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berté, mais d'avoir meilleure part que jamais en l'honneur de ses bonnes grâces. Galeteau respondit qu'il ne se pouvoit charger de fère ceste response au Roy, pour ce qu'il ne retourneroit de quatre ou cinq jours à la Cour. A quoi Monsieur le Colonel réplicquant que c'estoit chose bien rude et bien extraordinaire de luy apporter un commandement, et ne se vouloir pas charger de la responce; et Galeteau insistant à s'en descharger, et disant qu'il le mandast au Roy par quelqu'autre ; Monsieur le Colonel dit qu'il chercheroit donc quelqu'un qui luy voulust rendre cest office. Et se retournant vers Mme la Marquise de Montlord et Mme de Mazargues, dit à Galeteau: Quel traictement est cecy de vouloir envoyer de ceste sorte à cent cinquante lieues d'icy ceste pauvre femme languissante (parlant de Mme de Mazargues acouchée depuis peu, et qui avoit esté fort malade depuis); et ceste autre qui depuis dix ans n'a point porté de santé (parlant de Madame la Marquise) ? A cela Galeteau respondit: Monsieur, ceste excuse est fort bonne; et sera bon, s'il vous plaist, de la faire dire au Roy. — A quoy Monsieur le Colonel répartit: Nullement, Monsieur, je ne dis point par excuse; car j'ayme beaucoup mieux payer de ma teste, que de la maladie de ma femme. Aprez Galeteau vint à M. de Mazargues, et luy dit qu'il avoit fait entendre à Monsieur le Colonel la volonté du Roy sur son subject. Galeteau estant party, Monsieur le Colonel et Madame la Marquise sa femme envoyèrent supplier

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May 1624.

May 1624

M. le Mareschal de Créquy de les venir voir, et estant venu à l'heure mesme, le supplièrent d'aller trouver le Roy pour luy représenter les raisons de Monsieur le Colonel dont Galeteau n'avoit pas voulu se charger. Ce que M. de Créquy leur ayant promis, il partit le lendemain, jour de la Pentecoste, et le lendemain lundy à trois heures aprez midy, au retour de la chasse du Roy, parla à Sa Majesté, laquelle luy respondit qu'elle ne vouloit rien escouter de la part de Monsieur le Colonel, jusques à ce qu'il fust dans le Sainct-Esprit.

Dudit jour 25. M. de Marcheville, soubz-gouverneur de Monsieur, part de la Cour, ayant eu son congé, pour ce que l'on le croyoit amy de Monsieur le Colonel. M. de Montgenoust, ausmosnier ordinaire de Monsieur, fut aussy osté, et M. Passart mis en sa place. MM. de Pelegrin et Delphin, ordinaires, furent aussy ostez, avec permission de tirer récompence d'une des deux charges, et de la partager entr'eux. Ordonné que M. de Valsin se desferoit aussy de la sienne. Carrillon, chirurgien, aussy osté.

Entre le mardy (21 may), et le samedy (25). Monsieur, parmy plusieurs quy estoient à l'entour de luy, ayant aperçu M. d'Aiguebonne, l'appella, et luy demanda s'il feroit ce qu'il luy commanderoit? M. d'Aiguebonne luy ayant respondu qu'ouy, et qu'il s'en tiendroit fort honoré, Monsieur luy commanda d'aller trouver M. de la Viéville, et de luy dire qu'il luy avoit mancqué de foy et de parolle touchant Monsieur le Colonel; mais qu'il s'asseurast que s'il ne le

réparoit, il ne l'oublieroit jamais, et qu'il n'auroit pas tant de peyne à fère le bien qu'il en avoit eu à fère le mal. — M. d'Aiguebonne ayant dit cela à M. de la Viéville, il demeura fort surpris, et respondit en termes généraulx avec de grands respects vers Monsieur le Colonel, qu'il l'honoroit, qu'il l'estimoit autant que seigneur de France, et n'avoit jamais pensé à luy rendre de mauvais offices auprez du Roy; que c'estoit chose qui estoit venue du pur mouvement de Sa Majesté et que s'il pouvoit servir Monsieur le Colonel, il le feroit tousjours pour sa propre considération, et encor beaucoup d'avantage puisque c'estoit chose qui agréoit à Monsieur. M. d'Aiguebonne luy ayant réplicqué que cela n'estoit pas respondre à ce que Monsieur luy mandoit, qu'il luy avoit mancqué de parolle, et désiroit qu'il réparast le mal qu'il avoit faict, M. de la Viéville respondit en homme fort embarrassé. - Quelque temps aprez, M. de Joyeuse, neveu de M. de la Viéville, vint trouver M. d'Aiguebonne, et luy dire que M. de la Viéville seroit bien. malheureux sy Monsieur avoit mauvaise satisfaction de luy, et qu'il feroit tousjours tout ce qui seroit en son pouvoir pour le servir.

