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LEVIUM prov. leuge, franç. liège.

MISTILIUM franç. méteil. Le type misticulum proposé par Diez ne me satisfait guère je suppose un adjectif mistilis, comme fissilis, coctilis, etc., d'où mistilium.

NOBILIUM anc. franç. nobilie, mot demi-savant.

NOVIUM, ia prov. mod. novi, novio, nouveau marié, nouvelle

mariée.

RAPIDIUM: prov. rabei, anc. franç. ravoi, courant, rapide.

Le latin peut former des mots composés de sens concret avec la désinence eus, ius, bien que cette formation soit beaucoup plus rare que celle des mots abstraits en ium. Les dictionnaires enregistrent altilaneus, bicoloreus, bicorporeus, bipedius, collacteus et collactius, combibiolus (qui suppose combibius), concordius, consanguineus, consemineus, crassivenius, mulicurius, multimammia, nigrogemmeus, omnimorbia, oridurius, poscinummius, torticordius, etc. Il est difficile de ne pas reconnaître le même procédé de formation dans le provenç. moderne coulàubie, couràibie, nom du motteux ou cul-blanc, qui paraît être pour culaubie <culalbius, sur le modèle de oridurius. A ce compte, on peut risquer l'étymologie punais < puttinasius (étant donné que le latin vulgaire a dit de bonne heure puttus pour putidus): les dictionnaires connaissent nariputens.

Enfin certains adjectifs paraissent bien avoir été tirés, à une époque relativement récente, de radicaux qui ne sont pas tous latins à l'aide de ce suffixe ius dont la vitalité a été beaucoup plus grande qu'on pourrait le supposer. Le provençal mod. gambi « boiteux, déjeté » se rattache sans doute à gamba; bèfi, embèfi « dont la mâchoire ou la lèvre inférieure avance » au radical germanique beff-; joli, « joli » au radical scandinave jol, etc. Pour beaucoup de mots de ce genre l'étymologie est encore à trouver (voy. Mistral sous basòfi, bèbi, bèmi, bèfi, gaubi, gòbi, glàpi, guẻni, tabòssi, etc.).

EA, IA. Parmi les formations nouvelles que l'on peut ajouter à celles qu'a indiquées M. Meyer-Lübke, quelques-unes correspondent aux formes masculines en eus ius énumérées ci-dessus et n'offrent pas d'intérêt particulier. Telles sont: tamaricia

Romania, XXV.

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prov. mod. tamarisso, vernia = prov. mod. vernho, viticia prov. mod. bedisso, limacia = prov. mod. limasso, franç. limace, mergulia prov. mod. margouio. Dans tous ces cas le sens est le même, avec la valeur propre au genre féminin. Il est plus intéressant de grouper quelques mots où ea, ia ajouté au radical d'un nom d'arbre sert à désigner le fruit ou la fleur de cet arbre, conformément à un usage qui apparaît déjà en latin classique, puisque castanea désigne la châtaigne et pinea la pomme de pin. Nous signalerons:

AQUILENTIA : prov. mod. agoulenço, églantine, fleur de l'églantier. Le mot devait exister dès le moyen âge, puisque l'on trouve aguilencier à côté de aguilen pour désigner l'églantier. ARBUTTIA prov. mod. arbousso, fruit de l'arbousier. Le français arbouse paraît emprunté du provençal et se présente d'abord sous la forme arbouce, arbousse'.

AVELLANIA: prov. aulaigna (Raynouard). M. Meyer-Lübke cite le type latin et l'appuie en ce qui concerne la France sur auranio, employé dans la vallée de Queyras, et olagno à Gilhoc (Ardèche). On peut ajouter ouglogno et ougogno en Velay (Mistral), dulagno à Banzat, Puy-de-Dôme : partout le mot désigne « la noisette » et non « le noisetier ». CERESIA: prov. mod. cerieiso, etc., franç. cerise.

CORNIA prov. mod. corgno, cornouille.

FAGIA: prov. mod. faio, fajo, faîne, fruit du hêtre.
FRASIA (pour fragia): franç. fraise.

