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Raoul. Le chap. II de l'introduction, œuvre propre de M. Longnon, donne, sur les éléments historiques mis en œuvre dans le poème, des notions entièrement nouvelles. La table des noms contient aussi, sous une forme très résumée, un grand nombre de recherches historiques.

Vient de paraître à la librairie Champion la traduction de Girart de Roussillon dont nous avons annoncé la prochaine publication dans notre dernière chronique.

Le directeur de l'École des chartes a fait exécuter récemment à Florence quelques planches de fac-similés, d'après des mss. latins et provençaux, pour la collection des photogravures de l'École des chartes. Celles de ces planches qui peuvent intéresser les études romanes se rapportent aux mss. Bibl. naz. F. 4 (S. Spirito 776), le chansonnier provençal décrit par M. Stengel dans la Rivista di filologia romanza, I, 25 et suiv.; S. Lorenzo, pl. XXIX, cod. 8, ms. qui paraît avoir appartenu à Boccace; provençal.

Livres adressés à la Romania :

Plut. XLI, cod. 42, chansonnier

Recueil des fac-similés à l'usage de l'École des chartes, fascicules I, II, III, 1880, 1881, 1883. Gr. in-fol., 34 pages et 75 planches non numérotées (Paris, A. Picard). Ces fac-similés, tous exécutés en héliogravure par M. P. Dujardin, forment la tête d'une collection commencée par la direction de l'École des chartes en 1872, et qui contient actuellement 250 numéros, sans compter quelques articles en cours d'exécution. Les trois fascicules mis en vente renferment, en 75 planches, les 130 premiers numéros, accompagnés de notices succinctes et de la transcription des premières et dernières lignes. Le quatrième fascicule, qui terminera le premier volume de la collection, contiendra plusieurs tables permettant de classer les pièces selon des ordres divers (par dates, par langue, par nature, etc.). Le recueil a été composé en vue de l'enseignement de l'École des chartes, et principalement pour servir aux cours de paléographie et de diplomatique. Il s'y rencontre aussi des morceaux qui peuvent servir à l'enseignement philologique2, bien qu'en principe on trouve qu'il y a plus de fruit pour les élèves à étudier les textes de langue dans des éditions qui seules permettent la comparaison rapide des passages analogues. Parmi les textes qui intéressent les études romanes, citons, outre un grand nombre de chartes, les numéros 14 (trad. du Dialogue de saint Grégoire, par frère Angier3), 19 (quatre pages de l'Alexandre de l'Arsenal), 31 (deux pages du chansonnier provençal 15211, où se trouvent réunies les deux écritures de ce ms.), 129 (deux pages du Nouveau Testament albigeois du Palais Saint-Pierre), 130 (la première page du Maugis d'Aigremont de Peterhouse). On pourra remarquer que certaines

1. Chaque planche contient une ou plusieurs pièces. Pour éviter la confusion que produiraient deux séries de numéros, on a numéroté les pièces seulement et non les planches. 2. Il y a aussi, sous les numéros à 13, neuf pièces allemandes (fin du xin siècle et xiv) tirées du fonds de Montbéliard, aux Archives nationales. Elles ont été exécutées pour servir à un cours libre d'allemand du moyen âge qui a été professé à l'École des chartes il y a une douzaine d'années.

3. Le fac-similé publié dans le précédent numéro de la Romania.

écritures, notamment les plus anciennes, ne sont pas représentées dans ces trois fascicules, mais il faut considérer que cette série d'héliogravures a été faite pour les besoins de l'École des chartes, qu'elle continue une collection de plus de 600 fac-similés exécutés par les anciens procédés, qui n'ont pas été mis dans le commerce, mais servent encore journellement à l'enseignement de l'École. D'ailleurs les fascicules 4 et 5 contiendront des reproductions, dès maintenant exécutées, de pages de mss. mérovingiens.

Facsimili di antichi manoscritti, per uso delle scuole di filologia neolatina, pubblicati da Ernesto MONACI, fasc. II. Roma, Martelli, 1883, in-folio. Cette livraison renferme, comme la précédente, annoncée dans la Romania, XI, 171, vingt-cinq planches. L'exécution n'est pas supérieure à celle du premier fascicule, ce qui revient à dire qu'elle paraît médiocre, au regard des héliogravures et des héliotypies qui se font actuellement à Paris, à Londres, à Florence. Le choix ne semble pas très bien entendu. Il était inutile de consacrer trois planches (26-8) à l'Aspremont de Venise, et quatre (29-32) au Fuerre de Gadres de Lugo (sur lequel voy. Rom. XI, 319). Les mss. d'Aspremont sont fort nombreux, et celui de Venise est loin d'être l'un des plus importants. Quant au Fuerre de Cadres de Lugo, il n'a aucun intérêt. De plus, ces deux mss. n'étant point datés et étant d'une écriture trop facile à lire, on ne voit pas l'utilité qu'on en peut tirer pour l'enseignement de la paléographie. Si M. M. voulait que le roman d'Alexandre fût représenté dans sa collection, il eût bien mieux fait de choisir, au lieu du texte insignifiant de Lugo, le ms. du musée Correr à Venise, ou celui du Vatican Reg. 1364, qui sont, à des points de vue différents, fort importants. Les planches 33 à 39 sont consacrées au poème de Boèce. Elles sont particulièrement mal venues. Les pl. 40 à 42 contiennent six pages d'un des sermons in volgare gallo-italico» du ms. de Turin D. VI. 10, sur lesquels voy. Romania, VIII, 464. — Les dernières planches sont occupées par deux pages du poème milanais de Pietro da Barsegapé (on avait déjà deux autres pages du même ms. en tête des Poesie Lombarde p. p. Biondelli), par une Rappresentazione inédite (pl. 44-7) tirée d'un ms. daté de 1405, tiré d'une bibliothèque privée d'Orvieto. Ce dernier morceau est le plus intéressant de cette livraison. Vient enfin (pl. 48-50) le début du Conciliato d'amore, poème italien du XIVe s., d'après un ms. de Venise.

