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verbe ou un substantif. Les mots de ce genre ne se rencontrent guère qu'en provençal, et ils s'y présentent sous deux formes selon que l'i s'est fondu avec le radical ou s'est conservé comme posttonique. Nous mettrons dans une première série ceux où l'i a été absorbé par le radical, car ce sont manifestement les plus anciens :

ADPERTENIUM: prov. apertenh, appartenance, dont Raynouard cite un exemple au pluriel sous la forme aperteincz (corr. aperteintz); dans le Cartulaire de Vaour, aparteinz1; dans les chartes d'Agen, apartenh2.

CAPITENIUM: prov. captenh, soutien, maintien, conduite, d'après le verbe captener.

CONSECALIUM: prov. consegalh, méteil.

DISADVENIUM: rouergat desoben, desobien, mésaventure (Vayssier); l'ancien verbe desavenir, auquel se rattache ce substantif, ne paraît pas s'être conservé en Rouergue. En Bas-Limousin, on connaît l'adjectif desaveni, desavėnio, désagréable, tiré du même verbe (Béronie).

DISSINNIUM: prov. dessenh, déraison, d'après le verbe dessenar. DISTOLLIUM prov. destuelh, dérangement, détour, d'après le verbe destolre (cf. ci-dessous manutollium). Le rouergat a un substantif destel « fruits avortés ou véreux qui n'arrivent pas à maturité et qui tombent des arbres » et le verbe correspondant desteilla « tomber, en parlant des fruits avortés » (Vayssier), qui paraissent se rattacher à l'ancien provençal destuelh.

FORISCAPIUM: limousin forschapche, capitation. Raynouard ne donne que forcap, forcapi, formes non populaires; il y a deux exemples de forschapche, forchapche dans Du Cange, vo foriscapium. J'en connais un autre dans le cartulaire de Bénévent: Rogerius de Laront dedit omnes forschapches (Guibert, Laron, P. 32, note 1).

INDEVENIUM: prov. endevenh, avenir, d'après le verbe endevenir. INTERCOXIUM: marseillais entrecuei, entrecuisse (Mistral).

MANUTENIUM: prov. mantenh, maintien, d'après le verbe mantener. MANUTOLLIUM: rouergat montueille (et aussi au fém. montueillo), anse, poignée (Vayssier), d'après un verbe composé *mantolre, qui n'est pas attesté directement.

1. Cart. de Vaour, p. p. Portal et Cabié, Albi, 1894, p. 88. 2. Magen et Tholin, Arch. mun. d'Agen, p. 20.

ORDINIUM prov. ordenh, lignée (cf. le composé latin interordinium).

PANECOCIUM est assuré par le provençal pancossier, boulanger (voy. Romania, XXIV, 350).

PERTENIUM: prov. pertenh, appartenance, profit, sous la forme (mal lue?) pretehn, pretehm (lisez pretehin), dans Magen et Tholin, Arch. munic. d'Agen, p. 3.

PISTRINIUM prov. prestinh.

SUBVENIUM prov. sovenh, souvenir, d'après le verbe sovenir. SUSTENIUM prov. *sostenh, soutien, d'après le verbe sostener. Le mot n'est pas dans Raynouard, mais son existence ne paraît pas douteuse.

VOLIUM anc. franç. voil, vueil, volonté.

Parmi les mots où l'i posttonique s'est conservé, il est difficile d'en trouver un seul qui remonte au latin vulgaire proprement dit. M. Meyer-Lübke cite les mots provençaux acordi, concordi, discordi, coveni, comme représentants des mots latins de formation préromane accordium, concordium, discordium, convenium. Je le veux bien, d'autant plus que discordium est déjà employé au premier siècle par le poète bucolique Calpurnius; mais ce qu'il est nécessaire de dire, c'est que tous ces mots latins, s'ils ont jamais appartenu à la langue vulgaire, n'y ont pas vécu longtemps et que le provençal les a repris, à une époque relativement récente, au bas latin, dans lequel les formations de ce genre ont dû pulluler. Une fois que le provençal a été en possession d'un certain nombre de mots dérivés en i atone, il en a créé beaucoup d'autres pour lesquels il serait impossible de trouver un type latin absolument adéquat. De là deux séries à distinguer. Dans la première on peut mettre, à côté des mots mentionnés par M. Meyer-Lübke:

BARRIUM prov. barri, rempart, faubourg.
CARRIUM prov. mod. carri, char.

