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toutes les difficultés que par des détails qui ne peuvent entrer dans cette histoire, avoit été préparé par un grand nombre d'expériences dans lesquelles M. Lefèvre-Gineau avoit développé toutes les ressources d'un talent supérieur, et qui furent encore vérifiées avec le plus grand soin par M. Fabbroni de Florence, qui lui fut adjoint comme coopérateur.

Les membres de la première section examinèrent d'abord jusques dans ses moindres détails la mesure des deux bases, la nature des instrumens, le degré de confiance qu'ils méritoient, les précautions prises pour en faire usage, la marche des opérations, les registres dans lesquels elles étoient chaque jour consignées, les réductions à l'horizon, au niveau de la mer, à la température moyenne de treize degrés du thermomètre de Réaumur, ou de seize degrés et un quart du thermomètre centigrade. Ils s'assurèrent enfin de l'accord des deux bases et les adoptèrent telles que nous les avons rapportées ci-dessus, pour servir de fondement au calcul de la méridienne.

Ils passèrent ensuite à l'examen des triangles dont ils comparèrent les séries; ils arrêtèrent le tableau de ceux qui devoient être adoptés, en firent les calculs séparément et par différentes méthodes, afin d'obtenir par leur accord la certitude des résultats; et après avoir porté l'attention la plus sévère sur les observations azimutales faites à Vatten (1), Bourges, Carcassone et Mont-Jouy,

(1) Les observations azimutales ont été faites à Vatten, à Paris et à Bourges par M. Delambre, à Carcassone et à Mont-Jouy par Méchain. Les observateurs ont mis beaucoup de soin dans ces sortes d'observations, et les ont multipliées, parce qu'ils ont pensé qu'elles pouvoient donner quelques

ils calculèrent la longueur de l'arc terrestre qu'ils trouvèrent de 275792 modules et 36 centièmes, et correspondant à un arc céleste de 9o, 6738 qui fut déterminé par les observations des latitudes faites à Dunkerque, Paris, Evaux, Carcassone et Mont-Jouy.

Le quart du méridien, l'objet principal de tant de travaux, ne pouvoit être encore déduit rigoureusement de l'arc terrestre mesuré sans la détermination préalable de l'ellipticité de la terre. Le meilleur moyen de la connoître avec exactitude, étoit de comparer deux des plus grands arcs mesurés avec le plus de soin, et qui se trouvoient à la plus grande distance l'un de l'autre. L'arc qui venoit d'être déterminé en France par M. Delambre et Méchain, et celui qui fut mesuré vers l'équateur, de 1736 à 1742, réunissoient ces conditions. Leur comparaison donna pour l'aplatissement de la terre 33 (1), d'où la grandeur du quart du méridien fut conclue de 2565370 modules, ou de 5130740 toises, et sadixmillionième partie ou le mètre de 155535 parties du module ou de 443 lignes et 206

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Chacune des trois sections fit un rapport séparé sur l'objet dont elle avoit été chargée. Un rapport général sur toutes les parties fut fait à l'Institut national.

Ce sont des étrangers à qui les savans français cédèrent

nouvelles lumières sur la figure de la terre, en comparant les azimuts calculés avec les azimuts observés, qui devoient se trouver d'accord si les parallèles sont des cercles, et présenter des résultats différens, s'ils sont aplatis comme les méridiens.

Base du Système métrique, etc., tome 2, page 157.

(1) En recommençant les calculs de l'arc du Pérou et faisant concourir les observations de la Condamine avec celles de Bouguer, M. Delambre à trouvé.

l'honneur d'être les organes de la Commission des poids et mesures. M. Trallès, envoyé de la république Helvétique et M. Van-Swinden, député Batave, rendirent compte de ses travaux, le premier, sur l'unité de poids, le second, sur la mesure de l'arc du méridien. M. VanSwinden, qui fut ensuite chargé de former un tout de ces deux parties séparées, fondit avec beaucoup d'ordre et de clarté le discours de son collègue et le sien. C'est à la suite de ce compte rendu que furent présentés solemnellement au Corps-Législatif, et déposés dans les archives nationales, les modèles des deux nouvelles mesures, le Mètre et le Kilogramme.