Le Mystère de saint Eustache joué en 1504 sous la direction de B. Chancel, chapelain du Puy-Saint-André, près Briançon (Basses-Alpes), et publié par l'abbé GUILLAUME. Gap et Paris (Maisonneuve), 1883. In-8°, 115 p. (Tirage à part de la Revue des langues romanes, numéros de mars, juin, juillet, août, octobre et novembre 1882.). Nous avons dit quelques mots de cette publication, tant dans les comptes-rendus successifs de la Revue des langues romanes que ci-dessus, à l'occasion du mystère de saint André édité par M. l'abbé Fazy.

Heinrich August SCHOETENSACK. Beitrag zu einer wissenschaftlichen Grundlage für etymologische Untersuchungen auf dem Gebiete der franzosischen Sprache. Bonn, Strauss, xxiv et 626 p. Ce fort volume est malheureusement dénué de toute valeur. Quelques exemples cueillis à la page 2 suffi

ront pour prouver ce jugement sévère: cagot est canis Gothus, bigot Visigothus, rançon = franc homme, cajoler vient de canis et joli, andouille de endo et villa, vignoble de vineis opulenta, etc. Espérons que M. Schotensack, qui se dit professeur, exerce cette fonction in partibus infidelium! — J. U.

Cours de littérature française du moyen âge et d'histoire de la langue française. Leçon d'ouverture, par M. Arsène DARMESTETER, professeur. Paris, in-8°, 22 p. (Extrait de la Revue internationale de l'enseignement du 15 déc. 1883.)

M. Darmesteter trace à grandes lignes le plan du double cours de littérature et de grammaire auquel il entend consacrer la chaire créée à la Faculté des lettres sous le titre reproduit ci-dessus et qui lui a été si justement confiée. Les vues larges et intéressantes abondent dans ce programme. Nous y relèverons une observation dont nous ne contestons pas la justesse, mais qui nous semble, sans que l'auteur s'en soit peut-être bien rendu assez compte, peu encourageante pour l'avenir des études romanes en France. Après avoir parlé des conférences de l'Ecole des hautes Études, dont il faisait lui-même l'une jusqu'à ces derniers temps, et qui, embrassant toutes les langues romanes, ont « surtout formé des élèves étrangers, qui à leur tour sont devenus professeurs dans les gymnases, les universités d'Allemagne, de Suisse, de Roumanie, de Bohême, de Suède, etc., » M. D. ajoute La complexité d'un pareil enseignement écartait par cela même les étudiants français, plus directement curieux des études nationales. » Ainsi, tandis que les étudiants allemands, suédois, etc., sont attirés par un enseignement qui comprend tout le domaine néo-latin, les étudiants français sont écartés » par ce même enseignement qui est trop « complexe. » Après un pareil testimonium paupertatis, on s'étonne que M. D. poursuive: << Or, il importe de créer en France une école française qui poursuive avant tout l'étude scientifique de la langue française dans toute l'étendue de son développement historique. » Cette école n'aura que de tristes élèves s'ils ne comprennent pas que l'étude du français est inséparable de celle des autres langues romanes. M. Darmesteter, pour sa part, l'entend bien ainsi, il l'a prouvé à mainte reprise, notamment dans ses conférences de l'École des hautes Études, et il le dit dans cette leçon même; il ne voudrait certainement pas qu'on pût conclure de ses paroles que « l'école française » qu'il « importe de créer se dispensera de connaître le provençal, l'italien, l'espagnol, etc. Nous avons tenu à dire nettement, pour notre part, combien une pareille abdication nous paraîtrait incompatible avec toute étude scientifique.» Mais nous savons que le système commode de « l'école française, entendue dans le sens de l'exclusion de ce qui n'est pas français, n'est pas sans partisans tacites ou déclarés.

Le propriétaire-gérant: F. VIEWEG.

(

Imprimerie Daupeley-Gouverneur, à Nogent-le-Rotrou.

