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La fin de l'année 1783 fut encore marquée par la perte de Pierre Wargentin, secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences de Stockolm. La réputation de cet astronome parmi les savans, est fondée principalement sur ses tables des satellites de Jupiter publiées en 1746. Elles ont été construites d'après la recherche qu'il a faite empiriquement des équations qui pouvoient entrer dans leurs mouvemens. Elles ont eu l'avantage d'être les plus utiles aux navigateurs jusqu'au moment où la théorie de M. Laplace a servi de fondement à celles de M. Delambre qui les ont remplacées.

En 1784, est mort César François Cassini de Thury, troisième astronome de ce nom. Il a partagé les travaux de la méridienne vérifiée, d'abord avec son père Jacques Cassini, ensuite avec Lacaille. Il a terminé la grande carte de France, malgré tous les obstacles qu'il a trouvés dans son exécution. Il est l'auteur du projet de la jonction des Observatoires de Paris et de Greenwich, qu'il eut la satisfaction de voir approuvé par la Société Royale de Londres peu de temps avant sa mort.

Au commencement de 1790, mourut près de Genève, Jacques-André Mallet Favre, correspondant de l'Aca démie des Sciences de Paris, de celle de Pétersbourg et de la Société Royale de Londres. Il manifesta de bonne heure un goût décidé pour les sciences et surtout pour l'Astronomie. Ce goût se fortifia par le commerce des hommes qu'il fréquenta dans sa jeunesse. Il eut pour compagnon d'étude le célèbre Saussure, et pour maître Daniel Bernoulli. En 1768, il fut proposé par Lalande à l'Académie de Pétersbourg, pour faire l'observation du

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passage de Vénus à Ponoi près d'Archangel, vers la mer glaciale. 11 fit ce voyage avec Jean-Louis Pictet, qui devint depuis son beau-frère, séjourna quatre mois dans le plus affreux climat, et ne recueillit qu'en partie le fruit de ses rudes fatigues; il ne vit que l'entrée de Vénus sur le soleil.

De retour à Genève sa patrie, il y fit bâtir à ses frais un Observatoire et s'y livra aux observations. Les témoignages qu'il a laissés après lui de son amour pour l'Astronomie, sont la fondation d'une chaire pour l'enseignement de cette science, une méridienne du temps moyen, une carte exacte du lac Léman, beaucoup d'observations sur les planètes et les satellites et des tables de Saturne.

En 1792 les astronomes eurent à regretter la perte de Maximilien Hell, né le 15 mai 1720 à Schemnitz en Hongrie. Il est connu principalement par le succès complet de son observation faite à Wardhus dans la Norwège pour le passage de Vénus sur le soleil, par les éphémérides de Vienne, qu'il a rédigées depuis 1757 jusqu'à 1792, et par plusieurs autres ouvrages astronomiques.

En parcourant les contrées du nord de l'Europe jusqu'au-delà du soixante-dixième degré de latitude, ses travaux ne se bornèrent pas à l'observation du passage de Vénus; les marées, les vents, la température, les hauteurs des montagnes, la pente des fleuves, en un mot, tout ce que présentent d'extraordinaire ces régions rarement visitées par les savans, devint l'objet de ses recherches.

Un digne successeur a remplacé Maximilien Hell, c'est M. Triesneker, auteur d'un travail important sur les longitudes de différens points de la terre déterminé s

d'après les calculs de toutes les éclipses du soleil et des étoiles, observées depuis 1747. Les éphémérides de Vienne sont continuées avec succès par cet habile astronome.

Dans la même année 1792, mourut encore Legentil, né à Coutances le 11 septembre 1725.Il avoit été pendant quelques années, le collaborateur de Jacques Cassini pour la carte de France et les observations astronomiques. Il joignoit au talent de l'observateur, des connoissances. très-variées dont il a donné des preuves dans un grand nombre de Mémoires publiés parmi ceux de l'Académie des Sciences.

En 1760, il partit pour la Côte de Coromandel, afin d'observer le passage de Vénus de 1761; la guerre l'empêcha d'arriver jusqu'à Pondichery, lieu désigné pour l'observation; il attendit dans l'Inde le passage de 1769 et la vue du phénomène lui fut dérobée par les nuages.

