Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Avril 1618.

Nonce pour l'absolution de M. de Candale, et pour faire avoir le chapeau à M. de Thoulouse, M. le Nonce, qui avoit receu le courrier trois heures auparavant, luy dit, que pour le premier, il l'y serviroit, mais que quant au second, c'estoit chose résolüe; pour ce qu'il avoit receu nouvelle que M. de Paris estoit promeu au Cardinalat. Sur cela, M. d'Épernon se leva, et s'en alla, sans luy dire parole quelconque'.

7. Le Roy fait commander dans le Conseil, et en sa présence, par M. le Garde des Sceaux (M. le Chancelier estoit malade), au Résident du Duc de Florence, qu'il eust à sortir de Paris, dans vingt-quatre heures, et du Royaume, dans dix-huit jours, sans tenir autre chemin que l'ordinaire, et sans envoyer aucun Courrier en lieu quelconque ; et qu'en attendant qu'il fust hors de France, il y vescust comme particulier. C'estoit parce qu'il avoit donné avis et conseillé à Son Maistre d'entreprendre, ainsi qu'il a fait, de faire arrester à Livourne, par forme de représailles, des vaisseaux françois chargez de marchandises, valant plus de trois cent mil livres, sous prétexte de ce que les officiers de Sa Majesté ont fait saisir en Provence un petit vaisseau chargé de la valeur de quatorze ou quinze mil livres de marchandises sujettes à confiscation; dont, sur la première Réquisition du Propriétaire, le Parlement donna main-levée par provision, et depuis, sur le Comman

1 Voy. Fontenay-Mareuil, p. 414; Rohan, p. 153; Merc. fr., p. 269,

dement qu'il reçeut du Roy, en donna pleine et entière main-levée.

Le soir, M. le chevalier du Guet alla trouver ledit Résident, pour luy dire, qu'il regardast en quelle sorte il s'en voudroit aller, parce que le Roy luy avoit commandé de luy faire bailler des chevaux. Il répondit, que puisqu'il n'estoit plus que comme particulier, il s'en iroit seulement avec trois chevaux de poste, sur lesquels il monteroit le lundy à dix heures du matin. Le Chevalier du Guet luy dit aussi, que le Roy craignant que l'on ne luy fist quelque déplaisir, sur le point de son partement, ou que l'on ne dérobast quelque chose en sa maison, luy avoit commandé de poser un corps de garde devant sa porte, ainsi qu'il fit. Cela fut fait afin d'empescher que l'on ne communiquast avec luy, et pour remarquer ceux qui le viendroyent chercher.

Nonobstant ce qu'il avoit dit de son départ au Chevalier du Guet, il se dérobba le Dimanche au soir, et s'en alla sur des chevaux de louage.

Le mesme jour, le Roy signa une grande instruction, qu'il envoya à M. de Roissy, pour en faire entendre le contenu à la Reyne-mère, sur le sujet de son retour, et de tout ce qui s'estoit passé en l'affaire de M. Barbin, pour réponce aux lettres apportées par les sieurs de Villers, et de Canteloube.

Ladite instruction portoit aussi de faire sortir d'auprès de ladite Dame, Luca de Gli Asini, confident dudit agent de Florence. Et incontinent après, le Roy commanda à MM. de Luçon, de Richelieu et

Avril 1618.

Avril 1618.

de Pont-Courlay, de se retirer en Avignon, où ils arrivèrent, le... '.

9. Remonstrances de Messieurs du Parlement touchant l'Évocation des Rentes du clergé, et la Paulette, par le Parlement. — Réponse de M. le Garde

des Sceaux. L'un et l'autre refusé.

12. Prestre de Caen pris dans le Louvre, qui vouloit tuer le Roy.

13. M. de Vaillac ayant tiré des mains des Sergens un soldat nommé La Vallée, contre lequel, à son occasion, M. du Vair, fils de M. de Raynac, avoit obtenu prise de corps, ledit Sr du Vair et son frère y viennent, se battent; du Vair tué, et Dourt..... Gentilhomme qui se trouva avec M. de Vaillac, lequel, à ce qu'on dit, se sauva au bois de Vincennes, où a Compagnie, et y fut quelques jours caché.

