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portèrent vers la fenêtre opposée à celle où Hassan avait placé sa femme.

A ce moment-là, Husseyn tout en contant disait ... « La femme poussa la porte, je voulus la suivre tout en portant l'enfant... »

Le cri de l'enfant l'avait arrêté sur ce mot, pendant un instant. Une seconde après, lorsque l'émotion générale fut passée et que tous les yeux se portèrent vers lui, sans se déconcerter, il reprit :

« ...Mais il paraît que j'étais tombé sur une honnête femme; que Dieu la confonde! Elle m'arracha l'enfant plutôt qu'elle ne le prit de mes mains, me donna un soufflet (dont je sens encore la chaleur sur ma joue; que Dieu la maudisse!) et me ferma la porte au nez ! >>

Cheikh Omar riait à se tordre, tout le monde riait à haute voix. Hassan seul dépité et mécontent ne riait pas et cherchait la raison pourquoi Husseyn avait ainsi changé la fin de son histoire.

Lorsqu'ils sortirent ensemble de la maison de Cheikh Omar, Hassan dit à Husseyn:

« Tu as bien amusé le beau-père, mais dis

moi, mon frère, pourquoi ne pas avoir raconté la chose comme elle est arrivée et comme tu me l'as racontée ?

Je vais te le dire, mon frère, répondit Husseyn d'un air mystérieux et entendu. Il paraît que le mari se trouvait dans le nombre de ceux qui m'écoutaient !

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Comment le savais-tu ? le connais-tu ? qui te l'a dit? demanda Hassan.

N'as-tu donc pas entendu, mon frère, le cri de cet enfant ? reprit Husseyn.

- Oui! eh bien?

Eh bien, mon frère, c'est l'enfant de cette dame ! Il a poussé son cri si à propos, que j'ai pensé en moi-même : sans doute sa mère a dû le pincer pour m'avertir que je la compromettais de quelque façon, et j'ai à l'instant changé. Mais dis-moi, mon frère, mon histoire a eu plus de succès de la sorte, n'est-ce pas? >>

Hassan ne répondit pas et s'éloigna rapidement sans saluer son ami.

Husseyn ne le revit plus.

Le lendemain, Hassan répudia sa femme et partit pour la Mekke.

1

Husseyn se maria trois mois après avec la femme de Hassan dont il a toujours cru le mari mort.

Hassan se consacra aux pratiques religieuses et ne se maria plus. Il s'appliqua même à ne plus prononcer, lorsqu'il pouvait l'éviter, le mot de femme.

Husseyn et sa femme vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants, car Husseyn n'avait nulles prétentions à la connaissance des femmes et ne se croyait pas capable de déjouer leurs malices !

1. Quand une femme est répudiée ou qu'elle devient veuve à la suite de la mort de son mari, elle ne peut contracter légalement un nouveau mariage que quatre mois et dix jours révolus après la mort de son premier mari ou la date de la répudiation.

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I

XV

LES TROIS FILLES DU MARCHAND
DE FÈVES 1

Ly avait autrefois un marchand de fèves qui avait trois filles.

Tous les matins, les trois filles allaient chez leur maîtresse en broderie.

Elles passaient chaque matin devant le palais du Sultan.

Le Sultan assis à sa fenêtre, les voyant passer, leur disait :

« Hé bonjour, les filles du marchand de fèves ! »

L'aînée et la seconde répondaient courtoisement au salut du Sultan, mais la cadette, qui était la plus jolie, ne répondait jamais rien.

Lorsque le Sultan demandait des nouvelles

1. Publié dans le Bulletin de l'Institut Egyptien, deuxième série, no 5, 1884, p. 72.

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