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tueux; on aimeroit enfin à découvrir, dans l'astre le plus voisin de nous, les signes évidens d'un sol habité, et des monumens certains d'industrie et d'intelligence.

Tous les objets dont s'est occupé M. Schroeter sont dignes d'exciter l'intérêt ou de piquer la curiosité. Les recherches difficiles, les observations délicates auxquelles il s'est livré, sont à la vérité peu susceptibles d'une grande précision; mais elles ne pouvoient être entreprises que par un astronome très-habile dans l'art d'observer, et possesseur des meilleurs instrumens; elles ne peuvent être aussi justement appréciées qu'avec le temps; l'histoire, en attendant, doit louer les efforts et la constance de leur auteur, et désigner à la postérité les nombreux objets de ses pénibles travaux. Elle doit dire que tout ce qu'il a fait pour l'Astronomie annonce à la fois le savant distingué, le grand observateur, et l'homme vivement épris des merveilles que présente le spectacle de l'univers.

ARTICLE III.

Observations de M. de Humboldt sur les réfractions astronomiques dans la zône torride.

Parmi les observations astronomiques, les unes, semblables à celles dont nous venons de parler, permettent à l'observateur d'étudier tranquillement le ciel dans une résidence fixe; d'autres l'arrachent de sa demeure, l'entraînent aux extrémités du monde, et souvent dans des contrées presque inhabitées : telles sont, dans certains cas, les observations des passages de Vénus, des éclipses desoleil et d'étoiles; telles sont encore les observations

du

du pendule et celles des phénomènes qui, comme les réfractions, ne peuvent être complètement connus, que lorsqu'ils ont été examinés dans les diverses circonstances qui les modifient.

Depuis Dominique Cassini, de grands voyages ont été entrepris pour observer les inflexions de la lumière dans des climats différens, à différentes hauteurs au-dessus du niveau des mers. Cayenne, le cap de Bonne-Espérance, Quito, la côte de Coromandel et Pondichéri ont été les témoins des travaux de Richer, la Caille, Bouguer et le Gentil, sur le phénomène des réfractions.

A ces noms illustres nous devons unir maintenant celui de M. de Humboldt: guidé par son amour pour les sciences et les progrès de l'astronomie, ce voyageur célèbre vient d'ajouter ses recherches à leurs travaux et de parcourir, pour l'objet qui les ont occupés, les régions équinoxiales.

Il a eu pour compagnon et pour ami dans son voyage, M. Bonpland, animé comme lui de cet amour des sciences qui fait surmonter tous les obstacles et braver tous les dangers.

Après un séjour de cinq mois en Espagne, ces deux savans s'embarquèrent ensemble le 5 juin 1799, et se trouvèrent, le 13 juillet, à la vue des côtes élevées de Tabago, mouillèrent le 16 au port de Cumana, d'où ils se rendirent dans l'intérieur de la nouvelle Andalousie. Ils firent plusieurs excursions sur les hautes montagnes de ces contrées, revinrent à Cumana où ils s'embarquèrent le 18 novembre de la même année et se portèrent à Caraccas pour pénétrer jusqu'à l'Orénoque et dans l'intérieur de la Guiane (1).

(1) Voyage d'Alexandre de Humboldt et Aimé Bonpland, 4° partie.

H

Pendant le cours d'un voyage de cinq ans qu'ils consacrèrent à tous les objets qui peuvent intéresser la Géographie, l'Histoire naturelle et la Physique, M. de Humboldt ne négligea rien de tout ce qui pouvoit aussi le rendre utile aux progrès de l'Astronomie nautique. Il fixa les positions du môle de Sainte-Croix de Ténériffe, du port de Cumana, de San Fernando, et d'un grand nombre d'autres points importans pour les géographes et les navigateurs; mais je ne dois parler ici que de ses travaux sur les réfractions, dont il a donné les résultats dans un excellent Mémoire lu à la première classe de l'Institut le 29 février 1808.

L'objet qu'il avoit en vue étoit d'examiner si les réfractions astronomiques sont les mêmes sous l'équateur, que celles que l'on observe dans les zônes tempérées; c'est en suivant les principes de l'auteur de la Mécanique céleste, qu'il a développé ses recherches sur la solution de cet important problème.

