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probable que l'on ait inventé et répété une histoire pareille longtemps après les faits qui l'avaient suggérée. Or, la défaite de Jean sans Terre avait eu lieu presque au commencement du siècle, et Hugues n'écrivait certainement pas beaucoup avant 1250. Henri III, au contraire, avait été humilié de mainte façon et s'était vraiment montré le « mauvais seignor et lasche >> dont parle Guillaume le Normand et qui répandait de la honte sur tout son pays en 1259, saint Louis lui avait rendu, par grâce et bonté, quelques provinces que son père avait perdues, mais il avait été forcé de restituer celles qu'il aurait mieux aimé garder, entre autres la Normandie. C'est, je crois, sur l'impression de ces événements qu'a été non seulement composé, mais aussi imité le fableau de la Male Honte.

Les goûts de Hugues pour la poésie morale et religieuse qui, du reste, ne l'ont pas, comme on l'a vu, empêché de pester contre les religieux- semblent s'être accrus avec le temps; il faut reconnaître cependant que même les deux fableaux que nous pouvons lui attribuer avec certitude ne contiennent rien de choquant. A cet égard, celui qui s'appelle Hugues Piaucelle n'est pas tout à fait irréprochable.

WERNER SÖDERHJELM.

DANTE, PIETRA IN PIETRA

Karl Witte a le premier publié, en entier, le fameux sonnet Deh piangi meco tu, dogliosa pietra, d'abord dans le Jahrbuch der Deutschen Dantegesellschaft (Leipzig, Brockhaus), III (1871), 292, ensuite dans ses Danteforschungen (Heilbronn, Henniger, 1879), II, 562, où on lit ceci :

Altro sonetto, ma mutilo di mezzi versi ed inintelligibile, fu stampato dal Trucchi [Poesie italiane inedite, etc., Prato, Guasti, 1846, I, 298]. Intiero si legge nel Riccard. 1103, e sembra che sia diretto alla lapide che cuopre il corpo dell'amata defunta; benchè anche così inteso rimanga in parte assai

Oscuro.

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Deh piangi meco, tu dogliosa pietra,
Perchè sei pietra, e si crudele porta
Entrata, che d'angoscia il cor m'impietra,
Deh piangi meco, che tu la tien' morta.
Ch' eri già bianca, e or sei nera e tetra,
Dello colore suo tutta discorta :
E quanto più ti prego, più s'arretra
Pietà d'aprirmi, ch' io la veggia scorta.
Aprimi, pietra; si ch' io petra veggia
Come nel mezzo di te, crudel, giace;
Chè 'l cor mi dice ch' ancor viva seggia.
Chè, se la vista mia non è fallace,

Il sudore e l'angoscia già ti schieggia.
Pietra è di fuor che dentro pietra face.

M. Giosuè Carducci, dans son intéressant volume Studi letterari (Opere, VIII, 93; Bologna, Zanichelli, 1893), reproduit les onze premiers vers de ce sonnet, en disant:

V'è, attribuito a Dante, un sonetto un po' oscuro per giuco di voci; ma, e pe' I ribattere ch' e' fa su 'l termine pietra e per esser composto nello stesso sistema di allusioni e giuochi di parola che la sestina Al poco giorno e le canzoni Amor tu vedi ben e Io son venuto, non che per certa energia che anche ad altri parve dantesca, io non sarei lungi dal ritenerlo per autentico.

Suivent les onze vers, où M. Carducci corrige: v. 2 Perché sei, pietra, en sí crudele porta; v. 3 m'impetra; v. 4 meco tu che la tien morta; v. 9 pietra, sí ch' io pietra veggia; puis il continue :

Stando al senso letterale, questi versi parrebbero indirizzati alla lapide che cuopre le spoglie della donna defunta: e parrebbe che questa lapide fosse in Firenze, ma che il lamento fosse fatto quando Dante ne era già fuora e che la città reggevasi a parte nera. E ciò parrebbe aiutare le mie supposizioni. Se non che questo sonetto non isdrucciolerebbe nell' allegoria politica? notisi bene la seconda quartina.

Vient enfin Vittorio Imbriani, critique acerbe et souvent à la fois pédant et fantastique, mais qui a dit de belles et justes

1. Pour la collation du texte de Witte je n'ai que mes notes, prises en comparant celui de M. Carducci, Studi, p. 93. Je n'ai point vu le ms. Ricc. 1103.

choses dans ses Studi danteschi, que son ami M. Felice Tocco a publiés et réunis dans un volume (Firenze, Sansoni, 1891). Imbriani rend compte de l'opinion de Witte et de M. Carducci sur le sonnet dont il s'agit, fait observer que « di Firenze non vi si fa parola », et dit (ib., Sulle canzoni pietrose di Dante, p. 455):

L'oscurità sparisce in gran parte da questo sonetto, rimutandone alquanto la punteggiatura ed introducendo alcune emendazioni minime.

Deh, piangi meco, tu, dogliosa pietra!
Perchè sei, Pietra, a sì crudele porta

Entrata, che d' angoscia il cuor m'impietra?

Deh piangi meco che tu la tien morta.

Ch' eri già bianca; et or sei nera e tetra,
Dallo colore tuo tutta distorta.

E quanto più ti prego, più s'arretra
Pietà d'aprirmi, ch' io la veggia scorta.
Aprimi, pietra; si ch' io Pietra veggia,
Come, nel mezzo di te, crudel, giace,
Che 'l cor mi dice, ch' ancor viva seggia.
Che, se la vista mia non è fallace,
Il sudore e l'angoscia già ti schieggia,

Pietra è di fuor chi dentro pietra face.