Parfois le suffixe ea ia ajouté à un nom d'arbre indique une réunion de ces arbres et remplit les fonctions qui échoient le plus communément à etam ou ariam. M. Meyer-Lübke n'indique qu'un mot de ce genre, roburia, représenté par le dauphinois revouairi. Il se demande si dans ce cas le suffixe n'est pas le même que celui des noms de pays comme Italia, Burgundia, etc., supposition en elle-même peu vraisemblable. La série est assez considérable, si l'on veut bien y comprendre, comme de raison, les noms qui ne se sont conservés que dans le vocabulaire toponymique :

1. Le plus ancien exemple signalé par M. Godefroy dans son Complément ne remonte qu'au XVIe siècle.

BETTIA bouquet de bouleaux; noms de lieu : Besse ou la Besse (Aveyron, Cantal, Charente, Dordogne, Isère, Maine-etLoire, Puy-de-Dôme, Var).

:

BUXIA prov. mod. bouisso, touffe de buis; noms de lieu : Boisse,
La Boisse (Ain, Aveyron, Dordogne, Loiret, Lot), Saint-
Amand de Boixe (Charente), Bouisse, La Bouisse (Aude, Tarn).
CASSANIA prov. mod. cassagno, chassagno, chênaie; nombreux
noms de lieux Cassagne, Cassagnes ou La Cassagne (Aude,
Aveyron, Dordogne, Haute-Garonne, Gers, Lot, Hautes-
Pyrénées), Chassagne, La Chassagne (Ardèche, Côte-d'Or,
Dordogne, Doubs, Jura, Puy-de-Dôme, Rhône, etc.).
FAGIA prov. mod. faio ou fajo, hêtraie; nombreux noms
de lieux Fage, La Fage (Aude, Aveyron, Corrèze, Haute-
Garonne, Hérault, Lot, Lozère), Hautefage (Corrèze), Aute-
fage (Lot-et-Garonne), La Hage (Haute-Garonne), Faye,
La Faye (Allier, Charente, Cher, Corrèze, Deux-Sèvres,
Dordogne, Indre-et-Loire, Loir-et-Cher, Maine-et-Loire,
Var), Hautefaye (Creuse, Dordogne).

FRAXINIA : frênaie; noms de lieux: Fraissignes (Aveyron, Tarn), Fraissinhes (Lot), Fressigne, nom de deux hameaux de la Creuse. A distinguer de Fressanges, mieux Fraissenges, nom de quatre hameaux de ce dernier département, qui correspond à Fraxinicas. Pour Fraissignes de l'Aveyron, on trouve dès 930 la forme Fraxinias1. La quantité primitive de l'i latin a été allongée sous l'influence du suffixe inum (cf. ce qui est dit plus bas, sous roberia).

GARRICIA périgourdin jarriço, chênaie (Mistral). En rouergat garriço désigne une variété de chêne.

ROBERIA (pour roborea): prov. mod. rouviero, etc., chênaie, rouvraie. On pourrait croire a priori que le mot rouviero a été tiré directement de rouve, rouvre : mais dès le x1o s. on trouve roveria dans le cartulaire de Saint-Victor, ce qui me paraît écarter cette explication (cf. le limousin rouvei cité ci-dessus). Le dauphinois revouairi (cf. les noms de lieu La Rivoire dans le Jura et Haute-Rivoire dans le Rhône, Les Rivoires, près de Massieu dans l'Isère) ne repose pas non plus directement sur le type latin roborea dont l'o tonique est bref, mais proba

1. Cart. de Conques, no 291.

blement sur une forme refaite d'après le suffixe ōrium (cf. ce qui est dit plus haut sous fraxinia). M. MeyerLübke admet le type lat. roburia.

PRUNIA lieu planté de pruniers; noms de lieux : Prugnes (Aveyron), La Prugne (Allier); Prugne, La Prugne, Les Prugnes, nom de sept hameaux de la Creuse.

SALICIA saulaie; noms de lieux: Salesses et la Salesse, nom de cinq hameaux de la Creuse. La forme allongée salisso (sous l'influence du suffixe icium) désigne l'osier, dans l'Aude. TREMULIA tremblaie; noms de lieux La Trimouille (Vienne), Trémouille (Cantal), Tremouilles (Aveyron, Cantal). Dans la Creuse, deux hameaux s'appellent La Trimouille et deux Les Tremouilles.