C'est par les moyens que nous venons d'exposer que fut pris dans la nature le type de la mesure universelle, dont le vœu s'étoit en vain renouvelé depuis tant de siècles; c'est pour elle que s'est exécutée, au milieu des plus grands obstacles, la plus belle entreprise qui jamais ait été formée sur la mesure de la terre.

Mais quoi ! dira-t-on, c'est pour obtenir une barre de métal d'une certaine dimension que tant d'expériences ont été faites, des instrumens construits avec tant de soin; c'est pour elle qu'il a fallu parcourir de vastes régions,. bâtir des observatoires, gravir les rochers les plus escarpés; et si par quelque révolution physique ou morale, le fruit de tant de travaux, le type de la mesure universelle venoit à s'anéantir, si la matière qui la compose étoit frappée de la foudre et réduite en fusion, coûteroit-il encore, pour la retrouver, les mêmes fatigues et les mêmes sacrifices? Telle est l'objection spécieuse qui peut être faite contre la mesure de la méridienne.

Une telle entreprise ne se borne pas, comme nous l'avons déjà dit, au seul avantage d'établir la base du

système métrique ; elle est encore liée aux questions les plus importantes de la Physique céleste.

Quant à la destruction supposée du type général des mesures, quoique sa destruction soit infiniment peu probable, il suffit qu'elle soit possible pour avoir été prévue. Les précautions sont prises; la perte du mètre ne seroit que momentanée. La longueur précise du pendule qui bat les secondes dans un lieu déterminé, suffit pour le retrouver; il en est le conservateur indestructible, il peut y ramener comme objet de comparaison. Des expériences nombreuses sur celui qui bat les secondes à Paris, ont donc été faites et discutées avec une admirable sagacité par Borda, et par un résultat moyen, qui ne s'écartoit pas d'un cent millième des résultats de vingt expériences différentes, sa longueur a été trouvée de 2592 du module; ainsi le pendule et son rapport avec le mètre pourroient redonner aux hommes cette unité fondamentale, s'ils venoient à la perdre. Des expériences semblables ont été faites sous d'autres degrés de latitude, et la durée du mètre est devenue égale à celle du monde.

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Les détails de l'opération importante dont je viens d'esquisser rapidement le tableau,méritoient d'être conservés. M. Delambre s'est acquis un nouveau titre à la reconnoissance de la postérité, comme à celle de ses contemporains, en les consignant avec beaucoup d'ordre dans un ouvrage très-étendu, qui peut être d'ailleurs regardé comme un dépôt précieux des connoissances nécessaires à ceux qui seroient appelés à l'exécution de pareilles entreprises.

ARTICLE III.

OPÉRATIONS FAITES EN ESPAGNE,

POUR LA PROLONGATION DE LA MÉRIDIENNE DE FRANCE

JUSQU'AUX ILES BALEARES.

L'opération de la méridienne, telle qu'elle avoit été d'abord conçue, devoit être terminée auprès de Barce-· lone; mais le projet que Méchain avoit formé depuis long-temps de la prolonger jusqu'aux iles Baléares, étoit assez important pour être exécuté. Cette nouvelle extension devoit placer le milieu de l'arc sur le parallèle moyen entre le pôle et l'équateur, et servir à calculer le quart du méridien sans aucune hypothèse sur l'aplatissement de la terre. La mesure d'un plus grand arc promettoit aussi dans le résultat définitif une plus grande précision.

Frappé de ces avantages, Méchain étoit fortement attaché au projet de la prolongation; il en avoit réclamé et commencé l'exécution. Déjà même il avoit conduit ses triangles jusqu'à Tortose, choisi des stations jusqu'à Ivice, fait plusieurs observations près de Valence, lorsqu'il mourut victime de son dévouement à l'Astronomie, au milieu de ses travaux, qu'il ne voulut jamais abandonner malgré les dangers qui le menaçoient dans un pays infecté par des vapeurs contagieuses. C'est ainsi que Chappe dans la Californie, après avoir observé le passage de Vénus, affronta les dangers d'une funeste épidémie et paya de sa vie l'observation d'une éclipse qu'il ne vouloit pas manquer.

La mort de Méchain suspendit pendant trois ans les opérations commencées au-delà de Barcelone; mais un

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