Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

Le cheikh des voleurs la trouvant parfaite, en eut grande envie, il lui dit : « O ma belle dame, restez donc avec nous cette nuit et demain de bon matin je vous emmènerai là où vous voudrez...

Je vous dirai franchement, lui dit la jeune fille, que j'ai peur de rester avec vous tous réunis.

Nous serons seuls, lui répondit le chef de bande, et chez moi. >>

Elle consentit alors à le suivre. Il fit égorger en son honneur un mouton et fit orner luxueusement sa maison, tellement il ne se sentait plus de la joie de posséder une perle pareille. Il lui fit visiter toute la maison, principalement le grand salon où étaient déposés les objets volés.

Ils s'assirent enfin l'un à côté de l'autre, il apporta du raki et en but, tout en en offrant à la belle dame (Souheim-el-Leyl).

Elle le versait tout le temps, mais le cheikh qui le buvait pour de bon ne tarda pas à être gris.

La dame, inspectant du regard autour d'elle, vit une potence tout près d'eux.

« Qu'est ceci ? demanda-t-elle au cheikh. Celui qui ne vole pas beaucoup est pendu ici.

O mon seigneur, faites-moi la grâce de m'y faire balancer un peu.

Miséricorde divine! C'est à moi que tu dis cela, à moi qui suis prêt à me sacrifier corps et âme pour toi! Si tu as envie de voir balancer je me mettrai moi-même, mais prends garde de trop tirer la corde.

Oh! seigneur, que dites-vous là, ne savez-vous pas que cela me coûterait plus cher qu'à vous ?... >>

Sur ce, il se plaça sur la potence et elle prit la corde. « Je suis à ta merci, lui dit-il. M'as-tu épargnée, toi, » lui dit-elle, et elle tira la corde bien fort, jusqu'à ce que les yeux du cheikh lui sortirent de la figure.

Après cela, elle écrivit un papier qu'elle suspendit sur la poitrine du cadavre; elle y disait : « Nul n'a fait cet acte audacieux, si ce n'est Souheim-el-Leyl, le maître des deux oies et de l'oiseau. >>

Telle a été sa deuxième prouesse; la troisième la voici :

Il choisit, dans le salon des objets volés, ce qu'il y avait de plus précieux, et s'en alla

avec.

Les voleurs qui étaient soumis à leur cheikh, ne le voyant pas arriver, allèrent à sa recherche; ils ne tardèrent pas à le trouver, mais pendu et mort. En lisant le papier, ils surent que l'auteur de cette action d'une hardiesse excessive était Souheim-el-Leyl. Ils jurèrent de venger la mort de leur chef et se mirent aussitôt à descendre le corps et ils le portèrent chez la soeur du défunt, El-Dalileh el-Mouhtaleh, qui était renommée pour sa supercherie.

Lorsqu'elle vit son frère mort et qu'elle sut quel était le coupable, elle dit aux voleurs : « Par Dieu, je vous donnerai des nouvelles de ce drôle-là. »

Elle fit mettre dans un panier quelques oies et des œufs et s'en alla demander des nouvelles de la demeure de Souheim-el-Leyl, se faisant passer pour sa tante paternelle.

Elle finit enfin par arriver à cette demeure tant cherchée.

Elle le salua et le serra sur sa poitrine en

lui disant : « Bonheur à vous, ô fils de mon frère ! Salut à vous, ô fils de mon frère. »

Cependant Souheim-el-Leyl se douta de la tromperie fine de cette femme et dit à sa mère « Celle-ci n'est certainement pas ma tante paternelle, c'est une mauvaise femme qui veut nous jouer un mauvais tour. Fais semblant de cuisiner, mais ne jette que des pierres dans la casserole et fais comme si tu tenais une oie; continue à allumer le feu et à souffler jusqu'à minuit.

La mère suivit le conseil de Souheim-elLeyl, à la lettre. Pendant que la mère était à la cuisine à souffler le feu, le fils tenait compagnie à sa prétendue tante et disait de temps en temps à sa mère : « Ma mère, apportez donc le souper à ma tante. Les mets ne sont pas encore cuits à point, » lui répondait

sa mère.

[ocr errors]

Sur le minuit, El-Dalileh el-Mouhtaleh dit: «O Souheim-el-Leyl, lève-toi donc et allons chercher le reste des choses qui sont dans le panier, en attendant que les mets soient cuits. - Avec plaisir, » lui répondit-il. Il alla passer ses armes et sortit avec elle.

Arrivé près d'un arbre, il lui dit : « Tournezvous, ma tante, un instant, je vais faire mes besoins, car j'ai eu honte de le faire pendant tout le temps que nous étions assis ensemble. »

Elle se retourna, il tira son sabre et lui fit sauter la tête. Il la pendit ensuite à un arbre et écrivit sur un bout de papier :

<< Nul n'a fait ceci et n'a atteint son désir que Souheim-el-Leyl, le maître des deux oies et de l'oiseau. »

Ceci fait trois actes héroïques de la part de Souheim-el-Leyl, le quatrième le voici :

Les voleurs se mirent à la recherche d'ElDalileh el-Mouhtaleh. Ils la trouvèrent pendue à l'arbre et lurent le papier.

Ils se dirent : « Cela suffit, personne ne pourra venir à bout de celui qui a été plus fort que El-Dalileh el-Mouhtaleh, la plus rusée des femmes. Il ne nous reste plus qu'à aller nous en plaindre au kadi. »

Ils s'en retournèrent chez eux, se vêtirent de leurs plus beaux habits et après s'être arrangés bien proprement ils allèrent trouver le kadi.

Souheim-el-Leyl qui l'avait appris se fit

« VorigeDoorgaan »