Si le sort deux fois contraire à ses desseins, ne lui permit pas d'atteindre le but qu'il s'étoit proposé, il ne voulut pas que son voyage fût inutile aux Sciences. Il parcourut diverses contrées de l'Inde depuis Madagascar jusqu'à Manille, il étudia l'Astronomie des Brames, fit des observations importantes sur les réfractions de la Zone Torride, sur la lumière de la Mer, sur la déclinaison de l'aimant et son inclinaison, et compensa en quelque sorte, par la moisson abondante qu'il rapporta de ces contrées éloignées, la perte d'une observation que le ciel ne devoit plus lui présenter.

Tous les savans dont nous venons de parler, ont attendu tranquillement la fin de leur honorable carrière;

il n'en est pas de même de celui qui fait le sujet de la notice suivante. Jean-Sylvain Bailly, que sa renommée avoit arraché du sein de sa retraite et jeté sur la scène du monde, agitée de toutes les tempêtes politiques, fut condamné à mort par un tribunal de sang le 11 novembre 1793. Ses talens élevés ne désarmèrent ni ses juges ni ses bourreaux; les apprêts de son supplice furent prolongés avec une atroce barbarie. Il mourut avec le calme du sage, au milieu des emportemens d'une populace effrénée.

Il avoit obtenu toutes les distinctions littéraires ; il étoit des trois grandes Académies de Paris, honneur dont il avoit joui seul depuis Fontenelle. Il avoit bien mérité de l'Astronomie par son Histoire de cette science, par son Traité sur l'Astronomie indienne, par la réduction qu'il avoit faite des observations de Lacaille sur les étoiles zodiacales, par ses Essais sur la Théorie des satellites de Jupiter, qui précédèrent les recherches faites depuis par nos deux plus grands géomètres, sur cette partie importante et difficile du Système du monde. Dans tous les ouvrages qu'il a publiés, il a toujours su répandre cet intérêt qui peut naître de la science embellie de tous les charmes d'un style brillant.

Nous pouvons compter encore au nombre des pertes de l'Astronomie, deux magistrats qui lui consacrèrent tous leurs loisirs, le président Saron et Dionis Duséjour; le premier, mort sur l'échafaud, victime de la tyrannie révolutionnaire, le 20 avril 1794; le second, mort à Angerville, près de Fontainebleau, le 22 août de la même année.

L'étude de l'Astronomie avoit un grand attrait pour le

président Saron; il se plaisoit surtout à calculer les orbites des comètes; c'est sans doute par une suite de l'habitude qu'il avoit acquise dans ces sortes de calculs, qu'il découvrit le premier que les observations d'Uranus ne pouvoient être représentées dans une parabole.

Il n'épargnoit rien pour l'acquisition des meilleurs instrumens qu'il laissoit à la disposition des astronomes qui savoient en faire usage. Il aimoit la société des savans et cherchoit souvent à les réunir.

Ce qui fera toujours honneur aux talens de DionisDuséjour, ce sont les nombreuses applications qu'il a faites de l'analyse aux phénomènes les plus remarquables du Système du monde, et dont les résultats intéressent également les astronomes et les géomètres.

Le premier mars 1796, est mort à l'âge de près de 85 ans, Alexandre Gui Pingré, savant dont les nombreux travaux recommandent le souvenir à la postérité. Il étoit âgé de 38 ans, lorsque le célèbre chirurgien Lecat l'arracha aux persécutions que lui faisoient éprouver des querelles théologiques, et dirigea ses talens vers l'étude des sciences. Il se livra bientôt tout entier à l'Astronomie. Il se fit connoître en 1753 par une observation du passage de Mercure sur le soleil, en 1754 par un Etat du Ciel à l'usage de la Marine, ouvrage qui lui fut suggéré par Lemonnier, et lui donna la réputation d'un habile calculateur. En 1766, il refit les calculs des éclipses de 19 siècles, qu'avoit déjà faits Lacaille pour le fameux ouvrage de l'Art de vérifier les dates, auxquels il ajouta ceux des éclipses de dix siècles avant l'ère vulgaire.

Quoique Pingré fût porté par inclination vers les occupations sédentaires du calculateur, il ne craignit point

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