Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

HISTOIRE

DE L'ASTRONOMIE,

DEPUIS 1781 JUSQU'A 1811.

NOTICE PRÉLIMINAIRE:

UN savant illustre (1), dont la vie fut consacrée à

des travaux utiles, et dont la mort accuse encore une sanglante tyrannie, a tracé le tableau historique de l'une des plus hautes connoissances de l'homme, tableau riche et varié, dans lequel il a suivi la science astronomique, depuis son origine jusque vers la fin du siècle dernier; ouvrage intéressant dans lequel un style toujours élégant s'est élevé à la hauteur du sujet et des conceptions du génie, où les idées abstraites ont pris souvent des formes sensibles, où la sécheresse et l'aridité des matières les plus épineuses se sont cachées sous la richesse des pensées et des ornemens, où le philosophe peut trouver une lecture agréable, et l'homme du monde une instruction solide.

(1) Jean Sylvain Bailly, né à Paris en 1736, est mort victime du régime révolutionnaire en 1793.

A

Ce savant, dont le coup d'œil pouvoit embrasser la vaste étendue de la science, a conduit ses lecteurs vers ses dernières limites; il a tracé tout ce que la géoinétrie a fait pour elle, il a décrit les travaux des hommes qui se sont associés à la gloire de Newton, en étendant les bornes de son empire, ceux des observateurs célèbres à qui l'inspection assidue du ciel a fait découvrir de nouveaux phénomènes, les voyages entrepris pour mesurer la terre et sa distance au soleil.

Après la découverte de l'aberration des étoiles, les solutions du problème des trois corps, de celui de la précession des équinoxes et de la nutation de l'axe de la terre; après l'explication du phénomène des marées, des perturbations de Jupiter et de Saturne, des retards et de l'accélération des comètes dans leur route elliptique et le développement des moyens de prédire leur retour, on pouvoit croire que l'Astronomie, parvenue au dernier période de son élévation, devoit enfin rester stationnaire.

Cependant elle a pris un nouvel essor. Si le siècle dernier a vu moissonner, à des intervalles de temps très-rapprochés, trois grands géomètres, Euler, Clairaut et d'Alembert, deux anciens rivaux de leur gloire leur ont survécu et tiennent encore dans leurs mains le sceptre de Newton. De dignes coopérateurs ont secondé leurs efforts, des observateurs nombreux ont étudié le ciel, des astres inconnus se sont montrés à leurs yeux, et les trente années qui viennent de s'écouler peuvent encore former une période mémorable dans l'Astronomie.

C'est cette période que j'entreprends de parcourir. Je marche dans une route épineuse, en suivant de loin les traces de mon prédécesseur; je me suis attaché à

connoître, autant que je l'ai pu, les travaux des hommes qui, dans ces derniers temps, se sont illustrés dans la carrière de l'Astronomie, à détacher de leurs ouvrages les faits remarquables et les résultats importans que l'histoire doit conserver. C'est l'esprit qui les a dirigés dans leurs recherches, ce sont les obstacles qu'ils ont rencontrés, les précautions dont ils se sont environnés pour les vaincre, que j'ai tâché de saisir et de présenter à mes lecteurs.

En poursuivant l'histoire de l'Astronomie jusqu'au temps présent, j'aurai nécessairement à parler de plusieurs astronomes et géomètres vivans; mais pour le plus grand nombre, le jugement de leurs contemporains à devancé celui de la postérité; c'est en consultant la renommée acquise à leurs travaux, que je chercherai à me garantir des reproches d'adulation ou d'injustice.

Pour procéder avec ordre dans le développement des derniers progrès de l'Astronomie, j'exposerai successivement les découvertes faites par l'observation celles qui sont dues à la théorie, les travaux astronomiques et les différens degrés par lesquels les tables qui doivent réprésenter l'état des mouvemens célestes sont parvenues à leur perfection actuelle. C'est d'après cette division que j'ai cru pouvoir présenter un aperçu des nouveaux efforts de l'esprit humain, pour reculer les bornes d'une science qui renfermera toujours les plus beaux titres de sa grandeur.