DEFECTIUM: prov. defeci, dégoût.

DESTRUCTIUM: prov. mod. destrussi (Mistral).

DISPRETIUM: Vaudois despreczi, mépris.

DISTURBIUM: prov. mod. destourbi, dérangement (Mistral).

MURMURIUM: prov. murmuri, murmure.

TEMPORIUM: anc. franç. tempoire, temps.

TERMINIUM: prov. termini, anc. franç. termine, terme, saison.

Le type des mots de la seconde série est le mot provençal alongui, délai, qui est manifestement dérivé du verbe alongar par la soudure directe du suffixe i au radical de alongar. Le substantif seti, siège, paraît de même tiré de (as)setar, asseoir. Le dictionnaire de Mistral fournit un certain nombre de mots du même genre. Je me borne à relever sans commentaire ceux qui m'ont frappé; plusieurs demandent encore des recherches étymologiques: arsi, soif ardente, bofi, gonflement, desahici (nombreuses variantes), désagrément, espièglerie, dessouti, surprise, destourni, dérangement, eigalossi, averse, gloti, fossette pour jouer aux billes, lanci, carreau de la fronde, lassi, fatigue, lavassi, averse, toqui, toucher, but, etc. '.

IA.-M. Meyer-Lübke pense que c'est l'existence en allemand de noms abstraits tirés d'adjectifs (comme grösse de gross) qui a favorisé la création des rares mots français où l'on trouve le suffixe ia ajouté à un adjectif, à savoir: destrece, estrece, espoisse, graisse, groisse, laise et privaise. Le rapprochement est intéressant, sans aucun doute. Mais il ne faudrait pas lui donner plus d'importance qu'il n'en peut avoir en laissant croire que les formations de ce genre sont absolument inconnues du provençal. Des sept exemples cités, trois au moins se retrouvent dans cette dernière langue, destressa, graissa, grueissa.

UUS, UA.— Diez ne mentionne ce suffixe que pour mémoire et constate qu'il n'a pas produit de formations nouvelles 2. M. Meyer-Lübke n'en parle pas du tout. Quatre mots provençaux me semblent pourtant s'en réclamer clairement : perdoa, perte, rendoa, rente, segoa, suite, et vendoa, vente, qui nous reportent à perdua, rendua, sequua, vendua. Ne pourrait-on expliquer le prov. mod. gelbe ou gieue « qui ne veut pas se laisser toucher », par zeluus?

A. THOMAS.

1. Je ne mentionne pas les substantifs en i qui ont à côté d'eux des verbes en ia, comme enrabi, enrabia, car ce sont de simples postverbaux. Cependant il n'est pas toujours possible de dire avec certitude si le substantif est tiré du verbe ou inversement.

2. Gramm., trad. franç., II, p. 281.

NOTICE

D'UNE TRADUCTION FRANÇAISE DE VÉGÈCE

FAITE EN 1380

Antérieurement au xve siècle, l'on ne connaît que deux traductions en prose française de l'Epitoma rei militaris de Végèce : l'une faite, en 1284, par Jean de Meun; l'autre, par Jean de Vignai, dans la première moitié du xive siècle.

Or, je viens d'en découvrir une troisième, de 1380, dans le ms. 188 de la bibliothèque particulière du duc de Gênes, à Turin.

