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Dès que le théodolite qu'il attendoit fut arrivé, il commença les observations des angles, qui durèrent depuis le 27 septembre 1802 jusqu'au 13 avril 1803. Il apporta les plus grandes précautions dans leurs mesures. Il avoit soin d'observer chaque angle trois à quatre fois, de lire trois fois les indications micrométriques, de les inscrire séparément sur deux registres et de prendre pour la valeur de l'angle indiqué, la moyenne entre les quantités portées sur chacun des registres. Sur les 32 triangles qui composoient sa chaîne trigonométrique, il en trouva onze dans lesquels la différence entre la somme des trois angles et deux droits, déduction faite de l'excès sphérique, étoit presque nulle, et deux seulement dans lesquels elle étoit entre six et sept secondes.

Lorsqu'il eut achevé la mesure des triangles, il réduisit toutes les distances au méridien de Trivandeporum, extrémité méridionale de l'arc, et trouva pour sa longueur jusqu'à son terme boréal à Pandrée, 574327,96 pieds anglais, ou 95721,33 fathoms, ou 89787,5 toises.

Là se terminoient les opérations géodésiques, et devoient commencer celles de l'astronome. Il s'agissoit de mesurer l'arc céleste compris entre les verticales des deux extrémités de l'arc terrestre, et d'observer à cet effet les distances des étoiles au zénit. Le major Lambton employa dans ces observations un grand secteur astronomique de cinq pieds de rayon, qui s'étendoit à 9o de part et d'autre du zénith.

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Il s'établit d'abord à Pandrée pendant les mois de novembre et de décembre de 1802; mais ses opérations furent souvent interrompues par les temps orageux de la Mousson. Il avoit formé le projet d'observer trois étoiles. Aldébaran seul, qui passoit à 2o 46' de son zénith

lui

lui donna des résultats satisfaisans. Il l'observa pendant seize nuits consécutives, et trouva pour la latitude moyenne de Pandrée, conclue de toutes ses observations 13° 19' 49",018.

Il se rendit ensuite à Trivandeporum, près le fort Cadda'ore. Ses observations qu'il fit pendant le mois de février 1803, n'y furent traversées par aucun obstacle. Le temps y fut constamment calme et serein. Aldebaran, qu'il observa de même pendant plusieurs nuits, lui donna pour la latitude de Trivandeporum 11° 44′ 52",59, et par conséquent, pour l'arc compris entre les deux stations extrêmes 1° 34' 56";59. Il en conclut la longueur du degré correspondant au milieu de l'arc, de 60495 fathoms ou de 56744,9 toises.

Le major Lambton avoit encore en vue la mesure d'un degré perpendiculaire au méridien. Le choix des stations avoit été fait conformément à ce projet. Ses triangles couvroient une surface qui s'élargissoit vers le centre; il n'eut besoin que d'en ajouter trois à ceux qu'il avoit déjà observés pour déterminer la distance entre les sta tions de Carangooly et de Carnatighur, situées à très-peu près sur le même parallèle. Il chercha la différence de longitude entre les deux stations, en conclut la longueur du degré perpendiculaire au méridien, en faisant úsage de la méthode des azimuts, c'est-à-diré, qu'il observa dans la station orientale de Carangooly l'angle de la méridienne avec Carnatighur, et réciproquement dans la station occidentale de Carnatighur, l'angle de la méridienne avec Carangooly, détermina, par des calculs trigonométriques, la distance des parallèles entre les deux stations, et trouvá, d'après cette distance et les azimuts calculés dans la sphère, pour l'arc de grand cercle per

pendiculaire au méridien de Carangooly et terminé par celui de Carnatighur 47' 37", pour la corde de cet arc 290837,8 pieds anglais, pour l'arc lui-même 290841, et pour la longueur du degré perpendiculaire au méridien à la latitude de Carangooly, 366355,08 pieds, et par un dernier calcul, 61061 fathoms ou 57275,8 toises. Il employa dans les observations d'azimut, le grand théodolite et les feux du Bengale. Ces observations faites à travers les vapeurs dont la station élevée de Carnatighur étoit environnée, ne furent point pour lui sans. difficultés. Il les trouva peu d'accord entre elles; mais il eut soin de les multiplier et de faire disparoître les discordances dans les résultats moyens.

