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argument à tirer en faveur de l'origine armoricaine du poème de Chrétien de Troyes, bien au contraire.

Ferdinand LOT.

I

LE BLANC PORC DE GUINGAMOR

La poursuite de cette bête fantastique dans le lai de Guingamor cause la perte du héros. Avant lui, dix autres chevaliers ont disparu, et Guingamor les retrouve dans le palais magique de la fée. Il semble bien que celle-ci se serve de l'appât d'une chasse périlleuse et attrayante pour attirer les chevaliers dans sa retraite. La bête est tantôt appelée le blanc sengler (v. 214, 522), tantôt le blanc porc (v. 158). Elle rappelle aussitôt à l'esprit le Twrch Trwyth qui, dans le mabinogi de Kulwch, entraîne à sa poursuite Arthur et ses compagnons, à travers toute la Bretagne et jusqu'en Irlande 2. Une légende non moins singulière est celle de la truie Henwen, dont une triade du Livre rouge de Hergest nous a conservé un résumé. Il est peut-être intéressant de

1. Éd. G. Paris, dans Romania, VIII, 50 sq.

2. On trouve déjà une allusion à cette chasse d'Arthur chez Nennius, chap. 73, dans une partie qui remonte au moins au viIIe siècle, selon la démonstration de M. Zimmer. Dans son édition (Mon. Germ. historica, Auctores antiq., XIII, 217), M. Mommsen imprime à tort porcum Troynt; la bonne leçon Troit est donnée par les mss. C D G Q. M. F. Loth ne traduit pas turch trwyth. Le dictionnaire d'Owen Pughe le rend par « bursting boar »>. Le second terme est apparenté à trwyd, « the bursting through ». Le turch trwyth peut donc s'interpréter le « sanglier qui s'élance », « le sanglier furieux ». C'est bien sous cet aspect dévastateur qu'il apparaît dans Kulwch et Olwen.

3. Trad. par M. F. Loth, Mabinogion, I, 248-249. Henwen met bas un chat monstrueux et malfaisant, le chat de Palug, Cath Palug, auquel une triade du plus ancien manuscrit gallois (le Livre noir de Carmarthen, ms. du 3e tiers du XIIe siècle) fait allusion. Des textes français du XIIIe siècle, notamment la Bataille Loquifer, connaissent cette bête monstrueuse, qu'ils appellent Capalu ou Chapalu. Voici donc un trait dont la provenance galloise est des plus certaines. Ce très curieux rapprochement est dû à M. Alfred Nutt. (Voy. FolkLore, vol. I, 1890, 251-252.)

signaler que le nom de l'animal fantastique signifie « vieilleblanche ». N'y a-t-il pas un rapport lointain avec le blanc porc? Ferdinand LOT.

L'ARCHIMIMUS DI SENECA ED IL TOMBEOR NOSTRE DAME

In quel capitolo del De civitate Dei (VI, 10), nel quale egli intende provare come Seneca abbia ben più acerbamente che Varrone non avesse fatto vituperata e schernita la « urbana » o «< civile » teologia, ossia la religione di stato, Sant' Agostino riferisce le parole stesse con cui il filosofo si era fatto beffe nel dialogo De superstitione (ora perduto) di coloro che fingevano prestare i propri servigi agli dei o credere che questi de'fatti loro si curassero. « Sunt qui ad vadimonia sua deos advocent, <«< sunt qui libellos offerant et causam suam doceant. Doctus «< archimimus, senex iam decrepitus, cotidie in Capitolio mimum age« bat, quasi dii libenter spectarent, quem illi homines desierant. »

Or non abbiamo noi qui, ridotto ad un sommario, magrissimo cenno lo stesso fatto che ha offerto il tema all' autor sconosciuto di quel vero poetico gioiello che è il poemetto del tombeor Nostre Dame? Se il filosofo romano sparge lo scherno sopra ciò che il poeta medievale esalta, poco importa a noi; a noi basta di constatare che i medesimi sentimenti animarono il mimo antico ed il saltimbanco francese; vecchi ambedue, ambedue ritiratisi dal mondo, offrono alla divinità quell' omaggio che unicamente era lor concesso tributarle.

