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REVUE CRITIQUE

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PUBLICATIONS NOUVELLES

Histoire du dépôt des Archives des affaires étrangères, par A. Baschet. Paris, E. Plon, 1875; 1 vol. gr. in-8°.

Quiconque s'est occupé de travaux historiques connaît le dépôt des Archives du ministère des affaires étrangères. Malheureusement on le connaît de réputation bien plus que de visu. On savait par ouï dire qu'il contient une quantité de documents de la plus haute importance pour l'histoire de la politique française à l'extérieur depuis deux siècles et demi. Mais l'accès en était interdit avec une rigueur telle qu'on a pu la prétendre intéressée. Pour y pénétrer, il fallait le cortége des premières protections de l'État, ou une de ces notoriétés devant lesquelles se taisent les règlements et s'inclinent les archivistes. On comprend que la politique ait des secrets inutiles à divulguer; qu'il soit délicat de mettre à nu les ressorts employés par une nation pour maintenir son intégrité, défendre son honneur ou développer son influence.

Ce sont les Arcana Imperii; famille ou nation, tout le monde en a, et il est bon de laver son linge sale en famille. Mais ici comme dans toutes choses la mesure est de règle, et il y a un joint à trouver entre une publicité dangereuse et un secret absolu. La politique a ses exigences, mais l'histoire a ses droits, et je ne vois pas que lord Macaulay, MM. Mignet, Thiers, Camille Rousset, Cousin, d'Haussonville, Chéruel, qui ont pu pénétrer dans ce saint des saints, aient compromis l'honneur des gouvernements dont ils éclairaient l'histoire de documents si nouveaux et si inattendus. Je vais plus loin. Je prétends que le monde politique, la dignité humaine, tous les nobles sentiments qui, quoi qu'on fasse, constituent encore le patrimoine le plus inaliénable de notre époque, gagneront à la divulgation des ressorts employés par nos hommes d'État dans leurs rapports avec les chancelleries étrangè

res. Ces ressorts étaient beaucoup plus honnêtes qu'on ne le croit généralement. C'est du moins ma conviction.

Toujours est-il que tous ceux qui sollicitent l'étude de l'histoire réclamaient depuis longtemps, sinon l'accès complet, du moins l'entre-bâillement de la porte du Dépôt. C'est à ce besoin légitime qu'a répondu le rapport de M. le duc Decazes du 21 février 1874 et le décret qui en a approuvé les conclusions. Après avoir fait rapidement l'histoire du Dépôt, le ministre des affaires étrangères donne les motifs qui en interdisaient l'accès, les réfute de la façon la plus libérale et la plus catégorique et conclut en proposant << d'ouvrir le Dépôt des affaires étrangères, sans exception d'au- . «< cune de ses parties, pour la période comprise entre la date de « ses plus anciens documents et celle de la fin du règne de « Louis XV. »

Je n'entends pas grand chose à la politique et je suis persuadé que M. le duc Decazes en fait d'excellente, mais je suis certain qu'aucun des actes de son administration n'attachera à son nom la notoriété que lui vaudra cette simple mesure et ne lui méritera un souvenir plus reconnaissant.

Le livre de M. Baschet eût pu fournir le préambule de ce rapport. C'est l'histoire du dépôt des Archives depuis sa formation en 1710, sous le ministère Torcy, jusqu'à son état actuel en 1875; histoire écrite pièces en main, suivie pas à pas, racontée dans son ensemble et dans ses détails - par le menu, comme on dit aujourd'hui dans un langage prétentieux et remplie de révélations les plus intéressantes sur les infatigables gardes qui se sont succédé à sa direction; et, à force de soins, de persévérance, d'amour pour leur carrière, en ont fait la plus riche collection de documents diplomatiques qui existe en Europe. Depuis ses humbles débuts dans les combles du donjon du Louvre (c'est aujourd'hui le pavillon Sully) jusqu'à sa somptueuse installation dans les bâtiments de la rue de l'Université, ces gardes ont été au nombre de quinze. Voici leurs noms : Saint-Prez, Nicolas Le Dran, l'abbé de La Ville, de La Porte du Theil, Le Dran le cadet, Durand de Distroff, Claude Simonin, Nicolas Geoffroy, Pantaléon Resnier, Bernard Caillard, Maurice d'Hauterive, Mignet, Carteron, Cintrat, Prospert Faugère. Le Dépôt, en outre, a changé cinq fois de résidence du Louvre à Versailles, de Ver

rue des Capucines, de la rue des Capucines au quai d'Or

say.

Rompu par une longue habitude aux recherches dans les archives diplomatiques, M. Baschet sait leur faire rendre ce qu'elles offrent de plus piquant. Il lui a donc été facile de retrouver les titres qui méritent aux laborieux auxiliaires de la politique que je viens de nommer, la reconnaissance des écrivains, la sympathie des curieux et les remercîments des hommes d'État.