L'opération du major Lambton dans les Indes orientales, examinée dans tous ses détails, soit du côté de la perfection des instrumens, soit du côté des précautions prises pour en faire usage, inspire une juste confiance; elle est même déjà placée par les astronomes au nombre de celles qui peuvent concourir à déterminer le plus exactement l'ellipticité de la terre.

En suivant les opérations des Français et des Anglais, on doit être frappé de la différence de leurs procédés pour arriver au même but. En France, un seul instrument sert à mesurer les arcs sur la terre et dans le ciel; le cercle répétiteur tient lieu du théodolite et du secteur astronomique. La petitesse de son rayon, la foiblesse des lunettes dont il est accompagné, paroitroient devoir lui faire préférer des instrumens d'une plus grande dimension; mais la facilité du transport, la faculté d'être placé dans de petits espaces et la répétition indéfinie de la mesure des angles sur toutes les parties de la circonférence, compensent avec avantage les qualités que peuvent don

ner aux instrumens anglais la grandeur de leurs rayons et l'excellence de leur construction.

En France, les règles de platine inventées par Borda, pour la mesure des bases, tiennent lieu des chaînes d'acier dont on fait usage en Angleterre. La longueur exacte des règles est garantie à chaque instant par la pureté de la matière qui les composent, et les thermomètres métalliques qui les accompagnent. Les chaînes d'acier, pour être exactes, demandent une main très-habile qui les construise. Elles mettent ainsi l'observateur dans la dépendance de l'artiste qui partage la gloire de ses opérations; ce que l'on peut dire aussi du théodolite et du secteur astronomique.

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Dans les opérations françaises, les lampes à miroir parabolique remplacent les feux du Bengale dont se servent les Anglais. La lumière qu'elles produisent peut avoir une durée indéfinie et l'on peut juger de l'éclat qu'elle jette au loin par le grand triangle qu'ont mesuré en Espagne MM. Biot et Aragɔ.

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Les procédés des Français dans les mesures terrestres paroissent en général plus simples et plus expéditifs leurs instrumens moins embarrassans tant dans leurs appareils que dans leurs volumes. Déjà les étrangers conmencent à les adopter; les astronomes suédois les ont employés dans leurs mesures vers le cercle polaire; et l'on peut croire avec beaucoup de vraisemblance, en rendant justice à l'habileté des artistes anglais, qu'un jour le théodolite cédera partout la prééminence au cercle répétiteur, que les règles de platine l'emporteront sur les chaînes d'acier et les lampes à miroir parabolique, sur les feux du Bengale.

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Si de la mesure de la terre nous passons aux dénombremens, aux positions des étoiles dans le ciel, nous y trouverons des objets aussi dignes d'exciter l'intérêt et plus capables d'exalter, l'imagination. Ces astres lumineux immobiles pour nous dans l'espace, nous servent à suivre ~la marche des astres errans, c'est par l'immobilité des uns que sont appréciés les mouvemens des autres. Rien n'est donc plus intéressant pour l'astronome que la détermination exacte de la position des étoiles, ou la formation de leurs catalogues. Ces sortes d'ouvrages ont été mis par les anciens au rang des travaux astronomiques les plus importans et les plus difficiles. Pline (1) ne cite qu'avec admiration le catalogue d'Hipparque; une pareille entreprise lui paroît être celle d'un dieu.

Cependant, combien les modernes se sont élevés dans cette partie au-dessus des anciens! jusqu'à Flamsteed, qui le premier se servit du télescope dans les observations des étoiles, les erreurs sur leurs positions avoient été portées jusqu'à quatre et cinq minutes. Le télescope organe nouveau, que n'avoient pas connu ou que n'avoient pas employé ses prédécesseurs, donna les moyens

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(1) Pline dit en parlant d'Hipparque, ausus rem etiam deo improbam, adnumerare posteris stellas et sydera ad normam expangere. Plin. Hist. nat. lib. 2, cap. 26.

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