Ma si domanderà forse: v'è davvero un rapporto di parentela tra i due racconti, o il riscontro dee credersi casuale? Confesso ch' io starei assai più volontieri per la prima che per la seconda opinione. Trattandosi d' un' opera tanto famosa e divulgata nell' età di mezzo quale fu il De civitate Dei, a me non pare punto improbabile che il brano di Seneca, riferito dal santo d' Ippona, sia caduto sotto gli occhi di qualche chierico poeta, il quale dal sarcastico accenno del maestro di Nerone abbia saputo, vicavare quella storia che, come ben dice G. Paris, «è un capolavoro per la sua deliziosa e fanciullesca semplicità ». F. NOVATI.

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UNE PARTICULARITÉ DE LA FORMATION

DU FÉMININ PLURIEL EN LANGUEDOC

A Autoire (canton de Saint-Céré, Lot), les substantifs féminins en o sont absolument semblables au singulier et au pluriel. On dit lo feno la femme et loy' fèno les femmes. Mais si la voyelle finale est précédée de l ou de 1 mouillée (lh) le pluriel est en oy'; lo poulo, la poule; loy' pouloy', les poules; lo gulho, l'aiguille; loy' gulhoy', les aiguilles.

E. ROLLAND.

LE MOT ENFANTIN NANAN

<< Maman est le nom que les enfants à la mamelle donnent à leur mere, à leur ayeule, à leurs nourrices... maman, pour ceux un peu plus grands, signifie du pain, du gâteau et toute espèce de nourriture propre aux enfans. »

Restif de la BRETONNE, Les Nuits de Paris,

3e partie, 1789, p. 96.

Ce passage semble donner l'explication du mot enfantin nanan. On aura d'abord dit du maman, c'est-à-dire quelque chose demandé ordinairement par les enfants, puis par corruption (les enfants ignorant la phonétique) du nanan.

E. ROLLAND.

COMPTES RENDUS

Histoire de la langue et de la littérature française, des origines à 1900, publiée sous la direction de M. Petit de Julleville, professeur à la Faculté des lettres de Paris. Tome I. Moyen áge (des origines à 1500). Paris, A. Colin, 1896, gr. in-8. Première partie: a-v, LXXX, 408 p.; deuxième partie : 500 p.

Les deux premiers volumes, consacrés à la langue et à la littérature du moyen âge, de la grande publication dirigée par M. Petit de Julleville ont paru, en treize livraisons, de quinzaine en quinzaine, avec une remarquable promptitude. L'histoire de la langue, par M. Brunot, accompagnera, « des origines à 1900 », celle de la littérature dans toutes ses périodes. Elle occupe pour le moyen âge les premières pages du premier volume et les dernières du second. C'est un ouvrage à part. Je la laisserai de côté dans ce compte rendu et ne m'occuperai que de l'histoire de la littérature.

J'ai écrit la préface aux deux volumes consacrés au moyen âge, et j'y ai insisté sur l'intérêt que présente en lui-même le fait d'une place aussi large (le quart environ) accordée dans une histoire de notre littérature, conçue sur un vaste plan, à la littérature des xie-xve siècles. « On a cherché et on a pu trouver, ai-je dit, pour atteindre le but qu'on s'était proposé, des savants d'une compétence reconnue et spéciale, dont les noms garantissent pour chacun d'eux la sûreté de l'information et la parfaite intelligence du sujet qui lui a été assigné. C'est là un fait considérable: il témoigne des grands progrès accomplis en ces dernières années dans l'étude de notre passé, et il marquera une date dans l'histoire littéraire du XIXe siècle lui-même. » Les quelques réserves qu'on trouvera plus loin sur tel ou tel chapitre n'empêchent pas cette appréciation générale d'être vraie, et je la reproduis bien volontiers en tête de ce compte rendu.

