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collectives, un petit travail inséré dans le volume des Mélanges de littérature et d'histoire publiés par la Société des bibliophiles françois. (Paris, Crapelet, 1850. Pag. 323.) Ce travail est la traduction faite par un ami de Mérimée, M. Jaubert de Passa, d'une longue inscription en langue catalane qui couvre les deux dernières pages d'un missel déposé à la bibliothèque de Perpignan, missel écrit en 1490 pour la confrérie des maîtres peintres de la Catalogne. Cette inscription explique par combien de mains d'artistes et d'ouvriers passait autrefois un manuscrit avant d'arriver dans celles du public. En tête de la traduction figure une notule signée Prosper Mérimée membre de la Societé des bibliophiles françois.

Si peu importante que soit cette particularité, elle était, je crois, bonne à signaler.

Enfin que l'auteur me permette une dernière observation. Au point de vue de l'artiste le portrait qui précède la plaquette ne mérite que des éloges; au point de vue de la ressemblance je doute qu'il satisfasse les amis de Mérimée.

Je me résume. Cette bibliographie est remarquablement bien faite très-exacte, très-claire, très-sobre. Mérimée en eût été satisfait. L'auteur a eu l'esprit de ne la faire tirer qu'à cent exemplaires. Elle pourra devenir rare, et par sa rareté atténuer l'effet de sa publicité. Je crois même que j'ai eu tort d'en parler. Ma foi! tant pis il est trop tard.

L. CLEMENT DE RIS.

Le théâtre des demoiselles de Verrières. La comédie de société dans le monde galant du siècle dernier, par M. Ad. Jullien Paris, Detaille; br. gr. in-8° de 30 pages avec fleurons et culs-de-lampe, tirée à 302 exemplaires, dont 25 sur papier de Hollande, et 2 sur papier Whatman.

Les deux demoiselles de Verrières étaient d'aimables personnes

des Muses et celui des amours. Verrières, bien entendu, n'était qu'un nom euphonique de guerre; de petite guerre. Le père de ces Dulcinées était un nommé Rinteau, auquel le maréchal de Saxe, en considération de ses filles, avait procuré un emploi de gardemagasin. Il s'acquitta de ces fonctions avec un si beau zèle pour ses intérêts particuliers, qu'on eut ensuite quelque peine à le sauver du gibet.

Les filles de cet honnête homme avaient, comme la fourmi de la Fontaine, prudemment amassé au temps chaud, qui, pour elles, se prolongea assez loin dans l'arrière-saison. Elles avaient maison de ville dans la Chaussée d'Antin, maison des champs à Auteuil, toutes deux pourvues d'un théâtre, et avaient formé une troupe d'amateurs, dont les représentations furent fort à la mode pendant plusieurs années. Les deux sœurs y remplissaient des rôles de grandes coquettes, de soubrettes, au besoin même d'ingénues (!), sous la direction de Colardeau et ensuite sous celle de La Haye, qui cumulaient l'office d'impresario avec d'autres plus intimes. Bachaumont était aussi un commensal assidu des demoiselles Verrières. Dans ses mémoires secrets, il les nomme « les aspasies du siècle », et fait souvent l'éloge de leurs aptitudes dramatiques, notamment à propos des représentations d'une des Surprises de l'amour de Marivaux, et d'une pièce inspirée de la Courtisane amoureuse de la Fontaine, pièce parfaitement convenable.... en pareil lieu.

L'aînée de ces demoiselles avait été, dans sa jeunesse, distinguée particulièrement par le maréchal de Saxe. Il en était résulté la belle Aurore de Saxe, mariée d'abord à un comte de Horn qui fut tué à la guerre peu de temps après, sans avoir revu sa femme depuis la célébration du mariage, pour des raisons dont les curieux trouveront le détail dans le poëme latin de Fracastor. La jeune veuve, n'ayant aucun motif d'être inconsolable, se remaria peu de temps après au fermier général Dupin ou du Pin de Francueil. Elle en eut un fils, père d'une nouvelle Aurore, la plus célèbre du dixneuvième sièle, Aurore Dupin (George Sand).

Cette brochure, pleine de faits piquants et curieux, forme le complément des investigations de M. Jullien sur l'histoire intime du théâtre au siècle dernier,

B. E.

M. ALBERT JACQUEMART

Mort le 16 octobre 1875.

Le Bulletin a tenu à se recueillir avant d'annoncer à ses lecteurs la mort de cet homme de bien et de talent. Nous devions une mention spéciale à celui qui fut pendant de longues années l'ami de notre maison, et nous venons acquitter cette pénible dette avec la conviction que nos regrets seront partagés par tous ceux qui ont été en relations avec M. Jacquemart.

Nous dirons tout à l'heure dans quelles circonstances il nous a été donné de le connaître. Que l'on nous permette d'esquisser auparavant, en quelques traits, cette existence modeste uniquement consacrée au travail et aux devoirs de famille et d'amitié, suivant la devise célèbre: Arti et amicitiæ.

Albert Jacquemart, né en 1808, se sentit de bonne heure le goût porté vers les arts. On le trouve, dès l'âge de quinze ans, fréquentant, non sans succès, l'école des Beaux-Arts. Les concours de 1824 l'avaient placé dans un bon rang, mais le besoin de se créer des ressources moins aléatoires que celles de la peinture, l'amena à entrer, vers 1828, dans une administration publique. Employé de la direction générale des Douanes, M. Jacquemart rencontra (chose invraisemblable!) dans cette carrière, le succès qui était dû à ses hautes capacités ainsi qu'à son travail consciencieux; mais nous l'abandonnerons dans cette voie pour nous occuper plus exclusivement de ses travaux artistiques et litté

raires.