La richesse du Dépôt de la guerre était déjà connue. C'est en compulsant les papiers qu'il contient que M. Camille Rousset a pu composer un des livres les plus remarquables de notre époque l'Histoire de Louvois.

M. Baschet exprime en terminant, le vœu « de la prompte ré<< daction de l'inventaire et du tableau méthodique de tous les << documents anciens compris dans la période officiellement indi« quée pour être accessible. » Cette publication est le corollaire indispensable du rapport de M. le duc Decazes. Elle mettra fin à ces accusations qui faisaient remonter aux employés des archives la clause de la clôture du Dépôt. Quand tout le monde saura ce qu'il contient, personne ne pourra plus prétendre que telle pièce est réservée pour les travaux ultérieurs de tel fonctionnaire. Ce sont là, je le sais, des allégations banales auxquelles sont en butte toutes les collections publiques. Il n'en est pas moins vrai que toutes doivent s'efforcer de ne pas y donner prise. Elles ne peuvent le faire qu'en publiant la liste de ce qu'elles possèdent. En attendant, c'est au livre de M. Baschet qu'il faudra avoir recours pour se guider au milieu de ces Archives; c'est lui qui leur permettra de fournir la matière d'ouvrages semblables à l'Histoire de Louvois.

Il rendra un dernier service qui touche à une question délicate. Depuis vingt ans la manie des collections a augmenté dans une proportion singulière, et les collections d'autographes ne sont pas restées en arrière. Or il ne passe pas en vente publique un autographe ayant trait à la politique ou à la diplomatie, sans qu'à l'instant on n'insinue charitablement qu'il a été dérobé au Dépôt des affaires étrangères. Quelques répétitions légalement exercées par l'État et auxquelles le hasard m'a permis d'assister, n'ont pas peu contribué à donner du poids à ces insinuations. L'Histoire du dépôt des archives, en faisant la part de chacun, en

indiquant les divers groupes de documents, en précisant leur nature et leur origine, contribuera à faire tomber ces médisances et à ramener le calme dans la conscience d'innocents collectionneurs qui finiraient par douter de leur honorabilité. Avoir décou vert la valeur de telle pièce, possédée par un ignorant, l'avoir poursuivie pendant des années, en être devenu possesseur à force d'adresse, de persévérance et à beaux deniers comptants versés coram populo, et passer pour un fripon, c'est triste! Fripon! c'est bientôt dit. S'ensuit-il forcément, de ce que telle pièce intéresse la politique, qu'elle ait fait partie d'un dépôt public et qu'elle soit la propriété de l'État? L'État n'a pas toujours eu tous les papiers entre ses mains; le contraire serait plutôt vrai; ses dépôts se sont formés de l'agrégation successive de collections particulières. Le livre de M. Baschet se ferme sur cette conviction consolante qu'il n'y a pas tant de fripons que cela, et que les amateurs d'autographes peuvent jouir en paix de ce qu'ils ont légitimement acquis. C. R.

SOUSCRIPTION

Chez M. LÉON TECHENER, libraire, à Paris,
Rue de l'Arbre-Sec, 52.

COLLECTION

DE

PIECES FUGITIVES

POUR SERVIR

A L'HISTOIRE DE FRANCE

A VEC DES ÉCLAIRCISSEMENTS ET DES NOTES

Publiée par souscription et tirée à deux cents exemplaires tous imprimés sur papier vergé, format petit in-8° ancien.

ET,

NOTES BIO BIBLIOGRAPHIQUES

SUR UN

RECUEIL D'OPUSCULES TRÈS-RARES

IMPRIMÉS PAR ALDE L'ANCIEN

EN 1497

INCIDEMMENT, SUR LE MANUSCRIT No 6508 DU FONDS LATIN
DE LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE.

LAURENT MAIOLI. - ELIE DEL MEDIGO.
PIC DE LA MIRANDole.

(Suite)

Nous voilà donc revenus au Reqanati et il nous faut revenir aussi à Jacques Gaffarel.

Ce singulier personnage, objet dans le Dictionnaire de Bayle d'un article que je recommande de lire, a publié, à Paris en 1651, chez la veuve H. Blageart, 50 pp. in-8°, et dédié à Gabriel Naudé, une description de trois manuscrits provenant de Pic de la Mirandole sous le titre : Codicum manuscriptorum cabbalisticorum quibus usus est Joannes Picus comes Mirandulanus Index.

De tous ceux qui possèdent l'ouvrage de Wolff et l'ont consulté plus ou moins, je crois que personne n'oserait se vanter de l'avoir lu, et je n'aurais jamais, peut-être, connu l'existence de l'Index dont je viens de rappeler le titre sans l'article de G. Peignot, p. 298 de son Répertoire bibliographique universel sur la Bibliotheca hebraica, article trèsbien fait quoique pas tout à fait exact et déparé par une faute typographique choquante. Il indique qu'on trouve dans la Bibliothèque hébraïque la réimpression de l'ouvrage de Gaffarel de 1651, qui était devenu fort rare, « c'est la

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