17. M. de Sully s'en va de la cour. Il avoit voulu marier Mule de Sully à M. de la Trémoille.

M. le Président Jeannin s'en va.

20. Le Roy estant au Cabinet du Conseil, M. de Montmorency, assisté de M. d'Epernon, de M. de

1 Voy. Richelieu, p. 493: « Je ne fus pas surpris à la réception de » cette dépêche. ayant toujours attendu de la lâcheté de ceux qui >> gouvernoient, toute sorte d'injuste, barbare et déraisonnable traite>>ment. » Il faut lire dans les Mémoires du grand Cardinal, éd. citée, p. 490 et suiv., le long et curieux plaidoyer qu'il fait en sa faveur pour prouver la pureté de sa conduite à cette époque et l'injustice de sa disgrâce.

2 Louis Ricard de Gourdon de Genouillac, comte de Vaillac, représentant de la noblesse à l'Assemblée des Notables de Rouen en 1617, mort après janvier 1642.

Monbason et de plusieurs autres Ducs et Pairs, fit pleinte au Roy de ce que M. le Garde des Sceaux prenoit place dans le Conseil vis-à-vis de M. le Chancelier, de l'autre costé de la Table; il ne restoit plus aucune place honnorable aux Ducs et Pairs, lorsqu'ils estoyent obligez d'aller au Conseil, touchant les affaires de leurs Gouvernemens, ou de leurs Charges. Après, M. d'Epernon prit la parole, dit en substance, d'un ton de voix fort haut, que luy, et les autres Ducs et Pairs, ayant toûjours dignement servy les Roys, et beaucoup d'entr'eux estant plus anciens Conseillers d'Estat que M. le Garde des Sceaux, il leur seroit bien rude de se voir précédez par luy; ce qui n'avoit jamais esté entrepris par tous les autres Gardes des Sceaux; et que de fait, M. le Chancelier estant Garde des Sceaux, n'en avoit jamais usé ainsi avec M. le Chancelier de Bellièvre'; qu'il supplioit le Roy de leur vouloir donner sur cela une résolution prompte. M. le Garde des Sceaux dit après, s'adressant au Roy, qu'il ne demandoit autre rang, que celuy qu'il avoit plû à Sa Majesté de luy donner, remettant entre ses mains, en sa volonté, non-seulement cela, mais sa charge, sa vie, et tout ce qu'il avoit au monde ; et la supplioit très-humblement de

1 Pompone de Bellièvre, seigneur de Grignon, né en 1529, ambassadeur en Suisse sous Charles IX, conseiller au Parlement en 1569, conseiller d'État en 1570, surintendant des finances en 1575, président au Parlement de Paris en 1576, ambassadeur en Angleterre en 1580, plénipotentiaire à Vervins en 1598, chancelier de France en 1599, mort en 1607.

Avril 1618.

Avril 1618,

trouver bon, que sur ce qu'avoit dit M. d'Epernon, il représentast que MM. les Ducs et Pairs n'ayant esté créez qu'en la troisième race, et les Chanceliers et Gardes des Sceaux ayant toûjours esté, il n'y avoit point d'apparence de leur disputer leur rang. M. d'Epernon répondit : Cela est bon pour les Chanceliers, mais non pas pour les Gardes desS ceaux, entre lesquels il y a grande différence, puisque vous n'avez point la séance au Parlement. M. le Garde des Sceaux répliqua', encore que le Parlement y ayt voulu faire difficulté, je ne laisse pas d'y avoir séance, car mes lettres le portent, et aussi le rang que je dois tenir. M. d'Epernon répliqua, vous avez mis dans vos lettres tout ce que vous avez voulu, car vous les avez scellées vous-mesme. M. le Garde des Sceaux repart, ce n'est point moy, mais le Roy qui les a scellées luy-mesme, en présence de tous les Princes. M. d'Epernon répondit, il ne se trouvera point que nuls autres Gardes des Sceaux ayent joüy de ce que vous prétendez.-M. le Garde des Sceaux réplique, vous vous trompez. M. d'Epernon dit, vous vous trompez vous-mesme, sauf le respect du Roy; et j'ay ce bonheur que je n'ay jamais servy que les Roys, et que je ne tiens que d'eux toutes les charges que je possède, lesquelles m'ont esté données pour récompence de mes services, et de ma fidélité.-M. le Garde des Sceaux répondit, je puis dire cela, et quelque chose davantage. M. d'Epernon répliqua, le respect du Roy m'empesche de vous répondre. Sur cela, le Roy se leva, disant quelques paroles qui témoi

« VorigeDoorgaan »