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écoles des Arabes d'Espagne. Cependant l'ouvrage de Mundinus n'est pas entièrement copié; cet anatomiste avait fait des observations qui ne sont pas dans Galien, ou qui y sont mieux exposées. Ainsi il n'admet pas le rete mirabile, comme les auteurs anciens; il donne aussi quelques corrections sur les muscles de l'œil, et sur d'autres points peu importans à la vérité, mais qui montrent qu'il avait observé par lui-même. Du reste, sa physiologie, est encore tout-à-fait barbare : il prétend, par exemple, que le cœur est d'une forme pyramidale, parce que c'est la forme du feu, et que cette forme devait appartenir à l'organe qui contient le plus de chaleur, qui en est comme le centre et la répand dans le corps entier. Sa myologie est déplorable. Cela ne doit pas étonner, car des trois cadavres qu'il avait disséqués, l'un lui avait servi à faire un squelette, et les deux autres avaient été desséchés au four. C'était sur eux qu'il avait fait ses observations. Mundinus cependant servit de livre classique pendant plus d'un siècle.

Dans les commencemens même du siècle dont nous parlons parurent des commentateurs de Mundinus.Tel fut un professeur de Padoue et de Rome, Gabriel de Zerbis, qui donna en 1502 un ouvrage intitulé Liber anatomia corporis humani et singulorum membrorum illius. Ce Zerbis était un homme d'un caractère violent et d'une vie très dissipée. Moine d'abord (1), il quitta son couvent, commit même des vols, et fut envoyé en Turquie par la république de Venise pour guérir un

(1) Haller dit également que Zerbis était moine. M. Renauldin ne partage pas cette opinion, qui lui paraît dénuée de fondement. V. Biblioth. anatomica. (N. du Rédacteur.)

pacha qui l'avait demandé; mais cet homme puissant étant mort, malgré ce que Gabriel de Zerbis put faire, celui-ci fut tué. Son livre est d'un si mauvais latin qu'Haller n'a jamais pu en supporter la lecture. Il y emploie les mêmes termes arabes que Mundinus. On y remarque cependant quelques nouvelles observations: les trompes dites de Fallope, l'utérus, commencent à y être décrits un peu mieux qu'on ne l'avait fait jusqu'alors. Il commence aussi à parler de la première paire de nerfs, que les anciens considéraient comme un conduit du cerveau vers le nez.

Le progrès est plus marqué dans un professeur de Bologne, nommé Alexandre Achillini, qui enseigna de 1500 à 1512 dans cette université et y mourut. Son livre est une traduction de Mundinus; il a pour titre : Annotationes anatomicæ in Mundinum.

Il a fait un autre ouvrage, intitulé De humani corporis anatomid. Plus heureux en dissection que ses prédécesseurs, il eut plusieurs corps humains à sa disposition; aussi y a-t-il des progrès sensibles dans les descriptions qu'il donne du corps humain. Il a découvert le nerf de la quatrième paire ; il a fort bien décrit la voûte à trois piliers, la véritable forme des ventricules, et l'infundibulum. Plusieurs de ces choses ont été depuis données et accueillies comme nouvelles, faute d'avoir étudié les ouvrages de cette époque. Achillini a décrit aussi l'enclume et le marteau, deux osselets de l'organe de l'ouïe; les valvules du cœur ; le canal excréteur de la glande sous-maxiliaire, qui porte le nom de Wharton, d'après la description très exacte que celui-ci en a faite dans son seul ouvrage, intitulé Adenographia, sive glandularum totius corporis descriptio, mais qui était

déjà indiqué dans l'ouvrage d'Achillini. A cette époque on ne connaissait pas bien exactement les os du corps humain ; car, dans Achillini, nous trouvons tantôt cinq, tantôt sept os pour le carpe. Néanmoins c'est un auteur remarquable par des observations qui paraissent pour la première fois dans son ouvrage, et qui y sont mieux exposées que dans la plupart de ses suc

cesseurs.

