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M. Gauss ayant comparé l'une de ses orbites avec vingtdeux observations de M. Bouvard, n'a pas trouvé 17′′ d'erreur en ascension droite; il en a trouvé moins encore en déclinaison. Cet astronome aspiroit à une plus grande précision; il croyoit pouvoir la fonder sur des cervations antérieures à la découverte de la planète; il espéroit que sa grande lumière l'avait fait observer autrefois comme une étoile fixe, ainsi qu'il était arrivé pour Uranus; mais ses espérances n'ont pas été remplies. Cependant on peut s'en rapporter avec confiance aux calculs des deux astronomes qui se sont disputés en même temps la gloire de tracer les orbites des quatre nouvelles planètes.

Il résulte des valeurs peu différentes qu'ils ont assignées à leurs élémens, que la dernière est d'environ douze millions de lieues moins éloignée du soleil que Cérès, Pallas et Junon, que son inclinaison n'est pas beaucoup plus grande que celle de Mercure, et que son excentricité est à peu près égale à celle de Mars; on peut en conclure qu'elle est moins exposée aux dérangemens causés par Jupiter, et que ceux qu'elle éprouve sont aussi plus faciles à calculer.

Les recherches de M. Olbers dans les constellations de la Vierge et de la Baleine ont été suivies d'un heureux succès; cependant les points d'intersection des orbites de Cérès et de Pallas, de Cérès et de sa nouvelle planète, n'ont pas précisément la coïncidence qu'il avoit présumée; ils sont séparés par une distance angulaire d'environ 20°; ceux des orbites de quelques autres petites planètes encore inconnues, peuvent l'être par des distances encore plus considérables. Il est donc à desirer que les regards des astronomes qui voudroient s'occuper

L

du soin de les chercher, ne se bornent pas strictement aux deux régions du ciel indiquées par M. Olbers; les phénomènes célestes se présentent d'ailleurs sous tant de formes différentes, qu'il importe de ne pas se prescrire des limites trop étroites pour les découvrir.

Le nom et le caractère symbolique de la nouvelle planète sont dus à M. Gauss, qui l'a nommée Vesta, et caractérisée par un autel sur lequel brûle le feu sacré.

Les quatre planètes dont nous venons de parler, offrent un spectacle singulier dans le système du monde. Différentes de toutes les autres, elles ont entre elles de grandes ressemblances et paroissent associées par la nature aux mêmes destinées. Elles remplissent ensemble la lacune que l'on croyoit trouver entre Mars et Jupiter. Placées dans une distance moyenne entre ces deux planètes, elles décrivent des orbites peu différentes par leur étendue et se meuvent à peu près d'un pas égal, en s'écartant plus ou moins du zodiaque. Elles se ressemblent aussi par leur extrême petitesse.

Quelques savans, qui ne voyoient en elles que des apparences de petites étoiles, proposaient de les comprendre dans une classe párticulière sous le nom d'astéroïdes; mais l'opinion générale des astronomes les a mises au rang des planètes qui se distinguent des autres astres, non par leur volume, mais par les orbites presque circulaires qu'elles décrivent autour du soleil.

ARTICLE V.

Nouvelles Comètes.

Des astres différens des planètes sont aussi devenus l'objet constant des recherches des astronomes, ce sont les comètes auxquelles ont été consacrées des veilles nombreuses depuis 1781. Trente-une ont été découvertes depuis cette époque, et nous sommes maintenant arrivés à la quatre-vingt-dix-septième dont l'orbite soit connue ; cette dernière est regardée comme une des plus belles qui aient paru depuis près d'un demi-siècle. Les astronomes qui, dans l'intervalle des trente années qui viennent de s'écouler, ont principalement enrichi le système solaire de ces nouveaux astres, sont, en France, MM. Messier, Bouvard, Méchain et Pons; en Allemagne, M. Olbers; en Angleterre, MM. Herschel, Pigot et mademoiselle Caroline Herschel. Leurs orbites ont été calculées par plusieurs des observateurs précédens, tels que MM. Bouvard, Méchain et Olbers; on peut ajouter à ces noms ceux de MM. de Zach, Saron, Englefield, Prospérin et Burckhardt.

