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librairie du frère de Charles V. Disons toutefois que cette partie des inventaires était bien connue grâce à la publication qu'en a faite M. Delisle dans le t. III de son Cabinet des manuscrits. La tâche difficile était de retrouver le plus grand nombre possible des livres marqués sur ces inventaires. M. Delisle a poussé très loin ces identifications, et M. G. n'en a pas sensiblement augmenté le nombre. Il a dressé (pp. CLX et suiv.) une liste de 78 manuscrits encore existants ayant fait partie de la librairie du duc de Berry. Nous ferons à cette liste trois additions. Le no 896 (invent. A), Végèce, est le no 1229 du fonds français de la Bibl. nationale. Le no 955, Chroniques de Burgues, est le ms. Roy. 19. E. VI du Musée Britannique; le no 959, Christine de Pisan, est divisé actuellement en quatre volumes portant à la Bibl. nat. les nos 835, 606, 836 et 605 du fonds français, comme l'a établi M. M. Roy dans le t. I (p. vi) de son édition des poésies de Christine de Pisan. Historische Grammatik der lateinischen Sprache. Erster Band. Einleitung. Lautlehre. Stammbildungslehre, von Fr. STOLZ. Zweite Hälfte: Stammbildungslehre. Leipzig, Teubner, 1895, in-8, p. 373-706. — Cette seconde partie du premier volume de la grande Grammaire historique du latin dont nous avons annoncé l'apparition (XXIV, 491) est due, comme la première, à M. Stolz. Nous signalerons les Additions et corrections à la première partie, qui ne remplissent pas moins de trente pages. L'auteur y corrige entre autres quelques-unes des inadvertances que nous avions relevées, mais il ne les corrige pas toutes. Elles sont d'ailleurs, comme d'autres qu'on pourrait signaler, de peu d'importance, et l'ouvrage n'en est pas moins fort digne d'éloges.

Grammatische Aufsätze, von Otto KELLER. Leipzig, Teubner, 1895, in-8, VIII-405 p. Le nouveau livre du savant, ingénieux et parfois un peu aventureux philologue de Prague se lit avec un vif intérêt (voyez notamment le curieux chapitre intitulé Euphemismus); mais il s'adresse surtout aux latinistes. Les romanistes y remarqueront le chapitre intitulé Ausfall von Tonsylben, où ils trouveront de nombreux exemples de contraction violente de mots latins, des explications de ces phénomènes qui sont parfois discutables, et une nouvelle contribution à la discussion ouverte depuis quelques années sur la réalité contestée d'une accentuation latine préhistorique fort différente de l'accentuation classique. Sull' antica metrica portoghese. Osservazioni di Adolfo MUSSAFIA. Wien, Tempsky, 1895, in-8 (Sitzungsberichte der kais. Akademie der Wissenschaften, B. CXXXIII). Ces observations, dont l'intérêt dépasse l'objet particulier auquel elles s'appliquent, portent principalement sur la violation réelle ou apparente, dans la poésie romane du moyen âge, de la règle d'après laquelle le vers muni d'une rime féminine doit avoir une syllabe de plus que celui dont la rime est masculine.

Jacques d'Amiens, von Philipp SIMON. Berlin, Vogt, 1895, in-8, 72 p. (Berliner Beiträge zur germ. und rom. Philol., veröffentlicht von Dr. Emil

Ebering, IX). Cette dissertation, un peu longue pour le sujet, contient une étude de la question en somme insoluble de savoir si le Jacques d'Amiens auteur de l'Art d'Amours et le Jacques d'Amiens qui eut un « débat » avec Colin Muset sont un seul et même poète; une discussion, également et forcément dénuée de conclusion stricte, de l'authenticité des sept chansons mises par le ms. de Berne sous le nom de Jacques d'Amiens; une traduction, et enfin le texte de ces sept chansons. Dans tout cela il y a du travail, de la lecture et de bonnes remarques. Le texte a reçu çà et là des améliorations de M. A Tobler. II 2 je n'aurais pas accepté la corr. de Bartsch, banoiant pour esbanoiant, car banoier n'existe pas; je rétablirais le vers en lisant deduiant ou chevauchant. II 39 la leçon du ms., armeure, est évidemment absurde; celle de Bartsch, enarmee, ne satisfait pas; mais celle de M. S., grant colee, ne me paraît pas bonne non plus c'est le nom de la rivale de Marion qui devait figurer là (cf. v. 40); je lirais volontiers Auberee.