Jeudy 30 may (1624). M. de Boncil apporte de Compiègne à Monsieur le Colonel un chappellet de la part de la Reyne-mère. La chose est que quelques jours auparavant, la Reyne-mère donnant quelques chappelletz qu'elle avoit apportez de Liesse, Monsieur luy dit devant toutte la Cour: Ma maistresse, j'ay une faveur à vous demander, mais je vous sup

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Fevrier.

plie très humblement de ne la point refuser. La Reyne luy dit: Je n'ay garde, mon filz; qu'est-ce?

Ma maistresse, c'est que vous envoyiez, s'il vous plaist, un de ces chappelletz à Monsieur le Colonel, affin que tout ce monde cognoisse que vous n'estes pas contre luy. Le Roy ayant sceu cela, il fut agité sy on envoyeroit le chappellet, et à ce que quelquesuns dient, résolu que non; mais néantmoins il vint, et M. de Boncil se trouvant mal quand il arriva, l'envoya par une de ses filles. Et le lendemain dès trois heures du matin fut remandé pour aller à la Cour, à cause des ambassadeurs qui arrivoient, ce qui fut cause que Monsieur le Colonel luy escrivit: Monsieur,

Je commence à croire qu'une mauvaise fortune peult estre acompagnée de bonhœur, puisqu'il a pleu à la Reyne-mère du Roy me tant obliger que m'envoyer le chapelet que vous avez pris la peyne de me faire rendre de sa part. Ceste faveur m'est sy sensible, qu'il n'y a point de remerciemens capables de tesmoigner avec quel respect je la reçois. Mais sy les occasions secondoient mes désirs, j'oserois espérer de fère voir à Sa Majesté, par mes très humbles et très fidelles services, que l'honneur de ses commandemens me sera tousjours plus cher que ma vye, laquelle je tiendrois trop heureusement employée sy je pouvois, en la perdant, donner à Sa Majesté une aussy grande marque de ma recognoissance, que j'en reçois une de sa bonté. Vous m'obligerez extrême

ment de l'en assurer, et de croire que nul ne sera jamais plus que moy...

Lundy 3 juin (1624). A onze heures dumatin, un exempt des gardes de la compagnie de M. de Tresmes, nommé Boislouez, vient faire commandement de la part du Roy, à Monsieur le Colonel, de partir dans vingt-quatre heures avec ses frères, sa femme et sa sœur, pour aller au Sainct-Esprit. Monsieur le Colonel fit response : que quant à ses frères, ilz avoient desjà obéy. (M. de Mazargues estoit party en poste le lundy matin, et M. d'Ornano le lendemain); que pour luy il ne le pouvoit, à cause des mesmes raisons qu'il avoit représentées au sieur Galeteau, et qu'il répéta lors; mais qu'il révéroit tellement l'authorité du Roy, que voyant le baston qui en portoit la marque, il estoit prest de le suivre à la Bastille, ou en tel autre lieu que Sa Majesté auroit agréable, affin de luy faire cognoistre qu'il ne vouloit avoir autre protection qu'en sa justice et en son innocence. Ce que l'exempt, luy promit d'aller rapporter au Roy. Mais Monsieur le Colonel, ayant apris qu'il avoit scullement escript à la cour par un archer qu'il avoit emmené avec luy et qu'il n'estoit bougé de Paris, Monsieur le Colonel escrivit le soir mesme au Roy, et luy envoya la lettre par le com (missai) re le Berche; lequel le lendemain sur les dix heures donna la lettre au Roy, comme il sortoit de sa chambre, luy disant que c'estoit une lettre que M. le colonel d'Ornano luy avoit donné charge de luy présenter. Le Roy la prit, voulut rompre la soye, et luy dit

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Juin.

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