Le plus fameux auteur de ce temps fut Jacques Bérenger de Carpi, dans le Modenais; il fut professeur à Bologne depuis 1502 jusqu'à 1527. Il est fameux, surtout en médecine, comme un des premiers qui aient employé le mercure à la guérison de l'affection contagieuse qui à cette époque paraissait pour la première fois sur l'ancien continent. Il mena une vie assez aventureuse, comme tous les savans, les artistes, et les hommes de lettres de cette époque où les mœurs de l'Italie étaient horriblement corrompues de toutes les manières. Il fut exilé, et se réfugia à Ferrare, où il mourut en 1550. Il a disséqué plus de cent corps. On remarque ce fait, parce qu'il était très rare à cette époque; il fallait arriver de toute l'Europe à Bologne pour avoir la facilité d'observer un aussi grand nombre de cadavres. Ce qui se fait facilement aujourd'hui presque partout, excepté en Angleterre, n'avait lieu alors que sur un très petit nombre de points de l'Europe. On accusa Bérenger d'avoir disséqué des hommes vivans (1), comme Hérophile en avait été accusé dans l'antiquité avec aussi peu de fondement. Ce sont de ces

(1) C'étaient deux Espagnols atteints d'affection syphilitique.. Bérenger passe pour avoir détesté cette nation. (N. du Rédact.)

fables que la superstition populaire aime à répandre. Jacques Bérenger de Carpi a donné un livre intitulé Commentarius cum amplissimis additionibus super Anatomia Mundini. Bologne, 1521-1552, in-4°. C'est encore un commentaire de Mundinus, qui était l'auteur classique généralement reçu. Il a produit aussi, en 1524, un petit ouvrage intitulé Isagogæ breves in anatomiam corporis humani cum aliquot figuris anatomicis. Dans ces deux ouvrages, il présente de véritables découvertes. Ainsi il y décrit très bien le thymus, l'appendice du cœcum, les cartilages arythénoïdes du larynx, les caroncules des reins, la moelle épinière. On lui doit encore l'observation que le rete mirabile formé par les vaisseaux en arrivant au cerveau des ruminans, entre autres (1), n'existe pas dans l'homme, ce qui est un point très important de son anatomie, puisque par ce caractère seul on démontre que l'homme est destiné à marcher debout. Il est le premier enfin qui ait démontré que l'utérus dans l'espèce humaine n'a qu'une seule cavité. A son ouvrage sont jointes quelques figures grossières sur bois qui n'étaient point dans ses prédécesseurs. Celle du tarse est passable; mais ses figures d'écorchés sont si peu finies, qu'à peine aujourd'hui les regarderait-on. Ce sont, au reste, les premières tentatives de l'art en faveur de l'anatomie. Cette science était alors excitée par les progrès de la peinture et de la sculpture, qui elles-mêmes avaient besoin de l'anatomie. Ainsi dès ce temps les peintres, qui ensuite ont servi de maîtres à Michel-Ange, à Raphaël et à plu

(1) Ce réseau paraît destiné à amoindrir le choc du sang sur le cerveau. (N. du Rédact.)

sieurs autres, commençaient à étudier l'anatomie. Michel-Ange fut, de tous les artistes du seizième siècle, celui qui en fit le plus grand cas, qui l'étudia avec le plus de soin, celui qui en fit le plus d'emploi dans ses ouvrages; peut-être même a-t-il porté à l'excès le désir de montrer sa science à cet égard (1). On a des dessins de lui, dans lesquels il s'est représenté disséquant avec ses élèves.

Léonard de Vinci étudia l'anatomie sous un professeur de Padoue, nommé Antoine Turrianus, qui l'employa à faire des dessins dont il se servait dans ses cours. Le premier qui ait donné des figures est un Allemand de Magdebourg. Les arts à cette époque fleurissaient en Allemagne presque autant qu'en Italie. Ce furent les guerres survenues ensuite en Allemagne qui interrompirent leur développement dans ce pays. Albert Durer de Nuremberg, grand graveur-dessinateur, contemporain de Michel-Ange et de Raphaël, était au rang des premiers artistes de ce temps; il a cultivé l'anatomie avec zèle, et a donné un ouvrage intitulé De simetriá partium corporis humani. Cet ouvrage, le premier fait avec un peu de talent pour l'anatomie pittoresque, a été souvent réimprimé.

Vous voyez, messieurs, quels étaient les premiers efforts des Italiens pour l'anatomie. Cette science fut cultivée dans ce pays plus tôt que dans les autres (2). L'Italie eut le même avantage pour les lettres et les connaissances humaines; elle y devança les divers pays de l'Occident.

(1) Un de nos plus grands peintres, Girodet-Trioson, a donné lieu à la même observation. Celui de ses tableaux qui l'a occasionée est son admirable scène du déluge. (N. du Rédact.)

(2) On s'est étonné avec raison de ce développement et de cette passion de l'anatomie dans un pays où l'élévation de la tempé

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