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chez Le Roy, où, en présence de plusieurs personnes, M. A... voulut bien se prêter à ses expériences.

« J'offris à ces Messieurs, dit Mesmer, une preuve que notre

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organisation est sujette à des pôles, ainsi que je l'avais avancé. Ils y consentirent et, en conséquence, je priai M. A... de mettre. un bandeau sur ses yeux. Cela fait, je lui passai les doigts sous

les narines à plusieurs reprises, et changeant alternativement la direction du pôle, je lui faisais respirer une odeur de soufre ou je l'en privais à volonté. Ce que je faisais pour l'odorat, je le faisais également pour le goût, à l'aide d'une tasse d'eau. »

Et plus loin : « Lorsque, par exemple, je promène sous mon doigt une douleur fixe occasionnée par une incommodité quelconque; lorsque je la porte à volonté du cerveau à l'estomac, de l'estomac au bas-ventre et réciproquement du ventre à l'estomac et de l'estomac au cerveau, il n'y a que la folie consommée ou la mauvaise foi la plus insigne qui puissent méconnaître l'auteur de sensations pareilles. »

Quelques années après ce que nous venons de rapporter, et sans qu'il nous soit possible de préciser davantage, l'ornementation de la salle de l'Académie subit de nombreuses modifications. Nous avons dit qu'à l'origine, l'unique œuvre d'art qui décorait cette salle était une toile d'Antoine Coypel représentant une Minerve tenant en mains un médaillon de Louis XIV. En 1787, cette toile était placée sur la cheminée ; à sa gauche se trouvaient, disposés sur des gaines, les bustes de Colbert, Macquer, d'Arcy, Nollet et Morand, à sa droite ceux du régent Philippe d'Orléans, Fontenelle, Réaumur, Maupertuis et d'Alembert.

Près des fenêtres à droite, ceux de Bernard de Jussieu, Duhamel et La Peyronie. Le portrait peint du roi de Suède, qui avait assisté à deux des séances de l'Académie, en 1770 et en 1771, était placé entre les deux fenêtres, au-dessus du buste de Duhamel.

En face de la cheminée se trouvait une pendule à secondes dont le mouvement était dû à Bertrand; à gauche de cette pendule étaient les bustes de Dominique Cassini, Cassini de Thury et Winslow; à droite ceux de La Condamine, Descartes, le médaillon d'Euler, le portrait de Philippe de Lahire, dessiné par lui-même et enfin le portrait de Vaucanson, peint par Boze, dont l'Académie des sciences possède encore l'original (1).

Entre ces deux derniers portraits, on pouvait remarquer une toile de petite dimension, offerte par Lavoisier dans la séance

(1) Le médaillon d'Euler et le portrait de Vaucanson se trouvent en ce moment dans le cabinet de M. J. Bertrand, secrétaire perpétuel. Le portrait de La Hire est à l'observatoire de Paris.

du 11 mai 1782 et représentant la mort de l'abbé Chappe d'Hauteroche, en Sibérie.

La salle tout entière était éclairée par trois quinquets disposés en forme de lustres, ayant chacun six lampes ou foyers.

Peu de jours avant que l'Académie reçût le règlement de 1785, Louis XVI lui concédait un nouveau local situé dans le palais du Louvre, au-dessus de celui qu'elle y occupait déjà ; les belles collections qu'elle avait recueillies et dont nous aurons à parler plus loin, la riche bibliothèque qu'elle possédait, avaient rendu l'adjonction de ce logement indispensable.

L'ordonnance royale obtenue par l'Académie à cette occasion est ainsi conçue :

Brevet qui accorde à l'Académie royale des sciences la jouissance d'un appartement au Louvre, destiné au dépôt des machines soumises à l'examen de ladite Académie.

Aujourd'hui, 10 février 1785, le Roi étant à Versailles, considérant les avantages qui résulteront tant pour les travaux de son Académie royale des sciences, que pour l'encouragement des artistes et l'instruction publique, de ce que les machines que ladite Académie a déjà en sa possession, et celles qui seront à l'avenir soumises à son examen, soient réunies dans un dépôt où elles puissent être conservées dans un ordre convenable, Sa Majesté a bien voulu destiner à cet établissement, l'appartement occupé présentement au Louvre par le S. Coqueley de Chaussepierre au-dessus des salles de ladite Académie, et dont il a volontairement consenti à faire l'abandon ainsi que le grenier qui est au-dessus dudit appartement; et, à cet effet, Sa Majesté a accordé et fait don à son Académie royale des sciences de la jouissance du dit appartement et grenier tel qu'il se poursuit et comporte, à condition de l'employer à un dépôt dans lequel seront réunies et conservées de manière à pouvoir être exposées au public les machines qui ont été et seront à l'avenir soumises à l'examen de la de Académie et à la charge en outre qu'elle pourvoira de ses propres fonds à tous les frais qu'exigera le d. dépôt. Mande et ordonne Sa Majesté au S. baron de Champlost, gouverneur de son château du Louvre et à ses successeurs dans ladite charge, de mettre et installer l'Académie royale des sciences en jouissance du d' appartement et de la faire jouir du contenu au présent brevet que pour assurance de sa volonté Sa Majesté a signé de sa main et fait contresigner par moi conseiller secrétaire d'État et de ses commandements et finances. Signé: LOUIS.