Frappés des différens effets des réfractions, les astronomes ont cru long-temps qu'elles devoient varier suivant les saisons et les différentes régions de la terre. C'étoit l'opinion de Rothman, de Kepler et de Tycho. D'après l'examen des réfractions horizontales observées à Torneo, Picard et Dominique Cassini pensèrent que les réfractions sous le cercle polaire étoient doubles de celles que présente le parallèle de Paris. Richer les croyoit beaucoup moindres à Cayenne qu'en Europe. Bouguer érigea même en théorie les différences observées entre les réfractions de la zône torride et celles des zônes tempérées. Ces différences dépendantes des effets de la chaleur et du poids de l'air, étoient attribuées

à la nature de l'atmosphère que l'on croyoit variable suivant les climats.

Mayer et Lacaille ramenèrent le problème à son véritable point de vue ; ils ne virent dans une table de réfraction qu'une représentation de l'état de l'atmosphère sous une pression et à une température données, et construisirent, d'après ce principe, des tables dont l'usage pouvoit s'étendre à tous les pays de la terre.

Les observations faites par Legentil en 1769, dans son voyage aux Indes Orientales, confirment les idées de Mayer et de Lacaille. Ces observations, calculées de nouveau par M. Delambre en 1795, prouvent que les réfractions dans la zône torride sont sensiblement les mêmes qu'à Paris. Il résulte également des expériences exactes de MM. Biot et Arago sur les forces réfringentes des mélanges gazeux, que les tables de réfraction construites en Europe, peuvent servir sans modification sous un parallèle quelconque.

Enfin M. de Humboldt ayant comparé ses observations sur le décroissement de la chaleur dans les Cordilières du Mexique, avec les expériences faites en Europe, a trouvé l'harmonie la plus frappante dans leurs résultats; ' et lorsqu'ils furent communiqués à l'Institut en 1905, M. Laplace observa que si la loi du refroidissement des couches atmosphériques étoit la même sous les tropiques qu'en Europe, les réfractions près de l'horzion devoient être plus grandes que ne les supposent avec Bouguer, là plupart des astronomes. Cette observation d'un géomètre dont l'opinion est d'un si grand poids dans les sciences physiques et mathématiques, était un motif puissant pour exciter M. de Humboldt à de nouvelles recherches sur les réfractions de la zône torride, sur la constitution

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chimique de l'atmosphère, sous le rapport de son influence sur la déviation de la lumière. C'est ce nouveau travail de M. de Humboldt que nous nous proposons ici de faire connoître.

L'air atmosphérique est un mélange (1) d'azote et d'oxigène, d'une très-petite quantité d'acide carbonique, et d'une partie presque insensible d'hydrogène. Les puissances réfringentes de ces différens fluides ne sont pas les mêmes. Suivant les expériences de MM. Biot et Arago, l'oxigène est celui de tous qui produit la moindre déviation du rayon lumineux. Son pouvoir réfringent est à celui de l'azote dans le rapport de 86 à 103. Il est à celui de l'hydrogène, fluide dont la force réfractive est la plus grande et surpasse au moins six fois celle de l'air atmosphérique, comme 1 est à 8. La force réfringente de l'acide carbonique est à peu près la même que celle de l'air, et ne la surpasse que de 4 millièmes.

Il est évident que si la proportion de ces fluides étoit variable suivant les différences des saisons et des climats, la force réfringente de l'atmosphère éprouveroit des variations correspondantes; mais M.de Humboldt démontre, d'après ses expériences et celles de M. Gay-Lussac, que la proportion des parties constituantes de l'atmosphère est toujours à très-peu près la même sur la surface de la terre, qu'elle ne change pas du moins depuis le niveau de l'océan jusqu'aux plus grandes hauteurs où l'on puisse atteindre,que l'air atmosphérique recueilli dans un nuage,

(1) Suivant MM. de Humboldt et Gay-Lussac, l'air. atmosphérique est composé de 210 parties d'oxigène sur mille, de 786 d'azote et de 4 d'acide carbonique. Journal de Physique et de Chimie, année 1805, tome 60 page 99.

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