Etat de l'Astronomie en 1781.

Avant d'entrer dans les détails qui peuvent faire connoître les progrès de l'Astronomie depuis 1781, nous

allons jeter un coup d'œil général sur sa situation vers cette époque, et les espérances qu'elle laisse pour l'avenir.

Dans le temps dont nous parlons la plus grande activité régnoit dans tous les Observatoires de l'Europe; les observations étoient discutées et comparées, de grands travaux, de grands calculs étoient entrepris, de toutes parts les registres, les annales du ciel étoient publiés, et les points les plus importans du système du inonde approfondis.

En France, le Monnier, ancien coopérateur de Maupertuis dans la mesure du degré terrestre, exécutée vers le cercle polaire, le Monnier qu'avoient illustré cinquante ans de travaux, animoit par ses conseils l'ardeur des jeunes astronomes, et marquoit encore les derniers jours de sa longue carrière, par un grand nombre d'ouvrages utiles. L'auteur de l'histoire des Comètes, le continuateur de Halley, dans la détermination de leurs orbites; Pingré, après ses longs et pénibles voyages, pour les passage's de Vénus et la vérification des horloges marines, calculoit toutes les éclipses arrivées dans l'intervalle de mille ans avant l'ère vulgaire, préparoit les annales astronomiques.du dix-septième siècle, et ne cessoit encore d'étudier le ciel dans l'Observatoire dont il avoit été le fondateur (1). Jérôme Lalande, passionné pour l'Astronomie, lui consacroit tous ses instans et par ses observations, ses calculs ou ses écrits, attachoit son nom

[ocr errors]

(1) L'ancien Observatoire de Sainte-Geneviève, destiné à l'usage de Pingré vient d'être réparé et muni d'instrumens, par les soins de M. le Chevalier, auteur d'un Voyage dans la Troade; c'est là que cet ami zélé de l'Astronomie, après avoir parcouru l'Europe et cette partie de l'Asie mineure, si célèbre par les souvenirs qu'en ont laissés les poëtes, fait aujourd'hui ses délices des observations et des études astronomiques.

à tous les événemens célestes. M. Messier continuoit d'épier, avec un zèle infatigable, les apparitions des comètes et donnoit souvent sur cet objet l'éveil aux observateurs. Borda perfectionnoit le cercle répétiteur, inventé par Tobie Mayer, et méditoit sur les moyens d'observer la longueur du pendule, avec plus de précision que Bouguer et Mairan. Méchain, dont la méridienne attestera toujours les talens, et conservera glorieusement le souvenir, se faisoit alors connoître par des observations utiles, par des calculs importans sur divers objets astronomiques, et s'ouvroit les portes de l'Académie des Sciences par son travail sur les comètes. D'Agelet, compagnon de voyage de la Peyrouse, et qui sans doute a partagé le sort encore inconnu de cet illustre navigateur, commençoit, à l'Observatoire de l'École Militaire, le grand catalogue d'étoiles, continué depuis par M. le Français-Lalande.

De profonds géomètres consacroient aussi leurs travaux à l'Astronomie. Ils appliquoient aux phénomènes célestes l'instrument puissant de l'analyse. Duséjour, ancien élève et ami de Clairaut, calculoit la parallaxe du soleil (1), d'après les observations des derniers passages de Vénus il s'attachoit à perfectionner les Mémoires qu'il avoit publiés à diverses époques sur les éclipses les comètes, les disparitions périodiques des anneaux de Saturne, et les réunissoit dans un seul corps d'ouvrage (2). M. Laplace, que ses savantes recherches sur

(1) La parallaxe du soleil, conclue des Formules analytiques de Duséjour, est de 8",8; elle est, suivant Hell de 8",7.

(2) L'ouvrage de Duséjour a paru en deux volumes in-4°, sous le titre de Traité analytique des mouvemens apparens des cor, s celestes ; le premier en 1786, le second en 1789.

« VorigeDoorgaan »