ÉTUDE

SUR

LA DATE, LE CARACTÈRE ET L'ORIGINE

DE LA CHANSON

DU PÈLERINAGE DE CHARLEMAGNE.

I.

La nouvelle édition du Pèlerinage de Charlemagne publiée par M. Koschwitz, comme second volume de l'Altfranzösische Bibliothek dirigée par M. Förster, diffère de la première déjà par le titre. Le « Ein altfranzösisches Gedicht des XI. Jahrhunderts » est devenu «< Ein altfranzösisches Heldengedicht. » M. Koschwitz nous donne ses raisons aux pages XIX ss. L'étude linguistique du texte, reprise de nouveau par l'éditeur, qui, depuis 1875, s'en est occupé assidûment, lui donne encore ce résultat qui me paraît sans réplique, que la langue du Pèlerinage présente un état plus jeune que l'Alexis, à peu près contemporain du Roland et sensiblement antérieur au Comput (p. xxvi, xxx1). Il en conclut que la composition de notre chanson remonte à la seconde moitié du x1o ou au commencement du XIe siècle.

C'est ainsi que M. Koschwitz élargit les limites de son attribution antérieure (Romanische Studien, II, p. 41; Ueberlieferung und Sprache, p. 20, cf. Pèlerinage, première édition, pp. 17, 20), où il s'en tenait à la fin du xe siècle, croyant la langue du Pèlerinage plus ancienne que celle du Roland. Je crois qu'il a bien fait en effet. L'état de la langue de cette curieuse chanson, où les altérations causées par le copiste anglo-normand rendent notre jugement malheureusement moins sûr et moins concluant qu'ailleurs, ne nous autorise guère à regarder la fin du xe siècle comme la seule époque où elle ait pu être composée. M. Koschwitz laisse donc dans cette nouvelle édition au goût du lecteur à décider si c'est à la fin du x1o ou au commencement du xi que le ménestrel de la foire de l'endit de Saint-Denis a trouvé ses vers, et pour ne rien préjuger Romania, XIII.

12.

il a fait disparaître de la feuille de titre le « des elften Jahrhunderts. » Il ne nous apprend pas même ce qu'il a décidé en lui-même ; mais il paraît bien qu'il penche vers l'opinion que ce n'est qu'au commencement du XIIe siècle que l'épisode de Constantinople a été joint à une chanson du xi qui ne racontait que le voyage à Jérusalem. Notre Pèlerinage serait donc un remaniement fait au commencement du XIIe siècle d'une chanson de la fin du xio.

En 1880, après avoir lu dans cette revue l'article de M. G. Paris sur le Pèlerinage, je croyais bien la question résolue pour tout jamais en faveur du xe siècle comme époque de la composition de la chanson entière. Et à dire vrai, je le crois encore, après avoir lu la remarque de M. Koschwitz (p. 13 de la première édition, et p. XIX ss. de la seconde) où il restreint la portée de l'argumentation de cet article au contenu, à la matière de la chanson du pèlerinage proprement dit, et où il nie sa force probante pour la composition de la chanson entière. M. Koschwitz s'en rapporte à M. Paris lui-même, et celui-ci, dans son compte rendu récent (ci-dessus, page 128), confirme cette manière de voir en disant que ses raisonnements ne portent que sur le fond et ne peuvent rien prouver pour la forme du poème.

Je ne le crois pas, et j'ose dire ce qui me donne la conviction que les conclusions tirées du récit du Pèlerinage ont leur force probante aussi pour fixer la date de la composition de la chanson entière. Je veux bien admettre avec M. Gautier (Ep. franç., II12, p. 274) que les arguments tirés de la description de Jérusalem et de Constantinople, et ceux qui sont tirés de l'endit et des reliques de Saint-Denis prouvent seulement qu'il est possible d'attribuer notre chanson au xi" siècle, mais sont aussi applicables pour qui veut l'attribuer au xie. Il faudrait de même avouer avec M. Stengel Litteraturblatt, 1881, p. 289) que le caractère de l'empereur grec tel qu'il est peint par notre poète (v. 438, 686 ss.) pourrait convenir aussi à une chanson du XII. L'archaïsme du style nous empêche sûrement de chercher l'origine du Pèlerinage dans la seconde moitié du x11° siècle; mais il ne forme pas une raison assez concluante pour nous forcer d'y reconnaître exclusivement l'empreinte du x1o1 (Koschwitz, p. xx ss.). Reste donc l'argument tiré du caractère pacifique de l'expédition de Charlemagne et, ce qui revient au même, de la situation absolument pacifique et indépendante de la sainte cité. Ces

1. La dissertation de Groth dans l'Archiv f. das Studium der neueren Sprachen, LXIX, p. 391 ss., contient d'utiles rapprochements, mais quand il veut prouver à l'aide de quelques archaïsmes du style que le Pèlerinage est plus ancien que la rédaction du XIe siècle du Roland, cela me paraît le nihil probat qui nimium probat.

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