Signé Le Bon DE BRETEUIL.

Ce n'est pas sans un lourd sacrifice que la Compagnie s'était assuré la possession de ce local; elle ne l'obtint qu'en payant au sieur Coqueley de Chaussepierre qui en était le titulaire, une indemnité de quinze mille livres.

Vint la période révolutionnaire pendant laquelle les académies, souvent inquiétées, eurent à lutter pour leur existence. Outre ses travaux habituels, l'Académie des sciences s'occupait pourtant de donner satisfaction aux voeux exprimés par le Gouvernement. Son œuvre la plus considérable, pendant cette époque difficile et troublée, fut sans contredit l'élaboration du nouveau système de poids et mesures dont l'uniformité avait été ordonnée par la loi du 22 août 1790.

Consultée par les ministres sur toutes les questions à l'ordre du jour Instruction publique, Finances, Marine, Guerre, Agriculture, l'Académie apportait à l'État le secours de ses lumières avec un dévouement et un zèle que les circonstances ont accrus. Malheureusement de graves dissentiments s'étaient produits dans son sein. On tenta, mais vainement, d'enrayer le mal, les séances ne jouissaient plus du calme d'autrefois.

On trouve, en effet, au procès-verbal de la réunion du 25 août 1792, la note suivante :

M. Fourcroy annonce à l'Académie que la Société de médecine a rayé de sa liste plusieurs de ses membres émigrés et notoirement connus pour contre-révolutionnaires. Il propose à l'Académie d'en user pareillement envers certains de ses membres connus par leur incivisme et qu'en conséquence lecture soit faite de la liste de l'Académie pour prononcer leur radiation. Plusieurs personnes observent que l'Académie n'a le droit d'exclure aucun de ses membres, qu'elle ne doit point prendre connaissance de leur conduite et de leurs opinions politiques, le progrès des sciences étant son unique occupation; que d'ailleurs l'Assemblée nationale se trouvant à la veille de donner une nouvelle organisation à l'Académie, elle exercera le droit qu'elle seule peut avoir de rayer de la liste de l'Académie les membres qu'elle jugera devoir en être exclus.

M. Fourcroy a invoqué l'exécution du règlement relatif aux académiciens absens plus de deux mois, sans congé. Lecture faite du règlement, il a été remarqué qu'il ne s'étendoit que sur les pensionnaires et que son exécution n'appartenait point à l'Académie. Les différents avis ayant été longtemps discutés, on a arrêté définitive

E. MAINDRON

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ment que la lecture de la liste de l'Académie et la délibération sur le parti à prendre relativement à la susdite motion seraient remises à la séance prochaine.

Le 29 août, un membre demandait la parole sur la délibération à l'ordre du jour. Il rappellait qu'anciennement et de tout temps, l'Académie uniquement occupée de l'objet de son institution du progrès des sciences, avait coutume pour tout le reste d'en référer au ministre avec lequel elle entretenait une correspondance et une communication fréquentes sur tout ce qui regardait son régime particulier. Le même membre s'étonnait que dans un moment où le ministre de l'intérieur, appelé par le vœu de la nation, méritait plus que jamais la confiance de l'Académie, elle n'en usât pas envers lui comme elle le faisait autrefois envers ses prédécesseurs.

Il demandait donc de charger les officiers de l'Académie de conférer avec le ministre sur l'objet proposé à la délibération, tandis qu'elle se livrerait comme de coutume à des occupations plus intéressantes.

Cet avis réunit la majorité des suffrages. Cousin fut prié de vouloir bien se joindre aux officiers de l'Académie.

L'affaire en resta là, mais, on le voit, la situation était grave. Une accalmie s'étant produite, l'Académie des sciences sollicita l'autorisation d'élire aux places vacantes dans son sein. Elle obtint cette autorisation par le décret suivant, qui lui parvint avec une lettre qui fait trop d'honneur à Lakanal pour que nous n'ayons point le désir de la reproduire ici :

Extrait du procès-verbal de la Convention nationale du 17 mai 1793, l'an II de la République française.

La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son Comité d'instruction publique, décrète ce qui suit : La Convention nationale, dérogeant à la loi du. visoirement l'Académie des sciences de Paris à nommer aux places vacantes dans son sein.

Visé par l'inspecteur des procès-verbaux.

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autorise pro

Signé JOSEPH BEEKER.

Collationné à l'original par nous secrétaires de la Convention, le 17 mai 1793, l'an second de la République française.

Signé: CLAUDE FAUCHET, ST;

DUPRAT, Sre;

POULLAIN GRANDPREY.

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