Ce qui caractérise l'Histoire de la littérature française au moyen áge que nous offre M. Petit de Julleville, c'est d'être l'œuvre non d'un seul homme, mais de plusieurs collaborateurs. Ils sont dix (sans compter M. Brunot): M. Petit de Julleville lui-même (trois chapitres), M. L. Gautier, M. Constans, M. Clédat, M. Jeanroy, M. Sudre, M. Bédier, M. E. Langlois, M. Piaget (deux chapitres) et M. Charles-V. Langlois1. Tous ces noms offrent bien les

1. Sur ces dix collaborateurs, j'ai le plaisir d'en compter six qui ont été plus ou moins longtemps mes élèves.

Romania, XXV,

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garanties que je signalais tout à l'heure; plusieurs sont attachés à des travaux spéciaux qui leur ont valu une juste réputation. Mais il est clair que ces auteurs n'ont pu travailler tous absolument avec la même méthode et le même esprit, ni s'entendre jusque dans le détail pour que leurs travaux respectifs se complétassent sans se répéter ni se contredire et arrivassent à former un tout harmonieux. Il faut dire cependant que le plus choquant des inconvénients de ce mode de travail, la contradiction, a été généralement évité grâce à la répartition du sujet en compartiments assez rigoureusement limités. Mais cette répartition même a eu fatalement pour l'ensemble de l'œuvre un sérieux désavantage. Cette histoire de la littérature du moyen âge n'est pas, à proprement parler, une histoire. Elle l'est à peu près dans les chapitres où M. Petit de Julleville a traité (d'ailleurs un peu trop sommairement) de la poésie en général au xive et au XVe siècles (encore manque-t-il à son exposé la prose, la poésie épique et le théâtre); elle ne l'est pas dans les autres, qui nous donnent séparément l'histoire de chaque genre. Nulle part on ne peut suivre comme on le fait si bien par exemple dans l'Histoire littéraire du peuple anglais de M. Jusserand la marche générale de la littérature depuis ses débuts jusqu'au xve siècle, marche parallèle à l'évolution politique et sociale de la nation elle-même. La répartition géographique de cette littérature, qui n'était pas alors centralisée à Paris, n'est non plus indiquée nulle part; on ne nous dit pas même quelle était sa sphère d'action et où elle se rencontrait avec celle de la littérature provençale, ni comment elle avait étendu cette sphère au delà du canal de la Manche. On aura beau fondre ensemble toutes les indications chronologiques et géographiques, tous les rapprochements, souvent très instructifs, de la littérature avec l'état social donnés dans les divers chapitres, on n'aura pas un tableau d'ensemble, on n'aura pas une « histoire ». Telles sont les conséquences nécessaires du morcellement du travail. Reconnaissons qu'il fallait s'y résigner: si un seul homme, même muni des connaissances variées que réclamerait une pareille tâche, avait entrepris l'oeuvre que M. Petit de Julleville et ses collaborateurs ont accomplie en trois ans, il est certain qu'il y aurait consacré beaucoup d'années et il est probable qu'il ne l'aurait jamais achevée, et que s'il l'avait menée à fin toutes les parties n'en auraient pas été travaillées avec le même soin. Peut-être seulement aurait-on pu, dans une introduction générale, tracer une large esquisse historique et géographique à laquelle seraient venus se repérer l'un après l'autre tous les chapitres consacrés à chaque genre. Mais la chose est plus facile à recommander qu'à exécuter; elle reste à faire en dehors de l'œuvre accomplie sur un autre plan, et dont les différentes parties vont maintenant être soumises à un rapide examen. Disons tout de suite que ce qu'on doit demander aux auteurs d'un ouvrage de ce genre, ce n'est pas d'apporter des documents inédits et des recherches nouvelles, c'est d'être au courant de la science, de savoir ce qui est déjà acquis, de le grouper avec intelligence et de le juger sainement. Ces exigences, dans le présent livre, sont satisfaites dans la plupart des cas.

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