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marque de l'obligation qu'elle luy avoit à jamais, elle luy donnoit ce diamant, comme la chose du monde la plus durable, et afin que ce fust une marque à la Postérité du service, qu'il avoit rendu à une Reyne. Elle donna aussi à M. de Thoulouse un diamant de 10 mil écus, et à M. du Plessis', sergent de bataille, une enseigne de 4 mil écus et 2 mil écus de pension. M. de Thoulouse accompagna, avec le Comte de Brennes et MM. de Breauté, de Marillac, de Carbon.

30. M. de Luçon arrive à Tours, de la part de la Reyne-mère. Il fut très-bien receu; et retourna le lundy à Ste-More, audevant d'elle.

Ce jour, les lettres de Duché et Pairrie de M. de Luynes furent vérifiées au Parlement. Quatre maistres des Requestes entrèrent, MM. de Bailleul, de Marescot....

Les sept Présidents au mortier furent d'avis de la vérification. Il y eut vingt voix contre onze. M. de Crequy ayant formé opposition, au nom de M. le maréchal de Lesdiguières, dont les lettres avoyent esté présentées longtemps auparavant, et estoyent surannées, et n'avoit esté délibéré dessus, à cause que par arrest du Parlement, il avoit esté ordonné, que durant la minorité du Roy, il ne seroit délibéré sur aucunes lettres semblables. M. de Cadenet passe accord avec

1 Le sieur du Plessis, sergent de bataille, était un gentilhomme attaché au duc d'Épernon.

2 Pierre, marquis de Breauté, maréchal de camp, tué au siége d'Arras en 1640?

Aoust 1619.

Aoust 1619.

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M. de Crequy, portant que, encore que M. de Luynes fust receu avant M. le maréchal de Lesdiguières; néanmoins il passeroit après luy; mais que M. de Crequy et ses successeurs luy céderoyent. Moyennant cela, M. de Crequy se désista de l'opposition, et demanda seulement que ses lettres fussent aussi vérifiées. Le Parlement ordonna, qu'en rapportant lettres de Déclaration de la Volonté du Roy et ouy les Conclusions des Gens du Roy, il en seroit délibéré. S'ils eussent eu des lestres de surannation, on croit qu'ils les eussent vérifiées pour M. le maréchal de Lesdiguières. Mais toûjours cet arrest lève celuy qui portoit qu'il ne seroit délibéré sur aucunes lestres de Duché et Pairrie'.

Septembre.

Mardy 3. M. le Grand part fort matin, et se rend à Chastelleraut, au lever de la Reyne-mère, l'allant visiter de la part du Roy. - Après disner, M. le Cardinal Retz et le Père Arnoux vont à SteMore, où elle arriva le soir. Elle fit très-bonne chère à M. le Cardinal de Retz, lequel l'entretint jusques à minuit.

Le soir à XI heures, l'affaire de M. de Schomberg fut résolue, pour la Sur-Intendance des finances. On dit à M. de Schomberg que son affaire estoit

↑ Voy. Mém. de Mathieu Molé, la lettre que le Roi écrivit de sa main au procureur général Molé à cette occasion. L'autographe du Roi se trouve parmi les papiers de Molé, coll. Colbert, t. v, p. 217. (Mém. de Molé, t. 1, p. 222, et note 1, p. 223.)

résolue, et il me dit qu'il désiroit que je fusse auprès Septembre 1619. de luy '.

M. de Luynes va au-devant de la Reyne-mère, près de la Cousière, vers Montbason, pour la visiter de la part du Roy. MM. le maréchal de Praslin, de Bassompierre, de Schomberg, de Créquy, etc., environ trois cens chevaux, accompagnent M. de Luynes.

5. Le Roy disne de bonne heure; part à dix heures, va, accompagné de toute la Cour à Cousières. La Reyne-mère vient au-devant de lui trente pas avant, dans le parc. Ils s'embrassèrent par trois diverses fois. La Reyne-mère pleura, et dit, que son contentement estoit si extrême qu'elle ne pouvoit

1 Arnauld d'Andilly, dans ses Mémoires, p. 391, donne des détails sur l'élévation de M. de Schomberg à la surintendance des finances et sur sa nomination au principal emploi auprès du surintendant. «M. de. >> Luxembourg me vint dire : Je vous apprends une nouvelle, c'est que » M. le comte de Schomberg est surintendant des finances au lieu de >> M. le président Jeannin; mais j'ai sur cela une autre chose à vous » dire, c'est qu'il a une telle estime pour vous, qu'il désire avec pas>>sion que vous vouliez bien accepter le principal emploi aupres de >> lui pour le soulager en cette charge, dans laquelle il veut prendre » une entière confiance en vous, et M. de Luynes vous en prie. » D'Andilly, selon ses Mémoires, p'aurait accepté cette position qu'après avoir fait promettre à M. de Schomberg qu'il exercerait sa charge avec un entier désintéressement. Il est peu probable que d'Andilly ait eu le courage ou plutôt l'audace de poser une telle condition au nouveau surintendant. Du reste, on ne peut parler de soi-même avec plus de suffisance et d'admiration que ne le fait d'Andilly dans tout le cours de ses Mémoires. A l'en croire, il aurait été un des grands ressorts de l'État. Malheureusement pour lui son témoignage n'est confirmé par

aucun autre.