Tout en vaquant d'une manière irréprochable aux devoirs de sa nouvelle profession, le jeune employé utilisait ses loisirs à des études diverses, mais ayant toutes plus ou moins trait à l'histoire naturelle. L'anatomie, la botanique et l'entomologie le délassaient des questions de tarifs douaniers, et, en 1839, on le voit publier son premier ouvrage : De la peinture d'histoire naturelle, in-8°. En 1840, il fait également paraître la Flore des Dames, Botanique à l'usage des Dames et des jeunes personnes, in-18, avec planches, ouvrage qui eut une seconde édition l'année suivante.

gage des fleurs, in-12, avec 12 planches coloriées et l'Opinion exprimée au nom de la Société libre des Beaux-Arts, à propos de l'exposition de 1841, dans le Bulletin publié par cette société.

A partir de cette date jusqu'à 1856, la bibliographie ne nous fournit aucun renseignement sur les travaux de M. Jacquemart. C'est en cette année 1836 que commencèrent nos relations avec lui. Un de nos amis, M. P.-G.-J. Niel, connu par l'importante publication: Portraits des personnages français les plus illustres du seizième siècle, reproduits en fac-simile, sur les originaux dessinés aux crayons de couleur par divers artistes contemporains, avec notices, 24 livraisons in-fol. avec portraits, 1848-1857, M. Niel vint un jour nous proposer de publier une histoire de la porcelaine, composée par M. Jacquemart, avec la collaboration de M. Edmond Le Blant. Ce livre devait être accompagné d'illustrations dans le genre des publications de M. G. Seré, sur le Moyen åge et la Renaissance. Bien que ce genre d'éditions s'éloignât de nos travaux ordinaires, la confiance que nous avions dans le jugement de M. Niel, le mérite de l'œuvre qui nous était proposée, et enfin la certitude que les illustrations seraient dignement exécutées par le fils de l'auteur, M. J. Jacquemart, qui nous avait présenté des essais de planches d'un burin merveilleux', toutes ces considérations nous déterminèrent à tenter cette publication dont l'impression fut confiée à Perrin, de Lyon, et qui parut en 1861, sous le titre de : Histoire artistique, industrielle et commerciale de la porcelaine, 3 parties pet. in-fol. avec 28 planches gravées à l'eauforte. Le succès répondit à notre attente, tant au point de vue du texte qu'à celui des illustrations; mais en dehors et au-dessus du résultat matériel, nous comptons pour notre meilleur profit les relations pleines de douceur que nous eûmes alors occasion de nouer avec cet homme digne de toute estime et de toute amitié.

Nos lecteurs nous pardonneront cette courte digression et nous reprenons notre travail bibliographique pour signaler la publication, en 1863, d'une Notice sur les majoliques de l'ancienne collection Campana, in-4° avec planches. Dès l'année précédente, M. Jacquemart avait commencé dans la Gazette des Beaux-Arts

(1) M. Jules Jacquemart s'est fait connaître depuis par les remarquables eaux-fortes de la publication intitulée : Les Gemmes et joyaux de la couronne (avec notices de M. H. Barbet de Jouy), 1865, in-fol. et par de nombreuses planches faites pour les éditions de la maison Techener.

une série de travaux dont les principaux sont (de 1862 à 1873 : La collection d'art du duc de Marny; les poteries du Midi de la France e; la collection Pourtalès; les bronzes chinois et les bronzes japonais au Palais de l'Industrie. Presque simultanément, c'est-àdire en 1866, 1868 et 1869, M. Jacquemart avait écrit pour la Bibliothèque des Merveilles, éditée par la maison Hachette, plusieurs articles dont la réunion a paru en 1873, avec de notables augmentations, sous le titre de: Histoire de la céramique. C'est la dernière grande publication de M. Jacquemart, dont nous mentionnerons encore le Compte rendu de l'exposition des AlsaciensLorrains (1874). Ce compte rendu, qui fut très-apprécié des connaisseurs, clôt dignement une liste de publications peu nombreuses il est vrai, mais dont chacune est marquée au coin du goût le plus scrupuleux et de la plus consciencieuse exactitude. Les travaux de M. Jacquemart seront toujours consultés utilement et, en quelque genre que ce soit, nous ne connaissons pas de plus bel éloge.

M. RATHERY

est mort le 25 novembre 1875

Le Bulletin du Bibliophile vient de perdre un de ses anciens et fidèles collaborateurs, M. Rathery, conservateur et sous-directeur adjoint de la Bibliothèque nationale, vice-président de la Société de l'Histoire de France, etc. Nous ne pouvons rendre un plus digne hommage à la mémoire de cet homme de bien, à la fois érudit, modeste et spirituel (trois qualités qui ne vont pas toujours ensemble), qu'en reproduisant les passages principaux du discours prononcé sur sa tombe par M. Léopold Delisle, administrateur général de la Bibliothèque nationale et membre de l'Institut. M. Faugère a aussi donné au journal le Français, un excellent article sur la vie et les travaux de ce savant sympathique et si justement regretté.

Né en 1807, M. Rathery, qui s'était d'abord destiné au barreau, se trouva préparé, par de sérieuses études littéraires et

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