VERNIA aunaie; rouergat bergno, lieu marécageux où croissent des aunes (Vayssier). Nombreux noms de lieux : La Vergne (Aveyron, Charente-Inférieure, Lot, Lot-et-Garonne), Les Vergnes (Corrèze).

Voici maintenant quelques mots isolés :

BACCIA franç. dialectal basse, sorte de cuve en bois pour le transport de la vendange (Saintonge). Le radical est celui de bac, baquet.

BOSCIA: forésien bouessio (Mistral), dauphinois boissi, pluriel boisses (Devaux, p. 460), faisceau de tiges de chanvre. Le radical est celui de bois, c'est-à-dire l'anc. haut allem. busc, qui signifie à la fois « bois » et « touffe, faisceau ». CICALIA: prov. mod. cigalho, cialho, cigale (Mistral). CIMUSSIA: prov. simoissha, lisière (Raynouard). Nous avons déjà vu le franç. dialectal cimoiscimussium. Le toulousain dit encore cimoisso (Mistral).

CINITIA: prov. cenisa pour ceniza (voy. Levy, Provenz.Supplement, Wörterb.); en Dauphiné et dans les Alpes, ceniso, cendre fine (Mistral); dans la Creuse, ceniso, suie; franç. anc. et dialect. cenise (v. Godefroy, vo senise). L'espagnol ceniza indique bien qu'il faut partir de cinitia, qui s'est substitué à cinisia, sans qu'on en voie la raison.

CLARIA prov. mod. glairo, franç. glaire.

COCCIA (pour conchea): prov. mod. cosso, franç. cosse. CROCCIA prov. crossa, franç. crosse. Le radical est celui du substantif croc.

CURBIA: franç. courge (de porteur d'eau).

FERRIAS prov. mod. fèrrios, étrier d'une crémaillère (Mistral); anc. franç. ferges, firges, fers (d'un prisonnier). Caton emploie déjà le substantif ferrea au sens de « bêche ». GALLIA : prov. mod. gaio, galho, glande, amygdale, caroncule du coq, ouïe de poisson, caillette d'agneau, ris de veau (Mistral). Il semble que sous le type phonétique commun gallia se confondent deux mots différents : un dérivé de gallus, coq, et un dérivé de galla, noix de galle'. GRANIA: gascon gragno, graine (Mistral).

JUNICIA franç. génisse.

METALLIA prov. mezalha, franç. maille (anc. franç. meaille).
MEDULLIA: prov. mezolha, moelle (Raynouard et Mistral).
NARIA : rouergat nàrrio, narine, naseau.

RENIA prov. mod. regno, région des reins.

SEMENTIA: prov. semensa, franç. semence. L'exemple n'est pas sûr parce qu'on peut supposer avec M. Cohn qu'il y a eu substitution du suffixe entia au suffixe entem du latin classique sementem.

STAMINIA: prov. estamenha, franç. étamine.

IUM. Comme le rappelle M. Meyer-Lübke, ce suffixe est particulièrement fréquent en latin comme désinence des mots composés aquagium, stipendium, naufragium, etc. Mais on le voit de bonne heure s'ajouter à des mots simples, surtout à des radicaux de verbes, et l'on trouve dans les dictionnaires latins des mots comme æstimium, cremium dolium, seminium, formés, à une époque relativement récente, sur le modèle de gaudium, odium, tædium, etc. Il est donc bien difficile de séparer, comme le fait M. MeyerLübke, les formations de ce genre de celles dites postverbales où le radical du verbe est augmenté d'un i. Pourquoi mettre d'un côté jacium et de l'autre singluttium? Je n'y vois aucune bonne raison. Aussi, bien que je laisse de côté la formation postverbale proprement dite, n'ai-je aucun scrupule à réunir ici tous les mots en ium qui ne sont pas mentionnés par M. Meyer-Lübke, sans distinguer si le radical est un

1. Faut-il croire que la dérivation gallus gallia a pu être favorisée par le grec xáλa:a, caroncule du coq?

2. Die Suffixwandlungen im Vulgärlatein, p. 59.

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