Études grammaticales sur le dialecte gascon du Couserans, par M. l'abbé CAStet, avec un avant-propos de M. Pasquier. Foix, 1895, in-8, 64 pages (extrait du t. IV du Bulletin de la Société ariégeoise des sciences, lettres et arts). — Ce travail serait plus utile s'il était fait avec une meilleure méthode. La partie phonétique, qui se compose de huit pages, est particulièrement défectueuse. L'auteur range les consonnes dans l'ordre de l'alphabet, ce qui a naturellement pour résultat de séparer des phonèmes qui ont de l'affinité. Puis il décrit les sons par comparaison au français et sans distinguer suffisamment les faits qui concernent la prononciation de ceux qui n'ont trait qu'à la notation orthographique, et cette notation est très souvent contestable. Ainsi M. l'abbé Castet nous dit : « B se prononce ordinairement comme V, ex. era branco (la branche), prononcez era vranco. » Mais alors pourquoi s'embarrasser de la graphie branco? Et dans quels cas exactement prononce-t-on soit b soit v? « Ordinairement » est bien vague. L'auteur nous dit bien que le son de b se maintient après un t et un p (p. 3): net bero « nuit belle », trop bou « trop bon », mais on pourrait préciser davantage. La flexion est, comme toujours dans les travaux de linguistes amateurs, moins insuffisante.

Notice sur le numéro 16 089 des manuscrits latins de la Bibliothèque nationale, par M. B. HAURÉAU. Paris, Klincksieck, 1895, in-4, 31 pages (tiré des Notices et extraits des manuscrits, t. XXXV). On trouve dans cette notice, comme dans toutes celles du même auteur, un grand nombre d'informations exactes sur des ouvrages ou sur des auteurs imparfaitement connus du moyen âge. M. H. discute en passant l'attribution du De disciplina scholarium, qui a été imprimé sous le nom de Boëce et conclut que ce traité a dû être composé au XIIe siècle. C'est aussi l'opinion que nous avons eu l'occasion d'énoncer jadis ici même (Rom. XIV, 581). A la fin du mémoire est publié un morceau assez long et fort curieux sur les pratiques auxquelles se livraient les marchands d'indulgence. Ce morceau paraît être

de Hugues de Newcastle, frère mineur, qui vivait à la fin du XIe siècle. Mais ce qui a le plus attiré notre attention, dans cette savante notice, c'est un passage tiré d'un traité anonyme de nobilitate animi, où l'auteur, après avoir invoqué l'autorité d'Aristote et de Boëce, en vient à citer un certain nombre de troubadours, en ces termes : « Fulco Massiliensis dicit : Si corpus bene formetur et eidem cor bene proportionetur, sive in viro sive in muliere, nobilitatem ostendit... Petrus Vitalis dicit quod pulchritudo corporis est magnum pretium, nisi intrinsecus patiatur defectum..... Arnoldus dicit quod pulchritudo corporis sine cordis pulchritudine et absque nobilitate est vilitas et flos transiens sine fructu..... Gaufridus Rodel dixit: Multi laudant magnitudinem cum fortitudine, et ego laudo, si ratio regat frenum. » Nous serions bien en peine de dire d'où l'auteur anonyme de ce traité a tiré ces citations. Il n'y a sûrement rien de pareil dans les poésies de Folquet de Marseille, de Peire Vidal, d'Arnaud Daniel, d'Arnaud de Mareuil, ni enfin de Jaufré Rudel. Peut-être la source est-elle l'un des ouvrages maintenant perdus, de Raimbaut le Provençal, de Raimon d'Anjou ou de Hugolin de Forcalquier, que nous ne connaissons plus que par Francesco da Barberino.