L'objet le plus intéressant que l'on puisse se proposer dans les observations des comètés, est le calcul de leurs orbites; il imprime un caractère aux comètes observées, et donne les moyens de les reconnaître aux époques de leurs nouvelles apparitions. C'est sans doute au desir de prévoir leurs retours, que nous devons les efforts qu'ont faits jusqu'ici les géomètres les plus célèbres pour résoudre le problème général de leurs élémens. Il n'est peut-être aucune question que l'on ait agitée de tant de

manières différentes. Comme elle offroit toujours de nouveaux écueils, on a cherché sans cesse de nouveaux moyens de les éviter, et l'on s'est trouvé presque toujours réduit à l'alternative d'une extrême longueur dans les calculs, ou d'une simplification fondée sur de fausses hypothèses.

Aux méthodes anciennes dont la plupart sont depuis long-temps abandonnées, ont succédé depuis 1780, trois méthodes nouvelles qui paraissent aujourd'hui partager l'attention des astronomes. La première, de M. Laplace, éprouvée avec succès sur un grand nombre de comètes, est employée par ceux qui préfèrent la sûreté des méthodes analytiques aux résultats incertains des solutions graphiques. La seconde, de M. Olbers, remarquable par l'union des formes analytiques aux principes de la trigonométrie, est favorablement accueillie de ceux qui tiennent encore aux anciennes méthodes astrono miques: elle présente les avantages d'une grande simplicité; mais elle est regardée comme insuffisante dans le cas où l'orbite de la comète est peu inclinée à l'écliptique. La troisième, de M. Legendre, est recommandable par le nom de son auteur. Elle est analytique comme celle de M. Laplace. Le mérite qui lui est propre est d'indiquer à chaque instant les effets des erreurs introduites dans les hypothèses ou dans les observations, et de donner des moyens faciles de les concilier avec le résultat définitif, sans obliger le calculateur de revenir sur ses pas, mérite qui peut compenser en grande partie la longueur inévitable des calculs dont elle ne paroît pas exempte aux yeux des géomètres.

La précision des orbites des comètes ne dépend pas seulement des méthodes plus ou moins directes, plus ou

moins approximatives; elle dépend encore de leurs observations toujours très-incertaines, à cause des atmosphères nébuleuses dont elles sont environnées; c'est peutêtre pour cette raison que nous n'en connaissons qu'une seule dont le retour puisse être annoncé avec certitude.

Mais le temps développera sans doute cette partie presque encore neuve de l'astronomie. Il ramènera vers leur périhélie les comètes déjà observées, et rectifiera leurs élémens; et s'il est vrai que quelques-uns de ces astres soient errans de système en système, l'avenir reconnoîtra du moins, ceux qui doivent rester invariablement attachés à l'empire du soleil. Il en fixera le nombre, s'il est possible qu'il soit jamais déterminé.

Voilà le précis des découvertes faites par l'observation depuis 1781. Par elle en trente ans le système solaire s'est enrichi de cinq planètes, de huit satellites et de trente-une comètes; elle a découvert la rotation de Saturne et de son anneau, reconnu celle de Mercure et de Vénus, et les variations périodiques de quelques étoiles. Elle a parcouru la surface inégale de la lune, déterminé les hauteurs de ses montagnes, les profondeurs de ses cratères, recherché la densité de son atmosphère. Jamais peut-être dans un intervalle de temps aussi court, elle n'avoit été aussi féconde. Ses efforts ont été si grands, que dans beaucoup de parties elle laisse peu de choses à desirer pour l'avenir.

Il est vrai qu'elle a trouvé de grands secours dans la nouvelle perfection des instrumens, dans la puissance amplificative des grands télescopes, dans les nouveaux Observatoires rivaux de ceux de Paris et de Greenwick,

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