Ci vuole stomaco per attribuire di questa robaccia a Dante; e per ritenerla autentica. Piere e Pierine non sono mai mancate! nè gente, che farneticasse; e scrivesse sonetti insulsi.

There is no taking the law of a dead man, et je me suis contenté de citer scrupuleusement ce passage d'Imbriani. J'ajoute qu'avant même d'avoir connu la restitution d'Imbriani, j'avais été amené moi-même à restituer ce sonnet. Et quoi qu'il en soit de mon << stomaco » à moi, j'ai trouvé charmant et, qui plus est, si j'ose le dire danteschissimo, ce sonnet si injustement critiqué. A mon tour, j'ose donner mon texte, que j'ai dû traduire, ce printemps passé, pour être inséré dans ma traduction suédoise de la Vita nuova et de tout ce qui y a trait, notamment l'ensemble des canzoni pietrose et des poésies concernant la donna pietosa de l'Allaghieri, d'immortelle mémoire.

Je me réserve de discuter ailleurs la question de savoir qui était cette Petra ou Pietra. Il ne s'agit ici que de la restitution et de l'interprétation du sonnet. Si je ne m'abuse, je crois avoir

retrouvé sinon la forme originale, du moins la pensée de Dante. Voici, selon moi, la teneur du sonnet :

Pietra dans la tombe.

Pleure avec moi, ô triste marbre! de ce que ma douce Pietra s'est cachée sous toi, remplissant de deuil mon pauvre cœur. Pleure avec moi, toi qui la tiens pour morte! Tu étais si rayonnant naguère, et voilà que ton aspect est sombre et sévère, tu portes une couleur tout autre que la sienne. Plus je t'implore, ô triste marbre, et plus profondément se cache ma Pietra, et moins elle veut se faire voir à moi. Ouvre donc ton sein, toi, ô dure pierre, afin que je voie ma Pietra reposant sous le couvercle! Car mon cœur m'assure qu'elle est encore vivante; ah, si mes yeux ne me trompent, tu frémis de sueur et d'angoisse!... Pietra, ô ma Pietra, sors de ta prison! Qu'as-tu donc à faire (face pour faci) dans cette pierre?

Pietra sotto pietra.

Deh, piangi meco tu, dogliosa pietra,
Perchè s'È Pietra en sì crudele porta
Entrata, che d'angoscia il cor m' impetra!
Deh, piangi meco tu, che la tien morta!

Ch' eri già bianca, & or sei nera & tetra,
Dallo colore suo tutta distorta :

& quanto più ti prego, più s' arretra
PIETRA d' aprirmi, ch' io la veggia scorta.

Aprimi, pietra! si ch' io Pietra veggia,
Come nel mezzo di te, crudel, giace;
Chè 'l cor mi dice ch' ancor viva seggia :

Che se la vista mia non è fallace,
Il sudore, l'angoscia già ti scheggia...
Pietra, ESCI fuor! Che dentro pietra face?

Fredrik WULFF.

COMPTES RENDUS.

KARNIEV, Documents et remarques pour l'histoire littéraire du «< Physiologos ». Saint-Pétersbourg, 1890. In-8, 393-LV pages (en russe).

Bien que cet ouvrage soit un peu ancien déjà, il est utile, je crois, de le mentionner car il est peu connu et mérite de l'être davantage. Est-ce parce qu'il est écrit en russe? Toujours est-il qu'il n'est pas entré dans la bibliographie; j'aurais dû moi-même attendre longtemps peut-être avant d'en prendre connaissance si M. Anitchkof, de l'université de Kiev, n'avait eu l'amabilité de me le lire. M. Karneiev apporte des documents tout nouveaux dont on devra désormais tenir compte lorsqu'on étudiera la question du Physiologos, qui revient, en ce qui concerne la Romania, à celle de l'origine de nos bestiaires français du moyen âge.

Le livre contient les matières suivantes :

10 Rapide histoire du Physiologos dans les premiers siècles du christianisme. Cette partie n'est pas la plus satisfaisante. L'auteur s'est contenté de mentionner quelques-uns des anciens écrivains chrétiens qui ont cité le Physiologos ou qui s'en sont inspirés. Ce dénombrement, incomplet d'ailleurs, n'est pas fait avec assez de méthode. M. K. ne s'occupe pas de Justin martyr, de Clément d'Alexandrie, d'Origène; il s'étend au contraire sur Thomas de Cantimpré, sur Albert le Grand, sur Vincent de Beauvais, sur Barthélemi l'Anglais, ce qui est sans doute intéressant, mais n'a pas l'importance des renseignements qu'on pourrait tirer des Pères anciens au temps de Vincent de Beauvais, la matière du Physiologos et des bestiaires était constituée; les faits que cite M. K. permettent de le constater, mais nous le savions par ailleurs. — M. K. ne dit que quelques mots des Hexaemeron. On sait pourtant que ces suites de sermons sur l'œuvre des six jours usent, dans la partie qui traite de la création des animaux, des mêmes matériaux que les physiologues et les bestiaires, et les utilisent à peu près de même pour l'édification des fidèles. L'Hexaemeron de saint Basile, primitivement indépendant du Physiologos, s'est ultérieurement combiné avec lui; nous trouvons juxtaposés des chapitres de ces deux ouvrages dans un texte syriaque publié par Laud1; un ms. de la bibliothèque capitulaire de Viterbe présente plusieurs fois, à côté de

1. Laud, Anecdota Syriaca, t. IV (Leyde, 1875).

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