Répertoire méthodique du moyen âge français. Histoire, littérature, beaux-arts, par A. Vidier. Première année, 1894 (extrait du Moyen âge, année 1895). Paris, Bouillon, 1895, in-8, 118 pages. Rien n'est plus difficile à bien faire qu'un répertoire par matières. Il est impossible d'avoir vu tous les ouvrages qu'on enregistre : généralement on n'en a vu qu'une faible partie et on opère le classement d'après les titres qui souvent prêtent à erreur. Ici, au moins en ce qui concerne la littérature, la seule partie dont il y ait lieu de s'occuper dans la Romania, les erreurs de classement sont très nombreuses des ouvrages latins ont été placés sous la rubrique « littérature en langue vulgaire »; le classement par siècle, p. 46 et suiv., est bien souvent erroné, même en des cas où il n'était guère permis de se tromper : ainsi la traduction en divers patois méridionaux de quelques strophes de Mireille (p. 51) n'avait évidemment pas à figurer dans un répertoire du moyen âge. L'auteur, qui en est à ses débuts, n'a pas mesuré les difficultés de sa tâche il fera mieux à l'avenir.

Histoire de Gaston IV, comte de Foix, par Guillaume LESEUR. Chronique française inédite du xve siècle, publiée pour la Société de l'Histoire de France, par Henri COURTEAULT. Tome II, Paris, Renouard, 1895, in-8, 439 pages. Fin d'une publication dont nous avons annoncé le premier volume dans notre t. XXII, p. 630. Ce volume contient la fin de la chronique, un choix de pièces justificatives, dont plusieurs très intéressantes, tirées de diverses archives (principalement de celles des BassesPyrénées) et une table fort bien conçue.

La Chanson de Roland, avec un essai sur les chansons de geste, par Adolphe D'AVRIL, Cinquième édition. Paris, Sanard et Derangeon, 1895, in-24, La traduction en vers blancs de la Chanson de Roland par M. le

203 p.

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baron d'Avril est devenue populaire, et elle le mérite à beaucoup d'égards; l'introduction et les notes, qui ne visent point à l'érudition, montrent cependant que l'auteur est au courant des travaux de la critique, et contiennent plus d'une idée ou d'une remarque intéressante. En appendice à ce petit volume, dont le prix étonnamment modique (50 centimes) lui assure un débit considérable, l'auteur a reproduit une notice sur le caractère, l'objet les travaux de la Société des anciens textes français dont nous lui sommes fort reconnaissants et qui pourra aider à consolider et à étendre l'œuvre de cette Société.

Bibliographie franco-roumaine du XIXe siècle, par Georges BENGESCO. Tome La juste premier. Bruxelles, Lacomblez, 1895, gr. in-8, XLIII-218. réputation que M. Bengesco s'est acquise en bibliographie répond de l'excellente exécution de cet ouvrage utile, qui, malgré son caractère moderne, ne doit point passer inaperçu des romanistes.

La louange du muliebre et feminin sexe, poème inédit du xvIe siècle (pour le mariage de M. André Despois et de Mlle Louise Kortz). Paris, 8 avril 1896.

Cet élégant per nozze, imprimé à cinquante exemplaires par MM. Protat à Mâcon, est dû à M. Henri Courteault. Il contient un poème d'environ 700 vers, écrit au commencement du xvIe siècle « en une langue un peu archaïque, par un poète qui avait plus de bon vouloir que de génie ». Il se lit néanmoins avec un certain intérêt et ne manque pas de naïveté. L'éditeur l'a publié avec soin (p. 33, v. 24 et 25, l. d'Anne et Silo). Le v. 8 de la p. 34 n'indique pas que l'auteur fût une femme par force forcee est une formule dans laquelle forcee qualifie force et non le sujet de la phrase (voyez un exemple d'Amyot dans Littré, s. v. forcer). Die altfranzösische Wilhelmsage und ihre Beziehung zu Wilhelm dem Heiligen. Studien über das Epos vom Moniage Guillaume, von Ph. Aug. BECKER. Halle, Niemeyer, 1896, in-8, IV-175 p. Ce très remarquable ouvrage, qui, par la façon nouvelle dont l'auteur comprend et manie la critique, marquera une date dans l'histoire des études sur l'épopée française, demanderait une discussion approfondie. J'aurai prochainement l'occasion d'en examiner de près certains points, et tous ceux qui s'occuperont de l'étude si attrayante et si difficile du cycle de Guillaume d'Orange devront nécessairement s'y référer. Je me bornerai pour le moment à dire que M. Becker, avec une rigueur et une force de raisonnement peu ordinaires, a détruit pour toujours un certain nombre de ces « légendes érudites » qui se forment dans l'imagination des critiques et se transmettent ensuite avec tant de facilité. Mais il s'est comme enivré de sa méthode et il l'a poussée beaucoup trop loin. N'attacher aucune importance au fameux passage de la Vita Guillelmi sur les chants qui célébraient le héros est un procédé trop commode, et aller jusqu'à supposer que c'est l'auteur de cette Vita qui a inventé purement et simplement les rapports de Guillaume avec Orange, c'est faire tort à des vues d'ailleurs fondées en plus d'un point. C'est l'étude des formes diverses du Moniage Guillaume qui a été le point de départ des

