mission d'Arnauld d'Andilly lui permit de rédiger le mémoire particulier sur l'affaire de Barbin, auquel il renvoie plusieurs fois dans ce Journal, et c'est pourquoi il se dispense de donner ici des détails sur ladite affaire. Ce mémoire n'a, je crois, jamais été publié, du moins sous le nom de son auteur. On le trouverait peutêtre parmi les papiers d'Arnauld d'Andilly qui ont été conservés. Ainsi qu'il le dit dans ses Mémoires, p. 376, d'Andilly qui tenait la plume, interrogeait le plus souvent Barbin pendant l'instruction de son procès. Des réponses de cet homme d'État Arnauld d'Andilly tire les renseignements qu'il consigne dans divers endroits de son Journal, en les faisant précéder de ces mots : J'ay ouÿ dire à M. Barbin, le 23 mars 1618, alors que j'estois un de ses trois commissaires, etc.

1 Voy. Bassompierre, p. 152.

2 Sergent de la Bastille, accusé d'avoir fait passer à la Reine-mère les lettres de Barbin.

« VorigeDoorgaan »