2 Maison du duc de Montbazon, où le Roi et la Reine-mere se réunirent.

Septembre 1619.

parler. Elle témoignoit avoir tout son cœur sur ses lèvres. Le Roy témoigna aussi très-grande joie, et dit, qu'il y avoit longtemps qu'il souhaitoit ce bonheur, et eust les yeux humides.

Après disner, la Reyne vint voir la Reyne-mère, qui la receut trois pas avant dans la Cour, passa devant elle, sans lui offrir la Porte. Après, Mesdames la saluèrent, et puis les Princesses.

Pendant que la Reyne-mère disnoit, le Roy se promenoit dans le Parc, et après, il la revint voir. Ils entrèrent dans un méchant Cabinet, où après, les Princes et les Princesses entrèrent'.

7. M. de Schomberg prend séance dans le Conseil de la Direction, au-dessus de M. le Président Jeannin, et l'après-disnée, au Conseil des Ministres, audessus de M. de Cadenet. Il a eu un brevet du 10, pour marcher immédiatement après les Officiers de la Couronne, pour la charge de Sur-Intendant des finances, signée le 7 et scellée le 10. Nul n'en avoit

▲ Voy. Fontenay-Mareuil, p. 448; Richelieu, p. 557 et 568; Pontchartrain, p. 290. Le récit de Pontchartrain et celui d'Andilly s'accordent tellement, même par certains membres de phrases que l'on retrouve dans les deux, qu'il est permis de supposer que l'un n'a point été étranger à la rédaction de l'autre. Différents autres passages et toute la suite des dates et des événements viennent fortifier cette supposition. Pontchartrain et d'Andilly étant en rapports journaliers, l'un a pu communiquer à l'autre son journal. J'ajouterai seulement que celui de Pontchartrain, tel que nous le possédons, est une œuvre rédigée avec soin et longtemps après les événements, tandis que le Journal d'Arnauld d'Andilly n'est qu'un premier travail dans lequel l'auteur s'est contenté de recueillir les faits, pour ainsi dire au jour le jour, sans souci de rédaction. Voy. aussi sur l'entrevue entre Louis XIII et Marie de Medicis, Merc. fr., p. 301.

eu auparavant luy; car M. de Sully n'avoit rien du tout; et M. le Président Jeannin, seulement un brevet'.

9. M. de Saint-Géran fait serment de Maréchal de France.

19. Le Roy et la Reyne partent de Tours, pour aller à Amboise, et le samedy, le Roy envoye M. de Brantes à Tours, pour visiter la Reyne sa mère 2.

23. Le Roy part d'Amboise, et va coucher à Blois.

La Reyne-mère part de Tours, pour aller à Chinon. M. de Montbason l'accompagne3.

24. Le Roy va à Vendosme, le lendemain à Chasteaudun, et le jeudy 26 à Chartres.

25. L'assemblée de ceux de la Religion Prétendue Réformée commence à Loudun".

Septembre 1619.

1 « Au commencement dudit mois, le Roi donna à M. le comte de >> Schomberg la surintendance de ses finances, du consentement de » M. le président Jeannin, en faveur duquel on donna le contrôle gé» néral à M. de Castille, son gendre, et l'on donna récompense à M. de » Maupeou.» (Pontchartrain, p. 291.)

2 Voy. Pontchartrain, p. 291.

3 Voy. Mercure fr., p. 301. Le Mercure, p. 313 et suiv., rend compte de l'entrée solennelle à Angers, le 16 octobre, de la Reine-mere qui vonait prendre possession de son nouveau gouvernement. Les plus grands honneurs lui furent rendus.

Le Merc. fr., p. 302 et suiv., donne, avec de grands détails sur cette assemblée, la liste de tous les députés envoyés des différentes provinces de la France par ceux de la religion prétendue réformée. La présidence fut décernée au Vidame de Chartres. «En ce commence>>ment, dit le Mercure, ce n'étoient que compliments des grands de la >> religion envers ceste assemblée : le viscomte de Turene, second fils » du mareschal de Bouillon, passant avec sa mere à Loudun, leur dit, » que son pere se porteroit tousjours au bien des Églises, et embrasse

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