recherches de M. B., et comme il est bien vrai que ce poème, malgré l'apparence (puisque Guillaume de Toulouse s'est bien réellement fait moine dans les « déserts de Montpellier »), ne contient à peu près rien d'historique, l'auteur a été porté à étendre cette conclusion à toutes les autres parties du cycle; de même, le Moniage étant visiblement (au moins dans plusieurs de ses parties) l'œuvre toute personnelle d'un poète, il a été porté à trop grossir dans la formation de l'épopée la part de l'invention consciente au détriment de la transmission légendaire. Ce sont là des excès dont l'auteur reviendra sans doute, et on peut espérer que l'histoire littéraire lui devra d'excellents travaux. Celui-ci mérite déjà d'être lu avec attention, et provoque, par ses défauts presque autant que par ses qualités, les réflexions les plus fécondes. — G. P.

Englische Philologie. Anleitung zum wissenschaftlichen Studium der englischen Sprache, von Johann STORM. Zweite, vollständig umgearbeitete und sehr vermehrte Auflage. I. Die Lebende Sprache. 2. Abtheilung. Rede und Schrift. Leipzig, Reisland, 1896, in-8, p. *1-*XXI, 485-1098. Nous avons parlé (XXII, 333) de la première partie de ce premier volume, et nous en avons dit l'importance capitale et pour la linguistique générale et pour la philologie romane. La seconde partie concerne plus spécialement, comme il est juste, l'objet désigné par le titre de l'ouvrage. On y trouve, comme dans tous les écrits du savant auteur, une immense érudition jointe à un jugement très personnel. L'histoire de la grammaire, de la lexicographie et de l'histoire littéraire anglaise présente un vif intérêt pour tous les lecteurs, et les romanistes y trouveront plus d'une remarque précieuse pour eux. Zur Kritik und Interpretation romanischer Texte. Ein Beitrag von Adolf MUSSAFIA. Wien, Gerold, 1896, in-8, 36 p. (Sitzungsberichte der Kais. Akademie de Wissenschaften, t. CXXXIV). Les corrections contenues dans ce fascicule, naturellement excellentes, et dont le commentaire est fort instructif, portent sur des poésies de Sordel (ce sont les plus nombreuses), de Folquet de Romans et de Guiraut de Borneil.

Rolandslied. Das älteste französische Epos, übersetzt von G. SCHMILINSKY. Halle, Hendel, 1896, in-8, 122 p. M. Schm. s'est attaché à rendre le Roland dans le rythme de l'original et en conservant l'assonance; c'était une tâche malaisée et dont il nous semble qu'il s'est tiré à son honneur. Cette traduction fait partie d'une « bibliothèque universelle » à très bon marché.

Philippe de Mézières (1327-1405) et la croisade au XIVe siècle, par N. JORGA. Paris, Bouillon, 1896, in-8, xxxv-555 pages (Bibliothèque de l'École des Hautes Études, fasc. 110). Ouvrage très érudit et consciencieusement rédigé d'après les sources, mais trop long, mal composé et d'une lecture pénible. Il est peu judicieux de faire de Philippe de Mézières le centre d'une histoire détaillée des rapports de l'Occident avec l'Orient au Xive siècle. L'œuvre littéraire de Ph. de M. est comme noyée dans ce gros livre, et

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