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IV

LA PRINCESSE TAG-EL-AGEM1

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N roi avait une fille. Il voulut en faire

une savante. Il prit à cet effet un maître et donna à sa fille des compagnes de classe. Ce maître lui enseignait tout, le Koran, la lecture, l'écriture, etc.

Un jour, en entrant en classe, la princesse vit que son maître battait une de ses camarades, il la battait si fort que la pauvre fille allait en mourir.

La princesse ne pouvant pas l'arracher des mains du maître, se sauva et courut jusqu'à ce qu'elle fût hors de la ville, dans la campagne.

Etant fatiguée, elle s'assit pour se reposer et s'endormit au pied d'un arbre.

1. Couronne des Perses.

Le fils d'un sultan voisin étant à la chasse passa par là et vit la princesse qu'il trouva admirable.

Il la réveilla et la conduisit chez le sultan son père.

La princesse grandit et embellit dans ce sérail. Quand elle fut en âge de se marier, le prince demanda au sultan, qui y consentit, la permission de l'épouser.

Le prince et la princesse se marièrent donc, et leurs noces se firent avec le cérémonial d'usage, au milieu des réjouissances publiques qui durèrent quarante jours et quarante nuits.

Bientôt le sultan devenu vieux, mourut, le prince et la princesse devinrent alors roi et reine.

Sur ces entrefaites, la jeune reine accoucha d'un garçon.

Le septième jour des couches, avant que, selon l'usage, la visite des dames, venues pour féliciter la mère et voir l'enfant, ne commençât, le mur de la chambre de la reine se fendit; elle vit apparaître son maître, ce méchant magister qui lui avait tant fait peur et qui était si savant; elle le vit, dis-je, sortir de la

fente du mur, s'avancer vers son lit, prendre son enfant, la barbouiller elle-même de sang, et rentrer dans le mur par la même fente, pour disparaître.

Lorsque les dames entrèrent dans la chambre et virent la reine ainsi couverte de sang, n'ayant plus son enfant auprès d'elle, elles pensèrent toutes que la reine était une ogresse et qu'elle avait mangé son enfant.

Après la visite, cette nouvelle se répandit dans la ville et bientôt toutes les femmes ne parlèrent plus que de cet événement.

Cependant le roi, qui entendit ces bruits, n'y ajouta aucune foi, parce qu'il aimait sa femme et il continua à l'aimer.

La deuxième année de leur mariage, la reine eut un autre garçon qui fut enlevé de la même façon par le maître d'école magicien.

La troisième année, la reine eut une fille qui eut le même sort que les deux princes, ses aînés.

Le roi, devant les accusations persistantes et de jour en jour grandissantes des dames de la cour et de la ville, et voyant que ses trois enfants avaient disparu de la même façon,

sans que la reine en pût donner une explication raisonnable et plausible, il ordonna qu'on reléguât la reine dans les cuisines du palais et qu'elle y servît comme un souillon.

La reine accepta son sort sans plaintes ni murmures et alla habiter les cuisines.

Un jour le roi partît en voyage pour faire une tournée dans ses États.

Il demanda avant de partir, à toutes les dames de son palais ce qu'elles désiraient qu'il leur rapportât en cadeau.

Les unes demandèrent des étoffes, les autres des bijoux. Le roi en prit note. Au moment du départ, le roi se rappela de Tag-el-Agem (couronne de la Perse), la reine qu'il avait sauvée autrefois de l'abandon, et par suite, d'une mort certaine et qui à présent était reléguée dans les cuisines du palais, mais qu'il aimait encore malgré sa disgrâce.

Il lui demanda ce qu'elle souhaitait.

Tag-el-Agem lui dit qu'elle désirait posséder la boîte de l'amertume et la coupe d'aloès; et elle ajouta : « O mon maître! ô mon roi si tu oublies ma commission, à ton retour une tempête affreuse bouleversera l'air, ton

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