C'est une version généralement fidèle. Toutefois j'y ai remarqué plusieurs additions explicatives très brèves, et quelques omissions, dont les plus graves sont celles du chapitre XVII, au second livre, et des prologues des livres II, III et IV. En outre, la rubrique du ch. XXIV manque au premier livre, et il en est de même, au quatrième livre, du ch. XXXVII, qui, de plus, est abrégé et fondu avec celui qui le précède. Enfin les Regulæ bellorum generales, qui terminent le livre III, n'ont pas été traduites en prose comme le reste, mais en vers octosyllabiques relégués à la fin de l'ouvrage.

De même que Jean de Meun et Jean de Vignai, le traducteur forge souvent de nouveaux mots français; par ex. : fol. 13 ro, Unes armeures qu'on appelle bebres (bebras). 14 r°, La fosse tumultuaire ou de noise (tumultuaria fossa).

16 ro, De

1. Le nom de ce second traducteur nous est révélé par l'incipit d'un manuscrit de Cambridge, signalé pour la première fois par M. Paul Meyer (Romania, XV, 265).

2. Cette bibliothèque se compose en grande partie des livres qui formaient la riche bibliothèque militaire de César de Saluces.

gens d'armes en navires deux manieres sont : c'est assavoir, l'une liburnaire et l'autre usuaire (sic) (unum liburnarum, aliud lusoriarum). - 18 r°, la cohorte quingentaire (quingentaria).

-

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Si y

19 1o, Les opcionnaires (optiones). Les tessaireres (tesserarii). Li champemetateur (metatores). Les tubicineurs (tubicines). Les duplaires (duplares). Les simplaires (simplares). 19 v, Le ducentenier (ducenarius). Centerie, centeniere (centuria). estoient doyens que on appeloit diseniers (decani denis militibus præpositi). Les drag(1)onnaires (draconarii). Contubernies (contubernia). -21 v°, Decurion (decurio). - 22 r°, Petit javelot qu'on appelle veroil ou veruce (vericulum, verutum). Les ferrentiers (ferentarii). -22 vo, Les trianguliers (tragularii). Pecune castreis (castrense peculium). 27 r°, Les arpagaires (harpagones). — 33 r°, En lieux pallidoyeux (in locis palustribus). 36 v°, Es specules (in speculis), c'est a dire en uns hauls lieux aussi comme en uns eschafaus. Les avironneurs (circuitores). -43 ro, Les fustibalisteurs (fustibulatores). Les tiercenaires (triarii). 45 v°, Les compaignies que on appelle globes ou drinques (drungos). drinques (drungos). - 50 r°, Douze chevaulx qui estoient en caffroiz, c'est a dire chastellez par dessus (bini cataphracti equi). -52 v°, Catefraite (cataracta). Pluteux (plutei). Moucel, mouceaulx, mouchettes (musculi). 57 r°, Falerique (falarica). 58 vo, La limace que on appelle testart (testudo). 61 r°, Larrique sauvaige (silvestris larix). 62 ro, Les scaphes (scaphæ). · -66 ro, Les haiches que on appelle bipannes (bipennes) selon le latin, ou norroises selon aucuns langaiges, etc.

55 1°,

Le beau manuscrit sur vélin, qui contient cette traduction, comprend 72 feuillets non foliotés, de om 31 sur om 22. Le texte, écrit avec beaucoup de soin, en lignes longues, 27-31 à page, a été copié par Raoul Taingui, que Paulin Paris' regardait comme l'un des plus habiles calligraphes de la fin du XIVe siècle et des premières années du xve. La reliure, en maro

la

1. P. Paris, Les mss. fr. de la Bibl. du Roi, I, 48; II, 288, etc. Il est reconnu actuellement que c'était un copiste peu fidèle, qui ne se faisait pas scrupule d'interpoler les textes qu'il transcrivait. (Voir à ce propos l'article de M. Siméon Luce, dans le vol. II des Œuvres complètes d'Eustache Deschamps, pp. VI-XVI, et cf. Aug. Vitu, Le jargon du XVe siècle, Paris, 1884, p. 67 et suiv.)

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