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Celui-ci transmit l'affaire au sultan et au vizir.

Ils ordonnèrent d'envoyer le vendredi le coupable à la potence. Le jour de son arrestation était un jeudi.

Le kadi le fit mettre en prison jusqu'à ce que le jour parût, dans une cellule en fer avec un gardien pour le surveiller.

Souheim-el-Leyl resta coi jusqu'à trois heures du matin, puis il hêla le gardien : « Je suis Azrail', lui dit-il, le petit Azraïl et je suis envoyé par le Grand, laisse-moi sortir ou je te prends l'âme à l'instant. >>

Le gardien lui ouvrit et lui dit « Sors, si on me demande de toi, je dirai que la terre t'a avalé. »

Il sortit, alla chez lui, se mit une fourrure toute blanche, il y cousit des chandelles qu'il alluma pour se donner l'air d'un ange, d'Azraïl.

Il alla trouver le sultan : « Je suis envoyé, dit-il, par le grand Azraïl, je suis moi-même

1. Azraïl veut dire Israël, c'est l'ange qui est chargé de prendre les âmes,

le petit; je viens prendre ton âme, puis celle du vizir, à moins que tu ne fasses libérer à l'instant Souheim-el-Leyl, que tu lui donnes ta fille en mariage et que tu lui fasses don d'une magnifique terre de rapport et d'un superbe sérail. »

Le sultan tout tremblant de peur le lui promit.

Souheim-el-Leyl le quitta et alla trouver le vizir qui tout aussi effrayé que le sultan, lui promit ce qu'il demandait pour le matin même.

Il alla ensuite trouver le kadi qui promit comme les autres et tout aussi tremblant.

Il rentra alors chez lui; quitta sa fourrure et revint en prison, il se fit ouvrir sa cellule par le gardien et y entra.

De grand matin, le sultan, le vizir et le kadi vinrent le trouver et lui dirent : « Sors, ô Souheim-el-Leyl!

- Vous voulez me pendre, » leur dit-il.

Ils lui jurèrent que non; il sortit, se maria avec la fille du sultan, devint propriétaire d'une belle abâdieh et d'un superbe sérail

où il vécut dans la plus grande paix, entre sa mère et sa femme pendant de longues

années 2.

1. Comparer avec HÉRODOTE, liv. II, CXXI, Conte de Protée Rhampsinite.

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XVIII

LA BONNE OUM-ALY

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'N homme qui s'appelait Abou-Aly, avait une femme dont le nom était Oum

Aly; il avait trois enfants et était d'une pauvreté extrême. La nourriture de toute la famille ne se composait que de pain et de radis.

Sa femme, Oum-Aly eut un jour envie de lentilles, elle en fit la demande à son mari qui lui promit de lui en apporter.

Dès qu'il sortit, elle prépara le feu et emprunta à ses voisines tous les ustensiles de cuisine nécessaires pour faire cuire les lentilles une casserole, une tasse pour les faire sauter au beurre, une louche et une passoire.

Au coucher du soleil son mari rentra; il rapportait comme tous les jours le pain et les radis, mais il n'apportait point les lentilles demandées.

Lorsque sa femme, Oum-Aly, lui en demanda la raison, il lui répondit : « Après avoir mûrement réfléchi, j'ai trouvé que le mieux serait de t'acheter une chemise pour remplacer celle que tu portes et qui est en lambeaux. ».

Elle s'en réjouit, et toute satisfaite elle approuva l'avis de son mari.

Le lendemain matin Oum-Aly rendit à ses voisins tout ce qu'elle s'était fait prêter la veille.

Elle déchira sa chemise et en jeta, sur la terrasse de chaque maison voisine, un petit morceau en disant que son mari allait lui en rapporter une neuve.

comme

Lorsqu'il revint, ne rapportant, d'habitude, que du pain et des radis, elle lui demanda sa chemise. Il lui répondit qu'il avait encore bien réfléchi et qu'il trouvait préférable de lui acheter avec cet argent une belle paire de boucles d'oreilles pour parer ses oreilles.

La joie de la femme n'en fut que plus grande. Dès que le jour parut, elle ramassa toutes les pièces de sa chemise et les recousit

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